Qui a tué la famille Knapp ? Nicholas Kristof et Sheryl WuDunn Première partie

Mais il y a surtout un aspect de la domination oligarchique, décrite par London ( Le talon de fer 1908) qui n’était pas présent dans le fascisme, lequel voulait imposer l’apparence de l’unité sociale mais qui prend aujourd’hui une importance cruciale : le rejet aux confins de cette société de grandes masses de population qu’on laisse littéralement pourrir dans le dénuement matériel  et psychologique .  Jaime Semprun p.5

Nous publions ici la première partie de la traduction de l’extrait du livre de Nicholas Kristof et de Sheryl Wudunn paru dans le NYT.

Il suffit de naviguer un tant soit peu dans les productions du cinéma indépendant nord-américain pour constater combien ce qui est décrit dans les lignes qui suivent comme une lente mais profonde destruction de la classe ouvrière est une sorte de miroir dans lequel la frénésie progressiste peine à se regarder. Des héros cassés et vides, réduits à leurs impulsions et usant leur vie dans les spasmes de l’alcool et de la drogue qui semblent au regard de ce que ces deux auteurs décrivent, à peine caricaturaux. Il s’agit, à travers la déréliction des institutions supposées donner cadre à l’avenir et favoriser l’acquisition d’une base culturelle qui permette un ancrage social, de l’aveu d’un abandon, physique, moral, politique de millions d’individus en Occident qui ont servi historiquement de bêtes de somme à la première révolution industrielle et sont devenus inutiles, incasables face entre autres à la globalisation des emplois, aux politiques volontaires d’obsolescence ne mobilisant plus de savoir-faire d’entretien pour les objets qui nous entourent et à la baisse de rentabilité du capital humain au bénéfice du capital financier. Ce qui est ici décrit est la même dynamique de pourrissement que celle qu’on peut constater en Europe, qu’on pourrait attribuer aux spasmes des décadences. Les ” projets ” néolibéraux avoués ne concernent pas les faibles, et ces faibles, qui n’avaient comme force que celle de leur travail sont réduits à la médicalisation des comportements d’opposition, et à un lent dépérissement de leur raison d’être : moral, physique, familial, qui ne se dit pas dans des termes de lutte des classes ni de révolte mais d’auto-destruction et de culpabilité avec pour rendre la déliquescence moins douloureuse, le lent abandon du rapport au savoir qui seul pourrait éclairer des situations perçues comme uniques quand elles sont les rouages d’un système d’exploitation en train d’agoniser. EG

Who Killed the Knapp Family?

Qui a tué la famille Knapp ?

Deuxième partie

Partout à travers l’Amérique,  la classe ouvrière – y compris de nombreux amis – est entrain de mourir de désespoir. Et nous en sommes encore à blâmer les mauvaises personnes.

De  Nicholas Kristof et Sheryl WuDunn

Mr. Kristof et Mme. WuDunn sont les auteurs de “Tightrope: Americans Reaching for Hope,” (La corde raide, Les Américains en quête d’espoir) dont ce texte est extrait.

YAMHILL, Oregon. — Le chaos régnait tous les jours dans le bus scolaire N°6, avec des fils et des filles d’ouvriers flirtant et médisant et rêvant, débordant de malice, de bravade et d’optimisme. Nick le conduisait chaque jour dans les années 70 avec des voisins d’ici, dans l’Oregon rural, des voisins comme Farlan, Zealan, Rogena, Nathan et Keylan Knapp.

Ils étaient des enfants brillants, turbulents, extrêmement actifs dont le père, qui installait des canalisations, avait un bon travail.  Les Knapps étaient heureux d’avoir acheté leur propre demeure et tout le monde avait poussé des cris d’admiration quand Farlan avait reçu sa Ford mustang pour son seizième anniversaire.

Pourtant aujourd’hui, Presque u quart des enfants de ce bus N°6 sont morts, la plupart à cause de la drogue, du suicide, de l’alcool ou d’accidents de la route dus à une conduite dangereuse. Sur le cinq enfants Knapp qui avaient auparavant été si joyeux, Farlan est mort d’une maladie du foie due à l’alcool et à la drogue, Zealan a été carbonisé dans un incendie alors qu’il était inconscient et ivre-mort, Rogena est mort d’une hépatite liée à l’usage de drogues et Nathan s’est fait exploser en préparant de la méthadone. Keylan a survécu, partiellement parce qu’il a passé treize en en centre de détention.

Parmi les autres enfants de ce bus, Mike s’est suicide, Steve est mort des suites d’un accident de moto, Cindy d’une dépression et d’un infarctus, Jeff dans un accident kamikaze, Billy de diabète en prison Kevin de maladies liées à l’obésité, Tim dans un accident de chantier, Sue de causes inconnues. Et puis, il y a Chris, qui est suppose mort après des années d’alcoolisme et de vie sans domicile fixe. Au moins un d’entre eux est en prison et un autre est sans abri. ,

Les Knapp autour du sapin de Noël à Yamhill Oregon, en 1968. Dee Knapp est au fond, et de la gauche vers la droite, on voit Nathan, Rogena, Farlan, Keylan et Zealan (via Dee Knapp)

Nous autres Américains sommes enfermés dans un combat politique et axés sur le Président Trump, mais il y a un cancer rongeant cette nation qui bien antérieur à Trump et plus grand que lui. Le taux de suicide est à son niveau le plus élevé depuis la Deuxième guerre mondiale.  Un enfant sur sept vit avec des parents souffrant d’addiction, un bébé nait chaque quinze minutes après avoir été exposé à des opioïdes avant la naissance, l’Amérique est en train de perdre son statut de grande puissance.

Nous avons de profonds problèmes de structures qui ont mis cinquante ans à se créer, sous chaque parti et qui se transmettent de génération en génération,  il n’y a qu’en Amérique que la longévité chute depuis trois années consécutive, pour la première fois en un siècle, à cause de «  la mort de désespoir ».

  « Le sens de la vie de la classe ouvrière semble s’être évaporé »  nous Angus Deaton, l’économiste Prix Nobel Nobel. « L’économie semble avoir cessé d’approvisionner ces gens » Deaton et l’économiste Anne Case, qui est aussi son épouse, ont mis en avant le terme «mort de désespoir » pour décrire la poussée de mortalité à cause de l’alcool, des drogues ou des suicides.

Les enfants du bus N°6 ont été pris dans un cataclysme alors que les communautés de travailleurs se désintégraient à travers les USA à cause du chômage, des familles décomposées et de la morosité – et des politiques ineptes. La souffrance a été invisible aux Américains nantis mais les conséquences sont maintenant évidentes pour tout le monde : les survivants ont pour la plupart votés pour Trump, certains avec l’espoir qu’il les sauvent mais sous son mandat le nombre d’enfants sans assurance maladie s’est élevé à plus de 400.000.

La bourse touche Presque des records mais la classe ouvrière américaine ( souvent désignée comme  ceux sans diplôme universitaire) continue à être en grande difficulté. Si vous n’êtes qu’un bachelier, ou moins, ou si vous avez décroché, le travail ne paie plus. Si le salaire minimum en 1968 avait suivi l’inflation et la productivité, il serait de 22$ l’heure. Au lieu de cela I est de 7$25.

Nous étions correspondants ensemble à l’étranger pendant plusieurs années. Puis nous sommes revenus dans la ferme familiale de Kristoph à Yamhill et nous avons vu la crise humanitaire se déployer sous nos yeux au cœur d’une communauté que nous aimons.  Et une décomposition similaire se produisant dans les villes dans tout le pays. Ce n’était pas le problème d’une ville mais la crise du système américain.

 

Le centre de  Yamhill aujourd’hui Lynsey Addario/Getty Imagesage

 

 

The center of Yamhill today.

Clayton Green in his shop in Yamhill in 2018.Credit… Lynsey Addario/Getty Images

« Je suis un capitaliste mais cependant, je pense que le capitalisme est cassé.” dit Ray Dalio, le fondateur de Bridgewater, le plus grand fond financier (hedge fund) mondial.

Même dans la dernière campagne présidentielle, la décomposition de la classe ouvrière reçoit peu d’attention. On discute de la classe Moyenne, mais peu est dit sur la classe ouvrière. On discute de l’accès à l’universitaire mais pas de celui sur sept qui ne sera pas diplômé au sortir du lycée.  L’Amérique est comme un bateau à moitié chaviré mais ceux qui festoient au -dessus de l’eau semblent oublieux.

« Nous devons arrêter d’être obsédés par l’” impeachment” et commencer plutôt à creuser afin de résoudre en priorité les problèmes qui ont amené l’élection de Trump » a émis Andrew Yang lors du dernier débat démocrate pour les présidentielles. Quoi qu’on puisse penser de Yang en tant que candidat, sur ce point il a parfaitement raison : nous devons traiter le cancer de l’Amérique.

A de nombreux égards, la situation empire, parce que les familles ont implosé sous l’effet de la drogue et de l’abus d’alcool et que les enfants grandissent dans une atmosphère désespérée.  Un de nos bons amis à Yamhill, Clayton Green, un brillant mécanicien qui avait trois ans de moins que Nick à l’école est mort en Janvier dernier, en laissant cinq petits-enfants, tous placés par l’état. Un administrateur scolaire soupire et dit que certains sont «sauvages».

Farlan, l’aîné des enfants Knapp était dans la même classe que Nick. Un menuisier talentueux qui rêvait d’ouvrir sa proper affaire qu’il aurait appelé « Farlan’s Far Out Fantastic Freaky Furniture. » Mais Farlan a fini par laisser tomber l’école en troisième.

Bien qu’il n’ait jamais fait de chimie à l’école, Farlan est devenu un chimiste de premier ordre. Il était un des tout premier à Yamhill à fabriquer le la méthadone, pendant un certain temps il a été un entrepreneur couronné de succès grâce à la grande qualité de sa marchandise. « C’est ce pour quoi j’étais fait » a-t-il annoncé une fois avec une fierté tranquille.  Mais il a abusé de sa propre drogue et dès ses quarante ans, il était émacié et fragile.

D’une certaine façon, il était un bon père et il aimait ses deux filles, Amber and Andrea, et elles l’idolâtraient.  Mais leur éducation n’a pas été optimale : Sur l’une des photos d’Amber, on voit un plat plein de cocaïne dans le fond.

Farlan est mort d’une maladie du foie en 2009, juste après son 51ième anniversaire et sa mort a profondément touché ses deux filles, Andrea qui était intelligente, belle, talentueuse et entreprenante a ouvert sa propre agence immobilière mais a accentué sa consommation d’alcool après la mort de son père.  « Elle se saoulait à mort » nous a confié son oncle Keylan. Elle a été enterrée en 2013, à l’âge de 29 ans.


Dans les années 70, 80,  il était fréquent d’entendre la suggestion désobligeante selon laquelle les forces qui détruisaient les communautés afro-américaines étaient enracinées dans la «  culture noire ». L’idée était que les pères cas sociaux,  l’usage auto-destructeur de drogues et les familles démantelées étaient les causes fondamentales  et que tous ces gens devaient «  prendre leur responsabilité personnelle ».

Un sociologue d’Harvard,  William Julius Wilson,  a répliqué que le problème sous-jacent était la perte d’emploi et il s’avère qu’il avait raison. Quand le emplois sûrs ont quitté les villes a majorité blanche comme Yamhill, une vingtaine d’années plus tard, à cause de la globalisation et de l’automatisation, les mêmes pathologies se sont développées. Les hommes tout particulièrement ont ressenti la perte non seulement des revenus mais aussi de la dignité qui accompagne un emploi reconnu. Solitaires et troubles, ils se sont auto-médicamentés avec l’alcool et les drogues et ils ont accumulés des dossiers criminels qui les ont laissés moins embauchables et moins mariables. La structure familiale s’est effondrée.

Il serait facile mais trop simpliste de n’accuser que la perte d’emploi et l’automatisation.  Les problèmes sont aussi enracinés dans des choix politiques désastreux depuis cinquante ans.  Les USA ont arraché le pouvoir au travail et l’ont donné à la finance et ils ont supprimé les salaires et baissé les impôts plutôt que d’investir dans le capital humain, comme d’autres pays l’ont fait. Quand d’autres pays se munissaient d’une couverture médicale pour tous, nous ne l’avons pas fait. Certains comtés aux USA ont une espérance de vie plus basse que celle du Cambodge et du Bangladesh.

Une des conséquences est que l’extrémité de la force de travail des USA n’est pas très productive, ce qui réduit notre compétitivité de notre pays. Un travailleur peu qualifié  peut ne pas avoir de diplôme du secondaire  et savoir à peine lire ou compter tout en luttant avec une addiction. Plus de sept millions d’Américains ont un retrait de permis pour non-paiement de pension alimentaire ou de dette de justice ce qui le rend peu fiables quand il s’agit d’être présent au travail.

Les Américains approuvent également  le discours erroné de la «  responsabilité individuelle »  qui blâme les gens pour leur pauvreté. C’est vrai, bien sûr, que la responsabilité individuelle importe : les personnes à qui nous avons parlé reconnaissent souvent leur comportement auto-destructeur. Mais quand vous pouvez prévoir une conclusion désastreuse uniquement en fonction du code postal où est né l’enfant, le problème n’est pas dans les mauvais choix que cet enfant fait. Si nous sommes autant obsédés par la « responsabilité individuelle », ayons aussi une conversation sur la « responsabilité sociale. »

Résister : l’argument moral pour une révolution écologique Max Wilbert

Cette traduction, pour laquelle j’ai été sollicitée, est publiée sur ce blog pour son analyse, assez superficielle, de la fonction de nombreuses ONGs et les sources de leurs financements dans les stratégies de maintien de la paix sociale des monopoles. Le reste du texte n’offre à mes yeux qu’un intérêt très limité, tant pour son auto-indulgence que pour le manque de rigueur et de référence de ses assertions. Notre point de vue n’est donc en aucun cas impliqué dans les propos, à nos yeux inconsidérés et surtout manquant d’assise pragmatique, de références historique et théorique et surtout de fond culturel dans l’approche des processus révolutionnaires ni dans la naïveté politique de cet auteur. EG

La solution : Résister  L’argument moral pour une révolution écologique

LA solution : resister

L’ARGUMENT moral pour une revolution ecologique

18 NOVEMBRE 2019 DEEP GREEN RESISTANCE NEWS SERVICE 

Ecrit et photographié par Max Wilbert

En 1941, alors que la Deuxième guerre mondiale s’étendait sur la moitié de la planète, mon grand-père fût  appelé pour servir l’Armée américaine.

Devant faire face à la perspective d’être envoyé à l’étranger pour tuer d’autres jeunes gens dans cette guerre, sa morale se rebella. Il refusa de rejoindre son régiment et fit une démarche pour devenir objecteur de conscience, statut qui lui fit octroyé au bout du compte.

Ce n’était pas une position très populaire. Parmi un million d’appelés, environ 43.000, c’est à dire moins de la moitié de un pour cent, devinrent objecteurs.  Les autres objecteurs et lui-même furent largement critiqués, attaqués et ostracisés. Leur engagement fût testé par des commission, par les familles et les communautés qui rejetèrent leurs convictions morales et les désignèrent comme lâches, déserteurs ou traîtres. Presque cinquante ans plus tard, je suis né dans une famille qui s’est référé à l’exemple de mon grand-père. C’était un grand-père était chaleureux, gentil avec moi. Lorsque j’étais enfant, des discussions sur la guerre, l’impérialisme, le racisme, l’exploitation des femmes, l’oppression, et la destruction de la planète étaient fréquentes au sein de ma famille. On m’y a appris que ces choses devaient s’arrêter. Le changement social était une nécessité, et la résistance non-violente était la méthode.

Ayant à faire face à la perspective de la Seconde guerre mondiale, quels choix aurais-je fait à la place de mon grand-père ? D’une part, le régime nazi était un mal innommable et les actions du Japon impérial étaient tout aussi horribles. D’autre part, les actions de l’empire US avant, pendant et après la guerre- n’étaient pas vraiment bienveillantes. Comme l’écrit Howard Zinn, avant que la guerre n’éclate, les USA :

« s’étaient opposés à la révolution haïtienne dans son indépendance de la France au début du 19ième siècle. Ils étaient à l’origine d’une guerre contre le Mexique et s’étaient approprié la moitié du pays. Ils ont prétendu aider Cuba à gagner leur liberté contre l’Espagne puis y avaient implanté une base militaire, avaient fait des investissements et obtenus le droit d’intervention. Ils s’étaient approprié Hawaii, Porto Rico, Guam et avaient mené une bataille brutale pour s’approprier les Philippines. Ils s’étaient ouvert une route commerciale vers le Japon avec des menaces et des bateaux de guerre. Ils avaient déclaré un politique portes ouvertes en Chine comme moyen d’assurer aux USA l’opportunité d’avoir des droits égaux à ceux des autres empires pour l’exploitation de la Chine. Ils avaient envoyé des troupes à Pékin avec celles d’autres nations afin d’asseoir la suprématie de l’Ouest sur la Chine et les avaient laissées là pendant plus de trente ans. »

Et bien sûr, ce n’est qu’une liste partielle. En 1942, les US étaient encore une société fortement ségréguée (ce qu’elle est encore) engagée dans l’extraction de la valeur des gens de couleur quelques soient les moyens nécessaires d’y parvenir. L’esclavage a construit la richesse des USA et a littéralement construit la Maison blanche. Et bien sûr, le pays entier a été construit sur le génocide effectué par les colons. Un génocide dont Hitler s’est inspiré pour créer sa « solution finale ». De nombreux Américains prééminents, comme Henry Ford, étaient des supporters du régime nazi. Le gouvernement des US n’a pas seulement échoué à évoquer publiquement les persécutions des Juifs allemands avant la guerre, malgré la clarté des évidences, il a aussi rejeté ceux qui venaient chercher refuge et ce faisant les a condamné à la mort.

Les USA ne se sont pas battus à cause du Fascisme, bien que individuellement les soldats l’ai fait. L’histoire critique nous dit que les USA se sont battus contre l’Allemagne, l’Italie et le Japon avant tout pour des raisons géopolitiques : afin de contrôler un compétiteur pour l’Allemagne, d’endiguer la Russie communiste et de s’étendre dans le Pacifique.

L’historien Gabriel Kolko par exemple dit : « Le but de la guerre économique de l’Amérique était de sauver le capitalisme à l’étranger et sur place. ». Cela a été accompli en consolidant le contrôle américain sur le pétrole au Moyen-Orient, en gagnant l’accès à de nouveaux marchés dominés auparavant par les Anglais et en concentrant des injections de fonds publiques dans les corporations privées. Boeing, Lockheed  et tous les autres bénéficiaires de guerre.

Et à la fin de la guerre, les USA tuaient 150.000 civils japonais à Hiroshima et Nagasaki, dans un bombardement  atomique militaire inutile que P.M.S. Blackett  a nommé : «  La première opération majeure de la Guerre froide avec la Russie. ». En d’autre termes, 150.000 personnes ont été massacrées sans aucune nécessité militaire mais dans l’intérêt d’un positionnement géopolitique. Les Fascistes devaient être stoppés, oui. Mais la guerre menée par les Etats-unis n’était pas une guerre particulièrement «  juste ».

Je respecte le choix de mon grand-père. Tout particulièrement, je suis impressionné par la réflexion éthique exigée pour subir des conséquences si sérieuses, professionnelles et personnelles tout en maintenant sa position de principe. Il n’existe que peu d’individus avec cette dignité et ces convictions.

Quatre-vingts années après la montée du Parti Nazi, nous faisons face avec une montée du fascisme autour du monde.

Trump, Bolsonaro, Duterte, Erdogan, Putin.  De nombreux partis politiques fascistes et des mouvements populistes sont en marche. Leur principale opposition systémique vient du capitalisme néolibéral, un fascisme doux en soi, et la force première ayant décimé la planète pendant les dernières quarante années. En démantelant les institutions publiques, en embrassant le pouvoir des corporations et le militarisme débridé, en corropant le langage de la justice et en doublant l’exploitation des pauvres et du Tiers-monde, des néolibéraux comme Barack Obama et les Clinton ont permis de paver le chemin pour la montée   actuelle d’un fascisme authentique .

Le Capitalisme lui-même est une guerre menée contre la planète et contre les plus pauvres. L’économie globale est construite sur des travailleurs saisonniers exploités, des ateliers à sueur,  , une industrie électronique toxique qui conduit ses travailleurs au suicide de masse,  Tout ceci se déroule sur des terres indigènes volées et un génocide  se déroulant sous nos yeux dans la légalité la plus complète.

Les biens matériels dont est composée la croissance économique sont faits de terre morte. Les montagnes sont minées et explosées. Les rivières sont damnées et réduites en esclavage. Les prairies exploitées. Les forêts rasées. Les océans expurgés de toute vie. La biodiversité est détruite,  les océans sont  détruits, et le réchauffement avance plus vite que ce que les pires prévisions avaient annoncé.  Les émissions de gaz à effets de serre sont plus élevées d’année en année  malgré le marketing habile des campagnes de l’industrie verte.

L’état d’esprit de l’exploitation et du lucre est visible dans la culture dominante.  Les agressions sexuelles sont endémiques.  Les Noirs et autres gens de couleur sont privés de droits et exploités dans une forme d’esclavage dans le système carcéral, puis régulièrement    executés dans les rues dans une forme de lynchage moderne. Les pauvres, les sans-abris, les toxicomanes et un nombre énorme d’autres individus sont traités comme des rebus par cette société et meurent par milliers pendant que des individus comme Jeff Bezos est en croisière sur son dernier yachet de 100 millions de dollars.

Nous devons maintenant nous battre avec la même que celle que mon grand-père a affronté.

Quelle est la ligne de conduite morale de ce monde ?

Avant de connaître la ligne de conduite adéquate, nous devons comprendre quelles sont les racines du problème auquel nous sommes confrontés. Cette étape du diagnostic est essentielle pour un traitement adéquat. Et en fait, l’origine du terme «  radical » vient du mot latin signifiant «  racine ».

Beaucoup trop de personnes dans cette société ne regardent que les causes en surface. Nous devons aller en profondeur.

Premièrement, nous devons comprendre que les problèmes ne sont pas des accidents ou le résultat d’un dérapage du système. C’est le fonctionnement normal de la civilisation industrielle. C’est « les affaires sont les affaires ».  L’économie fleurit, les riches s’en sortent très bien. Tout fonctionne parfaitement.

Pour ceux qui sont au pouvoir, le temps est au beau fixe.

J’ai entendu dire que le capitalisme est une guerre contre la planète et les pauvres. Ce n’est pas une métaphore. Le système économique dominant tue, estropie, et détruit la vie d’innombrables millions d’humains et de milliards d’autres êtres vivants. 

En tant que troisième homme le plus riche de la planète, Warren Buffet a dit une fois : «  Il y a vraiment une guerre de classe, mais c’est la classe à laquelle j’appartiens qui la mène, et nous la gagnons. »

C’est bien une guerre mais menée d’un seul côté.

Les travailleurs, les pauvres, et spécialement les environnementalistes ne voient souvent pas le système comme une forme de guerre contre nous. La propagande incessante, administrée par les médias et par l’éducation, nous enseigne que nous vivons dans une société belle et juste. Tous les problèmes auxquels nous devons faire face – migration, désastres climatiques, abus sexuels – sont externalisés. Au lieu d’être pris comme de facteurs faisant partie intégrante de l’expérience américaine, ils sont envisagés comme les problèmes exogènes ou ignorés complétement.

La propagande, en plus d’inculquer l’éthique capitaliste et l’exceptionnalisme américain, renforce la rigidité de sa boîte contenant les façons acceptables de changer le monde. Les luttes sociales, nous dit-on, devraient avoir lieu au travers des changements politiques, dans les urnes et dans les bureaux de ONG.

Mais ces modèles ne fonctionnent pas

Le changement législatif, par exemple, est rarement permanent. Des lois anciennes, comme the Voting Rights Act  peut facilement être attaqué et compromis. C’est ce qui se produit en ce moment. The Voting Rights Act, ( interdisant les discriminations raciales)  the Clean Water Act, ( droit d’accès à l’eau propre)  the Endangered Species Act ( protection des espèces en voie de disparition)—toutes ces lois qui sont très partielles en premier lieu, sont vidées de leur contenu.

La conduite d’un empire est fermement bipartisane. Les partis déccrates et républicains aux USA jouent une partie routinière à l’échelle de la société tout entière de «  bon flic, mauvais flic ». Ils nous trompent en tentant de nous faire croire que nous vivons en démocratie. Ils autorisent des débats très intenses au sein d’un champs extrêmement restreint de possibilités politique, et ce faisant, distraient l’attention du peuple du vol et de la violence de la classe dominante.

La vérité est que nous avons peu ou rien à dire sur la façon dont notre propre communauté opère, sans parler sur celle dont notre pays est gouverné.

Contraints par des interdictions des droits civiques criminels, par des redécoupages  électoraux par le collège électoral, la propagande incessante et un systéme représentatif sans aucun compte à rendre, nos votes sont largement insignifiants.

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Nous sommes si éloignés du concept d’autonomie que nous peinons même à l’imaginer. Quand avez-vous pris une décision sensée à propos du politique, de l’économique ou de l’avenir social de votre lieu de résidence, de votre ville, de votre état ou du pays dans lequel vous vivez ?

Pour la plupart d’entre nous, la réponse est : jamais.

Appeler les USA une démocratie est risible. Les chercheurs ont prouvé que notre société est une oligarchie. Le Professeur Martin Gilens et le Professeur Martin Page ont conclu dans leur article de 2014, que «  l’élite économique et les groupes organisés représentant les intérêts affairistes  ont un impact indépendant substantiel sur les décisions politiques du gouvernement US alors que le citoyen de base et les groupes défendant les intérêts publiques ont peu voire pas du tout d’influence. »

Ceci se reflète dans le capital de la nation. Cela fait des dizaines d’années que le Congrès n’a pas passé de texte de loi qui ne profiterait pas aux ultra-riches et aux trusts.  Toutes les décisions politiques majeures sont  prises pour soutirer toujours plus aux pauvres, détruire la planète encore plus vite et dans le processus pour rendre la classe dominante décadente toujours plus riche.

Le Complex industriel non-lucratif  (Non-profit Industrial Complex (NPIC)

Face au système politique insolvable, où se dirigent les gens ? Beaucoup se tournent vers le non-lucratif, espérant trouver un monde de petits groupes organisés, vaillants, luttant pour les changements sociaux. Au lieu de cela, ils trouvent un nouveau cauchemar de bureaucratie, 60 heures de travail hebdomadaire et des salaires de misère.

Le système associatif a émergé de l’idéologie libérale qui a déterminé la droiture du système capitaliste de style américain. Dans cette vision du monde, de petites réformes graduelles sont tout ce qui est nécessaire au système  pour continuer de chantonner joyeusement.

La plupart des plus importantes fondations actuelles ont été créée afin de pouvoir légalement contourner l’imposition des plus riches au début du 20ième siècle. Elles se sont avérées être des investissements très lucratifs. Les fondations libérales ont longtemps servi à pacifier les mouvements sociaux et à empêcher les changements radicaux.

Une des exemples majeurs en est la professionnalisation de la résistance des Noirs dans les années 70 et 80. Dans le prolongement des soulèvements sociaux des années 60, les associations et les fondations ont investi des milliards de dollar afin de créer  un nombre incalculable d’organisations à but non-lucratif et de services sociaux  .  Un des rapaces de la guerre du Vietnam, McGeorge Bundy, chef de la Fondation Ford,  (Ford Foundation),  a mené une campagne dans tout le pays pour faire face au racisme. Mais derrière la rhétorique se trouvait le désir non pas de trouver des solutions aux racines du racisme mais de pacifier et d’assimiler l’opposition du Black Power au sein de la structure de pouvoir dominante.

Les mouvements politiques non-lucratifs actuels reflètent les mêmes valeurs : élitisme libéral, promotion de l’individu, et optique de la diversité. Et ils produisent les mêmes résultats : campagnes sans fin pour les candidats progressifs, campagnes de financement sans fin et disparition.

Ce qui est absent est un agenda révolutionnaire pour une libération collective du système d’oppression.

Le dissident indien Arundhati Roy, un des écrivains les plus brillants de notre époque, propose une  féroce critique du système des ONG, elle écrit :

« Les administrateurs des  fondations financées par les trusts, commercialise et oriente leur pouvoir et placent leurs pièces sur le jeu d’échec par l’intermédiaire des clubs d’élite et des panels d’experts, dont les membres vont et viennent à travers les portes tournantes. »  Contrairement à différentes théories conspirationnistes en circulation, particulièrement parmi la gauche, il n’y a rien de secret, de satanique ou de Franc-maçon dans ces arrangements. Ils ne sont pas différents de la façon dont les corporations utilisent des compagnies de couverture ou des comptes à l’étranger pour transférer et administrer leurs revenus – sauf que là la monnaie est le pouvoir, pas l’argent.

Il existe maintenant des millions d’associations à but non lucratif, beaucoup d’entre elles sont connectées par un dédale financier byzantin à des fondations plus importantes… la privatisation généralisée a aussi signifié l’ONGnisation généralisée. Comme les emplois et les sources de revenus disparaissent, les ONG sont devenues une source importante d’’emploi, même pour ceux qui les considèrent pour ce qu’elles sont. Et elles ne sont certainement pas toutes à condamner. Sur les millions d’ONGs, certaines font un travail remarquable et radical et ce serait caricatural de mettre toutes les OGNs dans le même panier.

Cependant, les OGNs, corporatistes ou supportées par des fondations  sont des manières pour la finance globale d’acheter les mouvements de résistance, tout à fait comme les actionnaires achètent des parts sur le marché des compagnies, puis ensuite tentent de les contrôler de l’intérieur. Ils sont installés comme des points de croisement dans le système nerveux central, la voie le long de laquelle la finance globale circule. Ils fonctionnent comme des transmetteurs, des récepteurs, des absorbeurs de chocs, donne l’alerte à chaque pulsation, attentifs à ne jamais ennuyer les gouvernements de leur pays d’accueil. »

Le délavage écologique du mouvement environnementaliste.

Un des exemples les plus frappants de la faillite du système des ONGs provient des organisations environnementales les plus importantes.  One of the most damning examples of the bankruptcy of the non-profit system comes from the large environmental organizations. Du Club Sierra  ( Sierra Club) acceptant  25 millions de dollars de l’industrie de la fracturation hydrolique à Greenpeace coopérant avec l’industrie  canadienne des bûcherons,  en passant par la collaboration  de la Conservation de la nature ( Nature Conservancy) avec les industries les plus polluantes du monde, les organisations environnementales à but non-lucratif ont un palmarès record d’atrocités, de compromis et d’échecs.

Sous leur supervision, tout empire.

Et leurs solutions ? Votez pour un Démocrate, changez vos ampoules, et roulez en bicyclette, c’est pathétique.

Aujourd’hui, le complexe industriel global du non-lucratif sert comme une «  valve de libération de pression » pour les sentiments révolutionnaires en herbe. En redirigeant l’énergie qui devrait exiger des changements radicaux vers  un réformisme fragmentaire, les organisations comme celles-ci sont pire qu’une simple distraction. Elles sont, dans une certaine mesure, complices du système qui tue la planète. Au lieu d’un changement radical, ces groupes font campagnes pour des réformes mineures, comme le changement des énergies fossiles vers des énergies vertes. Ces efforts sont applaudis par les multinationales internationales comme  General Electric, qui va encaisser des milliards dans cette soi-disant «  transition verte ».

Pendant ce temps, les forêts continuent de disparaître, les montagnes continuent d’être minées, et la quantité d’émissions de gaz à effet de serre  continue de grimper.

Même dans des pays comme l’Allemagne, patrie du supposé «  miracle vert » de l’énergie solaire et éolienne, les émissions continuent de croître et les multinationales  se développent, toujours plus gonflées par les faveurs et les réductions sur l’électricité offertes par le gouvernement pendant que les pauvres paient pour les grandes entreprises étendent leur réseau électrique.  Pour être clair : les grandes entreprises sont exemptées  de taxes afin de payer les projets d’extensions de réseau d’origine éolienne, puis font demi-tour et profitent de ces contrats pour créer ces méga projets industriels. Pendant ce temps les gens  payent l’addition.

Ceci est un transfert massif de richesse des pauvres aux riches.

D’un agenda capitaliste à un autre, les OGN les plus importantes sont structurées par ce qui peut être financé  et ce qui peut être financé  est de facto pro-corporation, pro-capitaliste et favorable à l’agenda de la production d’énergie et des «  produits verts ».  tenue par le cadre des orientation de résultats qui plait aux grands donateurs, ce système d’une façon inhérente dé-prioritarise les critiques radicales et les idées révolutionnaires en faveur de ce qui rapporte et de ce qui n’a un sens politique que dans le court terme.

En bref, les ONG sont le versant social du système capitaliste.

Les personnes au sein de ces associations ont certainement de bonnes intentions, mais celles-ci ne sont pas aussi importantes que les résultats quand le destin de la planète est en jeu.

Cory Morningstar nomme les activistes climatiques libéraux  « L’industrie de l’espoir », écrivant que « 350.org et leurs amis servant un objectif vital… [en permettant] au public de se sentir  en paix avec lui-même. Simultanément, ils assurent obéissance et passivité à l’état de façon à sécuriser l’actuel système et les structures de pouvoir et de les laisser intactes. Nous avons maintenant touché le point critique où les corporations vont commencer le lent processus d’élimination des parts toxiques tout en préparant une nouvelle vague encore sans précédent, encore insurpassée de «  santé climatique ». Nous sommes sur le point d’être témoins d’une transition globale vers des fausses solutions rentables déguisées en «  économie verte »… pendant qu’ils s’écologisent en façade comme de nobles hérauts de la Terre. »

C’est ainsi que la classe dirigeante dirige

Dans son roman «  Le meilleur des mondes », Aldous Huxley écrit qu’un totalitarisme efficace n’a pas besoin de pointer une arme sans arrêt sur chacun d’entre nous. « Un état totalitaire efficace », écrit-il « serait un état dans lequel un pouvoir exécutif tout-puissant et patrons et leur armée de managers contrôlerait une population d’esclaves n’ayant pas besoin de coercition, parce qu’ils aiment leur servitude. »

L’élite contemporaine a travaillé dur afin de créer un tel monde. Ils ont conduit la tension dynamique entre réforme et réaction. Quand  les conditions politiques et économiques l’ont permis, ils ont étendu sans merci leur exploitation de la planète et des pauvres.  Quand les vagues de fond du mécontentement social a forcé les concessions, ils ont offert des réformes limitées. Avec l’illusion de démocratie procurée par les élections, les changements législatifs, et le complexe industriel non-lucratif, la classe dirigeante manipule la société dans son ensemble. De cette façon, ils diffusent d=e potentiel révolutionnaire, étendent leur pouvoir, et consolident leurs gains.

Ces élites, la classe possédante de la société globale, sont en train de mener une guerre offensive. Pendant ce temps, les progressifs et les radicaux sont coincés dans une posture réactionnaire, nous défendant contre des derniers assauts et tombant toujours plus loin derrière. Notre travail est presque entièrement défensif.

Mais comme tout guerrier expérimenté le sait, les guerres ne sont jamais gagnées par la défense. Ces mesures défensives ne peuvent e terminer que d’une façon : dans l’érosion régulière de la victoire, la lente descente dans le fascisme et la défaite finale. C’est ce que nous sommes en train d’expérimenter en ce moment.

La propagande contre-révolutionnaire

Les systèmes pour le changement social ont été cooptés par l’élite corporatiste. Mais les agents de l’oppression ne sont jamais satisfaits par le démantèlement des organisations et des institutions uniquement ; Ils doivent assassiner les leaders révolutionnaires également.

Quand Che Guevara était mis en joue, ses derniers mots furent : «  Tirez, lâches, vous allez seulement tuer un homme ». Fred Hampton, âgé de 21 ans, assassiné par la police alors qu’il était allongé, drogué, sur son lit a dit « Vous pouvez tuer un révolutionnaire, mais vous ne pouvez pas tuer une révolution. ».  Thomas Sankara, le révolutionnaire du Burkinabé parfois nommé «  le Che africain » a délivré le même message juste avant d’être tué. «  Même si les révolutionnaires peuvent être tués en tant qu’individus, vous ne pouvez pas tuer une idée. » 

Selon le psychologue John F. Schumaker nous « sommes de loin le peuple le plus sous propagande de l’histoire », les corporations sont supposées investir 2,1 miliiards dans les médias en 2019.

Développer une posture combattive effective implique que nous faisions fi des mythologies et des idées fausses induites par ce système. En d’autres termes : tant que nos esprits demeurent colonisés, nous ne serons pas capables de combattre et de gagner.

Une des plus redoutables idées fausses que nous devons démanteler est celle du mythe pacifiste. Cette mythologie a été attentivement construite. Les leçons autour des mouvements sociaux – lorsque le sujet est abordé- peignent les images d’une lutte civile non-violente.  Ce n’est pas par hasard. Une version blanchie  de Martin Luther King, Jr.  est mise en avant alors que le mouvement des Black Panthers n’est jamais évoqué. Une révolution américaine bourgeoise est célébrée, alors que la Révolution haïtienne est ignorée.   Le suffrage des femmes est évoqué mais les actions directes des suffragettes dans le monde sont évitées.  De cette façon, l’imaginaire d’une société entière est formé et moulé.

 La réalité, bien sûr, est que tout changement social se gagne à travers la lutte. L’histoire de notre société est une histoire de guerre de classe. Et la révolution  est la solution aux problèmes que nous affrontons. Mais les révolutionnaires sont ignorés dans notre système éducatif, diffamés dans les médias et activement combattus dans la politique des US. Nous devons rejeter ces leçons toxiques si nous voulons avoir une chance.

Au-delà de la non-violence

La non-violence est une manière profondément morale de changer la société. Dans les bonnes conditions, elle peut être hautement efficace. Mais les inégalités qui s’accentuent, l’effondrement environnemental global et l’échec flagrant des institutions à faire face aux crises m’ont conduit à questionner la non-violence.

Ce matin, je regarde les dernières nouvelles du Unist’ot’en Camp.  Dans le Canada de l’ouest, l’ Unist’ot’en Camp ont arrêté de proposer du sable bitumeux et du gaz de schiste depuis presque une dizaine d’années.

Ils n’ont jamais cédé leur terre au gouvernement canadien ou signé de traité. Sous la législation canadienne, leur terre a été reconnue comme souveraine. Mais en décembre, la compagnie de pipeline a présenté une injonction à la cour canadienne. Cette injonction donne à la police (la RCMP) le droit d’ôter toute barricade des  routes.

Le résultat de cette injonction est maintenant que des hommes armés du Territoire Wet’suwet’en  expulsent les manifestants et facilitent l’extraction du gaz de schiste, l’abattage des arbres, l’empoisonnement de l’eau, la construction de routes et toutes les autres destructions amenées avec lui par le pipeline.

Le défunt organisateur et leader international des droits indigènes, Arthur Manuel a nommé cette injonction «  l’atout caché du Gouvernement canadien ». Il a dit que «  chaque fois qu’il y a un conflit territorial entre les peuples indigènes et l’industrie, la cour la cour ressort ses injonctions et se place aux côtés de l’industrie. »

Cette lutte continue, l’industrie continue à progresser partout ailleurs. Nous ne pouvons pas lutter contre eux partout à la fois. Dans le monde, le pétrole et l’extraction du gaz prospèrent. Ce combat est encore en route. Nous ignorons comment il va finir. Il peut s’achever sur une victoire, comme l’a fait celui de la lutte anti-fracking du territoire Mi’kmaq en 2013. Ou être une défaite comme à Standing Rock.

Mais nous savons ceci, comme la lutte continue, l’industrie continue à mener à bien ses affaires sans obstacle ailleurs. Nous ne sommes pas capables de combattre partout à la fois. Partout dans le monde, le kérosène et le gaz de schiste  se développent. Sables bitumeux en Amérique du sud,  forage en haute-mer dans l’océan Arctique, fracturation hydraulique dans le bitume de Marcellus, exploitation minière du charbon en Mongolie. La plupart des grands projets industriels sont en plein essor partout dans le monde et l’émission de gaz de serre augmente à des niveaux sans précédent alors que les forêts, les zones humides, les prairies et les zones océaniques préservées sont détruites par l’industrie. Les émissions de carbone en 2018 ont dépassé de 3,4% celles de l’année précédente- la plus forte augmentation de ces dernières huit années.  Nous n’avons plus le temps.

Pour avoir une chance d’arrêter les forces qui écrasent la vie de la planète, des postures défensives comme celles du Unist’ot’en Camp sont essentielles. Mais la défense seule n’est pas suffisante et les gouvernements continuent à prendre le parti de l’industrie. Si nous voulons survivre, nous devons élaborer des stratégies offensives légitimes.

A quoi ressemble une lutte offensive ?

Les changements législatifs, le vote, le complexe industriel de l’associatif sont entièrement contrôlés par la classe dirigeante. La lutte offensive est, par nature, impossible au sein de ces arènes.

La lutte offensive réelle est révolutionnaire par essence. Une révolution est «  le renversement par a force d’un gouvernement, d’une classe ou d’un ordre social, en faveur d’un nouveau système. ». Même si cette force ne signifie pas nécessairement une violence ouverte, la violence fait partie de chaque lutte révolutionnaire.

On a dit à la plupart de gens qui veulent une justice sociale et environnementale  que la révolution violente est moralement indéfendable. A travers la peur et les mensonges, l’élite nous a blâmés pour l’organisation et l’accomplissement d’une révolution.  Elles nous condamnent ainsi à l’action défensive.

Briser notre allégeance au système dominant est le premier pas vers la résistance effective. Ceci demande que nous décolonisions nos esprits et que nous nous souvenions de la vraie source de la vie. Nous devons tous choisir notre camp : la vie ou la machine.

Quel camp choisissez-vous ?

Même le stratège renommé de la non-violence, Gene Sharp, évoque la résistance non-violente comme une forme de guerre. Percevoir nos luttes de cette façon est important. Les luttes défensives sont possibles à mener tout en déniant que nous sommes en guerre. Mais une fois que nous reconnaissons que nous sommes en guerre, la lutte offensive devient une possibilité légitime.

Une fois que notre imagination s’est étendue, nous pouvons tenter de répondre à la question : à quoi ressemble une lutte offensive ?

Dans la stratégie militaire, le but d’une action offensive est de détruire la capacité de l’ennemi à provoquer la guerre. Après des actions efficaces, ils ne peuvent continuer à vous combattre, quelle que soit l’intensité de leur désir de le faire.

Dans mon analyse, la première arme de guerre utilisée contre la planète et les pauvres est l’économie de l’industrie globale. Donc, la lutte offensive aujourd’hui doit briser les conduits d’approvisionnement du capitalisme industriel en ciblant et en détruisant les goulets d’étranglement du système économique global et en démantelant les institutions de la culture dominante.

Si ceci était mené à bien, cela modifierait l’équilibre du pouvoir à une échelle globale. Ceux qui détiennent le pouvoir ne seraient plus physiquement en mesure de détruire le monde et la voie serait ouverte pour des cultures alternatives, la restauration des terres et le processus de réparation de la terre pourrait commencer.

Arrêter la guerre

La guerre contre la planète et les pauvres fait rage. Pour terminer cette guerre aussi vite que possible et avec le moins de pertes possible, notre seule solution accessible est de stopper la capacité de l’agresseur à détruire les pauvres et la planète.

Le capitalisme a fait de cette lutte que question de vie ou de mort. Le vote ne marche pas. La signature de pétition ne marche pas. Les institutions libérales sont à la traîne. Ceux parmi nous qui rejettent le système ne peuvent survivre en essayant de coexister avec lui. Au rythme actuel, il semble que la survie sera ou celle de la civilisation industrielle ou celle de la biosphère.

La guerre est terrible et le marché est une guerre. Le plus vite l’économie de l’industrie globale verra sa fin, le moins il y a aura de souffrances.  Achever cette guerre doit être notre objectif. Ceci signifie la destruction de la capacité du capitalisme industriel à déclencher des guerres.  Un objectif moindre à atteindre nous verrait siffloter en marchant vers notre tombe collective.

Partir en guerre est dangereux, difficile et exigeant. Parfois j’imagine n’être que témoin distant de cette guerre, devenir un objecteur de conscience moderne et vivre simplement. Mais cette voie n’est pas morale. Etant donnée notre situation politique, nous devons faire des choix adultes. La crise à laquelle nous faisons face nous demande de devenir révolutionnaires.

Je souhaiterais que mon grand-père soit encore vivant pour que je puisse m’asseoir à ses côtés et discuter de tout cela. La maladie d’Alzheimer l’a emporté avant que je sois adulte. Mais cependant je sais que, contrairement à beaucoup, il ne tenterait pas de fuir ces réalités. Il ferait face à la vérité, il penserait, et déciderait ce qui est juste.

Mes choix politiques sont extrêmement impopulaires à de nombreux égards. J’ai reçu des menaces de mort d’idéologues d’extrême-droite racistes.  La gauche m’a crié dessus ainsi que la communauté environnementaliste. J’ai été harcelé par des agents d’état. Lorsqu’elle a entendu parler du harcèlement par le FBI, une de mes tantes m’a dit que mon grand-père aurait été fier de moi. Elle a ajouté qu’il aurait dit « c’est que tu fais quelque chose de bien. »  

C’est ce que nous devons faire : ce qui est bien.


Max Wilbert est un organisateur, un écrivain et un guide de pleine nature qui a grandi à Seattle dans l’anti-globalisation post WTO et la lutte contre le racisme. Il est l’auteur de deux livres : Bright Green Lies, sous presse et We Choose to Speak, une collection d’essais publiée en in 2018.

Traduction Elisabeth Guerrier

“America : La tournée d’adieu.” Extrait. Chris Hedge

 “America : La tournée d’adieu.”

Extrait du livre de Chris Hedge, ce court passage où, par ce qu’on appelle ” la force des choses” tout individu, conscient un tant soit peu de la décomposition environnante, qui est avant tout une confrontation avec les bases structurellement amorales du système capitaliste et à l’incapacité pour toute société ayant des velléités démocratiques de se rêver sans limites et sans compte à rendre, entendra en écho le cri de révolte et d’horreur qu’il pousse dans l’obscurité.

Une Amérique moralement dégénérée consumée par l’hédonisme, se complaisant dans l’ignorance, menée par des kleptocrates et des imbéciles, fragmentée par des guerres et des extrémismes culturels souvent violents et au bord d’une guerre nucléaire. C’est un pays maudit à cause de son échec à faire face ou à réparer son péché originel de génocide et d’esclavage. La philosophie d’une expansion capitaliste, le suprématisme blanc, l’exceptionnalisme américain, la perpétration incessante de guerres impérialistes, ont fini par consumer la nation elle-même.  Les complices, qui ont bénéficié un temps de ces maux, en sont devenus les victimes. Comment quiconque peut-il vivre une vie pleine de sens dans une telle société prédatrice ? Est-ce même simplement possible ? Une culture peut-elle jamais retrouver son équilibre quand elle plonge dans une telle dépravation ?

L’élévation de la dégénérescence morale lors des derniers jours n’est jamais accidentelle. Cette élite corrompue renvoie son reflet à la société, comme le fait Trump, son vide spirituel. La même stupidité, les mêmes illusions entretenues et la même auto-destructivité sont répétée sans fin.

La liberté et l’autonomie dans l’état corporatiste signifie la liberté et l’autonomie des corporations et des riches à exploiter et à piller sans interférences gouvernementales ou contrôle régulateur.  Et la simple caractéristique de la volonté du gouvernement est d’utiliser la force, sur place ou à l’extérieur afin de protéger les intérêts des classes dominantes.  Cette reddition abjecte de l’état aux possédants est illustrée par le Code des impôts de 2017 ( 2017 tax code) et le démantèlement des régulations environnementales. La dégradation des idéaux démocratiques basiques – mis en évidence quand la Cour suprême a refusé de modifier la surveillance étendue gouvernementale du public ou a défini le transfert de somme illimitées d’argent sale dans la vie politique comme un exercice de «  libre parole » et le droit de pétitionner le gouvernement- moyens qu’a une société de se définir elle-même selon des vertus qui sont mortes.  Le plus longtemps ces illusions sont perpétuées, le plus enragé le public devient en se précipitant vers des démagogues  promettant une nouvelle utopie et qui, une fois au pouvoir, accélère les assauts.

Toutes nos institutions sont corrompues. La presse, les universités, les arts, la justice, les institutions religieuses ont absorbé le breuvage toxique de l’exceptionnalisme américain, le mythe de la vertu américaine, et la combinaison de la liberté avec un capitalisme débridé.  La classe néolibérale en faillite promeut le multiculturalisme et la politique identitaire comme des impératifs éthiques et ignore la primauté de la justice économique et sociale. Elle tolère les intolérants. Je suis entouré de cadavres d’âmes. Nous vivons dans un pays de morts.

L’ennemi de l’intérieur / Chris Hedges

The enemy Within

L’ennemi de l’intérieur

Chris Hedges

Columnist

 

The Enemy Within

Mr. Fish / Truthdig

Notre démocratie n’est pas en péril. – Nous ne sommes pas en démocratie. L’image de notre démocratie est en péril. L’état souterrain ( The deep state) – les généraux, les banquiers, les corporations, les lobbyistes, les responsables de l’intelligence, les bureaucrates et technocrates du gouvernement – a l’intention de sauver la marque. Il est difficile de trompeter au monde que vous êtes le gardien de la liberté avec Donald Trump déblatérant d’une façon incohérente à propos de lui-même, incitant à la violence raciste, insultant nos alliés de longue date, avec la presse, la cour suprême, le Congrès, tweetant de inepties mal orthographiées et dénonçant impulsivement ou sabotant la politique intérieure ou étrangère. Mais le péché le plus impardonnable de Trump aux yeux de l’état souterrain est la critique des guerres interminables menées par l’empire, même si il manque des compétences intellectuelles ou organisationnelles pour superviser un désengagement.

L’état souterrain a commis la plus grande erreur stratégique de toute l’histoire des USA quand il a envahi et occupé l’Afghanistan et l’Irak.   De tels fiasco militaires, une caractéristique des empires sur le déclin sont nommées des actes de micro-militarisme. Les empires agonisants gaspillent leur dernier capital, économique, militaire ou politique sur des conflits futiles, non négociables et ingagnables jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Ils cherchent par ces actes micro-militaires à regagner une ancienne domination  ou une stature perdue.  Les désastres s’empilent les uns sur les autres. Les architectes de notre spirale impériale mortifère sont intouchables. Les généraux incapables et les politiciens qui génèrent l’empire ne sont compétents que dans une chose : se perpétuer eux-mêmes.   Personne n’est tenu de rendre des comptes. Une presse servile traitent ces mandarins avec une vénération quasi religieuse. Généraux et politiciens, dont beaucoup auraient dû être remerciés ou poursuivis en justice se voient, au moment de leur retraite, attribués des sièges dans les conseils d’administration des fabricants d’armes, pour lesquels ces guerres sont immensément profitables. Ils sont sollicités par la presse servile pour fournir au public des analyses sur le foutoir qu’ils ont eux-mêmes créé. Ils sont hissés comme des exemples d’intégrité, de service désintéressé, et de patriotisme.

Après maintenant presque vingt années, chaque objectif prétendument utilisé pour justifier nos guerres au Moyen-Orient a été débouté. L’invasion de l’Afghanistan était supposée effacer Al-Qaida, au lieu de ça, Al-Qaida a migré pour remplir les vides de pouvoir que l’état souterrain avait créé lors de ses guerres en Irak, en Syrie, en Libye et au Yémen. La guerre an Afghanistan, transformée en une guerre contre les Talibans  qui ont maintenant le contrôle de la presque totalité du pays et met en danger e régime corrompu que nous avons installé à Kaboul. L’état souterrain a orchestré l’invasion de l’Irak, qui n’avait rien à voir avec les attaques du 11 septembre. Il a prétendu en toute confiance pouvoir construire une démocratie dans le style occidental et affaiblir le pouvoir de l’Iran dans la région. Au lieu de ça, il a détruit l’Irak en tant que pays unifié, montant les factions ethniques et religieuses les unes contre les autres. L’Iran, qui était très proche du gouvernement Shiite dominant à Bagdad, en est sorti encore plus fort. L’état souterrain a armé les rebelles «  modérés » e Syrie dans un effort d’évacuer e Président Bashar Assad, mais quand il a réalisé qu’il ne pourrait pas contrôler les djihadistes  – auxquels il avait fourni plus de 500 millions en armes et assistance- l’état souterrain a commencé à les bombarder  et à armer les rebelles Kurdes contre eux. Ces Kurdes qui plus tard seront trahis par Trump. La «  guerre contre la terreur »  s’est étendue comme la peste de l’Afghanistan à l’Iraq, à la Syrie et à la Libye et au  Yémen,  qui après cinq années de guerre souffre d’un des désastres humanitaires les pire au monde. Le coût financier de cette misère et de ces morts est entre 5 et 8 trillions d dollars. Le coût humain est aux alentours de centaines de milliers de morts et de blessés, de villes détruites, de villages et d’infrastructure saccagées et de millions de réfugiés.

Trump  a commis une hérésie politique lorsqu’ il a osé pointer du doigt la folie d’une armée sans contrôle. Il va payer pour ça. L’état souterrain entend le remplacer par quelqu’un d’autre – peut-être Mike Spence, aussi vide moralement et intellectuellement que Trump – et qui fera ce qu’on lui dit.  C’est le rôle de l’exécutif aux USA : personnifier et humaniser l’empire. Et le faire avec pompes et dignité. Barack Obama—qui a spécieusement réinterprété l’Autorisation pour l’usage de la force armée de 2001 (Authorization for Use of Military Force) afin de donner à l’exécutif le droit d’assassiner à l’étranger, même un citoyen américain soupçonné d’être un terroriste – a excellé à ce jeu.

Chris Hedges is a Truthdig columnist, a Pulitzer Prize-winning journalist, a New York Times best-selling author, a professor in the college degree program offered to New Jersey state prisoners by Rutgers…

Traduction : Elisabeth Guerrier

“Deep state” a été remplacé dans cette traduction par ” Etat souterrain”

Les fissures dans l’édifice totalitaire transgenre. Jane Robbins / 2ième partie

” Ce que l’on avait coutume de faire de façon condensée et concentrée, par le biais de lois universelles insufflées grâce à la ferveur normative de l’Etat, et sous la protection de la police d’Etat, ce sont désormais des compagnies commerciales, des groupes presque tribaux ou les individus eux-mêmes qui le font., de façon mal coordonnée. Comme par le passé nous nous efforçons d’obtenir de la rationalité mais c’est à présent de la micro-rationalité (ou plutôt des micro-rationalités qui agissent en général dans l’incompréhension mutuelle, sont en désaccord et refusent de fusionner en un compromis) qui ne eut que reproduire ” l’irrationalité au niveau de l’ensemble”. Z.Bauman La vie en miettes. Expérience post-moderne et moralité Ed. Pluriel. 2003 p.154

Suite de l’article de Jane Robbins. Il a semblé nécessaire d’éclairer dans un commentaire plus détaillé le choix de cette auteure qui peut être soumis à quelques réserves de notre part en fonction de son appartenance politique. Il parait indispensable également de préciser que notre posture est avant tout celle d’une tentative de distance et d’analyse et que les développements présents dans cet article permettent partiellement de remettre ce mouvement dans son contexte, au moins financier et médical. Il y manque entre autres l’abord plus circonstancié d’une prise en compte élargie du mouvement transgenre au sein des autres mouvements qui caractérisent la “crise anthropologique” que semble traverser en ce début de 21ième siècle le monde postmoderne. Il serait également intéressant d’interroger cette soudaine “manie” collective au regard des effets délétères du matraquage subi lors de la dernière décennie de “L’Evidence based medicine” ainsi que d’approfondir ses liens avec l’hyper-individualisme et ses inévitables limites. Les références présentes dans ce texte, à des “valeurs stables et fondatrices” et, ici, religieuses, auxquelles il serait nécessaire de “revenir” sont de peu de poids par rapport aux bouleversements sociétaux qui ont évincé le mythe de l’état-nation démocratique en tant que tuteur moral et accréditeur de sens du lien social et qui ont mis en sa place sans les désigner comme seuls nouveaux pouvoirs, les soubresauts du marché et les produits des techno-sciences et leur capacité à dénier à leur logique tout questionnement sur une dimension métaphysique nécessaire au “progrès”, en évacuant sous forme de déni, et comme principe quasi structurel, toute prise en compte de la dimension historique et généalogique de toute appartenance humaine. EG

” Le même mouvement qui mit en notre possession les pouvoirs qui doivent à présent être régulés par des normes//a érodé, par une complémentarité nécessaire, les fondations dont les normes pouvaient tirer leur origine.// Nous frissonnons désormais dans la nudité d’un nihilisme au sein duquel la quasi-omnipotence a comme partenaire le quasi-vide et la plus grande capacité la plus petite connaissance du but.” Hans Jonas. Philosophical essay From ancient creed to technological man, Englewood Cliffs Prentice Hall 1974 p.19

Les enfants Trans

Pendant les décennies suivant le largement médiatisé  changement de sexe «  de Christine (né Georges William) Jorgensen en 1952, l’expérimentation médicale dans ce royaume était largement confinée aux patients adultes. Il n’y avait pas de sérieuses tentatives de médicaliser des enfants confus à propos d leur sexe (étant entendu qu’il y ait eu de tels enfants —des statistiques  de 2011 estiment que seulement 0, 2 à 0, 3 % de la population adulte souffre de dysphorie de genre, le pourcentage d’enfants est vraisemblablement plus faible encore). Mais une des caractéristiques particulièrement perturbante de l’actuelle manie transgenre est son insistance à prétendre que même de jeunes enfants peuvent «  savoir » qu’ils appartiennent au sexe opposé, avec la conclusion résultante qu’ils ont donc droit à une assistance médicale qui leur permette de transformer définitivement leurs corps afin qu’il corresponde à leur sentiment ;

Le traitement moderne pour les enfants dysphoriques créé par le Dr. Norman Spack, un pédiatre endocrinologiste  qui a fondé la première clinique de genre à l’hôpital pour enfants de Boston. Le processus inclut potentiellement quatre étapes : une «  transition sociale «  dans laquelle l’enfant confus est évoqué avec un nouveau nom et de nouveaux pronoms et est autorisé à porter des vêtements et à se comporter comme un membre du sexe opposé. Le suppression de la puberté naturelle par l’administration de bloqueurs de puberté nommés agonistes GnRN, qui sont supposés donner plus de temps à l’enfant afin de se décider pour une transition à venir avant que son corps ne se développe naturellement lors de sa maturité sexuelle, une «  transition hormonale », l’administration de puissants manipulateurs physiologiques, puis la «  transition chirurgicale ».

Les effets physiques non discutés de ce GAT sont choquants.. Selon une recherche d’ampleur menée par l’ American College of Pediatricians, administrer des hormones cross-sexes et des bloqueurs de puberté comporte des risques énormes : maladies cardiaques, caillots sanguins, crises cardiaques, arrêt de la croissance osseuse, ostéoporose, cancer, douleurs articulaires aiguës, dépression, et idéation suicidaire. Les interférences avec la puberté normale et la maturation sexuelle, qui proviennent à la fois des bloqueurs de puberté et des hormones cross-sexes, causeront aussi la stérilité et un dysfonctionnement sexuel permanent. Et ce ne sont simplement que les effets connus, parce que ce type de traitement est récent, les conséquences à long terme en sont inconnues. Les agonistes GnRH ne sont pas reconnus par la FDA-pour inhiber la puberté normale et sont donc utilisés sans validation à cause de cela.

La chirurgie est horrible. (SRS). Les patientes femmes peuvent subir une hystérectomie, une vaginectomie et une double masectomie – tous ces organes enlevés étant bien sûr parfaitement sains. Certains chirurgiens ôtent la peau des avant-bras  afin de créer une réplique inefficiente d’un pénis. Les organes sexuels des patients hommes ( pénis, testicules, scrotum) sont enlevés et un faux vain est ouvert qui doit  être maintenu ouvert  avec un dilatateur afin de ne pas se résorber sur lui-même et de cicatriser.

En d’autres mots, ces médecins de « l’affirmation  «  luttent contre des systèmes normaux du corps humains qui contre-attaquent en luttant contre les intrusions. Les patients seront engagés dans cette lutte pendant toute leur vie.

Un observateur objectif assumerait que les médecins quiparticipent au GAT repoussent ou dépassent les limites d’une pratique médicale acceptable, risquant d’être confrontés aux autorités. Dans l’environnement politique actuel, pas vraiment. En 2017,  la Société endocrine a publié  des indications qui permet le traitement des enfants et adolescents dysphoriques avec des bloqueurs de puberté et des hormones cross-sexes en dépit des risques connus pour la santé et de ceux que nous ignorons encore.  Bien que ces indications sont emplies de conseils de «  suivre » les divers aspects de la santé du patient durant la GAT et d’y impliquer des professionnels de la santé mentale d’une manière largement non précisée, la seule chose qu’il est conseillé à un endocrinologiste de ne pas faire est d’administrer des hormones cross-sexe et des inhibiteurs de puberté à des enfants pré-pubères. Autrement, tout est possible. Même la limite d’âge pour recevoir des hormones cross sexe et des inhibiteurs de puberté est flexible, puisqu’il peut y avoir des «  raisons irréfutables »  de pratiquer cela à des adolescents avant seize ans.  Aussi longtemps qu’il existe une «  équipe pluri-disciplinaire » en place afin de «  superviser » l’accroissement des malaises cardiaques et des crises, la détérioration osseuse,  les tumeurs malignes et  la dépression paralysante, tout devrait aller au mieux.

Un des aspects les plus perturbants de la subordination de l’ Endocrine Society d’une pratique médicale saine  à des exigences politiques est son traitement de la stérilité permanente qui résulte d’un GAP achevé. Les indications  s’y réfèrent ponctuellement : «  Les cliniciens devront informer les enfants pubères, les adolescents et les adultes cherchant un traitement de confirmation de genre de leurs options pour la préservation de la fertilité. » Rien à propos des conseils sérieux nécessaires pour expliquer l’énormité de cette décision.  Aucune reconnaissance du fait que les enfants et les adolescents ne peuvent pas  en avoir conscience de toute façon. Non, informez juste les enfants – pour qui avoir eux-mêmes des enfants est au-delà de leur propre imagination,  sur les «  options pour la préservation de la fertilité. »

Comme il est suggéré par la présentation de l’Endocrine Society, jusqu’à récemment, les bloqueurs de puberté n’étaient pas utilisés avant que le patient ait 11 ans, les hommes cross-sexes avant 16 ans et la chirurgie avant l’adolescence tardive ou l’âge adulte. Mais l’industrie a abaissé les âges d’administration sans prendre en compte les recommandations. Le Dr. Johanna Olson-Kennedy, un pédiatre californien ayant gagné sa notoriété en ayant été plus loin dans ce domaine, a modifié le protocole pour une étude fédérale qu’elle conduit et autorise l’administration d’hormones cross –sexe à des enfants de 8 ans. Des doubles mastectomies sont effectuées sur des filles de 13 ans. L’endocrinologiste pédiatrique de l’Université de Stanford, le Dr. Tandy Aye souhaite  l’accélération des changements législatifs qui puisse permette à des adolescents mineurs de subir une opération chirurgicale stérilisante même si l’idée qu’un mineur pisse correctement appréhender ce que signifie la stérilité, est, pour  le moins inconsistante par rapport à ce qu’on sait du développement du cerveau adolescent.

Certains chirurgiens op-rent déjà de la chirurgie mutilatrice sur des garçons mineurs, prétendant que l’ “âge est arbitraire”  et que les adolescents se sentent mieux hors de cette  procédure grotesque et pénible pendant qu’ils sont encore à la maison, avec des parents à même de superviser les soins post-chirurgicaux. Ces chirurgiens prétendent n’effectuer ces opérations permanentes, ayant des répercussions à vie uniquement sur des «  adolescents matures ». La maturité étant bien sûr déterminée par ces mêmes médecins conditionnés idéologiquement, et apparemment sans ou avec très peu de prise en compte des problèmes émotionnels que peut rencontrer un garçon qui veut être castré.

Il est probable que les indications seront modifiées afin d’accommoder les expérimentations de ces praticiens pionniers. En tout état de cause, l’élite des médecins du transgenre comme Olson-Kennedy,  se contentent de bafouer les indications à volonté et de faire ce qu’ils veulent. On pourrait en conclure que ces indications existantes ne sont là que pour l’apparence- afin d’aider des praticiens inexpérimentés à gérer leurs patient d’une façon politiquement correcte et de présenter un vernis de sobres réflexions afin d’éloigner les intervenions de certains professionnels ou membres du gouvernement qui pourraient mettre un holà à certaines de ces horreurs.

L’insistance sur le fait que les sentiments enfantins soient honorés, même au prix d’interventions chirurgicales et de traitements irréversibles est alarmant et sans précédent. Pour de bonnes raisons, les enfants ne sont pas autorisés à boire, à fumer, à jouer, à voter, à conduire des véhicules, à signer des contrats ou à accéder à certains loisirs. Ils n’ont pas non plus accès à certains traitements sans le consentement de leurs parents. Mais des adultes puissants affirment que les sentiments des enfants qui sont trop jeunes pour acheter un  sirop contre la toux devraient prévaloir sur toute considération contraire.

La dissention n’est pas tolérée. N’importe qui, que ce soient des parents, des médecins, des enseignants, ou des camardes de classe – qui questionne leur décision est traité de transphobe, de sectaire devant être réduit au silence.

Pourquoi maintenant ?

Pourquoi ceci arrive-t-il ? Pourquoi un brouillard de mensonges s’est-il abattu sur toute la société, au point que même des enfants sont sacrifiées à ce Léviathan vorace ?

Des volumes entiers seront consacrés aux soutiens de l’hystérie transgenre de masse. Quelques considérations :

• La manie transgenre résulte naturellement de la marche sans interruption de la révolution sexuelle. Le déni de la nature humaine a commencé avec le contrôle des naissances et la pilule, séparant le sexe de la reproduction. Cela a conduit à la séparation du mariage et du sexe  qui a détendu les astreintes et l’activité sexuelle et l’enfantement hors mariage. Une famille avec père et mère n’était plus considérée comme nécessaire à l’enfant, ce qui signifiait qu’il n’y avait rien de notoire à propos de l’appartenance sexuelle des partenaires unis par un lien romantique. Puis vint Obergefell, qui en acceptant le mariage homosexuel comme un droit constitutionnel a oblitéré les distinctions physiques, biologiques entre les sexes. Et si il n’existe pas de distinction majeure, une être humain ne devrait pas être confiné  à un seul sexe mais plutôt être capable de changer d’un sexe à un autre ou de s’arrêter quelque part au milieu.

• Cette manie provient de l’élévation du Self autonome narcissique, qui est supposé pouvoir faire de droit tous les choix qui lui semblent désirables sur le moment – même si ces choix violent la réalité physique.

• Cette manie est le résultat du concept en développement que le désire du patient devrait être le premier sinon le seul déterminant pour un traitement médical. Les indications du WPATH sont claires sur le fait que les exigences du patient surpassent les soucis éthiques du médecin. En emmenant ce concept jusqu’à se conclusion logique, un homme dysphorique a établit dans un essai glacial dans le New York Times qu’un médecin devrait appliquer la chirurgie mutilatrice que réclame le patient pour ressembler à une femme – même si le patient sait et admet que la chirurgie causera des dommages physiques énormes et échouera à apaiser sinon augmentera la détresse émotionnelle.  Avec de tels standards, le praticien cesse d’être un soignant et devient  simplement un outil comblant le désir fébrile d’un patient troublé. Et contrairement à un soignant, un outil n’a pas le droit à la conscience, aucune base légitime pour refuser de participer aux procédures attendues.

• La manie provient du culte des experts. Les parents dont l’instinct crie que leur enfant a besoin d’une psychothérapie, et non d’un GAT, se plient sous les professionnels qui prétendent savoir mieux. Si les experts disent que le traitement approprié est X, alors tous les non-experts sont supposés se soumettre sans questionner – même si la folie du parcours recommandé exhibe une lumière rouge aveuglante.

• La manie provient de l’hubris. Un praticien du GAT  décrit l’enivrante adulation de la part de patients et de familles désespérées. « Chaque rencontre est si gratifiante. Ils nous disent : «  Vous êtes mon héros, vous sauvez la vie de mon enfant. Nous ne savons pas ce que nous ferions sans vous. » Selon des chercheurs qui ont questionnés des chirurgiens intervenant dans les phases précoces du SRS, la chirurgie a attiré des médecins qui avaient le désir de «  se prouver à eux-mêmes qu’i n’était rien qu’ils ne puissent chirurgicalement exécuter » Changez un homme en femme et vous serez des dieux.

• La manie enfin résulte du déclin de la foi religieuse. Aucune des évolutions culturelles décrites plus haut ne se serait produite dans une société qui reconnaisse encore la réalité de dieu et de la loi biblique et naturelle. Et pour paraphraser Chesterton, la personne qui ne croit pas en Dieu ne croit pas en rien mais en  n’importe quoi.

Bien sûr, on ne devrait jamais négliger un des plus vieux appâts connue par l’humanité : la cupidité.   Certains professionnels de cette sphère en expansion désirent sans aucun doute alléger la souffrance des patients confus. Mais les professionnels de la santé qui ont accepté sans aucune critique l’imposture de cette alliance perverse Benjamin-argent tout comme l’industrie pharmaceutique qui va  débiter les médicaments et les hormones que  des patient malchanceux prendront à vie vont se partager les bénéfices qui sont supposés  atteindre presque 1 milliard de dollars en 2024. Ce genre de récompense peut avoir un certain effet sur les élancements de la conscience.

Des fissures dans l’édifice

Cette sinistre description suggère que l’humanité a été infestée par un virus monstrueux qui jusque là a résisté à tous les traitements. Mais la vérité morale et scientifique ne peut être étouffe qu’un certain temps et il existe des signes de son réveil.

Un signe encourageant est le nombre croissant de praticiens proclamant publiquement à quel point le roi transgenre est nu.  Bien sûr cette analogie est venue en premier lieu  du Dr. Paul McHugh écrivant dans le Public Discourse, qui a été très franc  contre  les errements et les dommages de la rvolution transgenre.

D’autres médecins ont rejoints le chœur. De l’American College of Pediatricians (établi en réaction à la politisation croissante de l’American Academy of Pediatricians) à des médecins parlant en leur nom qui ont dit la vérité en encourant des risques importants pour leur carrière. – voir les deux événements hébergés par Ryan Anderson, à l’ Heritage Foundation ici et ici—la résistance croît.

A titre d’exemple on trouvera cette lettre écrite par cinq médecins : (Drs. Michael Laidlaw, Quentin Van Meter, Paul Hruz, Andre Van Mol, and William Malone) et publiée dans Le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. Ces praticiens provoquent l’orthodoxie émergente parmi les arguments selon lesquels les jeunes patients doivent se voir administrer un GAT, comme offrant les preuves incontestables de notre incapacité à scientifiquement diagnostiquer les conditions, les risques manifestes portés par les bloqueurs de puberté et par les hormones cross-sexe, et les recherches scientifiques encourageant des traitements alternatifs.  Le fait même que The Journal ait accepté de publier cette lettre indique que la raison médicale s’est retirée mais n’a pas été vaincue.

Les professionnels qui s’opposent au discours transgenre sont répartis sur tout le spectre politique. Un groupe nommé Youth Trans Critical Professionals se définit lui-même comme des « psychologues, travailleurs sociaux, médecins, professionnels de l’éthique médicale et universitaires » qui, « tendant vers la gauche, sont ouverts d’esprit, et favorables aux droits gay » mais qui parc contre déclarent : « nous sommes inquiets à propos de la tendance actuelle qui diagnostique et affirme rapidement de jeunes gens comme transgenres, les mettant souvent sur une voie vers la transition médicale. »

Certains professionnels de la santé mentale s’opposent aussi aux restrictions légales qui contestent leur habilitation à fournir des soins à des patients dysphoriques. Un psychothérapeute juif orthodoxe s’est appuyé   sur les droits du  Premier amendement à la liberté de parole et de religion dans son procès pour infirmer lea suppression par l’Etat de New York des «  thérapies de conversion ».  A Tampa, en Floride, un magistrat fédéral a jugé favorablement un procès similaire attenté par deux psychothérapistes.  De tels challenges légaux sont le signe encourageant que certains professionnels ont la volonté de faire ce qu’il se doit avec leurs patients sans prendre en compte les possibles effets négatifs sur leurs carrières.

La crédibilité de ces mèdecins et autres professionnels de la santé mentale est accentuée par le constat de docteurs qui ne rejettent pas nécessairement le concept de transgenrisme d’emblée mais qui sont gênés par l’éthique prévalente que les sentiments doivent prévaloir sur les preuves. Des médecins comme le Médecin psychiatre de la   Case Western Reserve University School of Medicine, le Dr. Stephen Levine pense qu’un traitement médical peut être positif dans certaines situations mais résiste aux exigences plus radicales de l’industrie du genre et de ses alliés activistes.  Une autre  évolution prometteuse est l’advenue d’un réseau de groupes de parents qui ont vécu la folie transgenre sur leurs enfants ou dans leur famille. Ces parents ne veulent pas avoir à faire avec des «  experts » qui leurs disent des choses sur leurs enfants dont ils savent qu’elles sont fausses et de voir leurs enfants poussés vers des interventions médicales dont ils savent qu’elles vont ruiner leurs vies.  Des groupes comme Transgender Trend4thWaveNow,   et la  Kelsey Coalition  (nommée d’après le pharmacologiste de la FDA qui refusa d’autoriser la mise sur le marché de la thalidomide) se sont organisés afin d’aider les parents à résister et à contrer les abus perpétrés sur leurs enfants. Onpourra lire les histoires de cinq parents qui ont été dans ce cas dans  Public Discourse.

Beaucoup parmi ces parents réagissent à l’aspect le plus cultuel de cette manie – Many of these parents are reacting to the most cult-like aspect of the mania—la soi-disant Mise en route rapide d’une dysphorie (Rapid Onset Gender Dysphoria) qui touche surtout les filles adolescentes. Les parents racontent aussi de telles histoires déplorables. La fille, peut-être dépressive ou ayant d’autres problèmes psychologiques est exposée à l‘idéologie transgenre sur le net ou parmi ses connaissances. Elle passe des heures à regarder des vidéos sur le transgenrisme et le pouvoir magique d’un GAT de  de libérer de l’anxiété, elle  décide soudain, peut-être avec d’autres amies, qu’elle est transgenre, elle insiste pour être évaluée par un « spécialiste du genre »,  qui la conforte dans son auto-diagnostic et commence rapidement à lui prescrire ou des bloqueur de puberté ou des hormones cross-sexe, le spécialiste ignore les informations données par les parents portant sur d’autres aspects de l’expérience de leur fille qui peuvent contribuer à ce délire et  le spécialiste et la fille préviennent les parents qu’elle se suicidera  si ils s’oppose à son choix ;

Mais la création nouvelle d’un réseau d’organisation a permis aux parents de comprendre la manipulation dans toute sa malveillance et de réaliser qu’ils ont des alliés dans leur résistance. Comme les professionnels mentionnés plus haut, nombre d’entre eux sont politiquement conservateurs. Ce qu’ils ont en commun est une reconnaissance de la vérité, un rejet du mensonge même fourni par des experts et une féroce détermination à protéger leurs enfants.

Certains membres du gouvernement commencent à questionner l’accroissement du nombre d’enfants déniant leur sexe de naissance qui a grimpé en flèche. En Grande Bretagne, les Ministère de la femme et des inégalités a récemment ordonné une investigation  afin de comprendre pourquoi le nombre d’enfants demandant une transition a augmenté de 4000 % en huit ans. Même les individus non informés – y compris les bureaucrates- comprennent qu’une telle explosion des cas de dysphorie ne eut pas s’être produite naturellement. La volonté d’examiner la question est un autre signe bienvenu que la manie puisse d’une certaine façon relâcher sa pression.

Aux USA, beaucoup d’élus du gouvernement ont adopté le mouvement transgenre sans d’étude préalable sérieuse. Mais il existe quelques signes de correction là aussi. Par exemple, l’administration Trump a fait plusieurs démarches afin de remettre la loi dans cette arène.

Une a été en Février 2017 l’abrogation de la « school “guidance” » de l’administration Obama qui étendait l’interprétation du sexe au Titre IX afin d’y inclure l’identité de genre. Un développement lié à cela a été l’annonce d’octobre du département d’état  que le Titre VII, qui prohibe les discrimination à l’emploi basées sur le sexe ne seront pas interprétées pour s’appliquer à des actions basées sur l’identité de genre. Depuis que le Congrès avait clairement créés les statuts de 1972 (Title IX) et de 1964 (Title VII) afin de ne couvrir que le sexe biologique, ces étapes montrent un retour bienvenu aux normes de l’autogouvernement. (self-governance)

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En Mai 2019,  le Department of Health & Human Services (HHS) a évolué vers une définition scientifique  du  « sexe » dans les programmes financés par l’état. Alors que l’administration Obama avait décrété que la discrimination, prohibée sur la base du «  sexe «  devait comprendre la discrimination basée sur «  l’identité » de genre » , l’HHS a récemment publié   une proposition de régles  renversant cette interprétation onéreuse et illégale. Le «  sexe » clarifie cette proposition de règle, se verra attribuer sa signification scientifique, ne se référant qu’au sexe biologique démontrable plutôt qu’aux sentiments informels, changeants de l’identité de genre.

Finalement, l’HHS prône le renforcement  des  protections de la conscience des individus impliqués dans la recherche ou dans les soins. Ceci signifie que ces professionnels ne peuvent ps être forcés de trahir leur conscience en participant à des GAT ou à des recherches qui leur sont associées.

Bien que la politique gouvernementale puisse changer bientôt comme le font les administrations ( par exemple le dénommé Equality Act cimentera un politique extraordinairement nocive et totalitariste au regard de l’identité de genre), ces réactions apportent l’espoir de propositions politiques basées sur la réalité.

Un autre exemple de résistance vient du monde des sports. Alors que des garçons ou des hommes s’identifiant comme femmes peuvent battre haut la main  filles et femmes, des personnalités se démarquent. La légende du tennis Martina Navratilova,  elle-même lesbienne et supportrice des «  droits gay », a nommé  la  participation d’hommes dans le sport féminin comme elle le devait : tricherie.  Le groupe récemment organisé recently Fair Play For Women  ( Jeu juste pour les femmes)  a publiquement défendu le droit des femmes et des filles à des participations sensées dans l’athlétisme, ce qui signifie de restreindre certains sports à des athlètes femelles biologiques. Chaque photographie d’un homme plus gros et plus fort battant une fille et peut-être lui ôtant toute possibilité de carrière ou de financement d’études , développe la compréhension du public que le transgenrisme implique un degré signifiant de narcissisme et de droits acquis de mauvaise foi.

Les Féministes commencent à reconnaître la menace du trangenrisme non seulement pour la justice dans la compétition en athlétisme mais pour les femmes dans leur ensemble (voir ). Si des mâles sont autorisés à joindre le sexe féminin simplement en se déclarant femmes, existe-t-il quelque chose comme une femme ? Existe-t-il une base qui permette de protéger les femmes dans un espace privé (comme des toilettes ou des vestiaires), dans les universités, les dortoirs, et même les prisons ? Existe-t-il un moyen pour s’assurer que les programmes supposés aider les femmes, comme des prêts spécifiques ou des réserves dans les budgets gouvernementaux soient restreints aux femmes ?

Les radicaux transgenres sont si préoccupés par la résistance des féministes, spécialement celle des lesbiennes, qu’ils ont créé leur propre insulte pour décrire les gauchistes dissidents : Trans-Exclusionary Radical Feminists, ou TERFS. Les injures, cependant, n’ont pas eu d’effet sur ces féministes, qui reconnaissent que valider des droits légaux basés sur l’identité de genre plutôt que sur le sexe devra «  éliminer les femmes et les filles  en tant que catégorie cohérente, digne de protection de ses droits civils.

La voix la plus puissante pour revenir à la raison va peut-être venir des ceux qui «  détransitionnent » – des individus qui ont subi une transition médicale, et qui ont réalisé qu’ils avaient fait une erreur tragique, et qui  — prennent la parole  maintenant afin de prévenir les victimes de l’industrie du genre.

Walt Heyer a subi des années de dysphorie de genre qu’il attribue maintenant aux mauvais traitement de sa grand-mère et à ses abus sexuels dans sa jeunesse. En tant qu’adulte, il a subi une thérapir hormonle et de la chirurgie et a vécu huit ans comme femme avant de détransitionner. Contributeur régulier du Public Discourse, Heyer a maintenant plus de 70 ans et consacre sa vie a aider d’autres victimes à retrouver leur vie authentique comme il l‘a fait.  Son site internet, sexchangeregret.com, a été visité par des centaines de milliers d’usagers de 180 pays, et il rapporte  un accroissement énorme du traffic depuis la prolifération du virus transgenre.

D’autres adultes sont également francs à propos de la folie du «  changement de sexe »  ( voir le travail de recherche  sur le transgenrisme de Horvath et le récit pathétique de l’expérience de Rene Jax Don’t Get on the Plane.) Mais avec certaines victimes, la prise en compte de la vérité se produit beaucoup plus tôt. De plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes parlent de l’erreur qu’ils ont commise en transitionnant et avertissent les autres jeunes de ne pas se laisser aspirer par le culte (voir là, là, et là, par exemple). Cependant une information fiable sur le niveau de regret postérieur à un GAT n’est pas disponible car de très nombreux patients ne sont pas suivis (peut-être aussi à cause des suicides), plus les détransitionnés parlent, plus ils se sentiront à l’aise à le faire.

Les chanceux sont ceux qui en sont sortis avant la chirurgie ou autre traitement irréversible. Pour les autres, peut-être le système permettra-t-il des dédommagements à travers la possibilité de poursuites pour fraude professionnelle. Tout comme une   responsabilité pénale  a dissuadé des psychothérapistes d’utiliser la théorie de la « recovered memory ” » avec des patients fragiles, la perspective de poursuites et de condamnations substantielles  par des victimes de GAT peut amener des praticiens à y penser à deux fois.

Est-ce différent cette fois ?

Chaque fois qu’une révolution sexuelle se réclame d’une nouvelle victoire – démantelant les normes de la moralité sexuelle ou atteignant l’acceptation des comportements homosexuels, ou imposant le mariage homosexuel faisant pression sur une personne tiers pour célébrer la dernière étape – les individus ayant des valeurs plus traditionnelles pensent que cette fois les radicaux sont allés trop loin. Ce sera certainement le développement qui fera basculer le pendule vers une absence de base et un bon sens commun. Mais au lieu de ça, les révolutionnaires empochent la victoire et avancent sans répit vers le nouvel objectif.

Mais le mouvement transgenre est peut-être différent. Les dommages infligés par les campagnes précédentes sont réeles et profonds mais ceci n’a pas été immédiatement évident. Il a fallu, par exemple, plusieurs dizaines d’années pour que les conséquences de la sexualisation de tout devienne tangible. – désintégration de la famille, enfants sans père et cassés, augmentation des consommations de stupéfiant et autres pathologies culturelles – et même maintenant  les idéologes résistent à la conclusion que ces tendances sont dues aux changements sociaux qu’ils préconisaient.

En contraste, les dégâts de l’affirmation transgenre sont immédiats et apparents. Les dommages médicaux seuls sont indéniables, et l’angoisse ne fait qu’accroître. Les enfants et adolescents concernés, spécialement, deviennent les blessures vivantes dont les vies massacrées témoignent des abus infligés par les «  experts » qui ont profité de leur misère. Les voix des dé-transitionnés pénètre le bavardage politiquement correct pour avertir que ce qui se passe détruit des vies, ici et maintenant.

Hacsi Horvath,  un chargé de cours au Département d’épidémiologie et d biostatistiques de l’Université de  Californie à San Francisco, a décrit abondamment  sur l’acceptation étrange du  concept fantastique de l’identité de genre. :  A mon avis, qui est basé sur des recherches approfondies ainsi que sur ma propre expérience de plus de 13 ans où j’ai prétendu être une femme – GD n’est que très peu concerné par son sexe. IL s’agit plus de troubles dans l’identité. Il n’y a aucune bonne raison pour que la dysphorie de genre ait été majoritairement exclue pendant 15 ans dans le cadre des recherches sur les «  diagnostics trans »  du traitement de personnes dépressives  ou angoissées.  GD n’est pas en soi unique, super spécial !  C’est tout à fait inscrit dans les critères efficacement traités dans le cadre des approches des diagnostics trans. C’est comme si les promoteurs de «  transition » du transgenrisme en vogue exerçaient une sorte de racket.

Un de ses camarades survivant, Walt Heyer ne prend pas de gants en décrivant les agents de la manie transgenre. Spécialement au regard des fausses affirmations touchant les mineurs, il dit :

C’est de la maltraitance sur enfant…Nous fabriquons des enfants transgenre. Nous fabriquons leur dépression, leur angoisse et ça devient une énorme industrie dont les gens profitent alors que la vie de ces enfants est complètement détruite.

Il conclut : Il n’y a absolument rien de bon à affirmer que quelqu’un a une identité genre- croisé parce que ça détruit leur vie…C’est de la folie.

La forteresse transgenre que les radicaux ont construite uniquement à la force de leur volonté est construite sur du sable sans support d’aucune sorte. La vague qui va l’effacer gagne de la force. Puisse venir bientôt le temps où nous dirons, avec les observateurs de cette hystérie passée : «  Mais comment avons-nous pu croire ça ? »

A propos de l’auteure.

JANE ROBBINS

Jane Robbins,  diplômée de l’Université de Clemson  et de l’ Harvard Law School, est avocate et écrivaine en Géorgie.  Membre de l’ APP

Ci-dessous, quelques articles complémentaires :

Article Daily mail Réaction au nombre croissant de demandes

Jonathan Turley  Article sur les (ré)pressions exercées sur les enseignants et intervenants dans le cadre des universités

Madeleine Kearns     Article sur l’exclusion des parents dans les choix d’intervention «  d’information » sur le genre

Slavoj Žižek «  Le sexuel est politique » dans  la revue «  Le salon philosophique »

Colette Chiland  Problèmes posés aux psychanalystes par les transsexuels dans la Revue française de psychanalyse

Le discours transsexuel sur le corps      Jean-Pierre JacquesDans Cahiers de psychologie clinique 2008/1 (n° 30)

Feminist current Pediatrics professor Dr. John Whitehall describes gender transition in minors  as “castrating children.“

Traduction : Elisabeth Guerrier

Les fissures dans l’édifice totalitaire transgenre. Jane Robbins / Première Partie

« Or la vraie nature des humains n’était pas ce qu’ils étaient, de manière tangible et concrète, mais précisément ce qu’ils n’étaient pas et ne pouvaient devenir sans efforts ; leur «  vraie nature »  était noch nicht geworden, non réalisée, toujours en attente qu’on la laisse sortir. Les hommes et les femmes réels, empiriques n’étaient que de grossières mutilations de ce qu’ils pouvaient être et de ce qu’étaient leur vocation, de pâle reflet de leur vrai potentiel. Pour acquérir leur vraie essence, pour devenir ce que la nature les prédestinait à être, il leur fallait d’abord être transformés, et cette tâche gigantesque de la transformation requérait  les conseils de ceux qui savaient ce que la nature humaine était censée être et comment élever les hommes et les femmes empiriques à ce haut niveau que leur vraie nature exigeait » Zygmund Bauman « La vie en miettes, expérience postmoderne et moralité », page 144 

Nous publions dans un premier temps la moitié de l’article de Madame Robbins, nous commenterons lors de la publication de la deuxième partie, commençant par l’analyse des impacts de l’idéologie transgenre et sur ses pratiques sur les enfants.EG

Deuxième partie

The Cracks in the Edifice of Transgender Totalitarianism

Les fissures dans l’édifice totalitaire transgenre.

13 Juillet  2019  JANE ROBBINS

Le château transgenre que les radicaux ont construit par la force de la volonté est construit sur des sables mouvants sans appui d’aucune sorte. La vague qui va l’emporter gagne en force. Puisse le temps venir vite où nous dirons tous, comme les observateurs des hystéries : «  Comment avons-nous pu croire une telle chose ? »

«  Ce dans quoi nous vivons, à n’importe quel âge, est l’effet sur nous des émotions de masse et des conditions sociales desquelles il est presque impossible de se détacher. Souvent, les émotions de masse sont celles qui semblent les plus nobles, les meilleures et les plus belles. Et pourtant dans une année, cinq années ou dix, cinquante années, les gens se demanderont  « Comment ont-ils pu croire des choses pareilles ? », parce que les événements se seront produits qui auront jeté les dites émotions de masse  dans les poubelles de l’histoire. »

–Doris Lessing, Prisons We Choose to Live Inside (1987)

L’épidémie de soi-disant «  dysphorie de genre  » parmi les enfants et les adolescents – transgenrisme- a souvent été décrite comme un culte. Cette désignation est, à certains égards, correcte. Bien que sans leader charismatique, habituellement présent dans de tels mouvements,  d’autres descriptions d’experts du culte s’y appliquent sans réserve. « créé pour stabiliser le sens de l’identité chez l’individu en compromettant sa conscience de base, sa vision de la réalité, ses croyances et ses conceptions du onde, son contrôle émotionnel. »  Le culte vise également le but de « réduire l’anxiété, l’incertitude, et le doute en adoptant les concepts mis en avant par le groupe. » La promesse d’une «  nouvelle identité » qui résoudra tous les problèmes, même si elle sépare de la famille ou de la vie antérieure.  Ceci est spécialement vrai dans les cas nommés Décision rapide de dysphorie de genre (Rapid Onset Gender Dysphoria), dans lesquels des adolescents auparavant normaux (habituellement des filles) annoncent soudainement qu’elles désirent effectuer une transition pour le sexe opposé.  La façon dont une adolescente, luttant avec une angoisse sévère, ou même normale à cet âge, peut être attirée dans de tels groupes est facilement compréhensible.

Le transgenrisme serait peut-être mieux décrit en termes de « contagion sociale ». Ce terme se réfère à une  « multiplication des idées, sentiments, et selon certains, névroses au sein d’un groupe ou d’une communauté à travers la suggestion, les médisances, l’imitation etc. »  L’explosion des cas de dysphorie de genre, qui se manifestait dans des cas extrêmement rares auparavant  a coïncidé  ces dernières années avec une augmentation fulgurante d’une attention bienveillante pour le sujet dans les médias communs ou sociaux – suggérant par là une forme de contagion sociale. Les parents dont les enfants annoncent leur transgenrisme lorsque leurs amis le font vont certainement être d’accord avec cette explication. Les personnes qui ont été piégées dans le mouvement transgenre mais qui s’en sont échappées le décrive comme une idéologie avec des éléments à la fois politiques et religieux. La dévotion à cette idéologie est si intense que, comme le décrit un psychiatre, « l’état d’esprit est tel que quiconque qui hésite à supporter une transition ou un réassignement chirurgical est un dinosaure victime d’une approche dépassée, foncièrement discriminante de la personne trans et doit être condamné en justice ou dans l’arène publique. » Et pourtant ces descriptions : culte, idéologie, contagion sociale, échouent à saisir l’unicité et l’énormité de ce qui se passe avec le mouvement transgenre. Les cultes passés et présents ont séduit leurs victimes en leur faisant perdre tout sens de la réalité  et en leur faisant embrasser des croyances étranges et dangereuses, la contagion sociale et le délire de masse ont affecté des groupes importants d’individus apparemment intelligents, les idéologies se sont emparées d’un pouvoir qui a modifié des sociétés et coûté des vies. Mais maintenant nous sommes devant quelque chose de différent.

Les cultes antérieurs, ou des phénomènes sociaux similaires ont généralement été limités dans le temps, l’espace et d’éventuels retours au bon sens. Mais la civilisation occidentale est maintenant aux prises avec un cyclone  culturel qui souffle sur de telles limites avec la force du totalitarisme.  Le transgenrisme a bouleversé les fondations de tout ce qu’on considère comme vrai. Le savoir scientifique est rejeté et la pratique médicale récupérée au service d’une nouvelle «  réalité » – que le «  genre » est indépendant du sexe, que mâles et femelles à tout âge, même les très jeunes enfants ont droit à leur propre identification de leur genre seulement basée sur leurs sentiments, et que littéralement tout individu et tout segment de la société se doit de s’incliner face au choix de cette identité, au risque de perdre leur réputation, leur moyen de subsistance et jusqu’à leur liberté elle-même.

Remarquablement, cette révolution s’opère sans aucune preuve scientifique pour la supporter.  Le concept de changer son sexe biologique est, bien sûr, un non sens, étant entendu que le sexe est déterminé par des chromosomes inaltérables. Un individu peut modifier son niveau d’hormones et subir de la chirurgie afin de mieux imiter le sexe opposé, mais un mâle le jour de sa conception restera un mâle le jour de sa mort. Et, comme nous le développons plus bas, l’idée qu’il y ait une vraie  caractéristique de la personne, appelée « genre »  qui puisse questionner ou invalider la signification du sexe biologique est tout aussi fallacieux.  Mais l’absence de preuve authentique est simplement ignorée et de fausses «  preuves » sot créées pour valider cette manie.

Jusqu’à maintenant. Mais il y a queques signes de failles dans l’édifice du transgenrisme. Comme le dit le Dr. Malcolm dans Jurassic Park, « La vie trouve toujours un moyen ».  Et la réalité aussi. A un certain moment elle va se recentrer et nous allons nous demander comment tout ceci a bien pu se produire.

La  science du sexe et de l’identité genrée

Avant d’explorer la révolution, il est nécessaire de retracer briévement la science dans le domaine du sxe et de l’identité de genre. Selon les indications  de l’Institut national de la santé,  National Institutes of Health (qui finance lui-même actuellement des études éthiquement suspectes liées au traitement des patients à dysphorie de genre) les candidats aux subventions pour des études de santé doivent considérer le sexe comme une variable biologique «  définie par des caractéristiques encodées dans l’ADN, comme les organes reproductifs, et d’autres caractéristiques physiologiques et fonctionelles ». Le sexe humain est  « un trait binaire, déterminé biologiquement, et immuable dès la conception. »

Bien que certains rares désordres congénitaux du développement sexuel (désordre intersexe) peuvent générer une ambiguïté sur le sexe biologique, il n’existe pas de «  spectre »  du sexe sur lequel les humains puissent se situer.  Le sexe biologique est binaire.  Selon le biologiste de l’évolution de l’Université de Californie  Santa Barbara le Dr Colin Wright , « L’affirmation que la classification du sexe des individus à partir de l’anatomie et de la génétique n’a pas de « bases scientifiques » n’a elle-même aucune base dans la réalité, car toute méthode exhibant une vérité prédictive à plus de 99,98 % la placerait parmi les méthode les plus précises des sciences de la vie. »

Par contraste, l’  « identité de genre »  est un phénomène psychologique, non une caractéristique immubable, et introuvable dans aucune partie du corps, du cerveau ou de l’ADN. Il n’existe aucun test médical qui permette de la détecter. By contrast,.Parce que les  études sur les jumeaux  montrent la rareté des jumeaux identiques génétiquement souffrant d’un dysphorie de genre, l’origine n’est clairement pas génétique.. Il n’existe pas non plus de preuve  qui étaye la remarque habituelle que le patient a «  un cerveau de fille dans un corps de garçon » ou vice versa, comme il l’est répété dans des médias comme I am Jazz. Au contraire, chaque cellule du cerveau mâle est porteuse d’un chromosome Y et chaque cellule du cerveau femelle des deux chromosomes X, ce qui demeure vrai même si l’individu se sent faire partie du sexe opposé.  Toute «  preuve » d’une identité de genre innée est pure fiction, au contraire, il existe  de nombreuses preuves irréfutables  que des facteurs psychologiques et environnementaux variés sont déterminants.

Au contraire le sentiment peut changer et des  recherches  montrent que c’est la cas dans une grande majorité de cas (au moins pour des enfants).  Par exemple, des enfants présentant une dysphorie de genre autorsés à vivre une puberté naturelle finiront par accepter leur sexe à l’âge adulte dans 61 à 98 % des cas.  En contraste, des enfants soumis aux traitements de transition comme les bloqueurs de puberté ou les hormones sexuées (évoqués plus bas)  vivent presque toujours comme des adultes transgenres . Les données sur le taux de persistance des patients adultes ne sont pas fiables, premièrement parce que de nombreux patients ne sont pas suivis. Mais de plus een plus de ces patients recherchent une aide médicale pour renverser la procédure. 

Il n’y a pas de preuve que le dénommé gender-affirming treatment (GAT) ait aucun effet positif sur le confort psychologique à long terme d’individus souffrant de dysphorie de genre.  De telles personnes montrent en fait un taux de suicide très élevé avant le traitement  (avec un taux de tentatives de suicide neuf fois plus élevé que celui de la population ordinaire). Mais une étude de Suède, un pays très «  engagé » pour les citoyens se considérant comme transgenres, montre que de suivre un GAT ne réduit pas le taux de suicide de ces patients. En fait le taux de suicide perpétrés est 19 fois celui de la population générale.

L’histoire de l’ « Identité de genre »

A la lumière du manque de support scientifique crédible, d’où viennent donc les concepts de « identité de genre »  et de «  transgenrisme » Leurs origines reviennent à un groupe de « sexologues » des années 50, dont un proéminent endocrinologiste né en Allemagne Le Docteur Harry Benjamin et le Docteur en psychologie John Money.

Jusqu’à cette époque, la profession psychanalytique considérait le désir d’appartenir à l’autre sexe comme un désordre (rare) susceptible d’être traité dans le cadre d’une psychothérapie.  Benjamin, cependant précisa qu’il s’agissait d’un désir indiquant « une maladie unique distincte du transvestisme ou de l’homosexualité  et… non accessible à la psychothérapie. Il nomma cette condition : « transexualisme » et défendit son traitement avec un réassignement sexuel chirurgical.  (un de ses intérêts non démentis remontant à  sa fascination de début de carrière et à ses efforts pour changer le sexe de cochons d’inde). Peut-être liés à son expérience insatisfaisante avec la psychothérapie, Benjamin  a toujours reproché à la psychanalyse son « absence de scientificité ». Il ignora donc (selon ses dires à propos de ses propres cas cliniques) des signes patents  de psychopathologie chez les patients qu’il traitait médicalement pour la confusion de leurs sexes.

Comme Benjamin, le Dr. Money de Johns Hopkins décrivit le transsexualisme comme une situation devant etre traitée médicalement plutôt que psychologiquement. Money changea l’usage terminologique, utilisant le terme «  genre » issu du royaume de la grammaire (classification des noms par laquelle ils sont désignés comme masculin, féminin ou neutre dans certaines langues) vers ce qui maintenant   signifie «  la performance sociale indicative d’une certaine identité sexuelle ».  En d’autres termes, Money décréta qu’un individu pouvait avoir un «  genre » qui différait de son sexe biologique. «  Transexuel devint donc transgenre ».

L’American College of Pediatricians (ACPeds) décrit l’innovation linguistique comme suit :  

D’un point de vue strictement scientifique, l’être humain possède un sexe biologiquement déterminé et des différences sexuelles innées. Aucun sexologue ne pourrait changer les gènes d’un individu avec des hormones ou de la chirurgie. Le changement de sexe est objectivement impossible. La solution des sexologues était de détourner le mot genre et de le réintroduire avec une nouvelle signification qui s’applique aux personnes.

Il n’y a pas et n’a jamais eu de base scientifique à la dichotomie de Money entre genre et sexe, interprétée comme l’idée qu’une personne peut être née dans le «  mauvais »  corps. (Comme le Pédiatre endocrinologiste Dr. Quentin Van Meter l’exprime, «  Il y a zéro virgule zéro zéro science derrière ce concept ». Cependant la construction médico-sociale de Money  domine maintenant la psychiatrie, le discours universitaire et la culture au sens large.

L’enthousiasme de Money pour l’adinistation à ses patients de traitements irréversibles amena Johns Hopkins à établir un des premiers programmes dans ce but, regroupant des psychologues, des endocrinologistes,  et des chirurgiens. Sous leur administration, les patients subir des traitements hormonaux et de la chirurgie qui amputait des organes sains  et en créait de faux. En dépit des objections éthiques de psychanalystes  et de nombreux chirurgiens ( c’est une chose d’enlever des tissus malades et tout à fait une autre d’amputer des organes sains simplement parce que des patients perturbés émotionnellement le demandent.) Johns Hopkins s’installa plus avant dans cette pratique expérimentale.

Ce n’est pas avant 1979 que le médecin-psychiatre chef  de John Hopkins, Paul McHugh―un médecin qui reconnaissait tles bases psychologiques de la dysphorie de genre et qui caractérisait les possibilités de changement de sexe comme «  simplement, complètement fausses » fût capable de clore ce programme. Mais

McHugh n’est plus médecin en chef et le zeit geist fonce devant aussi, en solidarité avec la communauté LGBT » (notons le langage politique) le programme a récemment réouvert.

D’autres chirurgiens et hôpitaux n’ont pas fait preuve des scrupules du Dr. McHugh. Dans le début des années 70, une chirurgie nommée « chirurgie de  réassignement sexuel (sex-reassignment surgery (SRS) devenait routine, amenant le directeur d’une clinique d’identité de genre à  UCLA à déclarer que «  la question critique n’est plus de savoir si le réassignement sexuel pour adulte doit être effectué mais plutôt pour qui ? » Les institutions médicales se sont précipitées pour accroître la prolifération des cliniques du genre en réponse à, comme  l’admet un endocrinologiste de Dallas,  «  la demande des patients »  plutôt que par nécessité médicale.

Au regard de ce qui était classé comme «  désordre de l’identité de genre » (GID), les associations médicales se sont inclinées dans le sens des courants politiques prévalents.  En 2013, l’American Psychiatric Association (APA) changea le DSM-5 et replaça le GID par «  la dysphorie de genre », un terme qui se concentre maintenant non sur des bases psychologiques lorsqu’un patient refuse son sexe mais plutôt sur la détresse produite par ce rejet.  Si il n’y a pas de détresse, raisonne l’APA, il n’y a pas de problème – c’est parfaitement normal, et certainement pas un «  désordre », pur une personne de refuser de reconnaître la signification de son corps. Le «  stigmatisme » est supposé disparaître.

(L’APA a jusqu’ici résisté a la demande de certains activistes transgenres de «  dépathologiser » complètement le cas.

L’absence de diagnostic reconnut signifie une absence de couverture d’assurance. Donc, dans a littérature professionnelle, le transgenrisme occupe occupe une zone mal définie entre le cas psychiatrique et l’état normal de l’identité humaine. Quelqu’un doit payer pour ces onéreuses «  procédures de réassignement »

Le manuel   de l’ American Psychological Association reconnaît que tous les cliniciens ne croient pas dans la confirmation des croyances des patients confus sur leur genre ( au moins quand il s’agit d’enfants), mais qu’ils ont largement adopté l’agenda des transgenres radicaux. L’organisation évoque catégoriquement que : « le genre est une construction non binaire qui permet un panel d’identités de genre et que le genre d’une personne peut ne pas être aligné sur le sexe assigné à la naissance. » Ayant adopté ces fondation manifestement a-scientifiques, ils continuent à construire leur château de carte appuyé sur un échafaudage politique plutôt que médical.

Le reclassification de la dysphorie de genre est devenue globale, avec l’Organisation mondiale de la santé ( OMS) décidant  en Mai 2019 d’ôter cette condition de la liste des désordres mentaux et de se référer à une « incongruence de genre ». L’OMS explique que ce changement était nécessaire fin d’enlever la discrimination contre les individus dysphoriques et de permettre que leurs droits au GAT soit garanti.

Le totalistarisme transgenre

L’orthodoxie transgenre (ou idéologie, ou théologie) a donc saisi la société occidentale sans aucune base factuelle. Il est difficile d’identifier d’autres phénomènes culturels auquel la comparer à aucun point de l’histoire. Les nations se sont trouvées englouties par les mouvements politiques comme le National-socialisme, basés sur des concepts scientifiques fabriqués comme l’identité raciale, mais ces mouvements étaient différents dans leur nature de la révolution transgenre. Même les systèmes politiques totalitaires sont plus construits moins sur une acceptance large des citoyens que sous la force nue des armes. Par contraste, le transgenrisme bat la réalité sans tirer un seul coup.

A des moments différents de l’histoire, le champ de la médecine a fait le choix de pratique sans preuves, comme dans les lobotomies * au début du 20ième siècle , comme l’a fait le champ des psychothérapies dans la phrénologie, par exemple.  Mais dans aucun de ces cas les professionnels dans leur ensemble n’ont exigé l’acceptation et peut-être la participation à des doctrines sans fondement. Au lieu de cela, les pratiques étaient confinées dans des groupes restreints.* d’expérimentateurs qui n’avaient qu’un succès limité et temporaire contre la réalité de la science et le bon sens.

Mais ce n’est pas le cas avec le transgenrisme. Des médecins professionnels supposés formés et hautement expérimentés dans tous les champs d’intervention non seulement ignorent l’absence de preuve mais nient jusque aux faits qui ont été des évidences pour une humanité saine depuis sa création.  Des médecins  déclarent  sous serment qu’il n’y a pas de bases physiques permettant de déterminer si un humain est un mâle ou une femelle. La Dr. Deanna Adkins,  professeure à l’Ecole de médecine de  Duke University et dicectrice de la nouvellement affiliée clinique du genre de Duke, a témoigné devant une cour de la Caroline du nord «  Dans une perspective médicale, le déterminant approprié pour le sexe et l’identité de genre… c’est contraire à la science médicale d’utiliser les chromosomes, les hormones, les organes internes de reproduction, les appareils externes de reproduction ou les caractères sexuels secondaires pour passer outre les identités de genre afin de classer quelqu’un comme mâle ou femelle. ». Ceci pourrait déclencher la surprise pour des millions de docteurs et des milliards de personnes normales qui ont classé les individus de cette façon depuis la nuit des temps.

Cette insistance politiquement motivée à dire que le blanc est noir a entériné des traitements qui sont extraordinairement dommageables pour la santé à la fois physique et mentale des patients. Des pédiatres envoient des enfants dysphoriques à des collègues endocrinologistes  complices qui leur administrent des hormones très dangereuses  avec souvent des conséquences irréversibles, puis qui adresse les enfants à des chirurgiens complices, qui manipulent alors le scalpel afin de leur ôter des organes parfaitement sains et de créer des répliques pathétiques, non-fonctionnelles d’autres organes.  Les psychiatres et psychologues peuvent être impliqués mais la plupart du temps seulement pour approuver sans discussion le besoin supposé du patient pour des traitements aussi radicaux.

Les cliniques du genre fleurissent  comme des champignons après une averse de pluie acide.

Les professionnels des métiers de la santé ont eur face à ces activistes et créent des recommandations basées non sur la science mais sur la politique.  Les médecins dissidents sont harcelés pour le faire taire, menant le monde extérieur que la profession médicale dans son ensemble cautionne «l’affirmation » de l’identité de genre comme congruente avec celle de sexe. Les professionnels de l’éthique médicale  songent  à rendre l’adhésion des praticiens à ce shéma de pensée préalable à leur droit d’exercer.  Réclamant une place au sein des actuelles sociétés médicales, et se présentant comme la règle d’or du traitement transgenre, se trouve la World Professional Association for Transgender Health (WPATH). Les objectifs de la WPATH est de devenir la voix des experts médicaux sur la question mais elle fonctionne plus comme une organisation de de promotion politique ―aucun diplôme médical n’est exigé pour en être membre. Malgré l’approche «  tout public » de l’inscription, les consignes de la WPATH pour le traitement sont considérées comme une bible dans certaines parties de la profession médicale.

Un aspect remarquable de la révision  des standards de soin du WPATH de 2011 est l’encouragement  de mise en place de nouveaux paradigmes afin d’obtenir le consentement éclairé des patients. Comme le Dr. Stephen Levine, psychiatre à l’Ecole de médecine de la Case Western Reserve University le décrit :

[Le nouveau modèle] prévalant est que les patients savent mieux ce dont ils ont besoin pour être heureux, généralement signifiant que l’autonomie du patient est l’unique considération éthique pour le patient informé. Ceci incluant les enfants et les adolescents. Le rôle des professionnels de la santé mentale dans la reconnaissance et le traitement des co-morbidités psychiatriques hautement prévalentes et dans les décisions sur l’état de répartion a été dévalorisé, particulièrement par l’affirmation qu’il n’y a rien de pathologique dans aucun état d’expression du genre.

Selon la WPATH, donc, les médecins doivent sublimer leurs inquiétudes éthiques à propos du traitement des dysphories et l’harminiser au désir actuel de ces patients.

La WPATH  a donné naissance à l’USPATH, qui proclame ouvertement  lors de sa conférence  de 2017 que sa mission politique est de : «  manifester un choix fort de soutien pour continuer les développements rapides dans le champ de la santé des trans aux USA ainsi que pour a communauté des dispensateurs de soins, les chercheurs, et avocats qui promeuvent ces soins. »  A cette conférence, les organisateurs se sont inclinés devant des menaces de violence de la part de radicaux transgenres et ont annulés l’intervention du Dr. Kenneth Zucker, un psychologue qui prend la position apparemment détestable de prétendre que les patients seront généralement plus heureux s’ils peuvent se réconcilier avec leur sexe biologique. La seule préoccupation parmi ces soi-disant professionnels a été de trouver les moyens de faire taire la voix solitaire et sceptique de Zucker et de le faire sans être poursuivis.

Les activistes trans vont encore plus loin dans la profession médicale : Ils vont même jusqu’à supporter la prohibition législative  de ce qu’ils nomment «  la thérapie de conversion ». Ceci signifie que les psychiatres et les psychothérapeutes se voient interdire le fait d’explorer avec leur patient les bases spychologiques sous-jancntes de la dysphorie de genre. Pour paraphraser le psychiatre de John Hopkins Paul McHugh, soumettre un patient dysphorique à une  thérapie « confirmante », c’est comme soumettre un patient anorexique à une liposuccion. Mais les médecins de la nouvelle industrie du genre font bloc avec les radicaux politiques pour bannir le seul traitement qui pourrait épargner au patient un combat avec son corps ui s)durera toute sa vie.

Tout comme l’histoire n’offre pas de parallèle  avec les inepties professionnelles et médicales, elle ne montre rien d’équivalent dans la culture élargie.  La révolution transgenre a  capturé toutes les catégories de gouvernements , avec les branches législatives, dans l’exécutif et le judiciaires pressées d’appliquer les directives préférées des activistes.

• Ils ont mis main basse sur les médias, qui présente avec zèle l’idéologie transradicale comme la nouvelle norme et décrit ses opposants avec hostilité. Les géants des média-sociaux comme Twitter censurent quotidiennement tout contenu supposé insensible aux individus dysphoriques, même une simple évidence comme «  les hommes ne sont pas des femmes »

• Ils ont pris d’assault les écoles publiques et certaines écoles privées, de la maternelle au secondaire. Si un étudiant affirme qu’il est transgenre, il ‘est et tous les étudiants et le personnel doivent le traiter comme membre de son sexe nouvellement choisi.

• Ils ont conquis le monde des affaires américain, avec des exigences (parfois acceptées simplement, parfois, après un harcélement bien financé ) pour un engagement d’allégeance à la nouvelle orthodoxie. Les corporations sont mainenant pressées non seulement de supporter le concept mais d’exercer des pressions dans le champ publique contre les dissidents.

• Ils ont corrompu   la religion, particulièrement le Protestantisme  majoritaire, en remplaçant l’enseignement des Ecritures par le dogme du choix et des droits narcissiques.

• Ils ont corrompu le monde des athlètes, avec des mâles biologiques autorisés à entrer en compétition contre des femmes ou des filles plus petites, plus lentes et moins musclées au détriment inévitable des athlètes femmes.

• Ils ont corrompu la loi, avec des statuts qui ont été votés sans aucune pensée pour l’identité de genre étant maintenant  interprétée afin d’élever les «  droits » des dysphoriques contre ceux des individus ordinaires. Même les textes de loi fédéraux  qui ont été voté afin de favoriser l’accès des filles à une participation sportive accomplie (Title IX)  ont été maintenant invertis pour protéger les invasions mâles dans les équipes féminines.

• Ils ont corrompu la recherche, avec le Gouvernement fédéral  finançant maintenant des projets de recherche non éthiques et non professionnels censés confirmer une hypothèse préalable plutôt que d’atteindre une vérité scientifique.

Plus encore, ils ont couvert d’outrage tout chercheur qui obtenait des conclusions contraire au dogme transgenre.

• Ils ont corrompu le langage, avec  des exigences pour créer des pronoms faux et fabriqués pour se référer aux individus transgenre et avec une redéfinition forcée de termes basics comme «  homme » «  femme » «  père «  « mère ». Ce à quoi  même les radicaux se référaient  il y a une dizaine d’années en tant que «  sexe physique » ou «  sexe biologique » est maintenant quotidiennement nommé «  sexe assigné à la naissance », comme si l’obstétricien présent choisissait celui qui lui vient en premier à l’esprit.

• Ils ont piétiné la liberté religieuse, y compris les droits d’un couple qui voudrait adopter ou accueillir un enfant et l’organisation qui les aide. A moins que ces individus ou associations acceptent de parler et d’agir en concordance avec les mandats transgenres – de renier leurs croyances les plus fondamentales—ils seront  exclus de ces programmes pour l’enfance et pour la formation des familles.

Mais peut-être plus sérieusement, ils ont passé au bulldozer l’ancien, fondamental droit des parents   de protéger et de guider leur enfant. L’administration Obama mis en place de la guidance recommandant que les cadres des écoles ne notifie pas aux parents que leur enfant éprouve une confusion de genre, et pourtant bien que cette notification ne soit plus en vigueur, maintenir les parents dans le noir reste la règle  dans certains états. Les parents qui sont au courant du problème mais rejette la notion que leur enfant est emprisonné dans le mauvais corps sont sujets à du chantage émotionnel dirigé par des «  experts », qui, bien sûr, profitent de la nouvelle industrie. Avertis que sans hormones et sans chirurgie  leur enfant commettra un suicide, les parents sont avertis sans ménagement que leur choix est entre «  une fille en vie ou un fils mort »  ou vice versa. S’ils refusent de consentir à ce qu’ils savent qui doit blesser leur enfant, le gouvernement peut leur retirer la garde. Quand l’établissement médical et gouvernemental excluent les protecteurs naturels de l’enfant – la personne qui le connait et l’aime plus que quiconque au monde- de décisions qui peuvent littéralement ruiner la vie de l’enfant, la civilisation elle-même est en danger.

Fin première partie

Traduction Elisabeth Guerrier

*Nous nous permettons d’invalider ici les propos de Madame Robbins, lorsqu’elle attribue aux praticiens de la lobotomie une activité restreinte. La lobotomie fut l’objet d’un véritable engouement en Europe comme Outre-Atlantique et de nombreux praticiens en firent leur spécialité, lucrative et objet d’une sorte de notoriété. Par exemple, Walter Freeman se fit une spécialité de la lobotomie au pic à glace, il opérait dans une sorte de caravane et se déplaçait de ville en ville. 40 000 Américains ont été lobotomisés. Au plus fort de la mode, en 1949, ils ont été 5 000.  En replaçant les vagues des modes “thérapeutiques” touchant les questions du rapport à la norme avec les questions inéluctables que pose l’homme à l’homme et les solutions choisies dans le contexte historique, (on pense aussi à la déferlante des électrochocs du début du XXième), considérées pour un temps comme radicales sinon “prouvées” scientifiquement, du moins légitimées par le discours expert, ceci permet de relativiser la caution et les enjeux sous-jacents de la “scientificité” des interventions sur le public actuel.EG

Petit lynchage entre amis. Traduction d’un post F.B de William Kaufmann

Voici la traduction de la réponse faite par William Kaufmann, qui a eu il y a quelques temps le courage de se positionner d’une façon critique à l’égard des débordements et des dénis du mouvement Meetoo, à un flot d’insultes (toujours les mêmes, de part et d’autre de l’Atlantique) parce qu’il s’opposait à l’uniformisation des pronoms “She ” et “He” au bénéfice d’un ” They” plus doux aux sensibilités du transculte.

Aujourd’hui, j’ai été l’objet d’une charge vitupérante de PC (political correctness) qui a commencé à bas bruit  et s’est achevée sous les cris perçants de l’hystérie stalinienne. (se reporter à mon post ci-dessous à propos de l’usage des pronoms)  Certains de ces étranges éclats ont été laissés sur place, les plus infondés ont été effacés par crainte d’une pollution karmique de l’univers.

Plusieurs individus dérangés m’ont accusé d’être : transphobique, raciste, Darth Vader, etc. parce que j’ai rédigé un post insistant sur la distinction pronominale entre le singulier et le pluriel- Je n’ai pas même mentionné la question du genre dans le post original. Je vais être tranchant, j’ai perdu mon sens de la diplomatie sur ce sujet, de tels individus sont a. stupides b. fous.

Certains parmi ces staliniens militants du contrôle mental  sont des universitaires titulaires. Leurs commentaires sont symptomatiques de l’oblitération systématique de la pensée au profit des hurlements idéologiques et de l’intimidation sur les campus universitaires. Pourtant ces malfrats de la politique identitaire, avec leurs fusillades d’invectives dirigées contre quiconque suspecté de déviance de l’orthodoxie prescrite ne se préoccupent pas vraiment de la vraie justice. Souvent ils sont les premiers à encourager le vote pour des fraudeurs comme Hillary Clinton ou Kamala Harris simplement sur la base de leur configuration génitale ou de la couleur de leur peau tout en ignorant les constats aveuglants des inégalités de classe et les catastrophes environnementales incarnées dans les politiques de leurs faux artistes pseudo-progressistes. Voilà les mots précurseurs de Christopher Lash, il y a plus d’un quart de siècle :

Lorsque nous parlons de démocratie aujourd’hui, nous nous référons, la plupart du temps, à la démocratisation de «  l’estime de soi », les mots-slogans actuels : diversité, compassion, émancipation, expriment l’espoir nostalgique que les profondes divisions de la société américaine peuvent être couvertes par la bonne volonté et un discours aseptisé ?. On nous rappelle que toutes les minorités ont le droit au respect non en fonction de leurs accomplissements mais en fonction de leurs souffrances passées. L’attention compassionnée, nous est-il dit, va certainement élever le niveau de leur vision d’eux-mêmes, bannir les épithètes racistes et d’autres forme de discours haineux va, d’une certaine façon, faire des miracles pour leur moral. Dans notre préoccupation pour les mots, nous avons perdu la perception de la dure réalité qui ne peut être adoucie simplement en flattant la représentation que les gens ont d’eux-mêmes. En quoi est-ce que le renforcement des codes langagiers de l’élite universitaire est-elle bénéfique aux résidents du Bronx-sud ? ( CL. La révolte des élites. Pp 7.8

L’Amérique est en tête du monde pour l’idiotie : de l’élite universitaire politiquement correct  où les sciences sociales ont été traduite en moulin à propagande dans un code-langagier orwellien à la populace chantant en choeur ” renvoyez la chez elle ” ! C’est tout à fait sans espoir de part en part d’une dystopie socio-culturelle lugubre congestionnée autour du sanctuaire de la parole vide, générant un conformisme engourdissant. Immergés dans un monde de rhétorique et de symboles, cloîtrés à l’écart de la réelle souffrance matérielle des gens réels, ces troupes de choc de la politique identitaire sont les renforçateurs d’une standardisation des discours et des comportements, d’une hypocrisie nauséabonde qui écrase la pensée critique et l’indépendance d’esprit nécessaires pour atteindre un vrai changement radical. Nonobstant leur posture de gauche en vogue, ils sont les nouveaux conservateurs, les unités idéologique de première ligne de l’élite néolibérale.

Today I was subjected to an onslaught of PC vituperation that began as low comedy and ended as shrill Stalinist hysteria (see my post below on the use of pronouns). Some of these bizarre outpourings I left in place; the most debased I simply deleted out of fear of karmic pollution of the universe.

I’ve had several deranged people accuse me of being transphobic, racist, Darth Vader, etc., because I wrote a post insisting on the pronomial distinction between singular and plural–I don’t even mention the issue of gender in my original post. To be blunt–I’ve lost my taste for diplomacy on this subject–such people are (a) stupid and (b) nuts.

Several of these Stalinoid mind-control militants are tenured academics.Their comments are symptomatic of a systematic obliteration of thought in favor of ideological howling and intimidation at college campuses. Yet these identity-politics thugs, with their fusillades of invective directed against anyone suspected of deviance from the prescribed orthodoxies, don’t really care about real injustice–often they are the first to advocate votes for neoliberal frauds like Hillary Clinton or Kamala Harris simply on the basis of genital configuration or skin color while ignoring the glaring affirmation of class inequality and environmental calamity embodied in the policies of these pseudo-progressive con artists. In Christopher Lasch’s prescient words from a quarter century ago,

“When we speak of democracy today, we refer, more often than not, to the democratization of ‘self-esteem.’ The current catchwords–diversity, compassion, empoerment, entitlement–express the wistful hope that deep divisions in American society can be bridged by goodwill and sanitized speech. We are called on to recognize that all minorities are entitled to respect not by virtue of their achievements but by virtue of their sufferings in the past. Compassionate attention, we are told, will somehow raise their opinion of themselves; banning racial epithets and other forms of hateful speech will do wonders for their morale. In our preoccupation with words, we have lost sight of the tough realities that cannot be softened simply by flattering people’s self-image. What does it profit the residents of the South Bronx to enforce speech codes at elite universities?” (from The Revolt of the Elites, pp. 7-8)

America leads the world in stupidity: from the elite PC universities, where the social sciences have been traduced into Orwellian speech-code propaganda mills, on down to hoi polloi, with their chants of “send her back.” It’s pretty much hopeless, throughout a bleak social/cultural dystopia clogged with the empty sanctimony of cant, breeding a numbing conformity. Immersed in a world of symbols and rhetoric, cloistered from the real material suffering of real people, these identity-politics shock troops are the enforcers of a deadening standardization of word and deed, a nauseating hypocrisy, that crushes the critical thought and independence of spirit needed for truly radical change. Notwithstanding their modish leftish posturing, they are the new conservatives, the ideological vanguard of the neoliberal elites.

Et voici le post à l’origine de la déferlante :

William Kaufman

Hier, à 01:11 · 

So sue me, jail me, put me on the most wanted list: I will never commit the capital offense against the dignity of the English language of subsituting the plural pronoun “they” for the singular pronouns “he” or “she.” This is an affront to logic and clarity of thought in a country that is already far too stupid for its own good and the good of the planet. “He/she” or “he or she” should do just fine. If you want to place the feminine pronoun first, fine. But don’t mutilate the basic precepts of logic and grammar; these are not arbitrary rules–they are the prerequisites of clear thinking. The distinction between the one and the many is an elemental building block of logic and mathematics. Expunging this distinction from English is another step toward subordinating truth to the fickle ideological tics and fashions of the moment–a prescription for an Orwellian culture of illusion and deception and confusion.

Traduction Elisabeth Guerrier

Le virus militaro-industriel par Andrew Cockburn

Lettre de Washington

Le virus militaro-industriel

Comment des budgets gonflés ravagent nos forces armées

La nature du scandale est de devoir choquer suffisamment le bon sens pour pouvoir être démonté publiquement, logiquement puis juridiquement. Par contre lorsqu’une situation scandaleuse est devenue un mode de fonctionnement politique et économique impliquant de si nombreux organismes professionnels et corps de métiers, dirigeants et sous-traitants, que les fils de l’univers du complexe militaro-industriels sont liés de diverses façons à presque tous les champs civils et commerciaux et que les critiques en sont venues à devoir se taire face à une sorte d’évidence des faits devenus des usages renforcés par les intérêts gigantesques qui les sous-tendent et qui dominent jusqu’à l’aveuglement sur une vision régulatrice et économe au sens d'”administrable” du terme, les rares prises de position dénonçant l’absurde et la gabegie se doivent d’être fortement argumentées et sûres de devoir affronter les murs de la bonne conscience du ” fonctionnement” sans frein des décisions n’ayant plus rien à prouver. Nous joignons au travail remarquable de Andrew Cockburn les liens à deux articles traduits antérieurement qui eux- aussi dénoncent l’énorme compromission de centaines de milliers d’organisations, d’associations et d’employés, qui sont tous et toutes impliqués dans l’usage des dépenses faramineuses de l’armement et qui par leur action en son sein et le silence sur ce qu’elle implique, légitiment les politiques ouvertement bellicistes d’une nation qui doit se renouveler et se justifier sans cesse par de nouveaux conflits armés pour légitimer les milliards qu’elle réclame afin de maintenir sa prééminence d’armée mondiale. ” Devine qui dort sous la couverture de l’insécurité ” de Joan Roelof, et ” L’armée américaine, quel gâchis “ de William Hartung EG

The militaro-industrial virus

Andrew Cockburn

Illustrations by Shonagh Rae

Pour un pays qui dépense des sommes  énormes dans son appareil de sécurité nationale – de nombreuses fois plus que les pays supposés menaçants –  les USA ont une institution militaire étrangement invisible. Les bases militaires sont majoritairement localisées loin des centres de vie majeurs. Les vastes champs de missiles de l’Air Force par exemple, sont cachés très loin dans les plaines du  nord du Moyen-Orient. Il est rare de croiser un uniforme dans les rues de villes les plus importantes, même Washington. Trump  a rêvé d’organiser une « belle » parade dans la Pennsylvania Avenue, agrémentée de «  nombreux avions, exhibant notre puissance militaire » mais le Pentagone a rejeté cette idée en argumentant que le projet coûterait la somme extravagante de 92 millions de dollars, l’estimation a sûrement été gonflée, – c’était quatre fois plus que le coût de la parade qui a célébré le victoire de la guerre du Golf de 1991.  Suggérant que l’armée préfère faire profil bas. Cela demande souvent d’avoir un œil informé pour apprécier les signes de la défense au travail, comme le parc de bureaux longeant la Route 28 au sud de l’aéroport de Dulle, abondamment peuplé d’innocentes firmes attitrée pour l’armée ou les renseignements.

Largement hors de vue, notre machine de guerre gargantuesque est aussi de plus en plus hors des esprits, tout spécialement lorsqu’il s’agit des façons dont elle dépense ou gaspille notre argent. Il y a trois ans, les révélations  sur les dépenses de 435 dollars pour un marteau et de  640 pour un siège de toilette d’avion a déclenché une large couverture médiatique et un l’outrage du public. Mais quand il est apparu que l’Air Force payait maintenant 10.000 dollars pour le couvercle des toilettes seul, l’histoire n’a généré rien d’autre que quelques informations éparpillées et quelques commentaires de dérision sur les blogs et les médias sociaux. (Ceci en dépit des explications éhontées d’un officiel de l’Air force selon lesquelles ce prix abhéent avait été accepté pour empêcher le fabricant de «  perdre ses revenus et ses profits ». L’Air Force prétend maintenant acheter des couvertures imprimées 3D pur 300 dollars pièce, encore une somme extravagante. L’élu Ro Khanna de Californie, une des lumières principales des Primaires progressiste du Congrès, qui a été un fer de lance de la lutte pour interrompre la participation des USA à la guerre menée par L’Arabie saoudite pour l’extermination du Yémen, l’a confié récemment qu’il considère cette indifférence comme u signe des temps ; « Il y a un tel cynisme à propos de la politique, à propos des institutions, que  ce qui dans le passé aurait été l’objet d’un choc, d’une disqualification et d’un scandale a diminué. » Nous parlions d’une autre arnaque de la défense, dans laquelle une compagnie nommée TransDigm  a développé un modèle de business initié par l’industrie pharmaceutique. TransDigm cherche des fournisseurs uniques de composants obscurs mais essentiels  de l’armée, comme par exemple un assemblage simple de cables, puis elle achète la firme, rapidement augmentant les prix de ce matériau (par 355% dans le cas de l’assemblage). Khanna était particulièrement affligé que l’Inspecteur général  du département de la défense- qu’il a, en compagnie de Elisabeth Warren et du représentant de l’Ohio Tim Ryan, incité à enquêter sur la compagnie – ait conclu que les façons de TransDigm de faire du commerce étaient «  horribles mais légales ». (sans surprise, Wall Street aime cette compagnie, le prix de ses actions a doublé depuis les deux ans où Khanna a pointé ce problème.)

En des temps où les dépenses de l’armement représentent 53% de chaque dollar que s’approprie le Congrès, on pourrait espérer que le Pentagone soit mis sous un contrôle intense  par ceux qui croient que l’argent est urgemment nécessaire ailleurs. Pourtant ce n’est évidemment pas le cas. Des exemples scandaleux comme celui du siège de toilettes ou de TransDigm vont et viennent presque sans aucun commentaire, comme va l’actuelle réorganisation de l’arsenal nucléaire, à hauteur de milliards de dollars, qui représente certainement  une menace pour la planète aussi grande que celle du réchauffement climatique. Vrai, Bernie Sanders, Elizabeth Warren, et Tulsi Gabbard parmi les candidats démocrates font campagne pour une réduction des dépenses de l’armement, mais ils ont tous des résultats inégaux lorsqu’il s’agit de voter pour le budget de l’armement. Les élus progressifs des primaires à la Chambre des Représentants  (House of Représentatives) ont bien sûr fait pression pour un gel  du budget du Pentagone avec «  une plus grande transparence  de notre Département de la défense »,  mais ces derniers efforts ont été entravés par l’opposition des centre-Démocrates et les précédents manquaient de données spécifiques. Les Justice Democrats, un Comité d’action politique ( PAC) de gauche qui a récemment vu le jour en tant que force puissante derrière des nouvellement élues  comme Alexandria Ocasio-Cortez, Ayanna Pressley, Ilhan Omar, et Rashida Tlaib, offrent peu de détails sur la politique de défense dans les publications de sa plateforme au-delà d’un souhait d’ «  en finir avec les guerres inutiles et de construire la nation. ».  Lorsque j’ai demandé à Khanna ce que signifiait le fait d’être progressif sur la défense, il a répondu avec un langage identique : «  cela signifie de comprendre que nos récentes guerres anticonstitutionnelles n’ont pas sécurisé les USA. Que notre armée est surmenée. Que nous avons beaucoup trop de champs de batailles à l’étranger. Que nous avons besoin d’une beaucoup plus grande maîtrise de l’usage de l’armée. » Pour Khanna la faute est clairement du côté de notre politique étrangère agressive. « La raison pour laquelle notre budget de l’armement est si gonflé est notre  trop grande présence et nos actions à l’étranger, qui ne nous ont pas rendus plus saufs. » Mais pourquoi une poignée d’opérations à petite échelle devraient elles «  gonfler » un budget qui est le plus important depuis la Seconde guerre mondiale ?  Tout indique que bien au-delà des  aventures malheureuses le budget si gonflé de l’armée lors des présidences de notre vingt-et-unième siècle et ont beaucoup plus d’implication en ce qui concerne à la fois notre défense et notre société.

En 1983, Chuck Spinney, un analyste du Bureau des programmes d’analyse et d’évaluation (Office of Program Analysis and Evaluation), a témoigné devant le Congrès que le coût d’un armement toujours plus complexe que l’armée insistait pour se procurer croissait toujours plusieurs fois plus vite que l’ensemble du budget de la défense. En conséquence, les avions, les navires et les tanks n’étaient pas remplacés sur une base de un par un, ce qui en retour assure que les forces armées se réduisent et  s’usent. Les avions, par exemple, sont maintenus en service plus longtemps et en plus mauvais état à cause de leur complexité accrue. Comme on doit s’y attendre, les décisionnaires haut-placés n’ont pas réagi favorablement à ces vérités domestiques.  Ils ont autorisé Spinney  garder son emploi mais lui ont assigné un poste de moindre importance. Il a passé le reste de sa carrière coincé dans un bureau du Pentagon, au cœur de la machine industrio-militaire, réfléchissant et investiguant sa personnalité institutionnelle.  Parti à la retraite en 2003, il a maintenu une production régulière d’analyses caustiques de son travail. Dans un essai datant de 2011, «  Les racines nationales de la guerre perpétuelle », il discute le modèle du «  système de croyance militaire et de ses motivations financiaires tordues »  qui produisent « un appétit vorace pour l’argent qui est alimenté par une inondation auto-produite de propagande idéologique. »   Fouillant dans les détails historiques des dépenses du Pentagon, Spinney illustre ses analyses sous la forme de diagrammes inclus  qui non seulement cherchent les quantités de dollars dépensées mais aussi montrent comment des budgets sont prévus pour l’achat d’armements variés et ambitieux qui ne se matérialisent jamais, du moins jamais jusqu’au degré nécessaire pour acheter le nombre d’armements prévus par le système : d’où les forces diminuant.

A la fin des années 2018, l’ami de toujours de Spinney Pierre Sprey, un ancien petit génie du Pentagon, admiré pour avoir co-conçu les avions A-10 et F-16 si célèbres et un critique tranchant de la défense orthodoxe, a suggéré à Spinney d’ajouter un ajustement à son travail en décrivant les changements de budgets en terme de pourcentage année après année plutôt qu’en terme   de dollars. L’analyse que Spiney produisit après cette remarque de Sprey a révélé quelque chose de curieux :  bien que le budget de la défense ait clairement augmenté et diminue au cours des soixante années suivant la guerre de Corée : les baisses ne sont jamais descendues en dessous du niveau que le budget aurait atteint si il avait simplement augmenté de 5% par année à partir de 1954. (avec une exception mineure en 1960) «  Etonnement » signale Spinney.

Ce résultat est vérifiable également  au moment des importantes réductions de budget qui se sont produites après la fin de la guerre du Vietnam et, d’une façon plus significative, après la fin de la Guerre froide. C’est comme s’il y avait un terrain de plus en plus élevé de résistance en dessous duquel le budget de l’armement ne pouvait pas descendre.

Il n’y a que pendant le deuxième mandat d’Obama qu’il est descendu au-dessous de ce seuil avec quelque degré de signification. Tout aussi intéressant, à chaque fois que le taux de croissance a touché ce plancher, il y a eu une réaction immédiate et vigoureuse sous la forme d’un tollé public touchant une menace militaire imminente supposée. De telles attaques inflationnistes de menaces entraînent invariablement une augmentation du budget, sans prendre en compte le fait que cette menace existe ou non.  Comme le remarquait le Général Douglas ­MacArthur déjà en 1957, «  Il y a toujours eu de la malfaisance à l’intérieur et des pouvoirs étrangers monstrueux à l’extérieur menaçant de nous avaler si nous ne nous rallions pas aveuglement en  fournissant les exorbitantes sommes demandées.  Cependant, rétrospectivement, ces désastres ces désastres ne semblent jamais se produire, et ne semblant jamais avoir été réelles »

En 1960, par exemple, le Président Eisenhower  se préparait à dénoncer  le pouvoir dangereux de que qu’il allait baptiser le  complexe militaro-industriel, le taux de croissance  touchait le plancher des 5%. Comme réplique apparut le spectre frauduleux de la « brèche dans les missiles » favorisant les Soviets. L’administration Kennedy juste arrivée réouvrit dûment le robinet budgétaire. 

Un ralentissement quelques années plus tard. Le choix de Kennedy d’ essayer de freiner et de libérer des fonds pour des initiatives intérieures fût renversé sous Johnson  avec la première grande escalade  au Vietnam. La fin de cette guerre ramena une nouvelle fois le taux à 5%.  Fidèle à la forme, cela éleva un chœur d’alarmes sur la montée de la menace du pouvoir militaire soviétique : la CIA révisa à la hausse ses estimations des prouesses et des dépenses militaires ennemies. Le Pentagon affirma que nos forces nucléaires faisaient face à une «  fenêtre de vulnérabilité ».  En conséquence, les dépenses augmentèrent énormément pendant les années Reagan, finissant par atteindre un pic de taux record de 10% d’augmentation.

La fin de la Guerre froide, qui a compromis toute l’entreprise, aurait pu amener un eu de changement. Mais non, la limite des 5% a tenu bon, et avant longtemps le taux de croissance a à nouveau monté comme Clinton étendait l’OTAN, assurant donc des relations tendues avec la Russie à court terme. Les attaques du 11 septembre et les guerres Bush-Obama ont amené année après année une augmentation jusqu’à la vitesse surmultipliée puis le taux a légèrement plongé jusqu’à la ligne des 5%  en 2015. Donald Trump, malgré toute sa grandiloquence sur la restauration de l’armée, a été en premier lieu apparemment opposé à la remise en cause de cet héritage d’Obama – son projet de budget initial pour 2020 montrait même un déclin complet des dépenses, de 717 milliards à 700 milliards. Cette aberration a cependant été très brève.   Suivant un cri d’alarme des représentants de l’armée au Congrès, Trump a renversé le cours et réinjecté avec zèle la quantité prévue de 750 milliards, à peine au-dessous du status quo historique.

Maintenant que l’establishment démocrate, ayant épousé depuis longtemps l’idée que Poutine était d’une façon ou d’une autre impliqué dans l’élection de Donald Trump, est devenu aussi obsessivement belliqueux sur le sujet de la Russie  que n’importe quel Républicain, il semble probable que la ligne remonte bientôt au dessus des 5% et y reste pendant les années à venir. Des rapports affirmant que les Russes, en dépit d’un budget de défense moins du dixième du nôtre, nous ont d’une certaine façon distancés dans le développement d’armes telles que les chimériques missiles hypersoniques ne sont pas du tout mis en cause. Les derniers sous-marins, navires, tanks, armes cybernétiques, et la maîtrise supposée d’un armement «  hybride » par Moscou, sont fréquemment évoqués pour justifier le niveau des dépenses, qui, même en prenant en compte l’inflation, équivaut maintenant à peu près le double du budget moyen de la Guerre froide.

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Ce processus entier, par lequel la croissance des dépenses ralentit puis est apparemment automatiquement regénérée, lève une possibilité surprenante : que notre complexe militaro-industriel soit devenu, selon les mots de Spinney, «  un système organique vivant », avec un réflexe construit d’auto-défense réagissant violemment dès que des menaces sur son approvisionnement – notre argent – touche un point sensible particulier. Les implications sont profondes, suggérant que le MIC ( Military-Industrial Complex) est enkysté  dans notre société à un tel point qu’il ne peut plus en être délogé et qu’il pourrait aussi n’être concerné exclusivement que par  son auto-préservation et son expansion, comme un virus géant cancéreux. Ceci est contraire à la notion que nos forces armées sont là pour nous protéger contre des ennemis étrangers et imposer notre volonté au monde entier. Et que la corruption, la mauvaise gestion, et la politique belligérante étrangère coûteuse sont des dysfonctionnements qui peuvent être corrigés avec des réformes adéquates et des changements de politiques. Mais si nous comprenons  que le MIC n’existe que pour se sustenter lui-même et croître, cela devient plus simple de comprendre pourquoi, en dépit des avertissements sur des soi-disant menaces imminentes, nous demeurons en réalité si piètrement défendus. Ce dernier point peut paraître incohérent. Les critiques du Pentagon, comme Khanna tendent à se concentrer sur le mauvais usage de notre puissance militaire, comme dans les guerres au Yémen ou en Afghanistan, et sur la nécessité de redistribuer l’argent hors de la défense, afin de faire face aux besoins sociaux. Ce sont certainement des approches cohérentes, mais elles négligent le fait que nous ne sommes laissés qu’avec une force de combat très pauvre pour notre argent. La preuve en est tristement claire, à commencer par notre arsenal gigantesque d’armes incapable des performances qui sont décrites et achetés à un coût extraordinaire. Quelques exemples, comme les avions de combat F.35 Ligntning II acehetés par l’Airforce, la Marine, et le corps des Marines,  qui ont gagné une certaine notoriété rendue discrète et ont servi comme sources de plaisanteries par certains comédiens à la télévision. Même si il n’existe que peu d’appréciation publique de l’étendue du désastre. Les F35 n’ont connu le combat que l’an passé, soit 15 ans après que le programme ait commencé. Les Marines n’oen ont envouyé que 6 lors de leur premier déploiement au Moyen Orient et sur plusieurs mois, ils n’ont pu voler, en moyenne, que lors d’une seule sortie de combat par avion tous les trois ans.  Selon l’ancien chef des essais du Pentagon, si il ya avait eu de la contre-attaque, ces «  avions de combat » n’auraient pas pu survivre sans la protection d’autres avions. Dans le programme d’armement le plus coûteux de l’histoire, au coût supposé de 406 milliards, les F 35 étaient initialement équipés d’un radar qui gelait si fréquemment que le pilote devait régulièrement l’allumer et l’éteindre.  Quand le problème du radar fût finalement réglé, la version de l’Air Force  de l’avion était équipée d’un fusil inacceptablement inadéquat qui reste à être réparé, bien que l’Air Force déclare y travailler. La Marine est, si c’est possible, encore en plus mauvaise forme, les mines, pour prendre un exemple frappant, sont une arme puissante et omniprésente chez nos ennemis potentiels. La crainte des mines a amené les USA à annuler un atterrissage amphibie majeur lors de la Guerre de Corée et ses inquiétudes à propos d’éventuelles mines en Irak ont empêché un assaut par mer sur le Koweit pendant la Guerre du Golf de 1991.

Une seule mine (et Iran en a des milliers) dans le Détroit d’Hormuz, à travers  lequel un tiers du pétrole mondial transite chaque jour, plongerait le marché dans un chaos total. Cependant la Marine possède à peu près onze dragueurs de mines, des vaisseaux branlants ayant passé de loin l’heure de la retraite, avec uniquement quatre  d’entre eux pour tout le Moyen-Orient.  Quinze des vaisseaux de combat Littoral nouveaux et pleins de défauts, connus parmi les personnels navigants comme «  les petits bateaux merdiques » seront soi-disant dédiés à la recherche et à la drague de mine dans les, mais aucun de leur équipement spécialisé – créé pour détecter et neutraliser les mines, y compris les drones sous-marins- n’a fait ses preuves. Un rapport datant de 2018  A single mine (and Iran has thousands of them) in the Strait of Hormuz, through which a third of the world’s oil transported by sea passes every day, would throw markets into total chaos. Yet the Navy currently possesses a mere  issu de l’Inspecteur général du département de la Défense a révélé que la Marine a déployé ce système « avant d’avoir testé son efficacité ». Sollicité pour commenter, la Marine a néanmoins affirmé que tout fonctionnait ou, en ce qui concerne les drônes sous-marins, qu’elle était en voie de produire quelque chose qui fonctionnait.

C’est pourquoi la part du lion de notre défense contre les mines doit être assumée par une petite flotte usée d’énormes hélicoptères ­MH-53E qui cherchent et détruisent les mines en tractant de grands traîneaux chargés de capteurs tirés à travers l’océan.  Le MH-53E, et sa variante pour les Marines, le CH-53E, sont des machines fatales, fatales, c’est-à-dire pour ceux qui opèrent avec elles. Selon le journaliste ayant réalisé le documentaire Qui a tué le Lieutenant Van Dorn, les hélicoptères se sont écrasés 58 fois et ont tués 132 équipage et contractuels depuis leur introduction en 1980, en faisant le plus dangereux avions de toute l’armée américaine.

Les dysfonctionnements de la marine ont été mis en lumière par une pléthore de scandales dans la Septième flotte qui opère dans le Pacifique ouest. Dans les récentes années, Leonard Glenne Francis, un entrepreneur connu sous le nom de «  Gros Leonard » qui visitait les  ports de la flotte  en Asie et a remporté plus de 250 millions de contrats a été accusé d’avoir corrompu une grande quantité d’officiers, dont des Amiraux, avec de somptueux divertissements, dont des beuveries qui duraient des jours et auxquelles participaient des groupes de prostituées connues sous le nom de  “Thai SEAL team”—­ainsi qu’avec du liquide afin de conclure des contrats surévalués. Il est aussi apparu que les mouvements de cette flotte ont parfois été dictés non par les exigences stratégiques de la Marine mais par des officiers rendant à Francis son hospitalité en redirigeant les navires vers les ports où il était installé et faisait le plus d’argent.  Bien que des lanceurs d’alerte aient donné l’alerte depuis des années, leurs plaintes avaient été régulièrement supprimées du registre des officiers. Quand la Marine a finalement décidé de mener une investigation sur ses activités, en 2010, pas moins de 60 amiraux ont été soupçonnés. A ce jour, 16 officiers, en service ou en retraite, ont été déclarés coupables de corruption, fraude et crimes associés, pendant que les autres sont en attente de leur procès. On a enquêté sur un autre groupe de 550 membres du personnel militaire en exercice ou en retraite, bien qu’un  délai de prescription ait empêché les poursuites dans certains cas.  Pendant ce temps, la flotte elle-même s’est détériorée progressivement, comme il est apparu dans l’accident tragique de deux destroyers le U.S.S. Fitzgerald  et le U.S.S. ­John S. McCain, qui sont entrés en collision avec des navires de commerce dans les eaux asiatiques en 2017, laissant morts 17 marins. L’origine de ces désastres a été liée directement à l’incompétence des commandants, et aux équipages mal entrainés, surmenés et trop peu nombreux luttant pour opérer sur des équipements cassés qu’ils ne savaianet pas comment réparer. Les fautes de direction remontaient jusqu’au csommet de la chaîne de commandement.

L’armée et les Marines offrent une image à peine moins déprimante. Pendant des dizaines d’années, l’Armée a été engagée dans une lutte onéreuse afin de fournir aux troupes des radios fiables. Un récent modèle portable, dont le coût a  été  évalué par l’Institut d’analyse des dépenses (Institute for Defense Analyses) à 72.000 dollars chacune,  est appleée Manpack.  Non seulement le modèle Manpack est deux fois plus lourd que le modèle qu’il remplace, avec une ampleur d’action plus courte mais il a montré une tendance à la surchauffe et a sévèrement brûlé les pauvres soldats d’infanterie qui le portait.  Les casques portés par les soldats et par les Marines en Irak et en Afghanistan se sont aussi montré inadaptés. Comme les auteurs du livre récent  «  Des esprits brisés » Shattered Minds l’ont démontré, leur design peut en fait amplifier les effets d’une explosion sur le cerveau.  En plus, beaucoup parmi ces casques se sont montrés très vulnérables aux balles et aux shrapnels, à cause d’un entrepreneur corrompu qui a lésiné sur le matériel pare-balle nécessaire. Comme il est commun avec ceux qui évoquent les dysfonctionnements officiels, les lanceurs d’alerte qui ont mis en avant cette fraude particulière ont été violemment harcelés par leurs supérieurs et exclus de leurs postes.

Les experts et les commentateurs omettent généralement l’attribution de motifs pécuniaires au Complexe militaro-industriel. C’est pourquoi une récente étude universitaire a trouvé la réponse au déclin des forces dans «  une disposition culturelle américaine favorisant la technologie » suggérant que nos dirigeants militaires sont enclins à verser de fonds dans des systèmes technologiques complexes d’armement, ne répondant qu’aux «  besoins basiques des troupes »  à cause d’une sorte de besoin culturel inné. La réalité s’avère plus simple : le MIC présente une sorte de compulsion à exiger et à recevoir  toujours plus de notre argent chaque année. Contrairement à certaines croyances, cet impératif ne signifie pas que le budget soit propulsé par des guerres à l’étranger. Tout au contraire, les guerres sont la conséquence de la quête pour des budgets plus importants. Récemment, le Pentagon a même proposé un budget de guerre qui ne serait pas dépensé sur une guerre. Les propositions de budget 2020 comprennent 165 milliards pour les   « Overseas Contingency Operations » (O.C.O.), une catégorie spéciale inventée en 2009 afin de supporter les guerres en cours, un peu comme si le Police department demandant des fonds supplémentaires pour arrêter des criminels.  Dans les années précédentes, des sommes importantes de ces budgets ont été tranquillement réorientées vers des priorités du Pentagone, comme le financement du nouveau programme d’armement. Mais maintenant la diversion est devenue officielle – les examens du budget reconnaissent que plus de 98 milliards du budget de l’oCO est utilisé pour l’équipement de base de routine plutôt que pour des combats à l’étranger.

En d’autres termes, ce n’est qu’une question de fric (it’s all about the Benjamins). Comprendre ce fait fondamental permet de comprendre plus facilement les décisions sous-tendues par notre politique de défense. Pourquoi, à titre d’exemple, la Septième flotte a-t-elle été déployée inutilement  avec des équipages mal entraînés et des équipements obsolètes ? La réponse, selon une investigation de ­ProPublica, est que des responsables officiels, guidés par Ray Mabus, Secrétaire de la marine sous la présidence d’Obama et le Chef des opérations navales, l’Amiral Jonathan Greenert, étaient décidés à  financer le plus possible de construction de nouveaux navires, une décision qui s’est avérée très profitable pour les chantiers navals si influents au niveau politique.  Pourquoi maintient-on des missiles sur des bases terrestres vulnérables et sur une base sous-marine invulnérable ? Parce qu’éliminer l’ICBM de l’Air Force entraînerait un choc sévère  à son  budget et à l’équilibre budgétaire des fournisseurs de la défense.

Nous sommes équipés d’une force de combat qui a besoin de s’appuyer sur ses proches pour ses besoins essentiels comme les protections ou les équipements de vision nocturne, alors que des centaines de millions de dollars sont gaspillés dans des engins exotiques comme le compas nommé NOVA, un avion totalement dysfonctionnel supposé détecter les IED.  Le fonctionnement de ce gaspillage est toujours le même et anticipable : les services insistent sur le fait qu’un nouvel armement est nécessaire pour remplacer l’ancienne flotte devenue rapidement obsolète. Inévitablement des ennemis à l’avancée imprédictible et rapide exigent de l’armement nouveau et plus efficace, coûtant 50 à 100% plus cher que les précédents. L’hypothèse que de l’armement plus efficace est supposé coûter plus cher n’est généralement pas questionnée, en dépit du fait que les prix pour des ordinateurs personnels  et d’autres technologies civiles aient évolué dans la direction opposée. Une fois les budgets pour un nouvel armement revu à la hausse approuvés par les têtes du Pentagon et par le Congrès, un planning est fourni de façon à ce qu’aucun échec à faire face à une échéance ou à passer un test ne puisse menacer l’apport de fonds. En plus, le contrat, inévitablement d’une complexité écrasante,  est prévu pour assurer au fournisseur des rentrées d’argent qui couvrent tous les possibles échecs techniques ou organisationnels, ce qui garantit un autre double ou triple  cout au-delà de l’estimation déjà surévaluée.

Ces phénomènes sont peu compris par le monde extérieur, ce qui est une des raisos pour lesquelles le contribuable est prêt à accepter une étiquette de 143 millions sur un ­F-22 ( ce n’est que l’information donnée par Lockheed, le véritable prix par avion est de plus de 400 millions) comme quelque chose de justifié à cause de ses équipements technologiques exceptionnels. Feu A. Ernest Fitzgerald, qui fût licencié en tant que Gestionnaire officiel des coûts de l’Air force sous les ordres immédiats du Président Nixon pour avoir divulgué des dépenses excessives dans le Programme de l’Air force, dévoila des sièges de toilette à 640 dollars pièce et des marteaux à 435 dollars ( il fût le premier à avoir porté ceci sous l’œil publique) qui ne sont que des emblèmes du système entier, et que des produits comme l’avion de combat à 400 millions n’étaient pas moins raisonnablement évalués que ces sièges de toilette.

La beauté du système réside dans sa nature d’auto-renforcement. Des coûts énormes exigés pour ces contrats ne consolident pas seulement les profits alléchants des constructeurs mais s’assurent que le nombre d’armements commandés soit toujours en-deçà  du nombre demandé en premier lieu. Par exemple, l’Air force  a prévu en tout d’abord d’acheter des 750 ­F-22s au prix de 139 millions pièce, mais le coût s’élevant a forcé le Secrétaire de la défense du moment Robert Gates, à annuler le programme en 2009, limitant alors la flotte à 187.

Avec un nombre plus réduit, les systèmes d’armement sont maintenus en service plus longtemps : les avions de l’Aiir force sont maintenu en activité en moyenne pendant vingt-huit ans, et certains encore en service ont été construits il ya plus de cinquante ans. Le F.35 par exemple, coûte au moins six fois plus que le F 16 qu’il remplace, alors que le Zumwalt-­class destroyer (7.5 milliards chacun) coûte quatre fois plus que le Arleigh Burke destroyer qu’il est supposé remplacer). Le coût des Zumwalt a été tellement surpassé que bien que le plan original avait prévu une flotte de 32 navires, la production a été interrompue à seulement 3). Par moment, le système atteint des points ultimes d’absurdité quand des sommes gigantesques sont dépensées sans aucun résultat visible. Cela fût le cas pour les Future Combat Systems, un programme grandiose dans le champ des batailles de terrain avec des véhicules, des robots et un armement divers, tous liés via l’électronique et avec Boing comme premier fournisseur. 20 milliards de dollars plus tard, l’entreprise a périclité, en exercice onéreux de futilité.

D’énormes mises de fonds avec des retours marginaux ou même on-existants attirent peu l’attention, et moins encore des objections parmi nos politiciens. Le Congrès donne son accord aux budgets du Pentagone régulièrement avec une majorité bipartisane  écrasante. Une des raisons est la croyance que les dépenses militaires sont un stimulant pour l’économie et pour les districts des membres du Congrès. Ce point a été analysé avec une clarté louable dans une tribune libre du New York Times par Peter Navarro, directeur du Bureau des politiques et de fabrication de la Maison blanche. L’occasion  été donnée par la visite imminente de Trump  à Lima, Ohio, usine de fabrication des tanks Abram de l’US Army. Faisant l’éloge du r^le de Trump dans l’augmentation de la production de tanks (bien que l’armée ait déjà un énorme surplus de tanks en stock) Navarro a mis en avant les bénéfices pour Lima et pour l’Ohio, insistant sur le fait que l’usine emploierait plus de mille personnes sur place et plus de mille personne dans le pays tout entier. « Considérez, écrit-il, l’effet de vague de l’usine de Lima. Dans l’Ohio seul, 198 de ses fournisseurs sont répartis sur plus de 16 districts congrégationalistes » Peu de représentants élus pouvaient manquer l’argument, y compris le Sénateur libéral démocrate de l’état,  Sherrod Brown, qui a travaillé aux côtés des juristes républicains pour gonfler les fonds sur le projet. Les contractants importants ont changé la distribution des contrats de défense à travers le plus de districts congrégationalistes possible en un art.  Les contrats et sous-contrats pour le ­F-35 de Lockheed, par exemple, sont répartis sur 307 districts dans 45 états, assurant ainsi l’allégeance d’un nombre proportionnel de représentants du Congrès ainsi que celle de 90 Sénateurs. L’argument de l’emploi exerce une influence même lorsqu’une vision des dépenses semblerait violer des principes politiques. Par exemple, le F35 est supposé stationner dans le Vermont, au Burlington International Airport, résidence de la Vermont Air National Guard. Parce que le F35 est au moins quatre fois plus bruyant que le F15 qu’il remplace, des pans entiers des habitations bon marché du voisinage selon les propres critères de l’Air Force deviendront impropres à l’occupation résidentielle, enfermant des milliers de personnes  dans des maisons qui ne pourront plus se vendre qu’à des prix cassés, cependant, les propositions pour le F35 reçoit le support politique de la direction habituellement libérale de l’état, le Sénateur Bernie sanders, qui a justifié son appui en argumentant que, bien qu’il soit opposé au F35, il donne son accord à son installation dans le Vermont dans la perspective de la création d’emplois.

Cependant, une observation plus précise indique que les contrats de défense ne sont pas en fait des pourvoyeurs d’emploi si efficaces. Robert Pollin and Heidi Garrett-­Peltier of the Political Economy Research Institute at the University of Massachusetts Amherst ont calculé le nombre d’emplois générés par un investissement de 1 milliard dans diverses industries, allant de la défense aux soins santé, aux énergies renouvelables et à l’éducation. L’éducation venait en premier  avec une large marge, avec 26,700 emplois, suivie par la santé avec 17,200.  La défense ayant généré 11,200 emplois était classée en dernier. «  Toute activité économique génère des emplois » commente Polly, «  Là n’est pas la question, la question est de savoir combien d’emplois sont créés à partir d’une certain niveau de dépense dans telle partie de l’économie et en relation avec les autres ». Le fait est que les dépenses de défense génèrent moins de’emplois que l’énergie verte, l’éducation, et d’autres industries-clefs.

Des études comme celles-ci sont rares. Les recherches sur l’impact des dépenses de la défense sur l’économie américaine dans son ensemble sont encore plus rares, même si l’armement représente environ 10% des productions de tous les USA. Il ya une génération,  Seymour Melman, un professeur d’ingénierie industrielle à Columbia, a consacré presque toute sa carrière à l’analyse de ce sujet. Il a conclu que l’impact des dépenses d’armement sur l’ensemble de l’économie était complètement destructeur, une conséquence des mauvaises habitudes injectées dans le courant de la gestion américaine des entreprises par une culture de la défense indifférente aux coûts   et à la productivité. L’industrie US des machines-outils, par exemple, a exercé le pouvoir sur l’industrie d’après-guerre grâce à sa productivité efficace en terme de coût qui a en retour permis des salaires élevés pour les travailleurs. Mais écrit Melman comme de plus en plus de sea production glissait vers des contrats de défense, les reactions de l’industrie avec le Pentagon

Devinrent toutes du «  travail pénible », ce qui est nécessaire pour augmenter les coûts. A partir de là il était possible proposer des services à un nouveau client pour lequel l’augmentation du prix et des coûts était acceptable. Voire désirable.

En conséquence, comme le détaille Melman, l’industrie des machines-outils américaine cessa d’être compétitive avec celle de nations comme le Japon ou l’Allemagne, où le contrôle des coûts règne en maître.

Bien sûr, quelques sections des manufactures d’après-guerre redevables au dollar de la défense mènent encore le monde, notablement la fabrication d’avions civils  représentée par la compagnie Boeing. Les avions de ligne qui sont sortis des usines de Seattle étaient bien conçus, sûrs et rentables. Boeing avait un énorme secteur de défense également, mais le responsable du managment a renforcé une règle tacite selon laquelle des managers de la défense ne devraient jamais être transféré dans la branche civile, de peur qu’ils ne l’infectent de leur culture des surcoûts,  des délais dans les plannings et des initiatives risquées ou impossibles à réaliser.

Cela a commencé à changer en 1997, quand Boeing a fusionné avec ­McDonnell Douglas, une compagnie de défense. En termes de management, la fusion a été en fait le rachat de ­McDonnell avec son exécutif et surtout son PDG Harry Stonecipher—­assurant la direction des deux compagnies combinées, amenant avec eux l’héritage culturel de la compagnie. Les effets ont été rapidement perceptibles dans la première initiative importante touchant les avions de lignes Boeing sous le régime de la fusion : le 787 Dreamliner.  Parmi les nombreuses caractéristiques familières à tout étudiant de l’industrie de l’armement, le programme s’appuyait abondamment sur des contrats extérieurs effectués dans des pays étrangers afin de s’ assurer la fidélité d’acheteurs potentiels.  Envoyer des pièces de part le monde coûte de toute évidence du temps et de l’argent. De même que l’usage de technologies nouvelles et potentiellement non sécurisées, dans ce cas précis, étaient impliqués une cellule en plastique et des contrôles tout-électroniques alimentés par une batterie extrêmement large et dangereusement inflammable. Cette technologie eût également un impact sur le coût, qui a dépassé un estimation initiale de 5 milliards d’au moins 12 milliards – une excédant impressionnant, même selon les standards de la défense. Comme prévu, la batterie a pris feu, résultant dans un maintien coûteux des équipages du Dreamliner au sol de trois mois  pendant qu’on envisageait une réparation. L’avion doit encore se montrer rentable pour la société mais espère l’être finalement.

Les deux crash récents de Boeing 737 Max, qui ont tué 346 personnes, ont été un signe supplémentaire que diriger des programmes d’aviation civile en même temps que des lignes de fabrication industrielle peut ne pas avoir été le meilleur choix de Boeing. Le 737 a été financièrement d’une rentabilité éprouvée avec un record de sécurité impressionnant depuis 1967. Il ya quelques années, cependant, sous les auspices du PDG Dennis Muilenburg, ancien superviseur du fiasco du Future Combat Systems et de Patrick Shanahan (actuellement le Secrétaire de la défense en place) qui avait pris la tête du Programme des systèmes de missiles de défense de Boeing et du Dreamliner program avant de devenir le responsable général des programmes des avions commerciaux de Boeing, l’avion de ligne a été modifié dans un programme à la va-vite afin d’être en compétition avec l’Airbus A320. Ces modifications, principalement des moteurs plus grands qui ont compromis les caractéristiques aérodynamiques de l’avion l’ont rendu potentiellement instable. Sans en informer les consommateurs ni les pilotes, Boeing a installé un équipement automatisé Band-Aid qui réparait le problème de stabilité, au moins quand les indicateurs nécessaires fonctionnaient. Mais les indicateurs étaient susceptibles de tomber en panne, avec des conséquences désastreuses. De tels défauts sont communs dans les programme de défense, en d’entre eux étant le porte-avion V-22 Osprey de Boeing, ( supervisé pendant une période par Shanahan) dans lequel un défaut de fabrique, longtemps nié, a amené de multiples accidents qui ont tué 39 soldats et Marines. Mais l’impact final de ces désastres sur les contractants reste minimal, même positif, puisqu’ils peuvent être payé pour résoudre les problèmes. Sur le marché, les punitions en terme de pertes de ventes et de poursuites risquent d’être beaucoup plus sévères.

Dans la période immédiatement après la Guerre froide, avant que les tensions avec la Russie ne soient ravivées, la Corporation BDM, un groupe majeur de consultation sur la défense a reçu un contrat du Pentagon afin d’interviewer les anciens membres du complexe de défense soviétique ou dans l’armée ou dans la fabrication d’armement. Parmi les révélations intéressantes qui en ont émergé ( qui incluent la confirmation que les hypothèses de la surveillance US sur la politique de défense de l’Union soviétique ont été fausses presque entièrement tout au long de la Guerre froide) figure un compte-rendu  faisant autorité qui évoque à quel point le pouvoir militaro-industriel fût un désastre pour la défense soviétique et pour l’économie. BDM a appris que «  le secteur de la défense industrielle utilisait son influence afin de fournir plus d’armes qu’il en était demandé par les services de l’armement et pour construire des équipements nouveaux que les militaires opérationnels ne voulaient pas. »

Une énorme portion de la capacité industrielle soviétique était vouée uniquement à la production des missiles. «  Cette vaste base industrielle », selon un des fonctionnaires de haut rang interrogé, «  a détruit l’économie nationale et à appauvri le peuple. » Des appels à des coupes dans cette production inutile étaient rejetés par le Kremlin sur l’argument de «  que va-t-il arriver alors aux travailleurs ? » La charge insupportable du complexe militaro-industriel soviétique a été sans aucun doute une des premières causes de l’effondrement final de l’Union soviétique – le virus avait consommé son hôte.

Le contrat de BDM  a été conclu dans l’attente qu’il confirmerait au Pentagone bien-aimé la thèse que la simple ampleur des dépenses US, en particulier sur l’énorme gonflement initié dans les années Reagan,  avait écrasé l’URSS en les forçant à essayer de s’aligner – un acquiescement bienvenu des budgets de mammouth de la défense. Mais le projet BDM tel qu’il est en cours, avant même que les chercheurs n’aient terminé leur enquête, montre que ce n’est pas du tout ce qui s’est passé : la charge de l’URSS a été entièrement auto-générée pour des motifs internes, comme ceux de maintenir l’emploi. Quand les officiels du Pentagone ont réalisé que la recherche de BDM allait conduire à une conclusion hautement malvenue, le contrat éa été brutalement terminé. Le système sait comment se défendre.

Traduction : Elisabeth Guerrier

L’ennui. Court extrait de ” Humbolt gift ” de Saul Bellow

TRADUCTION d’un court extrait du roman de Saul Bellow : “Humbolt gift” sur l’ENNUI.

Un léger écart par rapport aux habituels contenus mais le lien entre ennui et terreur m’a semblé digne d’un petit manquement.

Lors de ses premiers temps, la révolution était une œuvre d’inspiration. Les travailleurs, les paysans, les soldats étaient dans un état d’excitation et de poésie. Quand cette phase brillante a pris fin, qu’est-ce qui est venu ensuite ? La société la plus ennuyeuse de l’histoire. Manque d’élégance, négligence, insipidité, biens ennuyeux, bâtiments ennuyeux, inconfort ennuyeux, supervision ennuyeuse, presse ennuyeuse, éducation ennuyeuse, bureaucratie ennuyeuse, travail forcé, présence policière permanente, présence pénale, ennuyeux congrès du parti etc. Ce qui était une constante c’était la défaite de l’intérêt. Qu’est-ce qui pouvait être plus ennuyeux que les longs dîners donnés par Staline, comme les décrit Djilas ? Même moi, quelqu’un d’assaisonné à l’ennui par mes années à Chicago, mariné, mithridatisé par les USA, je me suis senti horrifié par la narration de ces dîners à douze plats, ces banquets durant toute la nuit racontés par Djilas. Les invités buvaient et mangeaient, et buvaient et mangeaient, puis, à deux heures du matin, ils devaient s’asseoir pour regarder un western américain. Leurs coccyx étaient douloureux. Ils étaient terrorisés au fond d’eux-mêmes. Staline alors qu’il bavardait et plaisantait, piquait mentalement ceux qui allaient se faire punir et pendant qu’ils mâchaient et s’ébrouaient et engloutissaient ils le savaient, ils s’attendaient à être descendus sous peu. Que serait – en d’autres termes – l’ennui moderne sans la terreur ? Une des ouvrages les plus ennuyeux de tous les temps est l’épais volume des « Propos de table » d’Hitler. Lui aussi conviait les gens à regarder des films, à manger des pâtisseries, ou à boire du café avec Shlag, pendant qu’il les ennuyait, pendant qu’il discourait, théorisait, expliquait Tout le monde périssait sous le manque de fraîcheur et la peur, effrayé d’aller au toilette. Cette combinaison d’ennui et de terreur n’a jamais été proprement examinée. L’ennui est un instrument de contrôle social. Le pouvoir est le pouvoir d’imposer l’ennui, de commander l’immobilité, et de combiner cette immobilité avec l’angoisse. Le véritable ennui, l’ennui profond est assaisonné de terreur et de mort.Il y avait des questions plus profondes encore, par exemple, l’histoire de l’univers serait très ennuyeuse si on essayait d’y penser à la manière de l’expérience humaine ordinaire. Tout ce temps sans un seul évènement ! Des gaz encore et encore, et de la chaleur, et des particules de matière, les marées solaires et les vents, encore ce développement insidieux, morceaux ajoutés aux morceaux, accidents chimiques, des âges entiers au cours desquels presque rien n’est arrivé, des mers sans vie, juste quelques cristaux, quelques composants de protéines se développant. Tout ce retard de l’évolution est si exaspérant à contempler. Les erreurs maladroites que vous voyez dans les musées de fossiles. Comment de tels os pouvaient-ils courir, ramper, marcher ? C’est une agonie de penser au pelotage des espèces. Tout ce farfouillage, ces rampements dans les marais, ces dévorations, ces chasses et ces reproductions, la lenteur ennuyeuse avec laquelle les tissus, les organes, et les membres se sont développés. Puis l’ennui de l’émergence de types plus sophistiqués, puis de l’espèce humaine, la vie terne des forêts paléolithiques, la longue, longue incubation de l’intelligence, l’idiotie des âges ruraux. Ils ne sont intéressants que dans leur observation, en pensée. Personne ne pourrait supporter ça. L’exigence actuelle porte sur un mouvement en avant rapide, pour un résumé, pour la vie à la vitesse d’une pensée intense. Comme nous approchons, grâce à la technologie, de la phase de la réalisation instantanée, de la réalisation des désirs et des fantasmes éternels de l’homme, de l’abolition du temps et de l’espace, la question de l’ennui ne peut que devenir plus intense. L’être humain, de plus en plus oppressé par les termes spécifiques de son existence – un seul tour pour chacun, pas plus d’une seule vie par client- doit se mettre à penser à l’ennui et à la mort. Et toute cette éternité de non-existence ! Pour des gens qui cherche continuellement l’intérêt et la diversité, Oh comme la mort doit être ennuyeuse !, D’être devoir rester allongé dans une tombe , à la même place, comme c’est effrayant !

Les découvertes énergétiques hasardeuses : Nos bienfaiteurs malveillants et leur plan directeur pour l’Humanité par Phil Butler

Breakthrough Energy Ventures: Our Malevolent Benefactors and Their Master Plan for Humanity

The men who pull all the media, political and business levers in much of the world now want to pretend to save us from ourselves by backing GMOs and other questionable technologies.

Les découvertes énergétiques hasardeuses : nos bienfaiteurs malveillants et leur Plan directeur pour l’humanité

Nous pouvons nous rassembler, condamner les tares des politiciens et leur laisser occuper les unes de tous les médias comme les stars déchues de nos attentes. Ce n’est pas là, dans les mouvements trépidants de ces marionnettes que les vrais enjeux de notre avenir se trouvent. Le néolibéralisme ne fait pas de politique, il fait de l’argent. Il fonde toute son éthique sur le pouvoir de l’argent et sur celui octroyé à ceux qui ont les moyens d’en rassembler le plus possible, sans idée même de la nécessité même s’une possible limite. Le néolibéralisme convient du fait que TOUT s’achète, les choses, les gens, l’avenir et que ceux qu’on continue à nommer à tort ” l’élite” sont en mesure, de part leur réussite financière et entreprenariale, de savoir ce qu’il en est d’un projet de réussite pour la planète entière. Mais le néolibéralisme s’est installé comme système moral et politique unique sur un mensonge. Il avait comme référence de base le pouvoir de “la main invisible” de la complète dérégulation du marché à ordonner d’elle-même les échanges. Le marché, grand corps sans tête et faisant jouer dans un souci d’entropie les équilibres entre offre et demande, entre concurrence et dérégulation. Mais si un de ces composants organisateurs a bien disparu, c’est celui de la concurrence. Or cet effet auto-régulateur permis par la dynamique concurrentielle comme le montre R. Reich est plus que jamais réduit entre les mains de quelques potentats qui ont leur propre main mise sur les champs politiques, économiques, et scientifiques et très peu de forces critiques actives pour leur résister. Cet article, écrit assez joliment, nous informe de l’étape à suivre dans cette course à la toute-puissance, effectuée en toute impunité et dans la grande piété de tous les actes charitables, “POUR NOTRE BIEN”. Nous retrouvons à l’oeuvre ” l’ impérialisme de la vertu” décrit par Yves Dezalay et Bryant Garth, ou la “philanthropie hégémonique”, c’est à dire la reconversion, dès la première heure, des Robber Barons et autres ” lawyers” de Wall Street dans les bienfaits fiscaux, financiers et légitimants de la vertu civique. Il s’agit maintenant d’une façon ostensible de devenir les apprentis-sorciers, investis du garde-fou technologique et de la pensée scientiste que tout peut s’ingénieriser, d’une maîtrise de l’eau, déjà en route, et de la production de nourriture gérées à un niveau mondial.EG

Les hommes qui tiennent tous les leviers médiatiques, politiques et économiques dans la plupart du monde veulent maintenant nous sauver de nous-mêmes en soutenant les OGM et d’autres technologies questionnables.

Par  Phil Butler

Une histoire dans le Business Insider par l’auteur Aria Bendix a éveillé mon attention ce matin en décrivant Bill Gates et ses compatriotes milliardaires comme des «  héros, sauveurs de la planète ». Selon cette histoire, les mêmes hommes qui ont tiré des billiards du super-capitalisme et ont créé une kabbale qui contrôle  de nombreux gouvernements, investissent maintenant dans six startups agricoles par l’intermédiaire de Breakthrough Energy Ventures. Un seul regard sur les investisseurs devrait provoquer des tremblements le long de la colonne vertébrale de toute personne raisonnable. Laissez-moi vous dépeindre tout ça, avec un fond de sarcasme afin que je sauvegarde ma santé mentale. 

Gates nous aime MORTELLEMENT

Chacun sait combien Bill Gates aime l’humanité, il nous a vendu des billions de dollars de logiciels, de tablettes, de smartphone miteux, et même de   poisons de Monsanto pendant la dernière décennie. Mais qui parmi nous peut même se rendre compte de la chaude et trouble adoration que Sa Majesté royale, le Prince  Alwaleed ben Talal d’Arabie saoudite ressent pour le monde ? Pourquoi ? regardez ! Aux cotés de Al talal, et de Bezos d’Amazon, se trouve Richard Branson, le Jack Ma d’Alibaba et le cofondeur du groupe Carlyle, David Rubinstein, pour n’en mentionner que quelques-uns de nos philanthropistes les plus  convaincus. Oui mes amis, c’est certain, nous sommes maudis par leur malveillance trouble.

La  “mission” de Breakthrough Energy Ventures est de “commercialiser les innovations énergétiques à grande échelle” du moins selon le discours du groupe. Je suppose que cela signifie que les fonds ne concernent pas vraiment la philanthropie en fin de compte. (désolé, j’en viens à haïr ces gens-là). Venons-en aux faits maintenant, je ne souhaite pas perdre mon temps ni le vôtre. Gates et les autres sont engagés dans la recherche de profits à une échelle que les empereurs romains n’auraient pas pu concevoir.  Permettez-moi de citer à partir de The Guardian et d’un compte-rendu d’Agra-Watch basé à Seattle – un projet de la Community Alliance for Global Justice sur  le rôle que joue  la Fondation Bill & Melinda Gates dans Monsanto

Monsanto  a une histoire de mépris flagrant pour les intérêts et le bien être des petits fermiers du monde entier, ceci permet de sérieusement mettre en cause l’énorme financement du développement agricole en Afrique effectué par la Fondation.

Dans cette  histoire qui remonte à 2010, les investissements de Gates dans l’agro-géant sans visage Cargill ont été aussi mis en lumière.  En outre le milliardaire de Microsoft a été décrit alors comme le sauveur de l’humanité également grâce à l’’agro-tech OGM.

Mais concentrons-nous sur Gates et ces autres agents d’entretien si aimant aujourd’hui.

Croyez en Moi

Dans un récent blog post de Gates, le deuxième homme le plus riche du monde ( sur le papier) a évoqué les pets des vaches et les sols comme majeurs au niveau des excès de gaz à effet de serre. En lisant les notes de Gates, j’ai des frissons quand je réalise combien ce mauvais génie et ses amis milliardaires sont devenus fous. Au lieu de pointer la dépendance aux énergies fossiles de notre production alimentaire, Gates pénètre profondément dans le blaba techniciste pour dissimuler nombreux faits afin de mettre en scène ce que ces psychopathes ont vraiment en réserve pour le monde. Avant que j’y vienne, lisez ceci tiré du significatif : «  Nous devions discuter des sols autant que nous discutions du charbon. » Gates joue sa main en recommandant les solutions OGM dans lesquelles lui et ses amis ont investi.

Des usines à nitrogène microscopiques qui remplacent les fertilisants : et si nous pouvions fertiliser les plantes sans relâcher tant d’oxyde de nitrate dangereux dans l’air ? BEV est investi dans une compagnie nommée Pivot Bio qui a des microbes génétiquement modifiés afin de fournir aux plantes les nitrates dont elles ont besoin sans accentuer la production de gaz à serre que les alternatives synthétiques produisent.

Prenez bien note ici, ce «  mouvement » des élites est un ajustement aux alternatives climatiques en dehors de ce qui est généralement considéré comme étant des « solutions  énergétiques alternatives ».  C’est parce que le pétrole et les énergies lourdes sont impliquées avec Bezos, Gates et Bloomberg dans le financement de ces innovations dans les OGM. Considérez également que la rencontre avec les multinationales agrochimiques est profitable à la fois pour les semences résistantes aux herbicides et pour les microbes dont Gates est entiché, tout comme pour les herbicides auxquels certains sont également prévus pour résister. Mais ce n’est pas ce qui est si horrible dans leur plan pour l’humanité.  De nouvelles «  variétés » de  bon vieux haricots de lima ou de concombres ne devraient pas être notre principale inquiétude ici. Une complète dépendance alimentaire devrait.

Pensez-vous intéressant que toutes les solutions que Gates proposent impliquent qu’il joue à être Dieu ? Pas une fois je n’ai lu quoi que ce soit écrit par cet homme qui évoque le fait de retourner vers la nature ou de modifier nos habitudes.

Considérez son histoirei L’avenir de Dieu. Une nouvelle fois, nous voyons Gates recommander les compagnies dans lesquelles il a investi comme la solution à tous nos problèmes.  Une compagnie appelée Beyond Meat  ( Au-delà de la viande) n’est qu’un nouvel exemple de la façon dont Gates  affirme que la techno-science délirante est toujours préférable à la nature. Et cela nous conduit  à la réelle mission de notre bienfaiteur milliardaire.  Un contrôle total sur ce que nous buvons, mangeons, achetons et vendons. Un film dont certains lecteurs sexagénères  peuvent se souvenir, Soleil vert, présente Charlton Heston en homme pris dans le contrôle des multinationales qui mettent de la chair humaine recyclée sur la marché alimentaire.  Avant de penser que je suis fou, ou un théocricien de la théorie du complot, lisez cette histoire publiée par Bloomberg à propos de Gates, Cargill, et de Sir Richard Branson soutenant la fabrication de viande fabriquée en laboratoire à partir de cellules de bovidés. 

Le Diable est à Davos

Aujourd’hui, le monde est pratiquement entièrement dépendant de produits et de service contrôlés par les 1% les plus riches. Ils contrôlent notre électricité, et nos transports, ils contrôlent les marchés de vêtements que nous portons, des diamants que nous achetons comme bague de fiançailles, et ils dirigent les politiciens qui réécrivent notre vérité et décident de notre futur. Aucun d’entre nous n’aime l’admettre mais la vérité du contrôle par l’élite est incontestable, vrai sans équivoque et nous le savons tous.  Les seules facettes de notre existence que nous pouvons contrôler impliquent de la survie primaire quand tout a été déjà dit et fait. Et notre survie est liée inextricablement à la nourriture, à l’eau, et à l’air. Ces individus travaillent à transformer notre planète en une jungle où chaque centimètre carré représente un profit à leurs yeux ; L’Amazone disparaît, la consommation de pétrole est au plus haut, la planète est polluée à un tel point que certains experts nous disent que nous avons atteint un point de non-retour ; Et maintenant, les mêmes individus qui ont tiré profit de notre naissance, de notre vie et de notre mort nous affirment qu’ils vont «  nous aider »  un peu plus en créant de la nourriture artificielle et modifiée. Avant de continuer, lisez s’il vous plait la déclaration d’engagement de la «  cabale » :

La Breakthrough Energy Coalition s’engage à créer de nouvelles technologies qui changent notre façon de vivre, de manger, de travailler, de voyager et permettent d’arrêter les impacts dévastateurs du changement climatique. Nous croyons que la création de partenariat profonds entre nos membres et les gouvernements conduira à plus d’investissement plus tôt et à plus de solutions énergétiques plus vite..

La leçon avec laquelle je voudrais éperonner le lecteur est que le moment où les aristocrates de l’industrie nous disent qu’ils sont «  avec nous » est le moment où on doit les observer à la loupe. Au titre de preuves, je présente  le cas du  bazar des biocarburants que le collègue de Gates et partisan de Breakthrough Energy Ventures Vinod Khosla a apporté dans l’état du Mississippi. Dans ce cadre, Kosla a soi-disant essayé de créer l’“Exxon des biocarburants” avec une entreprise nouvelle appelée KiOR, qui fit faillite en laissant les investisseurs IPO avec des titres sans valeur. Kosla et ses autres élites globalistes ont plus d’un tour dans leur sac mais continuons en examinant ce qu’ils veulent dire par «  profond partenariat »  avec les gouvernements.  Juste ici, considérez pour un moment ce que ces globalistes se disent dans les montagnes suisses, lorsqu’ils se rencontrent à Davos, puis essayé d’imaginer leur chaude adoration pour nous tous.

L’ingénierie de l’humanité

En octobre  2018, il y a quelques mois, l’UE a annoncé  un investissement commun avec Gates et ses amis. Ce partenariat nous rappelle celui des biocarburants de Khosla avec l’état du Mississipi, s’achevant sur une perte pour tous ceux impliqués seulement dans le spectacle de foire européen,  les enjeux sont beaucoup plus importants. C’est autour de cette «  garantie d’investissement » que je suis déchiré entre l’hypothèse que Gates et ses comparses sont simplement des escrocs détestables ou des incompétents cherchant de la compagnie. Prenons Khosla  et une autre startup nommée Jawbone, qui a intégré la liste des startup à abattre (dead-pool running) en 2017 après avoir fait un accroc de plus de 930 millions de dollars dans le financement de  Khosla Ventures, Sequoia Capital, Kleiner Perkins Caufield & Byers, et d’autres.  Toujours du côté des énergies de remplacement, une autre startup massivement financée et supportée par l’état nommée  Abound Solar a fait faillite après avoir reçu 641 millions de dollars et le soutien du ministère de la défense, U.S. Department of Defense. BP Alternative Energy Ventures était impliquée dans celle-ci également, au cas où vous soyez à la recherche de connexions intéressantes.  D’autres startups, comme Aquion Energy (Bill Gates), se sont montrées très prometteuses, ce qui me conduit à une autre théorie personnelle concernant ces technocrates et milliardaires globalistes. Je crois qu’ils camouflent leurs plans qui sont de carrément nous posséder.

En cherchant le fonds d’investissement, Investment Fund (EIF) j’ai immédiatement vu le fait que le fond que la SME est supposé aider représente 99% de tous les marchés conduits dans L’UE ! Oui, vous lisez bien.  Le fonds établi pour aider avec l’apport d’un capital de petites ou moyennes entreprises  supporte également Bill Gates et les gens qui ont d’énorme intérêts investis dans le GROS business. Maintenant Gates et ses Breakthrough Energy Ventures sont main dans la main et sont positionnés pour contrôler toutes les technologies émergentes qui défierait leurs ENORMES affaires. Dans un mouvement brillant ( et monstrueux) pour contrôler la mise sur le marché de toutes ces technologies, Gates et les autres peuvent, soit investir et acheter ces nouvelles solutions ou provoquer leur mort. C’est ce qui je crois s’est produit avec KIOR, mais personne n’a rien prouvé à part un défaut de gestion et trop de matraquage publicitaire.  Mais en observant comment la bourse est manœuvrée par les temps qui courent il n’est pas inconcevable que ces milliardaires attaquent sous toutes les coutures afin de sucer l’argent du système. Maintenant, regardons ensemble les transactions obscures, avec d’énormes investissements bancaires, et les risques auxquels le Wall Street Journal dit que les citoyens européens sont exposés. L’auteur Max Colchester  évoque quelque chose appelé «  Ingenierie financière « , « financial engineering » quand il décrit exactement le genre de garantie qu’obtiennent Gates et ses potes de l’EIF.  J’évoquerai les potentiels de cette ingénierie de Gates et consorts dans un autre article.  Pour l’heure, je dois résumer ici les principales inquiétudes.

Jouer du pipeau quand le monde brûle

L’ordre libéral du monde auquel je me réfère constamment n’est pas celui d’une théorie de la conspiration des Illuminati ou une invention de mon imagination surchauffée. Ce white paper  du Forum 1 de l’économie mondiale (World Economic Forum) trouvé dans le Conseil de l’agenda global  (Global Agenda Council) irrévocablement admet  l’ordre de l’après-guerre  qui a dirigé le monde depuis 1945. Ce  Global Agenda Council, pour ceux qui l’ignorent est présidé par Robert Kagan du Brookings Institute et Karen Donfried du German Marshall Fund américain.  Le dossier produit par ces mêmes leaders de l’ordre mondial révèle le véritable agenda derrière les investissements de ces milliardaires dont j’ai parlé. Pour résumer :

« Les US sont à la tête d’une révolution des énergies – avec de profondes implications pour la place des USA dans le monde, pour ses relations avec les autres puissances et pour le pouvoir global. En moins d’une dizaine d’années, le pétrole US et la production de son gaz ont explosé pendant que de nouvelles technologies pouvaient produire des combustibles en abondance à partir du gaz de schiste  à travers le pays. Cette révolution et d’autres facteurs globaux a contribué à presque 50% dans le déclin du prix du pétrole depuis juin 2014. »

Pendant que Gates et autres professent leur engagement éternel à nous sauver du vilain changement climatique, leurs amis,  qui font les règles au bout de l’ordre du monde libéral, se félicitent de la « sécurité énergétique » nouvellement trouvée aux USA fondée sur la moins durable des politiques énergétiques possibles. Pire encore, les collègues de nos bienfaiteurs milliardaires ne sont pas honteux d’être la cause de la Deuxième guerre froide, comme le prouve cet extrait :   

Comme les USA deviennent un des principaux acteurs du marché de l’énergie mondiale, ils peuvent exercer leur influence de façon à affaiblir certains de leurs plus importants adversaires.

Ceci est le discours de nombreux des participants à l’infâme World Economic Forum, laissez-moi vous le rappeler. Leur rapport appelle le peuple américain  à défendre cet ordre mondial libéral avec toutes les «  armées, choix politiques, économiques et culturels nécessaires. »  Robert Kagan est aussi membre du Council of Foreign Relations  (Conseil des relations étrangères) et écrit une colonne pour le Washington Post de George Bezos. Et ce rapport fourni par le World Economic Forum contient des avertissements cachés pour le peuple européen auxquels il serait bon de prêter attention.

Les peuples des autres nations ont besoin d’accélérateurs et de capital-risque mais par-dessus tout, ils ont besoin d’une culture qui accepte à la fois l’embrasement fréquent et la destruction créative que l’innovation entreprenariale génère”

Une nouvelle solution finale

Est-ce que cela ne sonne pas comme un communiqué stratégique de préparation à l’assistance de cet ordre libéral et de ses milliardaires ? « de fréquents embrasements » ne sont pas des choses auxquelles l’économie déjà mal en point de l’Europe soit prête.  Je vous laisse prendre connaissance du fait que le nouvel ordre mondial se vante que un tiers du produit national brut du Kénya passe par une start-up nommée  M-Pesa, qui a été originellement fondée par le Department for International Development (DFID) en Grande Bretagne, qui travaille avec la European Investment Bank (EIB) même avec l’USAID à travers le DAI Global de Bethesda, MD. Les lecteurs seront aussi intéressés de savoir que Bill Gates a Tweeté  pour faire les louanges de la merveilleuse M-Pesa  en ces mots :

La M-Pesa kényane prouve que lorsque les gens auront le pouvoir, ils utiliseront les techniques digitales pour innover en leur propre nom.

En 2015, DAI a reçu 272 429 308 dollars pour un financement de contrat de a part de USAID, et un autre de and 58.3 millions de livres du Département pour le développement international de Grande Bretagne  (U.K. Department for International Development).  Les vénézuéliens disent que DAI est une organisation de couverture de la CIA, et mes recherches n’ont pas prouvé le contraire. Ce  câble de WikiLeaks  labellisé “Secret” révèle que l’USAID et la  DAI ont coopéré pour créer une insurrection au Venezuela quand Chavez était encore en vie en 2006. Je ne m’étendrais pas là-dessus, dans la mesure où notre propos se concentre sur Gates et ses collègues milliardaires. Il s’agit de mettre en évidence la collusion entre les technocrates, les agences gouvernementales et l’état profond, et leur partenaires les plus haut placés.

Quand le chef Nazi Adolf Hitler et ses capitaines ont  décidé ce qui allait s’appeler «  La solution finale » -il y a du avoir quelque argument rationnel pour justifier un telle horreur, éradiquer un peuple en entier pour régler «  La question juive ». Aujourd’hui, le nom de code pour le meurtre planifié l’extermination des tous les Juifs à portée du 3iéme Reich pourrait s’appliquer aux projets secrets de ces élites globalistes. Ils contrôlent les médias, les créations monétaires, l’industrie, et posent des leviers sur tous les aspects de la vie occidentale. Tout ce qui reste ce sont l’eau et la nourriture. Et avec le contrôle de ces biens nous pouvons simplement être rassemblés et conduits à l’abattoir comme des bêtes. Pensez-y. Ce n’est pas un effet de l’imagination. Quel autre but  y aurait-il ? Quelle fin alternative pensez-vous que ces hommes puissants cherchent ? Oh, j’ai laissé de côté leurs consciences de dévots craignant Dieu. Nous ressentons cette dévotion chaque jour, ici en Grèce.  Bientôt, très bientôt, je crains que leur chaleur ne touche profondément l’Amérique et le reste de l’Europe.

Top Photo | Bill Gates, chairman of the Bill & Melinda Gates Foundation, gestures during a session at the annual meeting of the World Economic Forum in Davos, Switzerland, Jan. 22, 2019. Markus Schreiber | AP

Phil Butler est un investigateur et un analyste, un spécialiste des sciences politiques et expert dans l’Europe de ‘Est, il est l’auteur d’un récent best-seller “Putin’sPraetorians” et d’autres ouvrages

Source | NEO

Traduction : Elisabeth Guerrier

Ci-joints pour rappel les liens des traductions de l’article d’investigation très documenté de Global Justice Now, effectué en 2016 et décrivant les agissements de la Fondation Bill et Melinda Gates et qui sert encore de référence.

N°1

N°2

N°3

N°4

N°5

N°6

Le RussiaGate a créé une diversion / Pr. Oliver Boyd-Barrett

Le RussiaGate a organisé la diversion. Par le Professeur Oliver Boyd-Barrett


Les interventions sur le rapport Mueller se succèdent, mettant, s’il en était besoin à jour, la puissance de frappe de la mauvaise foi comme arme politique. Ils n’en démordront pas, “ils” c’est à dire ceux-là même qui ont évoqué une aire de ” post -vérité “, tout ce que le parti de gentils patentés recèle de mauvais perdants, de prévaricateurs, de carriéristes ,du pouvoir, de corruption institutionnalisée, incapables d’affronter les vrais enjeux de leur statut et de remettre le politique au centre de leur mission. Il va sans dire, même si ces temps sont peu favorables aux nuances rhétoriques, que l’accusation faites aux Démocrates, et d’une certaine façon quant aux méthodes, à tout ce que l’Occident compte de libéraux décadents, n’occulte nullement le profond mépris pour la politique menée, ou plutôt non menée par leurs adversaires. L’agonie de ce système va avec un ample remue-ménage de ce qui sous-tend ses dénominations. République. Démocratie. Socialisme. Ethique. etc.etc. tous ces concepts ont besoin d’une reprise en main de leur nature même et de tout ce qu’ils sont supposés avoir cédé à la corruption des esprits.EG

L’écrivain Tom Wolfe dans son roman « The right stuff » décrit les vagues de déclencheurs d’émotions qui se succèdent dans la presse en fonction des priorités politiques ou militaires historiques. Comment le discours se rétrécit de lui-même quant à ses cibles afin d’éveiller tel ou tel champs psychoaffectif et créer autour de lui ce qu’on appelle un ” état d’esprit collectif “, c’est à dire prêt à soutenir n’importe quelle décision avec tout la bonne conscience que donne l’émotionnel comme « vérité » : It was like if the press in America, with all its vaunted independence, were a great colonial animal, an animal made up with countless clustered organisms responding to a single nervous system. In the late 50′ ( as in the late 70′), the animal seemed determined that in all matter of national importance the PROPER EMOTION, the SEEMLY SENTIMENT, the FITTING MORAL TONE should be established and should prevail ; and all information that muddied the tone and weakened the feelings should simply be thrown down the memory hole. In the later period, this impulse of the animal would take the form of blazing indignation about corruption, abuses of power, and even minor ethical lapses, among public officials, here, in April 1959, it took the form of a blazing patriotic passion// In either case, the animal’s fundamental concern remained the same: the public, the populace, the citizenry must be provided with the CORRECT FEELING. Tom Wolfe «  The right stuff » Picador edition. p.95

« C’est comme si la presse en Amérique, avec toute son indépendance si vantée, était un gros animal colonial, un animal composé d’innombrables organismes agglomérés répondant à un seul système nerveux.  A la fin des années 50, (comme à la fin des années 70), l’animal semblait déterminé à ce que dans chaque question d’importance nationale, l’émotion adéquate, le sentiment bienséant, le ton moral  convenable soient établis et prévalent, et  que toute information qui brouille ce ton ou affaiblisse les sentiments soit simplement jetée dans le grand trou de la mémoire. Dans la dernière période, les pulsions de l’animal prenaient la forme d’une indignation enflammée contre la corruption, les abus de pouvoir, ou même certains défauts éthiques mineurs, au sein des officiels, mais là, en 1959, elles prirent la forme d’un patriotisme ardent.// Dans chacun des cas, la préoccupation fondamentale de l’animal resta la même : le public, la populace, la foule, doit se voir fournie avec l’émotion correcte.

Pendant plus de deux ans, le Russiagate  a occupé une proportion importante du journalisme politique de masse US et, parce que les médias de masse US ont également un agenda de promotion, de la presse internationale également. Le Timing a été catastrophique. L’administration Trump a déchiqueté les protections environnementales, jeté par-dessus bord les accords sur le nucléaire, exacerbé les tensions avec les rivaux des Etats-Unis et  favorisé les riches.  Au lieu de consacrer une attention soutenue dans les médias à la fin de l’espèce humaine, liée au réchauffement climatique, à sa disparition de plus en plus imminente par l’entremise de l’armement atomique, ou à l’éviscération toujours plus intense du discours démocratique dans un société déchirée par des inégalités de richesse sans précédent et une cupidité capitaliste sans limite, les médias saturent leur public avec un récit puéril d’une supposée collusion de la campagne électorale de Trump et de la Russie.  Le discours sur le Russiagate est profondément mensonger et hypocrite. Il suppose que les USA soit un état où le système électoral est totalement fiable et sûr. Rien ne peut être aussi éloigné de la réalité. Le système démocratique américain est profondément ancré dans un système bipartite dominé par la classe nantie et ayant largement des comptes à rendre aux oligopoles des multinationales. Il est soumis au regard des valeurs du capitalisme extrême et de la domination impérialiste. Les problèmes entre le système électoral US et les médias sont nombreux et bien documentés.

Les procédures sont profondément compromises par un collège électoral qui détache des votes comptés des votes qui comptent. La composition des districts électoraux ont été redécoupés afin de minimiser la possibilité de surprises électorales. Le vote dépend d’un système électronique conçu par une multinationale et peut être aisément hacké. Les administrations de droite jouent avec le coffre à jouet de la suppression des votants qui déploie toutes les possibilités, de la réduction des lieux de vote potentiels et des équipements, à l’imposition d’exigences d’identifications d’électeurs et à l’élimination de certaines traces (e.g les groupes de personnes ayant commis des crimes ou de personnes ayant les mêmes noms que ceux des criminels, ou de personnes n’ayant pas voté lors de précédentes élections). Même les résultats des campagnes sont corrompus quand les administrations en place abusent des semaines restantes au pouvoir pour pousser des arrêtés ou des lois qui saborderont les efforts de leurs successeurs. Le principe démocratique  présuppose l’équivalence de fait de chaque voix sur le champ de bataille des idées.  Rien ne peut être aussi éloigné de la réalité du système «  démocratique » américain dans lequel un petit nombre d’intérêts puissants apprécie l’avantage donné par un mégaphone assourdissant sur la  base de l’argent des donations au noir, souvent anonymes, filtrées par SuperPacs et consorts, opérant en dehors des confins des ( quelque peu mieux contrôlées)  dix semaines de campagne électorale. En ce qui concerne les médias, la théorie démocratique présuppose des infrastructures de communications qui facilitent les échanges d’idées libres et ouverts. Il n’existe pas d’infrastructure de cette sorte. Les médias sont possédés et contrôlés par un petit nombre de conglomérats multi-médias, multi-industriels, situés au cœur même du capitalisme oligopole et dont la plupart des contenus et des revenus de publicité sont fournis par d’autres conglomérats. L’incapacité des médias à soutenir un environnement qui puisse inclure l’histoire, les perspectives et le vocabulaire libérés des chaînes de l’autosatisfaction ploutocrate est aussi bien documentée.  L’actuelle couverture médiatique de la crise vénézuélienne générée par les USA  en est le parfait exemple. Le potentiel révolutionnaire si célébré des médias sociaux est illusoire. Les principaux fournisseurs de l’architecture sociomédiatique sont encore plus corporatistes que leurs prédécesseurs. Ils dépendent non seulement de la publicité mais également de la vente des big datas qu’ils réquisitionnent des usagers et vendent aux corporations ou aux propagandistes politiques souvent lors de campagnes micro-ciblées assistées par de l’IA lors de «  campagnes » de persuasion. Comme leurs prédécesseurs, les médias sociaux sont imbriqués, collaborent et sont vulnérables aux machinations de l’établissement de surveillance militaro-industrielle. La soi-disant ingérence dans les élections à travers le monde a été une figure magistrale de l’exploitation des médias et des médias sociaux par des compagnies liées à la défense, à la politique et à l’espionnage, comme – mais d’une façon non exhaustive- l’ancien Cambridge Analytica et son parent britannique SCL.

Au regard de  de cet arrière-plan d’échecs électoraux et médiatiques, il n’est pas raisonnable de porter la discussion ou l’attention sur de soi-disant activités des médias sociaux de, disons, L’Agence de recherche internet russe. L’attention est détournée des problèmes substantiels vers des problèmes triviaux et sans substances.  De plus, dans un climat d’hystérie maccarthyste, le Russiagate fait l’hypothèse que toute communication entre une campagne présidentielle et la Russie est en soi une chose déplorable. Même si on devait confiner cette conversation uniquement à une communication entre les oligarques des deux pays, par contre, l’opposé s’avèrerait certainement vrai.  Et ce n’est pas simplement à cause des bénéfices pouvant découler d’une meilleure compréhension du monde, de l’identification d’intérêts ou d’opportunités partagés et de leur promesse de relations pacifiées.  Une analyse de real politick  pourrait conseiller l’insertion de coins entre la Chine et la Russie de façon à décapiter le contrôle de la superpuissance hybride perçue comme une menace sur une région du monde qui a longtemps été considérée comme indispensable pour une réelle hégémonie mondiale. Même si on considère le RussiaGate comme un problème digne de notre attention, les bases de l’audience probatoire sont faibles. Le dévoilement final du discours sur le RussiaGate attend avec impatience le rapport du Conseiller spécial et ancien directeur du FBI Robert Mueller. L’enquête et les investigations de Mueller impliquent plusieurs personnes qui dans certains cas, n’ont rien à voir avec la campagne présidentielle de 2016. Ils apparaissent être plutôt concernés par des mensonges et des obstructions à son enquête que par un matériel d’actes illégaux, ou font face à des charges qui sont peu susceptibles d’être retenues dans une cour pénale. L’investigation elle-même est retraçable jusqu’à deux rapports significatifs mais extrêmement problématiques rendus publiques en janvier 2017. Un était le «  Dossier Steele », par l’ancien officier M16 Christopher Steele. Il est principalement intéressant pour ses allégations largement infondées que d’une façon ou d’une autre, Trump est de mèche avec la Russie.  La compagnie de Steele, Orbis, a été recrutée pour rédiger un rapport par Fusion GPS, qui à son tour a été contactée par des avocats travaillant pour la campagne nationale du Parti Démocrate.   Des passages de brouillons initiaux du rapport Steele, à travers des sources proche des renseignements britanniques et le compte-rendu, par le conseiller de Trump, George Papadopoulos touchant des conversations en sa possession concernant l’éventuelle possession par les Russes des emails de Clinton avec un personnage qui pourrait tout aussi bien être un espion russe que britannique, ont été les instruments ayant éveillé l’intérêt du FBI et l’espionnage sur la campagne de Trump.  Il existe des liens indirects entre Christopher Steele, un autre ancien agent M16, Pablo Miller (qui a lui aussi travaillé pour Orbis) et  Sergei Skripal, un agent russe qui a été recruté comme informateur d’M16 par Miller et qui a été la cible d’une tentative d’assassinat en 2018. Cet évènement a occasionné des  attaques controversées, pour ne pas dire hautement improbables et pernicieuses de la part du gouvernement britannique  et des accusations contre la Russie. L’élément le plus significatif présenté dans le deuxième rapport, publié par l’Intelligence Community Assessment et représentant les conclusions d’une petite équipe tirée du bureau du Directeur de L’Intelligence, de la CIA du FBI et de la NASA, était la déclaration de responsabilité des services de l’espionnage russe pour le hackage du système informatique de la DNC et de son président John Podesta durant l’été 2016, et le transfert de ces documents à Julian Assange et à Wikileaks.  Aucune preuve n’en a été fournie.   Bien que les allégations de hacking soient devenus des articles de foi largement incontestés du discours  RussiaGate, ils ne s’appuient d’une manière significative que sur les découvertes problématiques d’une petite compagnie privée embauchée par la DNC. Il existe aussi des preuves formelles que les documents puissent avoir été fournis plutôt que hackés et par des sources basées aux USA. Le fait que ces documents révèlent que le DNC , un agent supposé neutre dans la campagne des primaires, ait en fait pris part en faveur de la candidature de Hillary Clinton, et que les points de vue de Clinton sur l’industrie données en privé aient pu différer de ses positions données en public , a longtemps été obscurci dans la mémoire des médias en faveur du narratif plus chéri de la vilénie russe.

Pourquoi le discours sur le RussiaGate est-il si attirant ? Qui en profite ? Premièrement, Le RussiaGate sert les intérêts de (1) un Parti Démocrate  corrompu, dont l’organisation contestable de la campagne, biaisée et incompétente a amené la perte des élections en 2016, alliés à (2) des factions puissantes de l’établissement de surveillance industrio-militaire qui, pendant les dernières 19 années,  à travers l’OTAN et d’autres  agences internationales malléables, a cherché à compromettre le pouvoir de Poutine, à démembrer la Russie et la Fédération russe, ( indubitablement pour les bénéfices du capitalisme occidental) et plus récemment maintient la Chine dans une lutte incessante et titanesque au cœur de l’Eurasie.  Dans la mesure où Trump, quelqu’en soient les raisons, ait pu être en désaccord avec au moins quelques aspects de cette stratégie à long terme, il s’est montré comme étant non fiable par l’état sécuritaire US.   Tout en servant le but immédiat de contenir Trump, les accusations US d’une implication dans leurs élections sont une farce dans le contexte d’une histoire d’implications largement documentée des USA dans les élections et la politique de nations souveraines pendant plus de cent ans. Ces inférences dans tous les hémisphères ont inclus l’organisation de coups d’état, des invasions, des occupations sous de faux prétextes additionnés à de nombreuses instances de stratégies de «  révolutions de couleur » impliquant le financement de partis d’opposition et provoquant des soulèvements, souvent couplée avec une guerre économique ( sanctions) . Un autre bénéficiaire, (3)  est le cumul de tous ces intérêts qui rétrécissent le champ de l’opinion publique à un cadre supportant l’impérialisme néolibéral. Exploitant paradoxalement la panique morale associée aux plaintes de Trump sur les « fake news », à chaque fois que les couvertures médiatiques font sa critique, et l’embarras des médias sociaux à propos de leur disponibilité et de la vente des données privées à des clients et des corporations puissantes, ces intérêts ont pointé la nécessité de plus de régulation, ainsi que de l’auto-censure des médias sciaux. La réponse des médias sociaux a impliqué des algorithmes  de plus en plus restreints et ce que les «  fact-checkers », (illustrés par le support financier de Facebook et sa dépendance à l’égard du groupe de pression pro-OTAN The Atlantic council).  L’impact du net a été dévastateur pour de nombreuses organisations d’information dont le seul « péché » dans l’arène des médias sociaux est d’analyser et de donner leur point de vue qui se montre à contre-courant de la propagande néolibérale.  La justification standard de telles attaques sur la liberté d’expression est d’insinuer leur lien avec la Russie et/ou le terrorise. En fonction de sa réponse grossière et des réponses par la censure de certains acteurs puissants, il semble que peut-être le récit du RussiaGate est devenu de plus en plus improbable pour beaucoup et que le seul espoir actuel pour ses propagateurs est d’étouffer tout questionnement. Ce sont bien sûr de bien sombres jour pour la Démocratie ?

Oliver Boyd-Barrett est Professeur Emérite à la Bowling Green State University. IL est l’auteur d’un livre à venir : RussiaGate and Propaganda: Disinformation in the Age of Social Media (Routledge)

Traduction : Elisabeth Guerrier

La nature du sexe Andrew Sullivan

La vague de conditionnement massive, se couvrant des usuelles protections de la victimisation et des scansions du dogme laisse peu d’espace pour le recul nécessaire qui devrait permettre de donner au discours ” nature-culture” réinitié par le transgenrisme sa vraie teneur. Il y a en effet pour décourager toute analyse et tout regard critique, comme dans la plupart voire tous les discours minoritaires, le postulat d’une “lutte pour le bien”, un tour moral donc, qui empêche toute posture rationnelle de faire son travail d’analyse. la “phobie” brandie comme arme de dissuasion de toute relativisation des postulats et l’absence d’intégration des données éthiques, scientifiques, économiques et idéologiques du problème ne pouvant être prises en compte sous le voile de la bienséance et du discours quasi religieux qui l’accompagne. Nous ne développerons pas dans ce contexte sur le leurre que cette sorte de passion collective exhibe de la nature intrinsèquement inqualifiable de ce qu’on nomme l’humain et de sa recherche désespérée de bornes à renégocier sans cesse dans les poussées de nouveaux mythes et dans leur fragilité signifiante. L’intérêt du texte de Sullivan est plus proche des questions strictement contemporaines posées au trangenrisme et d’autant plus intéressant qu’il les pose d’un posture homosexuelle, levant la chape identitaire et pointant les tensions, luttes intestines dans un mouvement qui n’a d’homogène que ses revendications de reconnaissance mais est destiné à exploser sous les coups des disparités et des clivages inhérents à toute microisation. EG

“La doctrine transgenre s’est avérée être une méthode ingénieuse pour désorienter de grands groupes d’individus, les rendant incapables de “penser rationnellement ou de protéger leurs propres intérêts”. Elle permet également aux prémisses du capitalisme pur de devenir plus gratifiantes, et apporte une définitionnouvelle, plus privée, à la phrase ” réforme structurelle”. Le capitalisme définit les individus comme visant leurs propres intérêts et c’est ce que les défendeurs du transgenrisme deviennent. Physiquement, le mouvement enferme des individus qui seraient autrement en bonne santé dans une dépendance à l’institution médicale, psychologiquement, cela les enferme dans une bataille futile et souvent agressive contre la “misgenderisation” , le soi-disant “féminisme radical trans-exclusif” et les “groupes de haine anti-trans” fictifs.

“Cette forme de fondamentalisme capitaliste, écrit Klein, a constamment été instigué par la forme la plus brutale de coercition, infligé sur les corps institutionnels comme sur des corps réels innombrables”, le transgenrisme n’est pas une exception à la règle néolibérale, et comme le choc et la désorientation s’étendent, le pillage continue.

Transgender doctrine has proven an ingenious method for disorienting large groups of people, rendering them unable to “think rationally or protect their own interests.” It also allows the premises of pure capitalism to become self-fulfilling – and lends a whole new, more intimate, meaning to the phrase “structural reform.” Capitalism defines people as self-interested, and that is what proponents of transgenderism become. Physically, the movement traps otherwise healthy people into dependence on the medical establishment; psychologically, it locks them into futile and often aggressive battles against “misgendering,” so-called “trans exclusionary radical feminists,” and fictive “anti-trans hate groups.”

“This fundamentalist form of capitalism,” Klein writes, “has consistently been midwifed by the most brutal forms of coercion, inflicted on the collective body politic as well as on countless individual bodies.” Transgenderism is no exception to the neoliberal rules, and as the shock and disorientation spreads, the pillaging continues.” Renée

The Nature of Sex

La nature du sexe

 Andrew Sullivan

C’ est peut-être un signe de la fin des temps, ou simplement une des fonctions de la politique confuse actuelle, mais en début de semaine, quatre activistes féministes – trois faisant partie d’un mouvement qui se décrit lui-même comme «  féminisme radical », Le Front de libération des femmes  Women’s Liberation Front — sont apparues en délégation à Heritage Foundation*. Ensemble, elles ont maintenu que le sexe est fondamentalement biologique, et non construit socialement et qu’il y a une différence entre les femmes et les transsexuelles qui se doit d’être respectée. Pour ces propos elles ont été grandement applaudies par les supporters de Trump, les membres de l’extrême-droite religieuse, les théoriciens de la loi naturelle, et les intellectuels conservateurs qui formaient la plupart de la foule. Si vous pensez que je viens de découvrir une espèce d’herbe particulièrement puissante et que j’hallucine, vérifiez avec la vidéo de l’évènement.

Je ne doute pas que nombreux seront ceux qui considéreront ces femmes comme des réactionnaires anti-trans, ou des pacificatrices des homophobes ou transphobes, ou simplement des personnes dérangées à la recherche d’une audience. (Le modérateur, Ryan Anderson, a précisé qu’elles parlaient à l’Héritage parce qu’aucune institution libérale ou de gauche équivalente ne leur avait donné temps et espace afin de pouvoir exposer leur point de vue.) Et il est vrai que les féministes radicales exclusives, (les trans-exclusionary radical feminists ou TERF, comme on les nomme, sont une minorité qui est n’est activement pas tolérée par l’establishment LGTBQ et souvent démonisée par la communauté gay. Il est aussi exact qu’elles peuvent être inflammatoires, offensives et obsédées. Mais ce qui m’intéresse est l’argumentation sous-jacente, qui mérite d’ être analysée, sans tenir compte de nos obédiences politiques, de nos identités sexuelles ou de nos attachements tribaux, parce que c’est pour moi un argument qui contient une graine de vérité. D’où la suspicion de l’urgence à le supprimer.

L’intitulé de la rencontre du groupe à l’Héritage : «  L’inégalitarisme du Equality act »— “The Inequality of the Equality Act” —se réfère au principal but de la Campagne pour les droits humains, Human Rights Campaign, le plus important groupe de pression LGTBQ des USA. L’Equality act proposé, une loi de non-discrimination qui a été suggéré de nombreuses fois au cours de dernières années sous des formulations diverses — au Civil Rights Act de 1964, protégeant cette classe par les lois anti-discrimination, tout comme le sexe l’est et abolissant les distinctions biologiques claires entre les hommes et les femmes, est en fait une menace à l’identité lesbienne et même à son existence – parce qu’elle remet en question qui est une femme, et inclut dans cette catégorie les êtres humains qui ont été ou sont des mâles biologiques mais restent attirés par les femmes. Comment le lesbianisme peut-il être redéfinit comme le fait d’avoir des relations sexuelles avec quelqu’un qui a un pénis, demandent-elles, sans mettre en cause le concept de lesbianisme en sa totalité ?— «  Les lesbiennes sont des femelles homosexuelles, des femmes qui aiment les femmes. » a écrit Julia Beck, en décembre dernier, «  mais notre espace, nos ressources et notre communauté sont au bord de l’extinction. »

Si cela peut sembler un progrès massif, il faut considérer que la proposition de l’Equality Act — avec 201 co-sponsors dans le dernier congrès – n’est pas seulement l’interdiction de la discrimination contre les personnes trans

dans l’emploi, le logement ou les aménagements publiques ( une idée qui a l’adhésion de beaucoup d’Américains) Elle comprend et repose sur une redéfinition critique de ce qui est couramment nommé «  sexe » .  Nous pensons habituellement à ceci comme simplement mâle et femelle sur des bases biologiques (en opposition à une vision plus culturelle du genre). Mais l’ Equality Act définirait le «  sexe » comme comprenant l’identité de genre et définit celle-ci comme suit : « identité liée au genre, à l’apparence, aux manières ou caractéristiques, sans prendre en compte du sexe de naissance désigné pour l’individu. »

Ce que disent les féministes radicales c’est que l’acte ne rend pas seulement floue la limite entre femmes et hommes (minimisant donc ce qu’elles considèrent comme l’oppression patriarcale  et la misogynie) mais que sa définition de l’identité de genre se réfère à une vision stéréotypée de ce que signifie l’expression du genre. Qu’est-ce, après tout, qu’une « caractéristique liée au genre » ? Cela implique qu’un «  garçon manqué » qui aime le sport n’est pas une fille intéressée dans les activités plutôt masculines mais vraisemblablement un garçon enfermé dans un corps de fille. Et un garçon qui a un penchant pour Barbie et Ken est peut-être une fille trans. Parce que selon les stéréotypes, il se comporte comme une fille le ferait. Aussi, au lieu d’élargir notre compréhension de l’expression du genre – et d’autoriser une liberté maximale et une variété pour les deux sexes,  le concept d’identité de genre en réalité le rétrécit, dans une version plus traditionnelle et régressive. Qu’est-ce que signifie les «  manières de genre »  sinon des stéréotypes ?

Ce n’est pas par hasard si les sociétés les plus homophobes, comme par exemple l’Iran, sont de grand promoteurs de la chirurgie de réassignation sexuelle pour les enfants et les adultes ne se conformant pas au genre, ( le gouvernement paye même pour cela) alors que le fait d’être homosexuel est puni de la peine de mort.  Imaginant qu’un enfant non-stéréotypé est trans plutôt que gay est, en fait, dangereusement proche de cette vision du monde.  ( on peut même aller jusqu’à considérer qu’une décision prématurée pour changer un enfant de sexe est une sorte de thérapie de conversion afin de «  soigner «  son homosexualité. Cela ne signifie pas que les personnes trans. ne devraient pas avoir le droit de réaffirmer leur genre en changeant leur corps, ce qui peut soulager une quantité énorme de pression pour beaucoup et peut sauver des vies. Mais que le processus devrait impliquer une grande quantité de précaution et de discernement.

L’Equality Act propose également d’étendre le concept d’équipements publiques afin d’y inclure «  les lieux d’expositions, de récréations, d’exercice, de loisir, de rassemblement ou d’exposition » Il supprime toute exception religieuse mentionnée dans le Religious Freedom Restoration Act de  1993; et il supprime tout équipement sexué comme les vestiaires, les toilettes, si le sexe n’y est pas définit comme incluant «  l’identité de genre ».

Cela pourrait mettre en cause légalement toutes les manifestations, institutions, groupes  à genre unique. Cela pourrait aussi nier la nécessité d’un espace sécurisé pour les lesbiennes, libre de toute trace d’homme. La loi, dit autrement, «  compromet le terrain de base fondamental de la reconnaissance et de la lutte contre l’oppression basée sur la différence sexuelle exercée contre les femmes et les filles. »

 Le désaccord central, semble-t-il réside dans le fait de savoir si une femme trans. est en droit de dire qu’elle a toujours été une femme, est née femme et n’est pas distinguable et est interchangeable avec une femme biologique.  C’est l’actuelle réclamation reflétée par l’Equality Act.  Mais est-il vrai que quand Caitlyn Jenner a participé au décathlon homme des jeux olympiques de 1976, elle était en compétition en tant que femme, indistinguable des autres femmes ? L’orthodoxie contemporaine insiste sur le fait qu’elle était bien sûr en compétition en tant que femme et élimine toute distinction entre femme et femme trans.   De même, l’équipe de lutte et de course des filles d’un lycée publique devra inclure des mâles biologiques s’identifiant à des femelles – même si ils gagnent tous les trophées et même si l’injustice crève les yeux.

La plupart d’entre nous, cependant, trouvent intuitivement cet argument difficile à avaler complètement. Nous pouvons admettre que Caitlyn Jenner, qui est devenue une femme en 2015, s’est toujours considérée comme une femme, soit sincère et considérer cette conviction psychologique comme devant être respectée. Mais nous voyons aussi la différence entre quelqu’un qui a vécu sa vie en tant qu’homme pendant des dizaines d’années, sous l’influence des chromosomes mâles et de la testostérone, et qui a d’abord été acceptée comme homme avant sa transition… et une femme à qui rien de tout cela ne s’applique. Il est tout à fait douteux qu’une femme non-trans. Soit rentrée en compétition avec succès en athlétisme contre des hommes au décathlon des jeux olympiques, rien de moins. Que vous regardiez à cela biologiquement (les hormones et les génitoires importent) ou socialement (Jenner n’a pas été sujette au sexisme en tant qu’homme pendant la plus grande part de sa vie), il y a vraiment une différence. Si il n’y en avait pas pourquoi le concept de trans. lui-même existerait-il ?

C’est l’aspect  profondément confus et incohérent du débat entier. Si vous abandonnez la biologie dans les domaines à la fois du sexe et du genre, vous pouvez aider les transexuels à vivre plus pleinement  et d’une façon moins conflictuelle mais vous compromettez la signification de l’homosexualité. Si vous suivez l’idéologie actuelle du genre en tant qu’entièrement fluide, vous attaquez les arguments clefs en faveur des droits gay. «  Un homme gay désire et aime d’autres hommes. Et une lesbienne désire et aime d’autres femmes. » explique Sky Gilbert, une drag queen. «  C’est ce qui définit l’essence même de l’homosexualité. Si il n’existe plus rien comme «  être femme » ou « être homme », l’entière autodéfinition de l’identité homo, que nous avons passé des générations à valider auprès des réactionnaires, s’effondre. » L’idéologie du transgenre contemporaine n’est pas complémentaire aux droits des homosexuels, en fait d’une certaine façon elle en est l’exact opposé.

Et la vérité est que de nombreux homosexuels, femmes ou hommes sont très attachés au concept du sexe comme une chose naturelle, biologique, matérielle. Oui, nous sommes tout à fait conscients que le sexe peut s’exprimer de différentes manières. Une drag queen et un joueur de rugby sont tous deux biologiquement des hommes avec des expressions différentes de leur genre. Bien sûr, un drag queen peut également être joueur de rugby et exprimer son identité de genre de plusieurs façons, suivant le moment ou le lieu. Mais il est toujours un homme. Et les hommes gay sont définis par leur attirance pour les autres hommes. Si le concept d’homme lui-même est déconstruit de façon à ce que quelqu’un sans pénis puisse être un homme, alors l’homosexualité elle-même  est déconstruite.

Les individus transgenres ne sont pas une menace pour nous et la vaste majorité des homosexuels femmes ou hommes soutiennent complètement leur protection. Mais l’idéologie transgenriste y compris les conceptions postmodernes du genre et du sexe – est bien sûr une menace pour l’homosexualité parce qu’elle est une menace pour le sexe biologique comme concept.

 Et donc, ce n’est pas transphobique pour un homme gay de ne pas être attiré par un homme trans. C’est même proche de la définition.  L’essence de la réalité gay est qu’il existe bien sûr une grosse différence entre les mâles et les femelles, que cette différence importe et que sans elle, l’homosexualité n’aurait plus de sens du tout. Si tout cela devient un choix fluide et non binaire de genres ou de partenaires sexuels, le choix de n’avoir que des relations sexuelles exclusivement avec le même sexe ne serait plus l’expression de notre identité mais une forme de bigoterie sexiste, n’est-ce pas ?

Il existe une solution à ce paradoxe insoluble. Nous pouvons traiter différemment des choses différentes. Nous pouvons accepter que l’expérience transgenre et l’expérience homosexuelle soient très différentes et ne peuvent pas être aisément assimilées. Nous pouvons centrer le débat non sur «  l’identité de genre » qui insiste sur l’absence de différence entre les trans et les cis, les mâles et les femelles,  et à la place, nous centrer sur l’expérience réelle de «  dysphorie de genre », qui mérite un traitement, un soutien et la reconnaissance totale des individus impliqués. Nous pouvons respecter le droit de certaines personnes à d’être identifiées avec le sexe auquel elles croient appartenir et supprimer toute discrimination contre elles, tout en considérant la biologie comme porteuse d’une différence qui requiert une distinction. Nous pouvons croire en la nature et en l’immense complexité de l’esprit et de la sexualité humaines.  Nous pouvons envisager un moyen d’accommoder chacun avec toutes les possibilités sans nier notre réalité biologique. L’égalité ne veut pas dire la similitude.

Nous devons juste abandonner la notion tendance que le sexe est construit socialement ou entièrement construit dans le cerveau, que le sexe et le genre ne sont pas connectés, que la biologie est hors de propos et qu’il existe quoi que ce soit comme l’identité LGTBQ, quand, en fait, l’acronyme contient des tensions internes extrêmes et même des contradictions flagrantes.  Et nous pouvons permettre à cette conversation de s’effectuer en toute civilité, avec nuance et attention, de façon à accentuer la dimension de la dignité humaine sans effacer les différences humaines. Cela demande du courage,  et une chose que je peux dire certainement c’est que les femmes qui sont intervenues dans ce panel de l’Heritage en ont en quantité.

La langue de l’éducation néolibérale par le Dr. Henry Giroux

Cet interview du Dr. Henry Giroux laissera peut-être une sorte d’insatisfaction à certains, nous sommes dans le cadre d’une revue, ce qui explique vraisemblablement l’abondance des généralités pour ne pas dire des évidences et le peu de références à des liens concrets, discours, faits ou publications qui étayent le propos, en particulier autour des glissements propres au langage néolibéral comme le titre le laisse entendre. Nous ne pouvons pas négliger le fait que le Dr. Giroux s’adresse à une population de lecteurs américains non spécialisés et que le niveau d’analyse sociohistorique en est peut-être condamné à rester dans des termes généraux à forte connotation militante. Il semblera également étonnant qu’il n’envisage pas les liens à l’évolution historique du modèle éducatif néolibéral à travers la montée des communautarismes identitaires et des idéologies victimaires comme bases de perspective d’analyse politico-sociale imposées dans les contenus universitaires anglo-saxons et la capacité de l’idéologie néolibérale à ingurgiter, dépouiller puis massifier toute critique et opposition pour les transformer en dogme “tendance” à travers un des aspects de la perniciosité du totalitarisme consenti qui lui est propre. Par contre, le point mis sur les interactions entre éducation et système demeure essentiel, tant la conscience politique et la culture, au sens de la démarche d’acquisition de connaissances critiques civiques sont d’une façon insidieuse les premières touchées par l’idéologie du narcissisme consumériste tout en étant les seules voies d’acquisitions de l’esprit analytique nécessaire pour le contrer. EG

2 5 DECEMBRE, 2018

La langue de l’éducation néolibérale

The Language of Neoliberal Education

Par  HENRY GIROUX – MITJA SARDOČ

Cette interview avec Henry Giroux a été menée par Mitja Sardoč, de l’Institut de recherche sur l’éducation (Educational Research Institute), de la Faculté des Sciences sociales à l’Université Ljubljana, en Slovénie.

Mitja Sardoč : depuis plusieurs décennies maintenant, le néolibéralisme a été au premier plan des discussions non seulement dans le champ économique  et financier mais il a infiltré notre vocabulaire dans un nombre d’autres domaines aussi divers que les Etudes sur la gouvernance, la criminologie, la santé et les soins, la jurisprudence, l’éducation etc. Qu’est ce qui a déclenché l’utilisation et l’application de cette «  idéologie économiste » associée à la promotion de l’efficacité et du rendement ?

Henry Giroux :  Le Néoliberalisme est devenu l’idéologie dominante de notre époque et s’est établi comme une figure centrale de la politique.  Non seulement se définit-il comme système politique et économique dont le but est de consolider le pouvoir aux mains d’une élite corporatiste et financière, mais il déclenche également des guerres pour ces idées.  Dans ce domaine, il s’est définit lui-même comme une forme de sens commun et fonctionne comme un mode de pédagogie publique qui produit un modèle non pas uniquement pour structurer les marchés mais aussi toute la vie sociale.

En ce sens, il a et continue de fonctionner pas uniquement à travers l’éducation publique et secondaire afin de produire et répandre les valeurs du marché, les identités et les modes de pouvoir mais également à des niveaux d’appareils culturels plus larges pour privatiser, déréguler, économiser et soumettre toutes les institutions aux commandes et toutes les relations quotidiennes aux diktats de la privatisation, de la rentabilité, de la dérégulation et de la marchandisation.

Depuis les années 70, alors que de plus en plus d’institutions majeures de la société passèrent sous le contrôle de l’idéologie libérale, ses notions du sens commun – un individualisme forcené, une compétition sans pitié, une attaque agressive sur l’état providence, l’éviscération des biens publiques, et ses attaques contre tout modèle de société différent de celui du marché-sont devenus le règne de l’hégémonie des sociétés capitalistes. Ce que beaucoup à gauche ont manqué de réaliser, c’est que le néolibéralisme touche plus que les structures économiques, il est aussi une puissante force pédagogique- spécialement dans les domaines des médias sociaux- qui engage une dominance à large spectre à tous les niveaux de la société civile. Il s’étend non seulement au domaine de l’éducation mais également à travers un éventail de plateformes digitales comme dans la large sphère de la culture populaire. Sous le mode de gouvernance néolibérale, sans tenir compte des institutions, chaque relation sociale est réduite à un acte commercial. La promotion de la rentabilité et de l’utilitarisme par le Néolibéralisme donne libre court à sa capacité et son succès dans la centralisation de l’éducation au sein de la politique.  Il offre aussi un avertissement aux progressifs, comme l’a développé Pierre Bourdieu, qui insiste sur le fait que « la gauche a sous-estimé la dimension symbolique et pédagogique de la lutte et n’a pas toujours mis au point les armes adéquates pour se battre sur ce front. » 

Mitja Sardoč : Selon les avocats du Néolibéralisme, l’éducation représente l’indicateur principal de la croissance économique à venir et du bien-être individuel. Comment – et pourquoi l’éducation est-elle devenue un des éléments centraux de la «  révolution néolibérale » ?

Henry Giroux : Les avocats du Néo-libéralisme ont toujours admis que l’éducation est un site de luttes à propos duquel se trouvent de forts enjeux touchant la jeunesse, qui doit être éduqué, et quelle vision du présent et du futur devrait être valorisée et privilégiée.

L’enseignement supérieur a traversé une période révolutionnaire durant les années 60 aux USA et dans d’autres pays quand les étudiants ont cherché à redéfinir l’éducation comme une sphère publique et à l’ouvrir à une variété de groupes qui jusque-là en avaient été  exclus.  Les Conservateurs en ont été extrêmement effrayés et ont tout fait pour le contrer. Des preuves claires en sont données à travers le bilan de Memo Powell, publié en 1971 et plus tard dans le rapport si épais de la Commission trilatérale, titrée «  La crise de la démocratie » publié en 1975. A partir des années 60, les Conservateurs, en particulier la droite néo-libérale, est entrée en guerre avec l’éducation afin d’éliminer son rôle potentiel dans la sphère publique. En même temps, ils ont tenté d’une façon agressive de restructurer ses modes de gouvernance, de couper le pouvoir des facultés et de privilégier les savoirs qui étaient fonctionnels sur le marché, définissant les étudiants principalement comme des consommateurs et réduisant largement la fonction de l’enseignement supérieur à un entrainement des étudiants à participer à la force de travail . Au cœur de l’investissement néolibéral dans l’éducation est le désir de compromettre l’engagement des universités à l’égard de la vérité, de la pensée critique, et de son devoir de se lever pour la justice et d’assumer la responsabilité d’être un corps de surveillance des intérêts de la jeunesse alors qu’ils entrent dans le monde du marché et ses inégalités massives, ses exclusions, et la violence locale et étrangère.

L’enseignement supérieur est peut-être une des seules institutions dans les sociétés néo-libérales qui offre un espace protégé pour questionner, provoquer, et penser à contre-courant. Le Néolibéralisme considère un tel espace comme dangereux et a tout fait afin d’éliminer l’enseignement supérieur en tant que lieu où les étudiants peuvent se réaliser comme citoyens critiques, où la faculté peut participer aux structures de gouvernement, et où l’éducation peut se définir comme un droit plutôt que comme un privilège.

Mitja Sardoč : Presque par définition, les réformes et autres initiatives tendant à améliorer les pratiques éducatives ont été un des pivots pour améliorer l’agenda néolibéral de la rentabilité et de l’efficacité. Quel aspect du néolibéralisme et de son agenda  éducatif trouvez-vous le plus problématique ? Pourquoi ?

Henry Giroux : De plus en plus alignée sur les forces du marché, l’éducation supérieure est principalement organisée pour enseigner les principes des affaires et les valeurs de corporations, quand les administrateurs y sont  sélectionnés sur la base des audits néolibéraux entant que PDG ou bureaucrates. Beaucoup d’universités ont été macdonaldisées alors que le savoir est de plus en plus vu comme un élément résultant dans de curriculums qui ressemblent à des menus de restaurants fast-food. Qui plus est, les universités sont sujettes à un modèle de fonctionnement à la Wal Mart où les relations de travail sont ce que Noam Chomsky  a décrit  et qui «  réduit les coûts du travail et accroît le rapport à la servilité ». A l’âge de la précarité et de la flexibilité, la majorité des postes en université ont été réduits  à des emplois à mi-temps, avec de bas salaires, une absence de contrôle sur le conditions de travail, ils ont soufferts de bénéfices réduits, et sont effrayés par l’idée d’évoquer des questions sociales par peur de perdre leur emploi. Ce dernier point est peut-être la question centrale puisqu’il modifie la liberté d’expression dans l’université. D’autant plus que ces universitaires sont à peine capables de joindre les deux bouts  avec leurs salaires de misère, et que certains sont sur les aides sociales (food stamps). Si les membres de la faculté sont traités comme du personnel d’entretien, les élèves ne s’en sortent pas mieux, qui sont relégués aux statuts de clients ou de consommateurs.  Plus encore, ils ne sont pas seulement inondés par les valeurs néolibérales orientées vers le marché de la compétition,  ils sont aussi punis par ces mêmes valeurs sous la forme de tarifs d’inscription exhorbitant, de dettes astronomiques possédées par les banques et par d’autres institutions financières, et dans trop d’autres cas l’absence d’emploi conséquents. Comme projet et mouvement, le néolibéralisme perverti la capacité des éducateurs et autres de créer les conditions qui permettent aux étudiants les savoirs et le courage civique nécessaires pour ne pas rendre le cynisme convaincant et rendre l’espoir pratique. En tant qu’idéologie, le néolibéralisme est à l’opposé de toute notion de la démocratie viable qu’il considère comme un ennemi du marché. Cependant,   la démocratie ne peut pas marcher si les citoyens ne sont pas autonomes, doués d’une capacité de jugement personnelle, curieux, analytiques et indépendants – qualités qui sont indispensables pour les étudiants si ils veulent construire un jugement vital et des choix de participation dans les décisions essentielles qui touchent la vie quotidienne, les réformes institutionnelles et les politiques gouvernementales.

Mitja Sardoč : Pourquoi l’évaluation à grande échelle et les données quantitatives en général sont-elles  un point central dans la boîte à outil néolibérale de la recherche en éducation ?

Henry Giroux : Ce sont les outils des comptables et ils n’ont rien à voir avec des visions plus étendues ou des questionnements à propos de ce qui importe dans le contexte des études universitaires. Le fait de s’appuyer uniquement sur la quantification et la mesure est devenu un outil qui permet d’évacuer les questions de responsabilité, de moralité, et de justice du langage des politiques éducatives. Je crois que la «  boîte à outil » néolibérale, comme vous ma nommez fait partie du discours de la culture civique qui est présente d’une façon rampante dans la recherche universitaire sur l’éducation, une sorte d’investissement dans la culture du système métrique ankylosant l’esprit qui tue l’imagination et déclare l’assaut contre ce que cela signifie d’être critique, réfléchi, audacieux, et de vouloir prendre des risques. Les indicateurs au service d’une culture de l’audit   sont devenus le nouveau visage de la culture de la positivité, une sorte de panoptique empirique qui change les idées en nombres et les impulsions créatives en cendres. Des évaluations à grande échelle et des données quantitatives sont les mécaniques motrices qui permettent que tout soit absorbé dans la culture des affaires.

La distinction entre information et savoir n’a plus de sens dans le cadre de ce modèle et tout ce qui ne peut pas être capturé par les chiffres est traité avec dédain. Dans ce nouveau panoptique de l’audit, le seul savoir qui compte est celui qui peut être mesuré. Ce qui est occulté ici, bien sûr, c’est que l’utilitarisme quantifiable  est une plaie en tant que principe universel parce qu’il ignore toute forme de savoir fondé sur l’hypothèse que les individus ont besoin de comprendre plus que la façon dont les choses fonctionnent ou que ce que leur utilité pratique va être. C’est une langue qui ne peut pas répondre aux questions sur la responsabilité de l’université et des éducateurs peut être en temps de tyrannie, face à l’informulable, ou face à la large attaque systématique  des immigrés, des Musulmans, ou de tout autre groupe disponible. C’est une langue qui a à la fois peur d’imaginer et lutte contre l’idée qu’un monde alternatif, inspiré par la recherche de l’égalité et de la justice,  puisse être possible dans un âge assailli par les forces obscures de l’autoritarisme.

Mitja Sardoč : Alors que l’agenda éducatif néolibéral est bien documenté, l’analyse du langage de l’éducation néolibérale reste aux limites de l’intérêt de la recherche.  En particulier l’expansion du vocabulaire néolibéral avec ses idées égalitaires comme l’équité, la justice, l’égalité des chances, le bien-être etc. n’a reçu au mieux qu’une attention limitée. Quels facteurs ont-ils contribués à c glissement dans les priorités ?

Henry Giroux : Le Néolibéralisme a renversé la manière dont le langage est utilisé à la fois dans l’éducation et dans la société. Il fonctionne en rendant appropriés les discours qui sont associés à la démocratie libérale qui s’est normalisée de façon a à la fois limiter leur signification et à les utiliser dans un sens opposé à ce qu’ils signifiaient traditionnellement, spécialement au regard des droits humains, de la justice, du jugement informé, des pratiques critiques et de la démocratie elle-même. Il a déclaré la guerre non seulement contre les structures économiques mais aussi contre la mémoire, les mots, les significations et la politique. Le Néolibéralisme prend des mots comme «  liberté » et le limite à la liberté de consommer, vomit de la haine, et célèbre des notions d’intérêt personnel et d’individualisme forcené comme le nouveau sens commun. L’égalité des chances signifie l’engagement dans des systèmes de compétition impitoyables, l’éthique de la guerre de tous contre tous et la survie des comportements les plus adaptés. Le vocabulaire du Néolibéralisme  opère au service de la violence dans le sens où il réduit les capacités de satisfaction humaines dans un sens collectif, diminue la compréhension élargie de la liberté comme  élargissant le pouvoir humain, et diminue l’imagination éthique en la réduisant aux intérêts du marché et à l’accumulation du capital. Les mots, la mémoire, le langage et leurs significations sont transformés en armes sous le Néolibéralisme. Certainement, ni les médias ni les progressistes n’ont porté assez d’attention sur la façon dont le Néolibéralisme colonise  le langage parce que aucun groupe n’a prêté assez d’attention au fait que le Néolibéralisme n’était pas seulement une crise économique mais aussi une crise des idées. L’éducation n’y est pas vue comme une force centrale à la politique et en tant que telle le lieu d’intersection du langage, du pouvoir et de la politique selon le paradigme néolibéral a été largement ignoré.

A fortiori, en des temps où la culture civique a été éradiquée, où la sphère public disparaît et où les notions de citoyenneté partagée semble obsolète, les mots qui disent la vérité, révèlent les injustices et permettent une analyse critique informée commencent aussi à disparaître.

Ceci rend difficile l’engagement critique dans l’usage colonisateur du langage néolibéral. Aux USA, les tweets prodigieux de Trump ne signifient pas seulement que nous sommes dans une période de production pathologique sans fin mais aussi qu’ils fonctionnent afin de renforcer une pédagogie de l’infantilisme organisée afin de laisser sa base dans une surcharge  de chocs tout en renforçant une culture de la guerre, de la peur, de la division et de la cupidité de façon à rendre toute critique impuissante.

Mitja Sardoč :    Vous avez abondamment écrit sur la vision néolibérale exclusivement instrumentale de l’éducation, sa compréhension réductionniste de la rentabilité et sa représentation tordue de l’équité. De quelle façon la pédagogie radicale peut-elle combattre le Néolibéralisme et son agenda éducatif ?

Henry Giroux : Tout d’abord, l’enseignement supérieur doit reprendre sa mission de bien public de façon à pouvoir réclamer ses motivations égalitaires et démocratiques.  Les éducateurs doivent initier et étendre un débat national dans lequel l’enseignement supérieur pourra être défendu  comme partie de la sphère publique démocratique et la classe comme lieu de recherche délibérative, de dialogue et de pensée critique, un lieu qui prétende à l’imagination radicale et au sens du courage civique. En même temps, le discours définissant l’enseignement supérieur comme partie prenante de la sphère publique peut fournir une plate-forme pour des engagements plus significatifs en développant un mouvement social pour la défense du bien publique et contre le néolibéralisme comme menace pour la démocratie. Cela implique aussi de repenser comment l’éducation s’est fondée comme bien commun et ce que peut signifier le fait de combattre les politiques qui interrompent les subventions allouées à l‘enseignement en combattant pour le changement d’attribution des fonds alloués à l’armée et aux prisons  vers ceux supportant l’éducation à tous les niveaux de la société. Le défi pour l’enseignement supérieur est de ne pas abandonner son investissement dans la démocratie et de reconnaître que le néolibéralisme opère au service des forces de domination économiques et de la répression idéologique.

Deuxièmement, les éducateurs ont besoin de reconnaître et tenir leur parole sur le fait qu’un citoyen ayant une culture critique est indispensable à la démocratie, spécialement dans des temps où l’éducation supérieure est privatisée et sujette aux efforts de restructuration néolibéraux. Cela suppose de placer l’éthique, la culture civique, les responsabilités sociales et la compassion en tête des apprentissages de façon à combiner les savoirs, l’enseignement, et la recherche avec les rudiments de ce qu’on pourrait qualifier de «  grammaire d’une imagination éthique et sociale ». Ceci impliquerait de prendre au sérieux les valeurs, les traditions, les histoires et les pédagogies qui promeuvent le sens de la dignité, de l’auto-analyse et de la compassion du cœur d’une démocratie réelle. Troisièmement, une éducation supérieure doit être considérée comme un droit, comme elle l’est dans de nombreux pays comme l’Allemagne, la France, la Norvège,  la Finlande, et le Brésil, plutôt qu’un privilège pour une minorité, comme c’est la cas aux USA, au Canada, et en Grande Bretagne,. Quatrièmement, dans un monde régit par les données, les mesures et le remplacement des connaissances par une saturation d’information, les éducateurs doivent rendre les étudiants à même de s’engager dans des apprentissages multiples, allant de la culture imprimée à la culture digitale. Ils doivent devenir des passeurs de frontières pouvant penser d’une façon dialectique et apprendre à ne pas seulement consommer la culture mais aussi à la produire. Cinquièmement, l’université doit réclamer le droit de contrôler la nature de leur travail, organiser les choix politiques et avoir la maîtrise des voies d’accès avec la sécurité de l’emploi et la protection de la liberté académique et de la liberté d’expression.

Mitja Sardoč :  Pourquoi est-ce si important d’analyser les relations entre le néolibéralisme  et la culture civique, en particulier comme projet éducationnel ?

Henry Giroux : L’ascendance du néolibéralisme dans la politique américaine a rendu visible la peste d’une inculture civique très profonde, un système politique corrompu et un mépris pour la raison qui s’est construit sur  des dizaines d’années. Elle pointe aussi le mépris pour l’attachement aux valeurs civiques, la déconstruction de la culture civique, le déclin de la vie publique et l’érosion de tout sens d’une citoyenneté partagée.

Comme la mentalité et la moralité du marché resserrent leur emprise sur tous les aspects de la société,  la sphère publique  est réduite, sinon condamnée à la disparition.

Ses institutions disparaissent – de l’école élémentaire et des médias alternatifs aux centres de soins- on assiste aussi à une sérieuse érosion du discours communautaire, de celui de la justice, de l’égalité et des valeurs publiques et du bien commun.  Dans le même temps, la raison et la vérité ne sont pas seulement contestées, ou sujettes à des discussions informées comme elles le devraient, mais faussement diffamées – bannies du monde empoisonné de la désinformation de Trump. Par exemple, sous l’administration Trump, la langue a été pillée, la vérité et la raison dénigrées, et les mots et phrases vidés de toute substance et transformés en leur contraire, tout ceci à travers une production incessante de Tweets et le spectacle clownesque de Fox News. Cette sombre réalité pointe un échec dans la pouvoir de l’imagination civique, de volonté politique et de démocratie ouverte.

Cela fait aussi partie de la politique qui ôte au social tout idéal démocratique et mine toute compréhension de l’éducation comme bien publique. Ce dont nous sommes témoins avec le néolibéralisme n’est pas simplement un projet politique qui consolide le pouvoir dans les mains des élites corporatistes et financières mais aussi une réfection du sens même des connaissances et de l’éducation comme fondamentales dans la création d’une société démocratique et dans une citoyenneté informée. Dans un âge où la culture et la pensée deviennent des dangers contre les forces anti-démocratiques à la tête de toutes les institutions économiques et culturelles des USA, la vérité est envisagée comme un frein, l’ignorance comme une vertu et les jugements informés et la pensée critique sont rabaissés et transformés en gravats et en cendres.   Sous le règne de cette architecture normalisée de soi-disant sens commun, la culture est considérée avec dédain, le vocabulaire est réduit à des données et la science est confondue avec le scientisme. Les traces de la pensée critique n’apparaissent de plus en plus qu’à la marge de la culture alors que l’ignorance devient le premier principe organisateur de la société américaine.

Sous ces quarante années de règne néolibéral, le langage s’est militarisé, il a été cédé aux publicistes, aux idioties des jeux télévisés et en un anti-intellectualisme embarrassant sanctionné par la Maison blanche. Couplez ça avec une culture des célébrités qui produit un écosystème de culture du bafouillage, du choc et du clinquant. Ajoutez à cela un clown anti-public et anti-intellectuel comme Jordan Peterson qui défend l’inégalité, les formes infantiles de masculinité, et qui définit l’ignorance et une mentalité de guerrier  comme parts de l’ordre naturel  tout en récusant la politique ainsi que toute forme de régulation vivable.

La culture de l’ignorance manufacturée est aussi reproduite à travers les appareils médiatiques qui vendant l’illusion et le spectacle de la violence. Dans ces circonstances, l’illettrisme culturel devient la norme et l’éducation devient centrale dans une version de la politique de zombie néolibérale qui fonctionne largement afin de supprimer les valeurs démocratiques, les relations sociales et la compassion de l’idéologie, de la législation et des institutions aux commandes qui contrôlent maintenant la société américaine.  A l’âge de l’ignorance manufacturée, il y a plus en jeu qu’une simple absence d’apprentissage, d’idées ou de connaissances. De même, le règne de l’illettrisme culturel  ne peut être uniquement attribué au développement des médias sociaux, à la culture de l’immédiat et à une société qui ne chercherait que la gratification immédiate.   Au contraire, la manufacture de l’ignorance est politique est c’est un projet politique au centre de l’idéologie corporatiste de la droite et un ensemble de mesures qui travaille agressivement à dépolitiser les gens et à les rendre complices de la politique néolibérale et raciste ainsi que des forces économiques qui imposent la misère et la souffrance sur leurs vies. Il y a plus en jeu que ce que Ariel Dorfman nomme «  la stupidité félonne », il y a aussi la mise en place d’une forme extrêmement maligne de fascisme néolibéral propre au 21ième siècle, et d’une culture de la cruauté dans laquelle le langage est modifié au service de la violence tout en menant des attaques incessantes sur l’imagination éthique et sur le bien commun. Dans le moment historique actuel, l’inculture et l’ignorance offrent leur prétention à  procéder de cette manière afin de compromettre l’importance de la culture civique à la fois dans l’éducation supérieure et dans la société dans son ensemble.

Mitja Sardoč : N’y a-t-il pas un défaut dans l’analyse d’un phénomène social si complexe (et controversé) que le néolibéralisme et son agenda éducatif ? Dit autrement : existe-il des aspects de l’agenda éducatif néolibéral que ces critiques aient négligé de questionner ?

Henry Giroux : Toute analyse d’une idéologie comme le néolibéralisme demeurera toujours incomplète. Et la littérature sur le néolibéralisme sous ses différentes formes est divers contexte est très abondante. Ce qui est toujours minimisé à mon avis sont trois choses. Premièrement, trop peu est dit sur le fait que le néolibéralisme ne fonctionne pas uniquement comme modèle économique pour le capital financier mais comme une pédagogie publique à travers un nombre de sites et de plateformes divers. Deuxièmement, pas assez a été écrit sur sa guerre contre la notion démocratique de socialité et sur le concept du social. Troisièmement, dans des temps où les échos des fascismes passés s’amplifient, trop peu est dit sur la relation ente le néolibéralisme et le fascisme, ou sur ce que j’appelle le fascisme néolibéral, tout spécialement dans la relation entre la souffrance et la misère étendues causées par le néolibéralisme et la montée du suprématisme blanc. Je définis le fascisme néolibéral comme à la fois un projet et un mouvement  qui fonctionne comme une force affaiblissant voire détruisant les institutions commandant la démocratie tout en sapant ses principes les plus précieux. En conséquence, il fournit un terreau fertile pour la déstabilisation de l’architecture idéologique, les valeurs toxiques, les relations sociales racistes sanctionnées et produites sous le fascisme. Le néolibéralisme et le fascisme se rejoignent et avancent dans un projet confortable et mutuellement compatible qui connecte les pires excès du capitalisme avec les idéaux fascistes. La vénération de la guerre, une haine pour la raison et la vérité, une célébration populiste de l’ultra-nationalisme et de la pureté de la race, la suppression de la liberté et de l’opposition, une culture qui promeut le mensonge, le spectacle et la démonisation de l’autre, un discours de déclin, de violence brutale, et en dernier recours de la violence d’état sous des formes hétérogènes. Comme projet, il détruit toutes les principales institutions de la démocratie et consolide le pouvoir  dans les mains de l’élite financière. Comme mouvement, il produit et légitime des inégalités économiques massives et de la souffrance, il privatise les biens publiques, démonte les principales agences gouvernementales et individualise tout problème social. En sus, il transforme l’état politique en un état corporatiste et utilise les outils de surveillance, la militarisation, et la loi et l’ordre pour discréditer la presse et les médias, compromet les libertés civiles tout en ridiculisant  et en censurant les critiques. Ce que celles-ci doivent envisager, c’est que le néolibéralisme est le visage d’un nouveau fascisme et en tant que tel il doit être considéré avec la nécessité de ne pas penser que capitalisme et démocratie sont la même chose, de renouer avec la foi en un socialisme démocratique, créer de nouvelles formations politiques autour de l’alliance de divers mouvements sociaux et prendre au sérieux la nécessité de mettre l’éducation au centre de la politique

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Traduction : Elisabeth Guerrier

Jury Bipartisan : Les US doivent se préparer pour une guerre « terrible », «dévastatrice » avec la Russie et la Chine / André Damon

On peut difficilement se représenter, a fortiori après des décennies de leurre démocratique et de propagande, l’état d’esprit d’individus qui envisagent comme un devoir national l’extermination des occupants de la planète entière au nom d’une visée hégémonique qui pourrait vaciller face à la venue en premières lignes de quelques voisins de grandes tailles. On peut difficilement imaginer que cette forme de mégalomanie ne puisse pas envisager à long et moyen termes les conséquences d’un tel désir de puissance planétaire. Mais on devrait pourtant être habitués à l’inconséquence qui caractérise cette culture, après tout l’invasion de l’Irak s’est effectuée sans aucun plan prévu pour suivre l’intervention armée. Il est probable que tout pouvoir caressé, par la force ou par la séduction est un état impossible à perdre sans une forme de désespoir enragé. Que les individus qui l’exercent sont enfermés dans une sorte de bunker psychique où aucun bruit de l’extérieur ne pénètre et qui surtout, ne peut être bousculé par aucune sorte d’éthique, fut-elle celle du vainqueur.

Tous occupés d’eux-mêmes et de luttes émiettées dans la bien-pensance groupusculaire et la censure, les opposants potentiels brassent un vent narcissique, disséminés au sein de causes de plus en plus ciblées et prenant leur légitimité dans la sélection de leurs caractéristiques en ayant le sentiment d’accomplir une révolution. Si aucune répression réelle ne vise ces groupuscules, si rien ne freine leurs prises de parole ni l’impact de leurs lobbies, et si leur dogme en vient à prendre la forme d’une idéologie incontournable à travers laquelle faire passer toutes les analyses et les réflexions touchant notre culture et toutes les autres qui lui survivent, même dans les lieux où elle est sensée travailler sur elle-même, c’est que les enjeux sont ailleurs, que les réels dangers sont oblitérés par l’urgence fantasmée de luttes infantiles dont les bien-fondés sont voués à se déchirer pour la préséance de leur prétention.

Même si la conclusion de l’article fait songer à une Internationale devenue pièce de musée chantée par quelques vétérans rouges dans les sous-sols et si sont utilisés des termes comme “classe” ou “classe ouvrière ” qui ont perdu leur pouvoir évocateur, broyés par la langue belliciste néo-libérale, c’est tout de même à une question verticale, hiérarchique et non à la mise en ordre horizontale d’une norme de la pensée et du discours, fut-elle “progressiste” que la réalité d’une possible guerre globalisée répond. EG

Jury Bipartisan : Les US doivent se préparer pour une guerre  « terrible », «dévastatrice » avec la Russie et la Chine 

Bipartisan panel: US must prepare for “horrendous,” “devastating” war with Russia and China

par Andre Damon, 16 Novembre 2018, via WSWS

Une commission bipartisane organisée par le Congrès a produit un long rapport mardi, soutenant les plans du Pentagone de se préparer pour une guerre entre grandes puissances contre la Russie ou la Chine, voire les deux,  rendant clair que les politiques belligérantes de Trump sont partagées par les Démocrates.

Sécurisé par le fait de savoir que les médias ne rendraient pas compte de ces conclusions, les auteurs de ce rapport n’ont pas mâché leurs mots sur ce qu’une telle guerre signifierait. Une guerre entre les USA et la Chine, qui selon ce même rapport pourrait éclater dans les quatre années à venir, sera « terrible » et «  dévastatrice ». Les militaires auront à subir «  les plus fortes pertes depuis des décennies ». Une telle guerre pourrait mener à une «  rapide escalade nucléaire et des civils américains seraient attaqués et vraisemblablement tués.


U.S. B-52 Stratofortress aircraft [Credit: US Air National Guard]


Il est impossible de rien comprendre dans la politique américaine sans lui reconnaître une qualité fondamentale : les évènements et les scandales qui dominent la vie politique, qui dominent sur les chaînes et font les titres des organes de presse et des médias sociaux, ont très eu à voir avec les considérations de ceux qui prennent effectivement les décisions. Les pontes des médias jouent le rôle qui leur est assigné, sachant que le sujet le plus important ne peut être discuté que dans les limites prescrites.

Ceux qui prennent les décisions : un groupe d’individus sélectionnés membres du Congrès, Officiels du Pentagone, membres des Think-tanks et quelques membres de la Maison blanche – parlent un langage complètement différent dans leurs publications que lorsqu’ils sont entre eux  et qu’ils publient des documents qui ne seront pas lus par le public et dont ils savant que les médias ne les rapporteront pas sérieusement. Ces individus acceptent comme des évidences simples, des  certitudes sans appel le fait que si ces contenus faisaient la une des journaux, ils seraient considérés comme des «  théories de la conspiration ».

Le dernier exemple d’un tel parler vrai est celui d’un nouveau rapport publié par la Commission de défense nationale (National Defense Strategy Commission), un groupe monté par le Congrès pour valider les nouvelles stratégies sécuritaires du Pentagone, publié en début d’année, qui a déclaré que : «  la compétition des grandes puissances – pas le terrorisme- était maintenant le premier objet d’intérêt » de l’armée américaine.

Les points mis en avant par ce panel, publiés dans un rapport intitulé : « La mise au poit d’une défense commune » peuvent être résumés ainsi : Les Usa ont parfaitement raison de se préparer pour la guerre contre la Chine et la Russie. Mais le Pentagone, qui dépense plus chaque année que les huit nations les plus militarisées rassemblées, exige une importante augmentation des dépenses militaires, financées par des coupes dans les budgets des programmes sociaux comme Medicare, Medicaid, et la Social Security.

Le rapport est, autrement dit, l’approbation sans discussion par le Congrès du renforcement de l’armée par l’administration Trump, mettant en mot ce que le Congrès a acté cette année, avec un soutien bipartisan total, lorsqu’il a voté l’augmentation du budget militaire la plus importante depuis la Guerre froide.

Mais au-delà du constat que les USA devraient se préparer à l’imminence d’une guerre «  totale » avec des «  impacts dévastateurs » sur la population américaine, le document est un avertissement sans nuance sur une autre réalité basique. Les USA pourraient bien perdre une telle guerre, qui exige, en fait, la conquête de la planète entière par un pays qui représente seulement moins de cinq pour cent de la population mondiale.

Les États-Unis « peuvent lutter pour gagner, ou peut-être perdre, une guerre contre la Chine ou la Russie » est-il déclaré, ces guerres ne seront pas seulement menées outre-mer, mais viseront vraisemblablement la population américaine : «  Il serait peu prudent et irresponsable de ne pas s’attendre à ce que les adversaires ne tentent des attaques kinétiques, cybernétiques ou autres contre les Américains sur leur territoire, pendant qu’ils cherchent à vaincre nos troupes à l’étranger. » 

II est ajouté : « Si une telle chose devait se produire, les forces américaines devraient faire face aux combats plus durs et aux pertes les plus importantes depuis des décennies. Il est nécessaire de rappeler que lors de la guerre des Falklands, un adversaire décidément plus faible —l’ Argentine—a endommagé et coulé un navire de guerre britannique avec un sel missile téléguidé. La quantité de destruction qu’un état ennemi majeur pourrit infliger aux forces des US aujourd’hui sera d’une magnitude bien plus importante. »

Pour en venir au fait, le rapport décrit un nombre de scénarios différents. Le premier implique Taïwan déclarant son indépendance de la Chine en 2022, amenant les représailles chinoises. «  Le Pentagone informe le Président que l’Amérique pourrait probablement vaincre la Chine lors d’une longue guerre si la totale puissance de notre pays est mobilisée. Cependant elle perdra un nombre énorme de navires et d’avions, ainsi que des milliers de vies, dans l’effort, en addition de troubles économiques sévères – tout ceci avec aucune garantie d’avoir un impact décisif sur le gouvernement de Taïwan… mais éviter cette issue impliquerait maintenant d’absorber des pertes gigantesques. »

La solution conclut le rapport, est une armée beaucoup plus importante, basée sur des investissements en augmentation sur plusieurs années. «  Il y a un besoin d’une urgence extraordinaire de résoudre la crise de la défense nationale «  est-il écrit.

L’armée a besoin de «  plus de protections, plus de feux longue-portée, plus de logistique, plus d’unités de défense aérienne » L’aviation a besoin de « chasseurs bombardiers furtifs longue-portée, de tanks, de capacité d’enlèvement, de services secrets, de surveillance, et de plate-forme de reconnaissance. » Les forces nucléaires ont besoin de plus de missiles. Et ainsi de suite.

Pour payer pour tout cela, il faut réduire les services sociaux. «  Les programmes de prestations obligatoires  emmènent des croissances de dépenses. » souligne le rapport, exigeant que le Congrès règle ces  programmes, qui comprennent Medicare, Medicaid, et La Sécurité sociale. Il avertit que «  de tels ajustement seront inévitablement très pénibles »

Et finalement, la société entière doit être mobilisée dans l’effort de guerre. Une  approche « nation-totale » doit être adoptée, y compris dans les domaines «  des politiques commerciales, des sciences, de la technologie, de l’ingénierie, et dans l’enseignement des maths. » Tout, des entreprises privées aux institutions académiques  doit partager l’effort.

En établissant la liste les différents défis auxquels l’Amérique devra faire face en déclarant puis gagnant une guerre contre la Russie ou la Chine, aucun des membres distingués n’en arrive à la conclusion apparemment évidente que peut-être les USA ne devraient pas entrer dans une telle guerre.  Mais en ceci, ils représentent le consensus presque total au sein des cercles politiques américains. Lors de ses derniers jours, Adolf Hitler est dit avoir déclaré encore et encore que si la nation allemande ne pouvait pas gagner la guerre, il était préférable qu’elle disparaisse.  La classe dirigeante américaine est complètement investie dans un processus qui non seulement menace d’oblitérer l’ensemble de la population mondiale mais aussi la population américaine elle-même.

Il ne s’agit pas de la folie de quelques individus mais de celle d’une classe sociale qui représente un ordre social survivant et en faillite, le capitalisme, et un cadre politique tout autant survivant, le système de la nation-état. Et on ne peut lui opposer qu’une autre force sociale : la classe ouvrière internationale, dont les intérêts sociaux sont internationaux et progressifs et dont l’existence elle-même dépend de l’opposition aux objectifs mégalomaniaques du capitalisme américain.

Copyright © World Socialist Web Site

Traduction : Elisabeth Guerrier

Articles associés :

Le complexe militaro-industriel Pr. Joan Roelofs    

De la dissuasion à l’apocalypse William Astore


 


Les désarrois de l’enseignante Mona Shaw

Il a semblé urgent, des urgences qu’on saisit en entendant le son des ambulances, de traduire ce post FB écrit par Mme. Mona Shaw La certitude, étayée à la fois par l’expérience professionnelle quotidienne et par les informations touchant les radicalisations dogmatiques de nombreuses universités  en France mais surtout outre-Atlantique et outre-Manche, que le cataclysme environnemental attendu s’accompagnait d’ un cataclysme de la pensée venant, à travers ce genre de témoignages lancés à la volée, comme une alarme sur l’état de déréliction intellectuelle de la génération que nous avons en charge d’éduquer. 

Le piège de l’analyse est pernicieux car le glissement qui s’est opéré entre le lieu détenteur de savoir,  supposé être transmissible,  et la revendication d’une inanité de ce même savoir par ceux qui sont supposés y accéder rend les tâches complexes. Nous sommes dans une montée de la vision totalitaire et quasiment d’essence divine d’un “nouveau” gratifié en soi des qualités d’une connaissance sans devoir passer par les filtres de l’expérience et de ses analyses, ni, pire peut-être, par le frottement des constructions  de ce même savoir avec les productions de tous ceux et celles qui ont travaillé, depuis des centaines d’années,  des milliers d’années, à donner ce qu’on nomme du “sens” à la vocation humaine pour le doute et la précarité  de sa présence. 

Le mouvement idéologique qui a présidé à cet abandon de poste est de sources multiples, qui se répercutent les unes sur les autres comme à chaque profond changement des valeurs et des repères.  Il a, par contre, avec lui, la force d’une sorte de bénédiction globale d’office, même si, comme il est lisible dans l’article ci-dessous, il s’étaye sur des apories, des contradictions, des illogismes flagrants dans son argumentaire. En effet, ce qui le rend si résistant à la critique, c’est l’ “effet innovant ” dont il se targue, celui qui a présidé à toute nouvelle intégration de la techné dans nos vies, à toute acquisition de nouvelles habitudes ou de nouveaux discours.  Credo inaliénable du consumérisme, credo des vagues de “changement” érigées comme incontournables sans jamais avoir à démontrer leur nécessité ni leur logique. Bien-pensance créditée “en soi ” d’un bénéfice qui n’est pas celui du doute et qui permet à la génération dite montante de savoir mieux, pour tout,  que ses aînées sans avoir à l’argumenter. Ce qui complique évidemment terriblement son accès à un apprentissage, quel qu’il soit et lui ôte simultanément toute idée de sa nécessité. Je sais donc je suis. Et je sais ce qu’il en est sans avoir jamais à le chercher.  Le langage lui-même, support de toute recherche et suppôt du Satan de l’épistémé encaisse, d’une façon durable, les effets secondaires de ce transfuge, en devenant lentement mais sûrement d’un usage obsolète. Les idées sont mortes car inutiles, les mots pour les dire suivent l’enterrement. Un chef d’entreprise en arrive à penser que échanger, comme le font ses jeunes recrues, par émoticônes uniquement, est la solution d’avenir. Parce qu’ils sont jeunes et que dans le déni des fruits de l’expérience, ils existent et ont raison en incarnant l’ouverture à des formes de marchés potentiels.

Il va de soi que la nature de ce même avenir sera difficilement questionnable et pire supportable sans plus de mots pour la décrire ni pour nous, humains aliénés, supporter dans notre vide interstellaire. EG

Ils ne savent rien.

Il y a quelques années, j’étais assise dans une pièce avec des étudiants fraîchement inscrits à l’Université. Je leur ai demandé ce qu’ils pensaient de l’éditorial que je leur avait transmis.

Aucun ne l’avait lu. Lorsque je leur ai demandé pourquoi, un jeune homme a répondu d’un air infatué : ” Je ne lis jamais rien de plus de deux-cents mots. “

” Sérieusement ? ” lui ai-je répondu ?

” Si vous ne pouvez pas le dire en deux-cents mots, c’est que vous n’avez rien à dire. ” a-t-il dit et le reste de la classe a acquiescé.

Une jeune femme a ajouté : ” Peut-être d’autres jeunes de notre âge le font-ils mais les étudiants ne lisent pas de texte qui sont longs. Vous n’êtes pas allée à l’Université apparemment ? “

Elle était sérieuse. ce n’est pas tant l’étonnement sur la façon dont ils avaient obtenus leurs examens, c’est la fierté exhibée  sur cette position qui m’a déroutée.  Ils n’étaient pas particulièrement patient dans la transmission de leur sagesse concernant la communication efficace à cette vieille femme.  Comment pouvais-je ne pas savoir ça ?

Ils n’avaient jamais lu ” La couleur pourpre ” ( The purple color ) et ne savaient pas qui était Alice Walker. Une d’entre eux pensait qu’elle avait peut-être vu le film.

” Est-ce que Oprah jouait dedans ? “

Ils n’avaient jamais rien lu de W.E.B du Bois, ou de Frederick Douglass, ou de Tillie Olsen ou d’Angela Davis, quand elle était encore radicale. Ils étaient fiers de connaître quelques citations de Martin Luther King mais aucun n’avait lu ses brillants essais en entier, y compris les “Lettres de la prison de Birmingham “.  Bien sûr aucun d’entre eux n’avait lu le ” Farenheit 451 ” de Ray Bradbury. L’objet de ce roman était perdu pour eux de toute façon.  Lorsque j’ai dit la citation fameuse de Bradbury : “Vous n’avez pas besoin de brûler les livres pour détruire une culture, faites en sorte simplement que les gens ne les lisent plus. ” Ils ont haussé les épaules.  

Ils venaient tous de familles inhabituellement privilégiées. Des familles où ils reçoivent de voitures neuves lorsqu’ils obtiennent leur diplôme.  Ils étaient tous blancs. 

Ceux qui mettent leur temps, leur âme, leur sang dans l’écriture du panorama et de la diaspora de  la souffrance humaine ne leur offre rien de ce qu’ils ont besoin d’apprendre. Ils n’étaient pas même curieux d’eux-mêmes.  Ils supportaient mal l’idée qu’ils auraient dû l’être.

” Je n’espère pas que qui que ce soit soit curieux à mon sujet ” m’a  dit l’un d’eux.

Même si ils souhaitaient être militants, il suffisait de leur donner quelques phrases sexy, quelques notes de Cliff et ça allait suffire. Ils ne savent rien, ni dans le contexte universitaire, sans parler du contexte de leur propre expérience.

Nous sommes dans la merde mes amis…

Traduction : Elisabeth Guerrier

Comment la Théorie Queer est devenue la politique universitaire en Grande Bretagne par Michael Biggs

Si le sujet est vaste et surtout si récent et soumis à pression qu’on peine à resituer ce mouvement et ses conséquences pour la santé intellectuelle de la vie universitaire et pour les évolutions des représentations collectives, on ne peut pas ne pas le mettre en parallèle avec d’autres évolutions du rapport au corps de la culture post-moderne d’une part, dans ce que nous pressentons comme une dynamique de fusion entre la Techné médicale et scientifique et les fantasmes divers émergeants face aux menaces d’extinction non  assumées et la volonté de rendre le corps malléable et éternel dans les divers possibles d’ un désir sans limite, enfin accessible, ouvert à l’image des spasmes consuméristes et, d’autre part, à une dépolitisation par glissement vers des champs de contrôle moraux des questions socioéconomiques posées par la culture de masse. Les divers niveaux en jeu dans la microisation identitariste des messages politiques des sociétés néo-libérales tendent à cacher dans leur rage à se revendiquer comme porteurs d’un  “changement” ou d’une conscience “ultrawoke” par essence victimaire et détentrice de la vérité dont ils sont les porteurs harassés, la mesure strictement oppressive du système économico-social et de confiner à la quête d’une nouvelle forme d’ordre moral les questions crues de la misère sociale * et de ses conséquences sur les vies des plus démunis, quels que soient leurs choix existentiels.EG

queertheory

Publié le Nov, 25, 2018 

Comment la théorie Queer est devenue la politique universitaire

How Queer Theory Became University Policy

par Michael Biggs, [edité par Sarah Mills], via Conatus News

L’établissement d’une doctrine officielle sur l’identité de genre est une menace sans précédent pour la liberté universitaire. Sexe et genre devraient être soumis à des débats.

Mon université a récemment établi une doctrine officielle sur le genre, promulguée par son Unité de Diversité et d’Egalité (Equality and Diversity Unit). L’Université d’ Oxford déclare que le sexe n’est pas déterminé à la conception mais est plutôt « assigné » à la naissance, à partir du caprice d’une sage-femme ou d’un obstétricien. Le sexe doit être remplacé dans tous les aspects pratiques par un sens individuel de l’identité de genre, qui peut être choisie au sein d’un long menu  comprenant les non binaires et les genderqueer.

Oxford n’est pas l’exception, car la même doctrine a été instituée à travers les universités britanniques.

Cette doctrine provient de la « théorie queer », une excroissance du post-modernisme. Pour comprendre comment un discours ésotérique a pu devenir la nouvelle orthodoxie, nous devons suivre le travail de l’Intelligence du genre, l’organe de charité qui a traduit la théorie Queer en politique publique. Son chef exécutif est Jay Stewart MBE, un homme trans avec un doctorat de Cultures visuelles de  Goldsmiths, Université de Londres. La compagnie a commencé avec une allocation de 50.000 livres de la Commission des droits et de l’égalité humains  [1]. Maintenant, la plupart de ses revenus viennent de la vente de présentations dans le secteur public, gonflée par une donation de  116,000 livres provenant des «  Enfants dans le besoin » de la BBC.

 « Le Théorie Queer a été la carte pour ma compréhension personnelle » déclare Stewart [2]. La Grande prêtresse de cette théorie, Judith Butler, prétend que «  le corps n’est pas un «  être » mais une frontière changeante une surface dont la perméabilité est régulée politiquement, une pratique signifiante au sein d’un champ culturel de hiérarchie des genres et  d’hétérosexualité imposée. » [3]. La conséquence est que l’identité de genre n’a aucun lien avec la biologie. Selon l’Intelligence du genre, « Une femme est toujours une femme, même si elle aime se faire tailler des pipes. » C’est pourquoi Stewart a été le premier à persuader les prisons de prioriser l’identité de genre sur le sexe. [4]. Cette politique a récemment permis l’incarcération d’un violeur patenté dans une prison pour femme,  simplement parce qu’il se présente comme une femme, il a ensuite agressé d’autres détenues.

Comme d’autres variantes du Post-modernisme, la théorie Queer s’abrite confortablement derrière les disciplines universitaires étudiant la culture. Cependant maintenant, cette théorie est établie comme doctrine officielle par les universités. Les textes de loi vont bien au-delà de ce qui est exigé par loi sur l’égalité, qui interdit à juste titre la discrimination sur la base d’une réassignation de genre. Bien sûr, la doctrine contrevint à la loi à cet égard. La loi protège aussi l’orientation sexuelle, mais si l’identité de  genre prévaut sur le sexe, alors l’hétérosexualité et l’homosexualité disparaissent. N’importe quel homme peut déclarer être une lesbienne, comme une mauvaise plaisanterie des années 70 réactualisée pour notre époque ultraconsciente. La déléguée de l’Association LGTB des étudiants de l’université d’Edimbourg Ada Wells,  like a bad joke from the 1970s updated for our ultrawoke era. The Edinburgh University Student Association’s LGBT+ Convenor, Ada Wells, a exigé que l’Université exclue  toute lesbienne qui refuserait un homme s’identifiant comme «  genre neutre » (comme Wells) comme potentiel partenaire.

« Comme d’autres variantes du Post-modernisme, la théorie Queer s’abrite confortablement derrière les disciplines universitaires étudiant la culture. Cependant maintenant, cette théorie est établie comme doctrine officielle par les universités. »

L’Intelligence du genre (Gendered Intelligence) joue un rôle majeur dans la formation des personnels universitaires et des administrateurs. Ses cours sur «  la vigilance trans. » (Trans Awareness) ont été répétés dans des dizaines d’universités. L’Université Merton, à Oxford, par exemple,  a payé la compagnie  pour former «  les cadres de la loge, les hauts fonctionnaires de l’université, les départements des finances et des bourses, la bibliothèque, l’équipe des aides sociales, le bureau du développement, et les ressources humaines,  avec un certain nombre de représentants du bureau de direction. » Le syndicat des étudiants d’Oxford veut maintenant mandater cette formation pendant deux ans pour tout le personnel ayant des postes dans l’aide sociale. [5]. L’impulsion ne vient pas que des étudiants mais aussi de l’Unité pour le défi de l’égalité (Equality Challenge Unit) un organisme non-gouvernemental en charge d’administrer la diversité au sein de l’éducation supérieure britannique. La Charte Athena SWAN, prévue à l’origine pour aider les carrières des femmes dans le domaine scientifique est maintenant utilisée pour renforcer la doctrine du genre.

Les étudiants qui questionnent leur propre identité sont dirigés vers Gender intelligence, qui forme également les conseillers à l’université. Quand une lycéenne, précédemment diagnostiqué pour une dépression – à la Royal Center School for Speech and Drama a décidé qu’elle était un homme, l’école a payé pour une guidance par la Gender intelligence, ( un des Professeurs de l’école est un des membres du conseil d’administration et le partenaire de Steward) Le mentor a recherché des chirurgiens pratiquant la masectomie par choix.  «  La chirurgie affectera le sexe de nombreuses façon »,  conseille la Gender Intelligence,  «  mais le plus notable est un saut dans la confiance physique ». Si l’identité de genre est fluide, non liée au sexe et  changeante, comment donc cette identité peut-elle nécessiter des transformations physiques irréversibles ? Les contradictions logiques ne sont pas embarrassantes pour le post-modernisme. Quand une lesbienne prend de la testostérone et s’ampute les seins de façon à jouer le rôle de l’homme, c’est applaudit par la théorie Queer comme la déconstruction de l’hétérosexualité obligatoire.

L’établissement d’une doctrine officielle sur l’identité de genre est une menace sans précédent pour la liberté académique. Sexe et genre devraient être l’objet de recherches robustes et de débats vigoureux. Au lieu de ça, les étudiants qui questionnent la nouvelle orthodoxie de la théorie Queer  sont l’objet de harassement et intimidation. La plupart sont des femmes et beaucoup sont orientées vers le féminisme radical. Les responsables sont les étudiants ultra-conscients – dont beaucoup ne sont pas des trans mais qui se positionnent comme «  alliés » – et quelques universitaires féministes. Ils peuvent prétendre cependant que leur agression est habilitée par le discours académique. Après tout, les universités ont octroyé à un seul groupe un pouvoir extraordinaire de contrôler les discours intellectuel. « Si un individu trans informe un membre du conseil qu’un mot ou une phrase est inapproprié ou offensif »,  avertit l’ University College de Londres, « alors ce membre du conseil devra le croire sur parole et ajuster sa phraséologie d’une façon appropriée. »

Bienvenue  l’Université du 21ième siècle, où le sexe a disparu, où l’homosexualité est ségrégative, où l’orthodoxie est renforcée au nom de la diversité.

Michael Biggs est  Associate Professor of Sociology and Fellow of St Cross College, University of Oxford

NOTES:

  • [1] Equality and Human Rights Commission, response to Freedom of Information request (FOI 1247 Biggs), 2 October 2018
  • [2] Jay Stewart, ‘Gendered Intelligence’, Trans Britain: Our Journey from the Shadows, ed. Christine Burns, Cornerstone, 2018, pp. 277–91, at p. 278
  • [3] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, Routledge, 1990, p. 139
  • [4] Stewart advised the Ministry of Justice’s review which created the new policy and now serves on the Prison Service’s Transgender Advisory Board which implements it
  • 5] Oxford Student Union LGBTQ+ Campaign, 2018 Report on Transgender Experience and Transphobia at the University of Oxford, p. 32. The report literally recommends ‘bi-annual’ training but presumably, biennial was intended.
  • * Poorest dying nearly 10 years younger than the rich in ‘deeply worrying’ trend for UK

Traduction : Elisabeth Guerrier

La militarisation de l’Arctique : une question essentielle à laquelle accorder toute son importance Alex Gorka

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Soldats anglais. Opération ” Trident junction “
  Russia’s desire to undermine American democracy is related to its inability to match up to the military and economic power of the West.”

October 25, 2018 | Alina Polyakova, TIME

Cité dans «  Brooking briefs »

Au regard de l’énergie développée pour tenter de traduire correctement la liste interminable des équipements spéciaux de l’armement de la Russie dans l’Arctique, développée avec beaucoup de précision par Alex Gorka et dont chacun des éléments peut être vérifier en ligne, on reste songeur sur cette sorte de maladie du sens moral qui parcourt d’une façon endémique tout l’Ouest, nourrie de préjugés, de rumeurs, de fausses informations qui définissent «clairement » dans les esprits brumeux des masses qui est «  le méchant ». Certains dans le passé ont manipulé les informations données avec une sorte d’approche scientifique sur la propagande et ses moyens. Il semble que ces stratégies d’imprégnation collectives soient devenues la seule façon de faire de la politique étrangère dans ce système, elles s’appuient sur une paresse intellectuelle constitutive du Lambda, sur son incapacité à lâcher son os quand il a mordu à la certitude de savoir comment vont les choses, à ne jamais avoir l’esprit suffisamment libre et souple pour consacrer le temps nécessaire à chercher à se contredire lui-même, sur son besoin toujours renouvelé, ce qui le soulage de sa propre dépréciation chronique, de pointer la faute sur l’étranger, qui évidemment est voué à changer de nom et de visage quand la géopolitique l’exige.EG

 

Pour bien éclairer quels sont les réels enjeux face à la Russie et à la Chine : Ci-dessous la déclaration de Wess Mitchell, Secrétaire d’état aux affaires européennes et eurasiennes. Assistant Secretary of State for European and Eurasian Affairs in the US State Department)
La transcription de cette allocution au Sénat a omis deux phrases qui figurent en contrebas du texte et qui illustre parfaitement l’état d’esprit des USA quant à ses ” rivaux ” Chinois et Russes Quand on est l’exception et la police d’un monde, on ne lâche pas le morceau facilement et 
les USA ne lâcheront rien.

Ces phrases sont :
Empêcher
la domination
de la masse continentale eurasienne
Par la Chine et la Russie
prevent the
domination of
the Eurasian landmass by
Russia and China

“Le point de départ de la stratégie de la Sécurité Nationale est la reconnaissance du fait que les USA entrent dans une période de compétitions entre grandes puissances et que les politiques passées n’ont ni suffisamment envisagé l’étendue de cette tendance émergeante ni équipé d’une façon adéquate notre nation afin qu’elle réussisse à la gagner. La Russie et la Chine sont des compétiteurs sérieux qui construisent les conditions matérielles et idéologiques de la contestation de la primeur américaine et de son leadership du 21 ième siècle. Prévenir la domination de la région eurasienne par des puissances hitiles continue à être un un intérêt prioritaire de sécurité nationale. l’objectif central de l’administration dans le domaine de la politique étrangère est de préparer notre nation à se confronter à ce challenge en renforçant systématiquement la militarisation, l’économie et les fondations politiques du pouvoir américain.

The starting point of the National Security Strategy is the recognition that America has entered a period of big-power competition, and that past U.S. policies have neither sufficiently grasped the scope of this emerging trend nor adequately equipped our nation to succeed in it. Contrary to the hopeful assumptions of previous administrations, Russia and China are serious competitors that are building up the material and ideological wherewithal to contest U.S. primacy and leadership in the 21st Century. It continues to be among the foremost national security interests of the United States to prevent the domination of the Eurasian landmass by hostile powers. The central aim of the administration’s foreign policy is to prepare our nation to confront this challenge by systematically strengthening the military, economic and political fundaments of American power.

 

 

 

ALEX GORKA | 24.10.2018 | SECURITY / WAR AND CONFLICT

Militarization of Arctic: Issue of Incredible Importance Not Given Due Attention to

La militarisation de l’Arctique : une question d’une importance incroyable qui ne suscite pas l’attention qu’elle mérite.

L’Europe, le Moyen Orient et l’Asie du sud-est ne sont pas les seuls théâtres potentiels pour des opérations militaires. L’Arctique est une zone de rivalités géopolitiques. La situation là-bas est laissée à tort hors des éclairages médiatiques. Pendant ce temps, 2018 a vu un nouveau record du retrait des glaces dans la région.

La Russie a présenté l’attribution de 1.2 millions de mètres carrés dans cette région  aux Nations unies. Selon la convention des Nations unies sur la Loi de la mer, (UNCLOS), un état côtier peut prétendre à la côte continentale au-delà de 120 miles nautiques en présentant des preuves scientifiques qu’il s’agit de la prolongation naturelle de ses marges côtières. La seule région côtière de la Russie peut être étendue, étant donné le droit exclusif de l’état à exploiter ses ressources naturelles sur les fonds et l’océan. Il s’agit de réserves de pétrole de plus de 8.5 trillions de dollars.

Moscou considère la Route de la Mer du Nord Nothern sea road ( NSR) située à l’est de Novaya Zemlya et qui longe la côte arctique russe de la Mer de Kara en Sibérie au Détroit de Bering comme une zone maritime économique exclusivement russe ( EEZ) selon l’article 234 de la Convention des Nations unies   Convention sur les lois de la mer . Cet article attribue aux états du littoral au sein de leurs zones d’exclusivité économiques ( 200 miles nautiques) le droit d’appliquer des lois non discriminatoires et des régulations touchant la navigation dans les parties glacées. Les US en sont signataires mais le Congrès ne l’a pas ratifié.  Washington ne reconnait donc pas les exigences de la Russie et cherche à rendre cette région internationale.

Les USA, le Canada, le Danemark et la Norvège ont leurs propres réclamations. L’Arctique est supposé contenir plus de 22 trillions de dollars de ressources sous la glace,  y compris 90 billions de barils de pétrole et 47 trillions de mètres cubes de gaz naturel. Il est normal que les états se les disputent aussi longtemps qu’ils sont envisagés sur la base du droit international à travers les négociations. Mais l’escalade graduelle des tensions dans l’Arctique est un fait.

Selon le Guide de la défense danois  2018-2023, il y aura une augmentation impressionnante de 20% des dépenses de défenses dans les prochaines six années. L’Arctique est mentionné comme une zone d’activité  et de présence militaire en développement. En été, la Norvège s’est réinvestie dans une augmentation des dépenses en faveur de l’OTAN de 2% du PIB avec son plan à long terme impliquant  son engagement de 2O21-2024 comme des prémices essentielles. Oslo va investir des de l’ « équipement stratégique » comme le nouvel avion furtif F-35, des sous-marins et le nouvel aéronef patrouilleur maritime P8. Le Canada va développer une  flotille navale arctique. L’an passé, Ottawa a dévoilé son plan d’augmenter ses dépenses militaires de 70% ( ou plus de 30 milliards) sur les dix prochaines années. La plupart de cet investissement allant aux navires de guerre et aux avions de chasse. La Crête de Lomonosov est le principal osujet des disputes territoriales entre le Canada et la Russie. Elle s’étend sur 1800 kilomètres des Nouvelles îles sibériennes à travers l’océan atlantique jusqu’à l’île canadienne de Ellesmere. Le Canada se livre à des manœuvres militaires dans cette zone.

Les Bérets verts US s’entraînent  à combattre la Russie dans la région. Donc les sous-marins d’attaque sont aussi en manœuvre.  En mars, plus de 1500 personnels militaires de plus de 20 unités ont été rassemblés  pour les exercices militaires de 2018 sur la crête arctique. Les Gardes côtes US cherche à armer ses brise –glaces utiliser pour ouvrir des passages à travers les mers gelées. Les US ont stationné des avions furtifs F22 et F35 en Alaska. Ce déploiement fournit une supériorité aérienne aux USA sur tout l’hémisphère nord.

La Russie met en œuvre les State Policy in the Arctic Till 2020 and for a Future Perspective. (Politiques nationales de l’Arctique jusqu’en 2020 et dans une perspective d’avenir) L’Arctique est une source de menaces pour la Russie. Les missiles lancés des sous-marins à partir des eaux proches de la Norvège laisseraient à l’armée russe à peine 15 minutes pour décider si un tel objet représente ou non une menace et comment y répondre. L’Arctique est la seule location permettant le lancer de missiles Tomahawks qui pourraient frapper les bases intercontinentales de missiles russes (ICBMs) dans les régions de l’ Orenburg et de Krasnoyarsk  aussi bien que celles de l’Oural.

La Flotte du nord russe est une force qui groupe 38 grands navires de surface, plus de 40 sous-marins et un corps d’armée comprenant deux brigades d’infanterie. La 61ième brigade d’infanterie est sous le commandement des Forces stratégiques jointes de la Flotte du nord. 7 sous-marins prêts au combat sont regroupés là. A peu près 60% de la flotte opérationnelle est équipé d’un nouvel armement.

L’équipement  de combat Ratnik  pèse entre 19 et 20 kilos, il est conçu pour des opérations dans le climat arctique et comprend un casque à vision nocturne, une armure corporelle, un équipement de communication et des écouteurs. Tout compris, l’équipement comprend 10 sous-systèmes et à peu près 60 items séparés. Pesant 7,5 kilos, l’armure classe 6 protège presque 90 % du corps des soldats à partir de 7,62 m. même contre des tirs courts. Il est équipé de systèmes de détection spéciaux contre les systèmes à infrarouge. Conçu en fibre de carbone légère,  l’exosquelette supporte le système musculaire afin d’aider le soldat à porter des charges de plus de 50 kilos sur des longues marches.

Le système de communication vocal et visuel Strelets-2 inclut un module de navigation  GLONASS  qui permet à un chef d’escadron de vérifier la location de chacun de ses soldats sur un ordinateur de la taille d’un livre et de la communiquer à ses chefs. Chaque soldat est en plus équipé d’un ordinateur tactique de la taille d’un téléphone.

Les soldats ont le véhicule tout terrain Ruslan,  le véhicule de trace tout-terrain GAZ-3344-20, le  DT-10PM vèhicule amphibie. Capable de défendre l’espace aérien dans un rayon d’au moins 15 kilomètres, le nouveau système de missiles à courte-portée Tor-M2DT est le seul système dans sa catégorie conçu spécialement pour les conditions météorologiques de la région arctique. Il peut protéger contre les radiations et les missiles de croisière, contre les engins téléguidés aériens, les planeurs, et réparer et tourner les ailes des avions de chasse. Sa plateforme de DT-30PM sera utilisée pour le lancement multiple de système de fusée Grad et Smerch.

Les capacités de la défense aérienne vont être augmentées grâce  au S-400 Triumf aet mise à jour avec l’auto-propulseur Pantsir-1S, système de missiles de moyenne portée surface-air.

Le T-80BVM est parfaitement adapté aux conditions météorologiques particulières de l’Arctique. C’est le premier tank russe opérationnel à être équipé d’une nouvelle armure réactive explosive. Ses moteurs à turbine améliorés sont  plus performants dans les conditions arctiques. Commençant à des températures aussi basses que – 40 degrés Celsius et prêts pour l’action en quelques minutes. Les tanks avec du diesel conventionnel ont besoin de 40 minutes pour chauffer dans les conditions de températures de l’Arctique.

Cette année, La Russie à dévoiler le nouveau buggy Chaborz M-3  destiné à des opérations version arctique.  C’est un véhicule léger tout terrain polyvalent 4.2 prévu pour des opérations des unités des forces spéciales dans des conditions  hors route. Il peut atteindre sur route des vitesses de 130kms/ heure.

Cette année, Ilya Muromets, le premier briseur de glace construit pour la Marine russe en presque 40 ans est entré en service avec la logistique du vaisseau de soutien Elbrus ,  le projet 22350 de la frégate Admiral Gorshkov équipée avec des missiles de longue portée  Kalibr, et le navire amphibie Ivan Gren  (Project 11711), le premier vaisseau de cette catégorie, les systèmes de missiles pour la défense côtière ont été déployés dans la région de Murmansk.

Le char Academic Pashin  (Project 23130) est testé en mer.  Deux brise-glace  Arktika-class sur six, équipés de double-têtes nucléaires ont déjà été lancés. Les plans comprennent la construction de Lider, le brise-glace à propulsion nucléaire super-puissant. Le brise-glace Ivan Papanin (Project 23550) polyvalent,  est le premier d’une série de deux doit être livré à la marine russe en 2021. Ce navire est destiné à l’étude et à la protection des eaux arctiques, les opérations de recherches et de sauvetage, l’escorte de navires dans les eaux polaires, le transport d’équipements et le remorquage et le support de vaisseaux auxiliaires. Il peut fournir la protection à des vaisseaux opérant dans les eaux polaires contre les tirs aériens, maritimes ou côtiers.

Trois sous-marins balistiques supplémentaires (Project 955) et trois sous-marins d’attaque nucléaires (Project 885) ainsi que deux frégates (Project 22350) entreront en service avec la Flotte du Nord dans le futur proche. Le porte-avions. Admiral Kuznetsov  sera également de retour dans les rangs après une mise au point de ses équipements avec la version navale du système de défense aérienne. Des systèmes Bal de défense côtière vont être également déployés.

La militarisation graduelle de la région est une réalité. Il y a deux options. L’une est de transformer l’Arctique en un champ de mine où la moindre étincelle pourra déclencher une explosion. L’autre est de lancer un dialogue complet afin de répondre aux questions de sécurité liées à la région. Cinq des huit membres du Conseil de l’Arctique sont membres de l’OTAN avec la Suède et la Finlande étant des partenaires privilégiés de l’Alliance.  Cela fait partie des questions à poser sur les relations entre l’OTAN et la Russie. Les activités militaires de la Russie dans la région n’ont rien à voir avec la volonté de jouer les gros bras mais avec la volonté de protéger ses intérêts légitimes.

Les évènements liés à la décision des US de se retirer du Traité INF, la Syrie, les sanctions et d’autres choses sur lesquelles se centrent le regard du public ne devraient pas éclipser cette question de la plus haute importance. Coopérer les uns avec les autres est le seul moyen de maintenir la sécurité et l’ordre dans cette région polaire. Une approche coordonnée de la Gouvernance arctique dans le cadre d’une Convention sur les lois de la mer construirait la confiance et éviterait la militarisation. Le temps est venu pour le Conseil de l’Arctique de se transformer en un conseil centré sur la sécurité.

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La Russie est-elle réellement “fasciste” Pr. Marlene Laruelle

Parce que la résistance aux glissements partisans générés dans des stratégies quotidiennes d’intoxication idéologique nécessite avant tout l’abord de la complexité, il est nécessaire de faire appel à des esprits informés et critiques, à donner ou redonner donc au poids de la construction des savoirs ses vertus d’éclairage.

Au moment où l’Arctique se voit la scène des plus importantes manœuvres militaires de l’OTAN depuis la Guerre froide, faisant suite aux campagnes de diffamation orchestrées par les divers pouvoirs politiques nord-américains et soutenus par leurs alliés inféodés, l’urgente nécessité de voix autres, critiques et analytiques, même pour faire face à des constructions mythiques créées de toute pièce par des ” érudits ” locaux reconnus est plus que jamais impérative. 

Aucun média grand public ne pourvoira à l’approche d’une situation complexe et évidemment unique comme celle de la Russie, car chargée de sa propre histoire. La pandémie des appellations de “Fascisme” recouvrant tout et n’importe quoi a non seulement un effet niveleur sur des phénomènes divers et caractéristiques mais elle marque une fois de plus l’incroyable pression et la paresse intellectuelle de ces temps où l’analyse de tout ce qui est ” complexe “- et la réalité n’a-t-elle pas avant tout cette nature-là ? – est promu comme vain, usant, inutile au nom d’un réductionnisme omniprésent et au service de l’utilitarisme qui le rationalise.

Le Fascisme est un moment de l’Histoire, dans un contexte précis (rappeler que la trahison de Wilson faite aux Italiens après la Première guerre mondiale en est partie prenante voire génératrice), avec des bases de valeurs précises et des alliances intra-sociales tout aussi importantes qui lui donnent sa spécificité.  Nous conseillons vivement la lecture de l’article de Jean-Robert Raviot qui donne les éléments de compréhension d’une spécificité politico-sociale russe, évidemment assez difficile d’accès à l’entendement des manichéens néo-libéraux occidentaux ne justifiant leur existence que dans l’imposition du bien fondé d’une Démocratie idéalisée mais ayant agonisé depuis plus de trente ans. EG

La Russie est-elle réellement «  fasciste » ?

Un commentaire sur la note N°539 de TIMOTHY SNYDER PONARS sur la politique eurasienne Eurasia Septembre 2018

Marlene Laruelle

George Washington University

Lors de la dernière décennie et plus ouvertement encore depuis l’annexion de la Crimée, il y a eu une tendance croissante à décrire la Russie – ou au moins le régime de Poutine – comme «  fasciste ».

Sur la scène politique, cette affirmation a été émise par tous, des chefs d’états occidentaux comme l’ancienne secrétaire d’état Hillary Clinton à l’ancien Ministre des affaires étrangères de Grande Bretagne,  Boris Johnson en passant par l’opposant de Vladimir Poutine, Garry Kasparov. Le label a aussi tracé sa voie dans le discours académique, déployé par des universitaires comme Timothy Snyder, Alexander Motyl, Vladislav Inozemtsev, et Mikhail Lampolski.

Déclarer que la Russie de Vladimir Poutine est un régime fasciste est une accusation sérieuse, avec des implications politiques et légales potentielles. Les universitaires ont à leur disposition une littérature riche sur le fascisme qui inclut de nombreux outils qui peuvent permettre de considérer si la terminologie 1/ correspond au système politique russe. 2/ offre une analyse conséquente capable de capturer la «  nature »  du régime de Poutine. Malheureusement ceux qui se font le plus entendre parmi les accusateurs universitaires semblent peu intéressés par l’évaluation de l’hypothèse fasciste au regard de ces outils académiques. Premièrement, ils ne cherchent pas à appliquer des données clefs concernant la littérature sur le fascisme à la Russie et n’avancent donc pas des critères clairs pour déterminer si ce régime est fasciste. Deuxièmement, ils semblent ne pas utiliser le terme comme une catégorie analytique mais comme une épithète dénonçant le système de Poutine

Si la communauté des universitaires souhaite que les décideurs prennent en charge sérieusement le « fascisme », il faudra qu’il corresponde à leurs critères et s’ils considèrent que le concept est inapplicable, ils devront clairement le signifier.

De fausses analogies historiques

Cette note ouvre une telle discussion en discréditant les quatre principales accusations utilisées par Snyder pour justifier l’appellation de la Russie comme régime fasciste. De fausses analogies historiques dans une série de  tribunes publiées dans la New York Review of Books et dans le New York Time, Snyder trace des parallèles entre le Russie de Poutine et l’Allemagne d’Hitler.  Dans un article datant du 20 mars 2014, il compare la mainmise de la Crimée par la Russie – qui venait de se produire quelques jours auparavant, et le conflit dans le Donbass qui se préparait rapidement avec les actions de l’Allemagne nazie au début de la Seconde guerre mondiale.  Mais contrairement à  Andreas Umland, qui a postulé des analogies similaires, Snyder n’a pas tenté d’entreprendre une solide étude qui pourrait juxtaposer les arguments légaux utilisés pour créer l’Anschluss avec l’Autriche dans le cadre de l’annexion des Sudètes par Hitler avec ceux présentés par Poutine pour l’annexion de la Crimée. Au lieu de cela, Snyder préfère présenter des arguments à la va-vite, affirmant, par exemple, que : «  Vladimir Poutine a choisi de réhabiliter l’alliance entre Hitler et Staline qui a déclenché la Seconde guerre mondiale. » Avec une telle déclaration, Snyder cherche à faire d’une pierre deux coups, identifiant simultanément Poutine à Hitler et à Staline. Cependant, il échoue à donner une analyse structurée qui puisse démontrer que l’actuel système russe appartient à la tradition des régimes totalitaires.

Plus loin, il décrit des évènements et des sentiments à travers la Russie comme des échos des pires moments du Nazisme. En Russie, écrit-il :

Les Juifs sont blâmés pour l’Holocauste sur la télévision nationale,  un intellectuel proche du Kremlin loue Hitler comme chef d’état, les Nazis russes marchent le 1ier mai, (et) des rallyes dans le style Nuremberg où des torches sont portées en formation Svastika sont présentées comme anti-fascistes.

Ces descriptions sont dramatiquement éloignées de la prise en compte – pour ne pas évoquer l’analyse- de la complexité de la société russe. A sa place, ils sélectionnent les moments avec le plus haut niveau de potentiel choquant et les présentent comme une routine, produisant un portrait de la Russie inadéquat comme si on pouvait par exemple suggérer que la vie quotidienne des USA puisse être interprétée à travers les émeutes de Charlottesville d’Août 2017. Des analogies historiques sélectionnées peuvent offrir des voies stimulantes pour la discussion, mais elles n’offrent pas la rigueur d’une analyse propre au modèle des sciences sociales, n’ont pas de pouvoir prédictif et sont limitées dans leur utilité pour la compréhension des courants actuels.

Une autre erreur peut être notée dans la tentative de Snyder de dresser un parallèle entre un régime honni, à savoir son affirmation que le drapeau de la révolte du Donbass et de la république auto-proclamée de  Novorossiya a été inspiré par le drapeau des Confédérés américains.[1] En fait de nombreuses sources montrent que ce n’est pas le cas et que les insurgés ont, au contraire, été inspirés par le symbolisme de l’époque tzariste qui par hasard ressemble au drapeau confédéré.[2] Cette erreur illustre bien le présentisme de Snyder crée un cadre d’interprétation artificiel et américano-centré, modifiant les faits afin de les rendre plus alarmants et plus polarisés sur le public US.

L’usage d’analogies historiques pratiqué par Snyder crée aussi de fausses références. A titre d’exemple, il accuse Poutine d’avoir justifié l’annexion de la Crimée en référence à la doctrine du «  changement de frontières » de l’Allemagne, impliquant que Poutine ait pu comparer ouvertement ses actions à celles de l’Allemagne nazie. «  C’est avec de telles références historiques à l’esprit (s’emparer de l’Autriche et d’une partie de la Tchécoslovaquie) que nous devons comprendre la suggestion présente dans le discours de Poutine que l’Allemagne devrait sympathiser avec la doctrine du changement de frontières »

C’est une grossière erreur. Le discours de Poutine se réfère très clairement à la réunification de l’Allemagne de 1990, pas à l’Anschluss ni à l’annexion des Sudètes.

Laissez-moi vous rappeler que dans le cours des consultations sur la réunification de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest, au niveau de l’expertise, bien que très élevée, certaines nations qui étaient alors et sont encore des alliées de l’Allemagne ne supportaient pas l’idée de la réunification. Notre nation, sans équivoque, a cependant supporté le désir sincère, impossible à arrêter des Allemands pour une unité nationale.

Ceci ne justifie bien sûr en rien l’annexion de la Crimée, mais cela démontre que la référence de Poutine portait sur la réunification de l’Allemagne plutôt que sur les actions des Nazis. L’inflation polémiste de Snyder est une sinistre distorsion de la rhétorique et des évènements : Les standards de Moscou sont la Guerre froide, pas l’ère Ribbentrop-Molotov

La question du pacte Molotov-Ribbentrop

A partir de 2014, Snyder a commencé à développer des arguments forts que la nouvelle inclinaison de la Russie vers le fascisme était la tendance croissante de Poutine et des officiels russes à réhabiliter le Pacte Molotov-Ribbentrop de 1939.

En 2009, juste avant un voyage de conciliation en Pologne, Poutine a publié un article dans le quotidien polonais Gazeta Wyborcza qui condamnait l’ancien agrément comme immoral : «  Sans doute, le Pacte Ribbentrop-Molotov d’Août 1939 doit être complètement condamné. » Mais en Novembre 2014, parlant devant une audience d’historiens russes au Musée d’histoire moderne de la Russie, le Président russe a partiellement retiré ses commentaires sur l’immoralité du Pacte. Il a à nouveau insisté sur le fait que les pays occidentaux avaient été les premiers à tenter d’éviter le conflit avec Hitler, laissant la Russie seule à faire face à la guerre sur le front de l’Est. Il ajouta une nouvelle nuance affirmant le droit de Moscou à éviter la guerre : «  Mais qu’y avait-il donc de si mauvais si les Russes ne voulaient pas se battre ? Qu’y avait-il de mauvais ? »

L’affirmation de Snyder disant que la Russie a complètement changé sa ligne est tout à fait questionnable. Le narratif russe a depuis longtemps fait correspondre les accords de Munich avec le Pacte Ribbentrop Molotov. Aux yeux du Kremlin, le Pacte est l’équivalent des Accords de Munich pour l’Ouest et ne peut à lui seul avoir accéléré l’entrée de l’Europe dans la guerre. Cette ligne n’a pas changé. En outre, le discours de Poutine de 2014 sur les mérites d’avoir voulu éviter la guerre était soigneusement à attacher à son contexte : il a été fait en des temps de grande tension internationale autour de l’Ukraine, et le message implicite était que la Russie voulait éviter la guerre avec l’Ouest. En 2015, Poutine a réitéré la même lecture du Pacte comme stratégie défensive,  affirmant, que « la sauvegarde de l’Union soviétique était le premier élément de ce Pacte. » On peut condamner le silence de la Russie sur l’historiographie officielle de la violence soviétique dans les terrains occupés, mais contrairement à l’affirmation de Snyder, il n’y a pas de rupture authentique dans la pensée de Poutine qui confirmerait une évolution du leader russe vers le fascisme. – la ligne argumentaire du Pacte demeure la même.

Les liens d’amitié de la Russie avec l’extrême-droite européenne.

Dans des déclarations répétées, Snyder a  affirmé que le support de l’extrême-droite européenne par le Kremlin était dans la continuité de l’Alliance de Staline avec Hitler visant à détruire l’ordre du monde européen :

Tout comme Staline a cherché à tourner les forces les plus radicales de l’Europe, Adolf Hitler contre l’Europe elle-même, Poutine s’allie avec les populistes anti-européens, les fascistes, et les séparatistes. Ses alliés d’extrême-droite sont précisément les forces politiques qui souhaitent amener un terme à l’ordre européen actuel : l’Union européenne.

Cet essai de parallèle historique ne tient pas pour plusieurs raisons.

 Premièrement, le récent succès politique du populisme et/ou de l’extrême-droite en Europe ne peut pas être réduit d’une façon simpliste à la «  montée du fascisme ». Bien que cela puisse être source d’inquiétude, cela ne justifie pas la combinaison de différents termes et de différentes notions ; La vaste majorité des spécialistes de l’extrême-droite européenne, dont Cas Mudde, sont d’accord pour dire que ces mouvements ne peuvent être vus comme des  mouvements post ou néo-fascistes dans leurs composantes sociales ou idéologiques.  Le concept beaucoup plus complexe de « Illibéralisme(s) » semble correspondre beaucoup mieux à la capture des tendances actuelles.

Deuxièmement, questionner la légitimité de l’Europe dans son état actuel ne peut pas être mis en parallèle avec le Nazisme. Il y a beaucoup de raisons de questionner l’Europe qui n’ont rien à voir avec un état d’esprit  fasciste. On ne peut pas interdire aux citoyens de  critiquer les fonctionnements de leurs institutions parce que les forces populistes avancent dans le discours anti-européen.

Troisièmement, les vagues d’illibéralisme en Hongrie et en Pologne, deux pays dont la population a été historiquement imprégnée de la posture anti-russe, démontrent que la Russie ne peut être blâmée pour l’Euro-scepticisme croissant et l’illibéralisme de l’opinion publique européenne. Comme les universitaires de Tartu Andrey Makarychev et Aliaksei Kazharski le notent, bien que les discours de la Russie et de l’Europe centrale divergent sur de nombreux points, ils peuvent cependant être réunis dans leur critique de la vision prévalente de l’Europe comme un projet libéral, cosmopolite et supranational et à sa place, construire une autre point de vue sur une «  autre Europe » qui soit plus conservatrice et centrée sur la nation-état. Moscou joue indubitablement  sur ce pessimisme européen, mais son origine est à attribuer à la politique intérieure.

Quatrièmement, la politique du Kremlin à l’égard de l’Europe a un seul but plus englobant : trouver des voix qui rejettent l’actuel bellicisme et appellent au dialogue avec la Russie. C’est pourquoi Moscou est prête à s’engager avec quiconque proposant un tel agenda, que ce soit l’extrême-droite ou les groupes d’extrême-gauche et, d’une façon plus importante, les partis conservateurs  officiels et les corporations dominantes. C’est une démarche de Realpolitik de trouver tout point d’influence sur le théâtre européen plutôt qu’une forme de mariage exclusif et consistant avec l’extrême-droite.

 

Ivan Ilyin idéologue officiel de la Russie

Un quatrième argument plus consistant avancé par Snyder se rapporte au rôle majeur supposé de l’intellectuel émigré Ivan Ilyin (1883–1954) dans l’idéologie de Poutine. Dans ses articles, et dans une plus grande mesure dans son livre Road to Unfreedom, Snyder semble obsédé par l’idée que le Kremlin a donné à Ilyin le statut d’idéologue officiel. Dans un détour inutile, il a même été jusqu’à essayer de blâmer son idéologie pour l’interférence du Kremlin dans les élections présidentielles de 2016.

Je ne discuterai pas ici la définition de Ilyin comme “prophète du fascisme russe” donnée par Snyder à Ilyin, une définition qui nécessiterait une plus profonde exploration de la philosophie politique de Iliyn – mais je chercherai son soi-disant rôle central dans les apports de tout ce que Snyder abhorre dans l’actuel régime russe. Snyder clame qu’ «  aucun penseur du 21ième siècle n’a été réhabilité de cette manière ni n’a joui d’une telle influence dans la politique mondiale ». C’est une exagération scandaleuse sur le statut d’Iliyn qui révèle l’ignorance de Snyder sur la façon dont le régime russe fonctionne et instrumentalise les idéologies. Plusieurs arguments rejettent cette affirmation.

Tout d’abord, Snyder met systématiquement de côté tous les débats universitaires sur la nature du régime de Poutine.   Il ignore les recherches sur l’équilibrage des divers groupes d’intérêt effectué par le Kremlin menées par plusieurs chercheurs de pointe, y compris Brian Taylor dans son ouvrage récent, The Code of Putinism. L’affirmation typique de Snyder «  Ilyin sert les milliardaires post-sovietiques » (Road to Unfreedom, 29) et celle que le Fascisme est utilisé par les oligarches russes sont de bons exemples d’une telle formulation  réductionniste qui n’articule pas la relation supposée entre l’idéologie du régime et son statut d’état rentier.

Le régime de Poutine a démontré une habilité importante à être sensible au contexte et à se réinventer sans arrêt. Il est faible en endoctrinement par volonté, non par défaut. Cependant Snyder ne prend pas en considération les recherches effectuées sur cette théorie, documentées par de nombreux universitaires ainsi que par les experts russes et les technologistes-politiques comme Gleb Pavlovsky et Evgeni Minchenko.  Au lieu de cela il se réfère à des données prélevées au hasard qui servent ses arguments politiques polémiques dans leur ensemble, contribuant à transformer des penseurs isolés comme Iliyn – comme d’autres chercheurs l’avaient fait avec Dugin avant lui-  en arbre qui cache la forêt.

Deuxiémement, comme je l’argumente en détails ailleurs, Poutine a montré une déférence spéciale à l’égard d’Ilyin ( Il l’a cité à cinq reprises et a consacré sa tombe en 2009) mais ceci ne signifie pas qu’il soit une autorité philosophique pour le régime. Il n’y a pas de nouveau Marx ou de nouveau Lénine dans le système de Poutine. Pour tout dire, le Président russe a fait des allusions favorables à Lev Gumilev, un partisan moderne de l’Eurasisme, à  six reprises.  Bien que Ilyin n’ait jamais lu le travail de Gumilev, il dénonce l’Eurasisme comme un « subterfuge mental ». Plus encore, les citations d’Ilyin sélectionnées pour les interventions de Poutine illustrent la vision la plus conventionnelle de la Russie, sa culture et le rôle de l’état ; aucune n’est liée aux déclarations les plus controversées de Ilyin touchant l’Allemagne nazie ou l’Italie fasciste. Lorsque les écrits de Ilyin sont introduits dans le panthéon du Kremlin, ce n’est que pour des déclarations très officielles sur l’état russe.

Bien que Ilyin puisse être bien sûr considéré comme l’inspiration idéologique pour une émigration pro-orthodoxe, pro-blanche et favorable à une faction pro-Romanov, de l’élite russe, il est faux de proclamer qu’il soit devenu l’autorité philosophique principale de l’administration. Cette dernière recouvre une vaste variété de figures et de thèmes, offrant  un bricolage idéologique à multiples faces dans lequel Ilyin n’est qu’un parmi de nombreux, nombreux autres. La seule production doctrinale de l’administration Poutine, via le groupe de pression de l’ISEPI, sont les soi-disant Cours Berdiaev, nommées d’après le philosophe Nikolai Berdiaev (1874-1948), dont la vision politique est moins conservatrice que celle d’Ilyin. Malheureusement, évitant apparemment les points qui pourraient contrer ou affaiblir ses arguments, Snyder ne discute pas la signification de la sélection présidentielle de Berdiaev plutôt que de Ilyin, ni  ne prend en compte la propre opposition de Berdiaev aux écrits de Ilyin.

Troisièmement, Snyder semble sincèrement croire que Poutine écrit son discours annuel à la Douma lui-même (Road to Unfreedom, 18) bien qu’il soit connu que – comme tout autre chef d’état- il a des rédacteurs qui lui écrivent ses discours. Pareillement, il semble croire que les mentions par Poutine d’Ilyin lors des questions-réponses annuelles en direct ou des entretiens avec les étudiants, sont des références spontanées au penseur émigré, bien que la nature écrite de ces évènements, qui implique des questions choisies au préalable et plusieurs répétitions, ont été largement analysées.

Et enfin, dernier point mais non des moindres, Snyder s’appuie fréquemment sur des techniques d’associations faciles, ajoutant des «  comme Ilyin », «  sur le modèle de Ilyin »,  «  Pour Poutine comme pour Ilyin », et d’autres affirmations similaires dans presque toutes les citations de Poutine concernant le positionnement de la Russie sur la scène internationale. Ceci crée la fausse impression que la pensée d’Ilyin informe chacune des affirmations de Poutine et chacune de ses décisions politiques.

Cependant, il n’est pas besoin pour chaque officiel russe de lire Iliyn pour célébrer l’exceptionnalité de la civilisation russe, clamer que l’Ukraine est une partie inséparable de la Russie ou pour critiquer l’Union européenne. Le Kremlin n’a pas eu besoin de lire Iliyn pour croire que l’annexion de la Crimée était une bonne réponse stratégique aux incertitudes produites par la révolution de l’Euromaidan.  De la même façon l’affirmation selon laquelle le concept de la politique internationale russe de 2013 incluant «  une série de changements correspondant aux idées de Ilyin, des Eurasistes et de leur tradition fasciste » (Road to Unfreedom, 99) n’est pas seulement une affirmation dénuée de tout fondement et de toute preuve mais aussi une négation frappante des processus bureaucratiques  produisant les documents officiels.

 

Conclusions

Le fait que Timothy Snyder soit un intellectuel ayant une influence publique et un historien respecté n’est pas un motif pour que les spécialistes ne mettent pas en cause ses analyses faciles et polémiques sur l’état de la Russie contemporaine. En embrouillant le large débat sur la Russie, Snyder nie la nécessité d’une analyse objective des traits qui pourraient être catalogués de « fascistes » dans le régime de Poutine. Distorsions, inadéquations, et interprétations sélectives n’aident pas à éclairer ce qui guide le positionnement sur la scène internationale du pouvoir russe et en particulier sur la scène européenne. Les techniques du réductionnisme simpliste et les raisonnements invalides rendent les analyses confuses – et déforment les réponses politiques.

Contrairement à ce qu’il affirme, le Kremlin ne vit pas dans un univers idéologique inspiré par l’Allemagne nazie, mais dans un monde où les décennies post-Yalta, les années Yeltsin-Gorbachev et la chute de l’URSS continuent à constituer les références historiques essentielles et les traumas. C’est Snyder lui-même qui évoque d’une façon persistante l’atmosphère d’une Europe d’avant-guerre,  décrivant un monde dans lequel apparemment chaque évènement et chaque question contemporaine devient sensée uniquement comme une répétition supposée d’un moment du passé.

Marlene Laruelle est Professeur de recherche, Directrice associée à l’IERES, Directrice du Programme pour l’Asie centrale, et co-directrice de PONARS Eurasia à l’Université Georges Washington.

Ci-dessous deux articles en appui à l’analyse de Marlene Laruelle qui permettront de construire un point de vue documenté et distant, donc évidemment nuancé,  dans l’uniformisation propagandique qui martèle le public dans la presse officielle.

Comprendre le nouveau régime russe  Jean-Robert Raviot

La société civile en Russie Myriam Desert Revue Cairn

L’idéologie néoconservatrice à la Maison blanche de Trump.

 En ces temps de chauffage et de montage organisés pour libérer les volontés sous-jacentes concernant l’Iran et la Russie, via la Syrie, il est nécessaire de faire le point sur ceux qui sont, plutôt dans l’ombre, les instigateurs de ces positions hégémoniques : les néo-conservateurs. Présents et actifs, conseillant la suite des alternances démocrates/républicains, dont on sait que les choix sont identiques mais plus ou moins bien médiatisés en ce qui concerne la politique d’impérialisation américaine. L’article antérieur sur l’inclusion totale de l’armée et du complexe militaro-industriel dans la vie associative, économique et politique américaine permettra aussi d’évaluer le peu d’espace laissé pour autre chose qu’une forme de totalitarisme à l’aspartane. La visibilité du parti ou de ses obédiences qui dirige la politique étrangère des USA depuis longtemps devient plus forte mais les choix idéologiques ( Position à l’égard d’Israël, exceptionnalisme, statut de peuple élu des US etc..) demeure assez pu connue. Il est nécessaire de prendre le temps d’évaluer le peu de poids qu’on, en fait, les divergences entre les deux partis fossilisés politiquement mais mobilisant leurs adeptes avec la même véhémence et les mêmes flots financiers à chaque élection.  Cette réalité bipartisane, vouée à une impasse et uniquement tenue par la force des pressions médiatiques et leur toute-puissance informative est une sorte de théâtre où les marionnettes exhibent avec plus ou moins de talent leurs atouts, sourire éclatant ou provocation béotienne mais où la volonté politique est criblée par la force de l’idéologie offensive et exceptionnaliste néoconservatrice et par l’alénation politique aux forces des mammouths internationaux du marché. EG

Neoconservative Ideology in the Trump White House. U.S. Military Power, Torture and the Defense of Israel

By Timothy Alexander Guzman

Global Research, April 02, 2018

Region: USA

Theme: IntelligenceMilitarization and WMDUS NATO War Agenda

3208   

Un de néo-conservateurs les plus influent à Washington, Robert Kagan, le mari de Victoria Nuland qui a été l’assistante du secrétaire d’état aux affaires européennes sous l’administration Obama ( et un des architectes de la guerre civile en Ukraine,  se décrit comme un «  interventioniste libéral » qui a été conseiller en politique étrangère dans deux administrations, républicaine et démocrate. Kagan est aussi le cofondateur du think tank néo-concervateur : Projet pour un nouveau siècle américain (Project for the New American Century), un membre du conseil d’administration de à la  Brookings Institution  et un membre du Conseil des affaires étrangères ( Council on Foreign Relations (CFR) qui a poussé pour la guerre en Irak et décrit l’odre international comme «  la domination d’une vision sur les autres », signifiant que l’Amérique dit maintenir et défendre ses idéaux impérialistes.

L’ordre international n’est pas une évolution : c’est une imposition. C’est la domination d’une vision sur les autres -dans ce cas- la domination des principes libéraux en économie, en politique intérieure, et dans les relations internationales, sur les autres principes, eux non libéraux. Cela ne peut durer qu’aussi longtemps que ceux qui les imposent ont la capacité de les défendre.

Entre les années 1950 et 1960, un mouvement politique connu sous le nom de néo-conservatisme est né, formé par les va-t’en guerre du parti démocrate aux USA. Les va-t’en guerre libéraux ou néoconservateurs ( aussi connus en tant que néocons) étaient fondamentalement opposé à la position du parti démocrate contre la guerre du Vietnam et contre leur politique intérieure, comme celle de la «  grande société » ( Great society) du Président Lyndon B. Johnnson  tendant à éliminer la pauvreté et l’injustice raciale. (Une note importante, Lyndon B. Johnson était un raciste et a été obligé d’adopter le programme de la «  great society » à cause de Martin Luther King et de la pression publique du mouvement pour les droits civils  (Civil rights movement). Pendant cette période, les néocons soutenaient Martin Luther king et le mouvement des droits civils.

Puis vint la guerre du Vietnam pendant laquelle les va-t’en guerre libéraux appelèrent à l’action militaire afin d’empêcher les Communistes de prendre le pouvoir au Vietnam. Les néocons étaient également défenseurs de la Guerre froide et de l’occupation illégale par Israël des territoires palestiniens. La nouvelle gauche américaine  (American new left) qui revendiquait une politique marxiste-léniniste), y compris le mouvement des droits civils, les féministes et le mouvement du Black Power étaient opposés à toute forme de guerre et à la politique israélienne à l’égard des Palestiniens et furent bien sûr étiquetés comme antisémites par les néocons (même si beaucoup d’entre eux étaient et sont encore des Juifs américains). Les  néocons se placèrent dans l’administration Reagan avec Eliot Abrams et soutinrent les guerres en Amérique centrale, incluant le Nicaragua et le Salvador.

Les néocons étaient aussi présents dans les administrations de George H.W. Bush  et de George W. Bush avec Dick Cheney, Paul Wolfowitz, Richard Perle et d’autres dans le contexte de la guerre à l’Irak. Cependant afin d’être clair, les néocons ne sont pas uniquement influents dans le parti républicain, ils étaient et sont également encore influents au sein du parti démocrate.  Dans un article écrit par le regretté Robert Parry, en Mars 2015, intitulé : «  Les kagan sont de retour, bientôt la guerre »‘The Kagans are Back; Wars to Follow’ sur la façon dont les néocons se sont infiltrés dans l’administration Obama avec son assistant au secrétariat d’état aux affaires européennes Victoria Nuland. Parry écrit :

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«La famille Kagan, l’aristocratie néoconservatrice américaine, a réémergé après sa déception de ne pas avoir gagné l’influence attendue après l’élection d’Hillary Clinton et la perte du pouvoir officiel au début de la présidence de Trump. De retour aux tribunes libres pontifiantes, la famille Kagan est entrain de pousser  à une invasion militaire étendue de la Syrie et condamne les Républicains pour ne pas les joindre d’une façon plus enthousiaste dans la chasse aux sorcières anti-russes à propos des soi-disant aides de Moscou dans l’élection de Trump.

Dans une tribune libre du Washington Post du 7 mars, Robert Kagan, un co-fondateur du Projet pour un nouveau siècle américain (Project for the New American Century) et un architecte majeur de la guerre d’Irak, a attaqué les Républicains pour «  avoir servi de complices à la Russie après les faits » en ne poussant pas plus agressivement l’investigation. Puis Frederick Kagan, directeur du Projet pour les menaces critiques (Critical Threats Project) à l’American Enterprise Institute néoconservateur,  et sa femme, Kimberly Kagan, présidente de son propre think-tank, Institut pour l’étude de la guerre (Institute for the Study of War), ont émis l’idée d’une invasion plus importante de la Syrie dans une tribune libre du Wall Street Journal le 15 mars.

Cependant, malgré leur présence dans le monde officiel des groupes de pression et des éditorialistes de Washington, ils sont restés majoritairement hors des centres du pouvoir de l’ére Trump bien qu’il semble qu’une porte ait été forcée. Et une année plus tard, leur projet semble beaucoup plus brillant. Ils peuvent se servir dans un large champ de candidats républicains orientés néo-cons ou – comme Robert Kagan- ils peuvent donner leur support au candidat démocrate Hillary Clinton, dont l’ « interventionnisme libéral » correspond de très près aux positions néoconservatrices, ne différant légèrement que sur les rationalisations utilisées pour justifier les guerres présentes ou en déclencher de nouvelles.

L’espoir était également caressé que la Présidente Clinton reconnaisse comme les va-t’en guerre libéraux et les néo-cons étaient proches en promouvant la femme néocons de Robert Kagan, Victoria Nuland, d’Assistante au secrétariat d’état aux affaires européennes à Secrétaire d’état. Puis, dans un puissant élan, pour accroître l’intervention militaire en Syrie et intensifier la nouvelle guerre froide avec la Russie, mettant les «  changements de régime »  de nouveau sur les agendas  pour ces deux pays. Donc en ce début d’année, les possibilités semblaient infinies pour la famille Kagan de chauffer leurs muscles et de se faire beaucoup d’argent. »

Maintenant, en 2018, le Maison blanche de Trump est en train de devenir une enclave néocons de malades mentaux et de caractériels qui veulent la guerre avec l’Iran et avec d’autres ennemis sur la liste US. Est-ce que Trump s’est avéré être en dehors de l’établissement démocrate ou républicain ? Pas vraiment. En fait Trump s’est montré un néocon qui croit que l’armée US se doit d’être forte pour faire face à des défis majeurs  ( Iran, Russie, Chine) En fait il est même allé jusqu’à prétendre ces dernières semaines qu’on devrait ajouter une «  force spatiale » pour dominer l’espace. Trump a tweeté : «  Notre armée se construit et est en train de devenir plus forte que jamais, franchement, nous n’avons pas le choix ».

Trump est en fait Bush et Obama puissance 2. Lorsque le candidat Trump a évoqué

la politique étrangère et ses intentions à l’échelle mondiale en 2016, il semblait être un candidat pour la paix comme presque tous les candidats avant lui jusqu’à ce qu’ils prennent place dans le fauteuil de la Maison blanche. Quand le Président Trump a mené sa tournée de remerciement à Cincinnati après sa victoire contre Clinton, il a dit que : «  Nous mènerons une nouvelle politique étrangère  qui apprend finalement des erreurs du passé. »

Bien. Il a étendu la présence en Irak, Afghanistan et Syrie et n’a fermé aucune des bases militaires stationnées dans plus de 130 pays. (Pour mémoire, Trump n’a jamais promis de fermer aucune base militaire).  «  Nous allons cesser de chercher à renverser des régimes et à  faire tomber des gouvernements. Dans notre façon de traiter avec les autres pays, nous chercherons les intérêts communs autant que faire se peut. » Et si ce n’est pas possible, le changement de régime est à nouveau sur la table. Tout cela est un mensonge. Trump a été l’extrême contraire de tout ce qu’il a promis à ses supporters, en fait, Trump est devenu un fauteur de guerre néoconservateur en ce qui concerne les objectifs de la politique  internationale.

Donc, quelles sont les caractéristiques d’un néoconservateur ?

Gérard Baker est celui qui a décrit le mieux l’idéologie derrière le néo-conservatisme dans une colonne qu’il a écrite en 2007 dans The Times, un quotidien anglais :

« Il a fallu, assez étonnement, l’arrivée au pouvoir de Georges Bush et le 11 septembre 2001 pour catapulter les néoconservateurs dans la conscience du public. Quand Bush a cité son principe le plus simplifié : que la Grande Bretagne devrait chercher à promouvoir la démocratie libérale autour du monde – comme argument pour envahir l’Irak, le néo-conservatisme s’est soudain répandu partout. Il était pour ces critiques nombreux, une idéologie unifiée qui justifiait l’aventurisme militaire, la torture autorisée, et promouvait le sionisme agressif »

Donc, jetons un œil à ce que Baker décrit du néo-conservatisme au regard de l’idéologie de Trump quand on en vient à la machine de guerre, à la torture et à la défense d’Israël.

Trump remplace les membres de son cabinet par des va-t’en guerre notoires et des néoconservateurs comme le nouveau Secrétaire d’état Mike Pompeo, l’ancien directeur de la CIA qui a dit une fois que : «  Le Premier ministre Netanyahu est une vrai partenaire du peuple américain ».

Pompeo a fait un discours au centre des études stratégiques et internationales (Center for Strategic and International Studies (CSIS)  en 2017 et a dit que : « Il est temps d’appeler Wikileaks par son nom, c’est-à-dire un service d’espionnage hostile, souvent aféodé à des états comme la Russie. » Vous imaginez facilement où tout cela peut mener. Pompeo sera remplacé par Gina Haspel, une opératrice de la CIA qui a supervisé la torture et s’est débarassé de toutes les preuves touchant toute exaction. Si ils ont l’approbation du Congrès, tous deux seront placés dans une position de pouvoir et pratiquement au coude à coude avec John Bolton qui vient d’être engagé par Trump en tant que Conseiller à la sécurité nationale (National Security Advisor). Bolton est un autre psychopathe néoconservateur qui plaide pour la guerre dans tous les pays du monde. Bolton est pro-Israel et ancien ambassadeur aux Nations unies sous l’ancien Président criminel de guerre Georges W. Bush jr. Donc, quelle sera la suite du jeu ? Une longue guerre au Moyen-Orient et au-delà est sur l’agenda.

 Les aventures militaires de Trump autour du monde.

Tout d’abord, Trump veut que l’Amérique soit le superpouvoir sans rivaux qui peut utiliser son armée n’importe où et à n’importe quel moment spécialement dans l’arrière-cour par exemple quand il a fait un commentaire en 2017, discutant la possibilité d’une intervention au Vénézuela et a dit :

 «  Ils ont plusieurs options pour le Venezuela, et, à propos, je ne vais pas évincer une option militaire. Nous avons plusieurs options pour le Venezuela, c’est notre voisin, c’est, vous savez, nous sommes partout dans le monde, et nous avons des troupes et nous avons des troupes partout dans le monde dans des endroits très, très loin. Le Venezuela n’est pas très loin et les gens souffrent, et ils meurent. Nous avons plusieurs options pour le Venezuela, y compris l’option militaire si nécessaire. »

Pour Trump, c’est une Amérique forte et puissante qui peut apporter la paix grâce à son leadership et à sa puissance armée, pas des traités internationaux. Sur la liste des nations à toucher on rouve l’Iran, la Russie, la Bolivie, le Nicaragua, Cuba, le Venezuaela, le Yemen, le Liban, la Syrie et les palestiniens. (avec d’autres pays à suivre, spécialement ceux qui ne se plient pas à l’Empire américain.

Tout état souverain qui veut une politique intérieure et internationale indépendante aura à se confronter à l’armée US qui est prête à intervenir à tout moment sur les ordres de washington, dans le Moyen Orient,, en Afrique, en Asir centrale et du Sud-est,  et au-delà afin de répandre la «  démocratie ». Le budget de la défense sous Trump a augmenté selon un rapport récent d’Al Jazeera : « Trump augmente le budget de l’armée afin de dépasser celui de la Russie et de la Chine.  C’est le plus gros budget que le Pentagone ait jamais vu. 700 milliards de dollars. C’est beaucoup plus de dépenses militaires que les deux compétiteurs des USA, la Chine et la Russie et cela signifie que l’Amérique peut couvrir des milliers d’autres soldats, plus d’entrainement, plus de navires et plus de tout le reste. » Et l’an prochain il se montera à 716 milliards. Ensemble, ces contrats sur deux ans amènent ce que le Secrétaire d’état à la défense James Mattis a désigné comme un besoin pour remédier à un effondrement dans les préparations aux combats, dans des temps de recentrement sur le conflit dans l’impasse en Afghanistan, et de menace de guerre dans la péninsule coréenne. La proposition de budget qu’a signé le Président Trump inclut une augmentation énorme des dépenses militaires : Le Pentagone aura un budget augmenté de plus de 96 milliards par rapport à l’an passé. Un saut de 15 .5 % . C’est la plus grosse augmentation année par année depuis l’augmentation de 26.6%, de 345 milliards à 437 milliards, quand les USA ont envahis l’Afghanistan et l’Irak et ont augmenté la défense nationale après le 11 septembre. »

Plus de l’argent des impôts ira au complexe militaro-industriel afin de préparer des guerres interminables et si je peux m’exprimer ainsi, ingagnables guerres.

John Bolton, un demeuré néo-conservateur

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John Bolton, un ancien ambassadeur US aux Nations unies sous Georges W. Bush, membre d’un autre think-tank néoconservateur Projet pour un nouveau siècle américain The Project for the New American Century (PNAC),  a été un meneur dans la guerre contre l’Irak et a recommandé le bombardement de la Corée du nord et de l’Iran depuis déjà un certain temps.  En 2002, Bolton servait en tant que Sous-secrétaire d’état au contrôle de l’armement et à la sécurité internationale sous Georges W. Bush et il a dit : « Nous savons de source sûre que Saddam Hussein a caché des armes de destruction massive et des équipements de production en Irak ». En dépit de ces mensonges sur les armes de destruction massive que l’administration Bush a créés et qui ont mené à la destruction de l’Irak, Bolton n’a pas de regrets. En 2015, le The Washington Examiner a publié un article de sa main sur le bourbier irakien intitulé : «  ‘John Bolton: Pas de regrets d’avoir renversé Saddam. » Bolton  y dit ceci :

«  Je pense toujours que la décision de renverser Saddam était la bonne. Je pense que les décisions prises ensuite étaient mauvaises, cependant je crois que la pire décision prise après a été celle du retrait de 2011 des forces US et de celles de la coalition.  Les gens qui disent, oh les choses auraient ét bien meilleures su Saddam n’avait pas été reversé manque le point que l’actuelle situation au Moyen Orient ne vient pas totalement et uniquement du renversement de Saddam. »

En 2016, lors d’un débat entre Jeb Bush, le Candidat Trump a dit : «  Nous n’aurions jamais dû aller en Irak, nous avons déstabilisé le Moyen Orient. Ils ont menti, ils ont dit qu’il y avait des armes de destruction massive et il n’y en avait pas. Et ils savaient qu’il n’y en avait pas. » Et malgré tout, Trump a choisi Bolton ; L’hypocrisie est évidente. Ce qui est troublant à propos de Bolton est le fait qu’il veut des interventions militaires partout dans le monde. Voici ce qu’il a dit à propos de Cuba en 2002 dans un entretien avec Judith Miller, la journaliste du NYT qui a dit que les armes de destruction massive étaient un non-sens, intitulé, « Washington accuse Cuba de faire des recherches sur la guerre bactériologique. »

Dans un discours hier à l’ Heritage Foundation de Washington,  John R. Bolton, le Sous-secrétaire d’état au contrôle des armes a publiquement fait allusion aux conclusions que les agences américaines de renseignements  (American intelligence agencies)  avaient émises ces derniers mois après un débat interne prolongé. «  Les USA croient que Cuba a au moins fait un effort d’offensive dans la recherche et le développement de l’armement chimique » a dit Bolton, s’en prenant au gouvernement communiste de Fidel Castro. Cuba, a-t-il ajouté, a «  aussi fourni des équipements bio-technologiques à deux usages à d’autres  états sans scrupules »

Pendant que l’administration Clinton exprimait des inquiétudes en 1998 à propos du potentile de Cuba pour la production et le développement de l’arme biologique, c’est la première fois qu’un officiel accuse Cuba de développer des germes à des fins belliqueuses.

Ce qui est le plus troublant dans l’idéologie de John Bolton, c’est quand on en vient à la défense d’Israël concernant l’Iran. En 2009, Bolton a donné un discours à l’Université de Chicago, et a dit que : «  A moins qu’Israël soit prête à utiliser l’arme nucléaire contre le programme iranien, L’Iran aura un armement nucléaire dans un futur proche. Une des choses que cette assertion de Bolton confirme en ce qui concerne l’usage d’armes nucléaires par Israël contre le programme nucléaire iranien est qu’une figure publique qui a été à Washington depuis un certain temps admet qu’Israël possède l’armement nucléaire. Le danger que Bolton représente pour les adversaires des Usa dans le monde entier est consternant.

Bolton, en tant que conseiller de Trump  pour la Sécurité nationale, représente un choix de guerres nombreuses, peut-être même de guerre nucléaire contre l’Iran, la rs=ussie et la Chine. De même que les autres néocons considérés pour occuper des postes à la Maison blanche, comme Paul Wolfowitz, Eliot Abrams, David Frum ou même des démocrates qui sont néoconservateurs et qui supportaient Hillary Clinton comme R. James Woolsey, un ancien directeur de la CIA de 1993 à 1995, sous l’administration Clinton et Président du conseil de la Fondation pour la défense de la démocratie (Foundation for the Defense of Democracies (FDD)  qui a déclaré au Jerusalem Post en novembre 2017 que les USA devraient détruire les infrastructures du corps des Gardiens de la révolution islamique et les équipements nucléaires iraniens.

Woolsey écrit que : « La prochaine fois que l’IRGC ( Gardiens de la révolution islamique) nous regarde de travers, on devrait envoyer 6 ou 12 bombes MOAB [GBU-43/B Massive Ordonance Air Blast] sur leurs équipements, et «  étant donné la source de terrorisme qu’ils représentent, à la place des pourparlers et de la proportionnalité – qu’elle aille au diable, la proportionnalité – . Nous devrions détruire absolument tout ce qui est possible de détruire ayant à voir avec l’IRGC. C’est le genre d’individu fait pour Trump.

Donc, qu’est-ce que Trump a en commun avec les néo-conservateurs qu’ils soient Démocrates ou Républicains ? L’American conservative a publié un article de Jack Hunter en 2011 intitulé : «  Qu’est-ce qu’un néo-conservateur ? » qui explique l’état d’esprit des néoconservateurs et ce à quoi ils croient :

Les néoconservateurs croient que la grandeur de l’Amérique est mesurée à notre volonté d’être une grande puissance – à travers et par un investissement global et proprement illimité de notre armée. Les problèmes des autres nations deviennent invariablement les nôtres parce que l’histoire et le destin ont désigné l’Amérique comme l’autorité première du monde. Les critiques disent que l’Amérique ne peut pas se permettre d’être la police de la planète. Les Néoconservateurs disent que non seulement elle le peut mais qu’elle le doit- et que nous cesserons d’être l’Amérique si nous ne le sommes pas. »

L’éditorialiste néoconservateur Jeff Jacoby écrit dans le Boston Globe, «  Notre monde a besoin d’une police, et que les Américains aime l’idée ou pas, il n’u a que leur indispensable nation qui soit faite pour ce travail. ». L’intellectuel néoconservateur Max Boot dit explicitement que les US devraient être la police du monde parce qu’ils sont les meilleurs policiers. » Le Sénateur Marco Rubio ( R.FL) soutien avec enthousiasme les vues néoconservatrices. Bien qu’en principe tous les membres du Congrès et les sénateurs du Tea party aient été opposé à l’intervention en Libye, Rubio croit que le flic planétaire devrait faire briller son étoile de shérif plus fort en Libye et partout ailleurs dans le monde, l’éditorialiste du NTY Ross Douthat explique : « Rubio est le grand espoir néoconservateur, le champion de la politique étrangère qui ne va audacieusement à l’étranger  qu’à le recherche de monstres à détruire. Son premier discours au Sénat était un chant de gloire à la grandeur nationale dont la péroraison a invoqué J.F Kennedy et a insisté sur le maintien des US comme les «  surveillants sur le mur de la liberté mondiale »

Dans son discours annuel de la Stat of the union, Trump en a appellé au financement de l’armée afin de contrer les régimes louches, les terroristes et il a même mentionné la Chine et la Russie qui provoquent les intérêts des USA

« Comme nous reconstruisons la force et la confiance de l’Amérique chez elle, nous restaurons aussi la force et la présence à l’étranger. Partout dans le monde nous avons affaire à des régimes corrompus, des groupes terroristes, et des rivaux comme la Chine et la Russie qui provoquent ns intérêts, notre économie, et nos valeurs. En faisant face à ces dangers, nous savons que la faiblesse est le chemin le plus sûr vers le conflit et que des pouvoirs incomparables sont le moyen le plus sûr pour notre défense. Pour cette raison, je demande au Congrès de cesser ces coupes budgétaires dangereuses et de financer pleinement notre armée. Dans le cadre de notre défense, nous devons moderniser et reconstruire notre arsenal nucléaire, en espérant ne jamais avoir à l’utiliser, mais en le rendant si fort et si puissant qu’il dissuadera tout acte d’agression.

Peut-être un jour y aura-t-il un moment magique où les pays du monde se rassembleront pour éliminer l’armement nucléaire. Malheureusement, nous n’en sommes pas encore là. »

Je suis d’accord avec Trump pour dire que le monde n’est pas encore prêt à éliminer le nucléaire, tout particulièrement lorsque son gouvernement appelle à la modernisation et à la reconstruction de l‘arsenal nucléaire.

Trump le tortionnaire

«  La torture, ça marche, d’accord ? Vous savez, j’entends ces types qui disent, «  la torture, ça ne marche pas, mais croyez moi, ça marche. La torture par l’eau en est une forme mineure. Certains disent que c’est vraiment de la torture. Admettons que ça en soit. Mais ils me demandent : que pensez-vous de la torture par l’eau ? Je suis tout à fait d’accord. Mais on pourrait faire beaucoup plus que la torture par l’eau. » Le candidat aux élections présidentielles Donald Trump le 17 février 2016

Gina Haspel était une ancienne officier des services de renseignements et directrice adjointe de la CIA est maintenant nommée à la tête de l’agence très controversée  sous Trump. Il va aussi réinstaurer l’usage de la torture, ce qu’il a rendu clair avec la nomination de Gina Haspel. Elle supervisait l’usage de la torture  (autrement dite, «  techniques avancées d’interrogatoires, ce qui est un terme orwellien pour «  torture »)  puis a enterré les preuves.

La torture est illégale sous la loi internationale. Sous l’administration Bush, Haspel était responsable d’un site noir, ou chambre de torture de la CIA située en Thaïlande. Des membres attitrés d’  Al Qaeda qui y étaient détenus y compris Abd al-Rahim al-Nashiri et Abu Zubaydah furent torturés par immersion dans l’eau.  En Juin 17, le centre européen pour les droits humains (European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) a appelé le Procureur général d’Allemagne à lancer un mandat d’arrêt contre Gina Haspel qui serait considérée comme une criminelle de guerre. Les choix de Trump pour la direction de la CIA signifient simplement que la torture va être réinstaurée secrètement.

Sous la surveillance de Haspel, il sera difficile d’obtenir aucune preuve de torture. Ce qui est aussi envisageable est le retour de ce qu’on nomme : «  Enlèvement organisés par le gouvernement US (U.S. government-sponsored abduction ) qui signifie en gros que quelqu’un suspecté d’être un terroriste où qu’il soit, chez lui, ou dans la rue peut être kidnappé par un groupe d’hommes masqués puis jeté dans un camion et transféré d’un pays à l’autre fin d’être torturé sous la supervision américaine. Avec la nomination de Gina Haspel, il semble y avoir un nouvel intérêt pour la torture, qui est un autre élément de l’idéologie néoconservatrice.

Trump et Israel, une union faite en enfer.

La décision très controversée qu’a prise Trump de déplacer l’ambassade US de Tl Aviv à Jérusalem et en même temps de couper les aides à l’autorité palestinienne montre que Trump veut apaise Israël. Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël très tôt avec son annonce du déplacement de l’ambassade. C’est une rupture nette avec la politique des US. Jérusalem a été le sujet principal de toutes les négociations sur le statut final qui ont eu lieu entre les Israéliens et les Palestiniens qui considèrent tous deux que Jérusalem est leur capitale. Trump, qui est clairement ignorant de la question du Moyen –Orient en général, a mentionné qu’il croyait que le déplacement de l’ambassade US permettrait au processus de paix d’avancer, puisque la question de Jérusalem serait ôtée de la table en tant que sujet de désagrément entre Palestiniens et Israéliens. L’annonce du déplacement de l’ambassade a été condamnée par la communauté internationale, spécialement au Moyen Orient. Dans un vote de l’assemblée des Nations unies, 128 pays se sont prononcés contre l’attribution de Jérusalem comme capitale d’Israël pour les Juifs.

Au regard de l’expansion d’Israël dans les colonies illégales sur le territoire palestinien  sous Trump, Israël s’est senti autorisée à en construire d’autres selon un article de Bloomberg News datant du 22 mars et intitulé : «  Les colonies israéliennes »

 «  Comme les US, le principal allié d’Israël a adouci sa politique à l’égard des colonies sous la présidence de Trump, le pays a franchi des pas téméraires afin de renforcer ses exigences en Cisjordanie. Quand Israël a annoncé ses plans pour y construire sa première colonie en un quart de siècle au début de 2017, l’administration Trump a affirmé qu’elle ne considérait pas les colonies existantes comme des obstacles à la paix, un renversement de la politique US menée depuis une dizaine d’années. Elle a ajouté que les constructions nouvelles «  pourraient ne pas être utiles »  mais  c’est un désaveu très modéré au regard de ceux des précédentes administrations. Le parlement israélien a donc passé la loi qui allait étendre les autorisations gouvernementales sur la construction non officielle de colonies sur des terres appartenant à des Palestiniens.

Trump s’est montré un ardent supporter d’Israël (comme la plupart de ses prédécesseurs)  la seconde même où il est entré en campagne. Quand il a été élu, il a engagé Nikki Haley qui a participé au dernier comité pour les affaires publiques Israël. US (American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) en début de mois et a dit : «  Lorsque je viens à l’AIPAC, je suis en compagnie d’amis. Et aux Nations unies, nous n’avons habituellement pas beaucoup d’amis. » Bien, elle avait raison sur ce point, tout particulièrement quand Israël et les US ont traditionnellement ignoré les nombreuses résolutions des Nations unies  en vue de la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’auto-détermination ou de la cessation des mesures répressives d’Israël. Plusieurs résolutions ont aussi fait appel à des observateurs des NU afin d’enquêter sur les actions d’Israël dans les territoires occupés ou pour imposer des sanctions à Israël si elle ne suivait pas les résolutions du conseil des Nations unies. Les US ont mis leur veto sur de nombreuses résolutions présentées par le Conseil de sécurité qui est critique à l’égard d’Israël depuis des années. Trump s’est entouré de personnes qui sont extrêmement favorables à Israël, y compris son ambassadeur à Israël, David M. Friedman, qui a déclaré dans un journal israélien «  Haaretz » en 2016, que Trump supporterait l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie et que : «  Israël doit continuer à  construire ses colonies parce qu’il n’y a aucune raison de ne pas le faire. ». Ce qui rend les affaires plus compliquées c’est que son beau-fils, Jared Kushner est un co-directeur de la Fondation Charles et Seryl Kushner (Charles and Seryl Kushner Foundation) de 2006 à 2015 qui a financé une colonie considérée comme illégale sous la loi internationale.

Si ce n’est pas ce que Gerard Baker a décrit comme l’une des caractéristiques de l’idéologie néo-conservatrice à l’égard du «  sionisme agressif » alors je ne sais pas ce que c’est.  Trump est clairement un sioniste pro-Israël comme beaucoup à Washington qu’ils soient Démocrates ou Républicains, (près de quarante personnes au Congrès ont la double nationalité US Israélienne) L’ancien Vice-président sous Barack Obama, Joseph Biden a dit une fois «  Je suis un sioniste, il n’est pas nécessaire d’être Juif pour être sioniste » «  et il avait parfaitement raison.  Trump est en train de préparer un cabinet de crise pour un conflit majeur au Moyen-Orient qui peut rapidement devenir hors de contrôle.

Trump et le premier ministre israélien Netanyahu sont sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit du voisinge d’Israël dans le Moyen Orient et avec l’intervention de Bolton, une guerre contre la Syrie, le Hezbollah, le Liban et l’Iran est sur la table.

 Et donc la question demeure posée, est-ce que Trump est un néo-conservateur ?

Ses propres mots, ses actions avec ses récents choix, John Bolton, Mike Pompeo et Gina Haspel pointent vers le cercle de guerre sans fin spécialement dans le Moyen –Orient. Avec l’Iran en point de mire, la Troisième guerre mondiale peut devenir un avenir envisageable mais pas avant les élections présidentielles de 2020. Elle pourrait vraisemblablement se déclencher lors du deuxième terme de Trump si il est réélu ou même si un Démocrate qui sera vraisemblablement dans la poche du lobby israélien est élu.

Cependant, jusqu’à 2020, tout peut arriver sous Trump touchant sa mise sauvage d’Israël. Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu veulent annuler le contrat nucléaire iranien. Avec Israël poussant pour attaquer l’Iran avec son arsenal nucléaire et maintenant avec Bolton comme Conseiller à la sécurité nationale qui plaide pour le bombardement de l’Iran,  et de la Corée du nord cela peut être envisagé. Mais c’est à l’Iran, à la Russie et à la Chine de contrer les US, Israël et l’Arabie saoudite en montrant leur unité et leur force militaire de prévenir la guerre.

La paix semble impossible avec Trump donnant à l’armée pleine autorité pour conduire des opérations et des guerres tout autour du monde puis en emplissant la Maison blanche par des va-t’en guerre majeurs, des tortionnaires et des psychopathes néoconservateurs. Trump parle et agit comme un néocon, il en est peut-être un mais, encore, s’agit-il simplement de la bonne vieille politique de Washington.

Cet articel a été originellement publié dans  Silent Crow News.

Timothy Alexander Guzman est un collaborateur régulier de Global Research

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The original source of this article is Global Research

Copyright © Timothy Alexander Guzman, Global Research, 2018

 

 

Traduction Elisabeth Guerrier

Questions aux principes philosophiques de la recherche en neurosciences. Peter Simons

L’ampleur de la dérive scientiste , globalisée et tenue en main par les “experts” en choses humaines, étroitement liés eux-mêmes aux  “experts” en pharmaceutique travaillant outre-Atlantique, est largement suivie par leurs vassaux européens et acclamée par la foule qui y trouve un accès aisé à ses paradoxes et qui y noie, dans une forme de rationalisme diagnostique, souvent quasiment hystéricisé, les douloureux liens de cohabitation avec son temps historique et les errances identitaires qui la caractérisent

Cette dérive a fini hélas par brouiller tous les paramètres, réduisant la perception et l’objectivation des “troubles” mentaux à des appellations qui sont supposées être des “diagnostics” de “déséquilibres” mal identifiés ou pas identifiés du tout, touchant les centres nerveux ou le cerveau lui-même et,  dans un glissement terminologique intéressant,  qui ne signale plus, sous la forme d’acronymes dont la production et l’usage quasi obsessionnels justifieraient une étude à eux seuls, que des “troubles”, s’épargnant la délicate mais pourtant évidente nécessité  de décrire ces mêmes manifestations au titre de symptômes ou en tant que maladies, sacrifiant à travers une nosographie apoplectique, l’étiologie des maladies mentales au giron mythique des “sciences exactes”.

Il s’agit, d’une façon radicale, voire en ce cas proprement totalitariste, c’est à dire effectuée au prix de toute autre approche qui se voit soumise à une forme d’ostracisme et réléguée aux errements d’une époque révolue dans une sorte de forclosure du passé théorique, de chercher à rationaliser, matérialiser “enfin” pourrons-nous dire, les phénomènes psychiques et leur complexité sous forme de catalogue des signes, dans une identification organiciste se revendiquant réductionniste et qui donne à tout comportement, mental, social, interactif, une réalité si et seulement si il peut être concrétisé par un lieu repérable grâce à l’usage de techniques qui valident à elles-seules les “découvertes”, (IRM, scanner etc.).

Ce n’est pas nouveau.  Behaviorisme. Fonctionnalisme. Habituation. Conditionnement, Empiro-criticisme, Réductionnisme physiologiste, autant de tentatives de désubjectivation qui se relaient et reprennent chacune à leur compte la tentative presque désespérée de rendre lisible et transparente la psyché humaine et de l’assimiler aux principes scientifiques accessibles à travers les approches théoriques en cours et aux pendants technologiques qui les accompagnent inévitablement, mécaniste, chimiste, thermodymamiste, numériste. Comme si la spécificité de la psychologie humaine et de ses expressions collectives et socioculturelles ne pouvait créer son propre lexique en toute sécurité ni ses propres signifiants en dehors de ce qu’elle contribue elle-même à générer comme techné pour la seconder et satisfaire son insatiable pulsion normalisatrice et épistémophilique, qui en la condamnant à bourgeonner dans le royaume imaginaire, lui sert en retour de justification et de rationalisation à son propre entendement.

La question de l’accès à une nécessaire visibilité de ce qu’on pourra nommer “l’âme”, mis à part le fait qu’elle répond une fois de plus à l’aliénation ontogénétique de l’espèce à la techné à chaque mise sur le marché d’un nouvel outil sensé l’éclairer et la mesurer et qui  se faisant reconstruit et redéfinit en permanence son organisation, ses représentations et ses valeurs en lui attribuant simultanément d’autres signifiants, est une impasse même si elle cherche à tout prix à faire comme si seule cette approche du “tangible” était scientifique parce que lui seul était “réel”, et réel parce que quantifiable, localisable.  On pourra se référer à l’intervention de Stéphane Thibierge 

Il est évident que cette volonté de chosification/ mécanisation, encore une fois, n’est pas neuve et qu’en fait, réduire l’humain à ses cellules est une des bases du modernisme manifeste depuis le 19i-ème siècle c’est à dire depuis la mise en place de la psychiatrie comme branche de la médecine. Cet article de la revue Mad in America a l’avantage d’ouvrir dans le champ si obstrué des catégories contemporaines de la nomenclature psychiatrique directement importées des USA, une fenêtre épistémologique, qui manque dramatiquement à l’air du temps. Il semblera à ceux et celles coutumiers d’autres approches et d’autres travaux, que ces propos sensés critiques ont été déjà formulés abondamment sous d’autres cieux et en d’autres temps. Il est probable qu’une des caractéristiques des périodes de régression et d’obscurantisme est de renier, de forclore même, les savoirs antérieurs. EG

Questions aux principes philosophiques de la recherche en neuro-sciences     

Questionning the Philosophical Assumptions of Neuroscience Research

 

Y a-t-il des lacunes philosophiques derrière l’échec des neurosciences à fournir des recherches cliniques pertinentes ?

Par Peter Simons

 

Dans un article récent, le chercheur en psychiatrie Diogo Telles-Correia affirme qu’il y a des présupposés philosophiques qui restent sans examen derrière la recherche en neuroscience qui influencent la façon dont les études sont menées et interprétées. Telles-Correia,  de l’Université de Lisbonne, Département de psychiatrie, affirme que ces positions métaphysiques inquestionnées sont au cœur de l’échec des neurosciences à fournir un cadre clinique pertinent.  Il suggère que les chercheurs fassent activement l’investigation de la philosophie des sciences au sein de laquelle ils opèrent et questionnent leurs présupposés sur les rapports «  cerveau. Esprit »

Human Sense Question Psychology Philosophy Anatomy

Photo Credit: Max Pixel

L’article, publié dans le «  Journal d’évaluation des pratiques cliniques »,  se centre initialement sur le fossé entre cerveau et esprit. Telles-Correia écrit que la plupart des recherches en neurosciences contiennent l’assomption implicite que l’esprit est synonyme du cerveau, et qu’il est gouverné par des phénomènes physiques complètement découvrables.

Il écrit cependant :

“Il n’existe pas de méthode scientifique qui prouve que l’esprit peut être réduit au cerveau et que les lois qui le gouvernent soient les mêmes que celles qui gouvernent le système nerveux.

Le Réductionnisme est la croyance que tout état mental ou émotionnel peut être simplifié jusqu’à sa corrélation biologique. Selon  Telles-Correia, « Le réductionnisme n’est pas une attitude scientifique, mais métaphysique. »

Bien que le réductionnisme soit parfois ouvertement revendiqué par les chercheurs en neurosciences, il est, selon Telles-Correia,  le plus souvent implicite dans l’élaboration ou dans la procédure qui permettent d’interpréter les découvertes.

Par exemple, les chercheurs tendent à présenter un test sans se poser la question de sa réelle représentativité de l’expérience interne qui est étudiée, puis ils interprètent tout activité détectable du cerveau comme étant «  reliée » au test en question, puis, finalement, concluent que cette activité cérébrale est donc causée ou cause cette expérience interne.

Cependant ces assomptions ne prennent pas en compte le sens du test, la réelle expérience interne, et la question de savoir si toute activité associée avec un état metnatl est causale. Telles-Correia pointe le fait qu’aucune de ces questions sous-jacentes ne peut trouver de réponse en utilisant l’actuelle méthodologie neuro-scientifique. Il présente les recherches sur le trauma en neuro-science comme exemple :

« Bien qu’un évènement traumatiques dans l’enfance puisse avoir une traduction au niveau de la biologie du cerveau, cela ne signifie pas que c’est par les neuro-sciences que cet évènement traumatique puisse être le mieux décrit et exploré. »

Telles-Correia continue en commentant les découvertes de «  corrélations neurobiologiques » dans les désordres psychiatriques. Les «  désordres psychiatriques » sont des «  constructions sociales », écrit-il «  non des entités naturelles qui existeraient indépendamment de tout effort humain. » L’évaluation de tout ce qui est ou n’est pas pathologique en psychiatrie est lié 1) à l’intelligibilité, (si l’état mental ou le comportement est ou n’est pas compréhensible en fonction du contexte socio-culturel du patient) 2) l’adaptabilité   ( adapté ou non-adapté dans le contexte du patient) « ) le connexion à la détresse ou au handicap ( si ils causent ou non ces deux réactions).

Il note aussi que « il est impossible de démontrer l’existence de limites naturelles entre la maladie mentale et la normalité », c’est-à-dire, les lignes séparant un diagnostic de «  maladie » et les soi-disant «  états normaux » sont vagues, requérant le jugement subjectif d’une autorité extérieure (comme un psychiatre ou un chercheur en neurosciences). C’est pourquoi il suggère qu’il est impossible de trouver les corrélations neurobiologiques des désordres diagnostiqués en les comparant à la neurobiologie des soi-disant contrôles sains.

Une autre question levée dans la recherche pour trouver des corrélations neurologiques à un trouble psychiatrique particulier. Les diagnostics psychiatriques sont de larges catégories et des individus avec le même diagnostic peuvent se trouver dans des états psychiques* très différents.  Par exemple, quelqu’un avec le diagnostic de dépression peut dormir trop ou trop peu, peut trop manger ou pas assez. Dans ces cas, quelqu’un ayant été diagnostiqué comme dépressif peut  monter les symptômes opposés à ceux d’une autre personne également diagnostiquée comme dépressive.

Telles-Correia dit donc que les études à venir doivent inclure des experts de champs multiples, pas seulement des neuropsychiatres,. IL suggère que des experts en philosophie des sciences sont nécessaires à ajouter eux neurosciences et aux équipes de recherches en psychiatrie.

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Telles-Correia, D. (2018). The mind-brain gap and the neuroscience-psychiatry gap. Journal of Evaluation in Clinical Practice. doi: 10.1111/jep.12891 (Link)

Peter Simons

MIA-UMB News Team: Peter Simons a un parcours dans les humanités où il a étudié l’Anglais, la philosophie, et les Arts. Travaillant maintenant sur son Doctorat de Psychologue (Counseling Psychology), ses recherhes récentes se sont dirigées sur les conflits d’intérêts dans la littérature de la recherche pharmaceutique, sur l’usage de médicaments antipsychotiques dans le traitement de la dépression, et les implications générales, philosophiques et socio-politiques de la taxonomie psychiatrique dans les diagnostics et les traitements.

  • Le terme anglais utilisé est «  mental states , on peut qualifier une situation de «  psychique » lorsqu’elle manifeste, ce qui est de toute façon toujours le cas, tous les aspects, fonctionnements, intrications de la vie « de l’esprit ». On gardera le terme « mental » pour les éléments perceptibles, conscientisables.

 

Traduction : Elisabeth Guerrier

 

 

 

 

 

 

Un message essentiel de Patrick Henningsen

TRES IMPORTANT : Il semble que la machine du Parti démocrate/ des agences gouvernamentales sans nom/Le conseil atlantique OTAN/ La silicon valley/ CNN/ l’établissement, font maintenant pression sur les centres d’hébergement pour éliminer des site web entiers. selon des rapports, il semble que le site http://Infowars.com soit actuellement hors ligne du DDoS et j’ai appris par Jay Dyer que sont site web https://jaysanalysis.com/ ait été bloqué par WordPress. Noez aussi qu’hier, la chaîne anglophone vénézuelienne Telesur, extrême gauche, a également été éliminée de Face Book. ceci prouve ce qe j’ai tent d dire la semaine dernière : il ne s’agit pas d’un sple question gauche, droite, et la suppression de Telesur montre vraisemblablement qu’il ne s’agit pas simplement d’une main mise partisane US, c’est orchestré au niveau gouvernemental. Nous savons que 21st century wire est probablement sur leur liste à cause du travail d’investigation que nous avons mené en Syrie, et après avoir été diffamés par MSM comme des propagandistes prorusses etc. donc nou s nous préparons à ça. Ils ont dépassé la limite, et les masques sont tombés.
Comprenez qu’il s’agit du complex-gouvernement-médias, mais que le Gouvernement utilise maintenant des entités privées, anonymeset sans visages avec un agenda autoritariste – afin de mener un programme de censure de masse sur les vues politiques dissidentes, sur le journalisme d’investigation qui gène le complex gouvernement-média et tout aisni que toute publication ou commentaire “politiquement incorrect”. Point plus que sombre de l’histoire, les US. Occidentaux sont en train de muter dans les mêmes despotes et tyrans minables qu’ils ont été supposé combattre pendant les 75 dernières années.
VERY IMPORTANT: Seems that Democratic Party machine/unnamed Gov Agencies/CNN/First Draft/Atlantic Council (NATO)/Silicon Valley/Establishment are now leaning on hosts to pull down entire websites – according to reports, it appears as if http://Infowars.com is currently offline from DDoS, and I was told by Jay Dyer that his website http://JaysAnalysis.com has been taken down by WordPress… Note also that yesterday, Venezuelan English Channel TeleSUR (ultra left) also taken off Facebook – so that proves what we’ve been saying last few weeks: that this is not just a Right/Left issue, and TeleSUR take down likely means this is not merely US partisan power-grab, this is being orchestrated at a US government level…. We know 21st Century Wire probably on their hit-list because of the great investigative work we’ve done on Syria, and after being slandered by corporate #MSM outlets as ‘Russian propaganda’ etc, and so we are preparing for it. They have stepped over the line, and the mask is off. Understand this is GOVERNMENT-MEDIA-COMPLEX, only the Gov is now using PRIVATE entities, nameless, faceless people with an authoritarian agenda – to conduct a program of mass censorship of dissenting political views, investigative journalism which embarrasses the Gov-Media Complex, and also any ‘politically incorrect’ information and commentary. Very dark point in history, the US/West is mutating into the same despots & petty tyrants we have supposedly been fighting for last 75 years…

L’économie politique du complexe militaro-industriel : Devine qui dort sous la couverture de l’insécurité ? Professeur Joan Roelofs

Voici la traduction du travail du Professeur Joan Roelofs initialement paru dans Counterpunch et disponible en PDF et sur son site. Elle a fait dans une remarquable étude, complètement documentée et détaillée, l’inventaire de TOUS les secteurs où le complexe militaro-industriel a maille à partir, des Universités aux entreprises, en passant par les OGN pacifistes et les loisirs. C’est bien sûr une production dense, mais amener au grand jour les intrications financières omniprésentes, aux USA et dans le monde entier entre des forces ostensiblement bellicistes et les groupes et associations qui sont supposées militer pour la paix donne une idée du niveau de corruption morale et matérielle sur lequel l’ensemble de ce système repose.  Comme pendant, il est conseillé de faire un retour sur l’article de Richard Krushnic et Jonathan King,  Privatiser l’apocalypse . EG

 

 

Le Professeur Roelofs a beaucoup donné au peuple américain  et au monde en rassemblant une documentation si étendue sur la pénétration, dans tous ses aspects  de la vie américaine, du complexe militaro- sécuritaire. Qu’un simple Président des Etats-Unis puisse amener au pied et la priver de ses ennemis nécessaires une telle institution si puissante et omniprésente est une illusion.

L’économie politique de l’industrie de l’armement ?

Devine qui dort avec notre couverture d’insécurité ?

Par Joan Roelofs

Pour beaucoup de gens, le «  complexe-militaro-industriel » (MIC) évoque les vingt premiers fabricants d’armes. Le Président Dwight Eisenhower, qui nous avait averti en 1961, voulait le nommer le «  complexe militaro-industriel-congressionnel » mais décida que ce n’était pas prudent. De nos jours il pourrait s’appeler le complexe militaro-industriel-congressionnel-et-tout-le-reste. La plupart des départements, des niveaux de gouvernement, des entreprises, et des ONG, services sociaux, environnementaux, et des organisations culturelles sont profondément  incrustés par l’armée.

L’industrie de l’armement peut être le fer de lance du budget militaire et des opérations militaires, elle est immensément soutenue par les cris d’excitation ou le silence des citoyens et de leurs représentants. Nous allons fournir ci-dessous quelques raisons envisageables pour cette affirmation; Nous allons utiliser la topologie commune de trois secteurs nationaux : le gouvernement, les entreprises et les ONGs, avec des interactions variées entre elles. Ceci ne remet pas en cause, bien que cela le masque, le fait que le gouvernement est le bras de la classe dominante.

Toutes les sortes d’entreprises figurent dans le budget du Département de la défense (DOD). Lockheed est actuellement le plus important contractant de l’industrie de l’armement. Il a des connexions dans la MIC du monde entier en se procurant les pièces, par exemple, de l’avion de chasse F.35, dans de nombreux pays. Ceci aide à le commercialiser, en dépit de son peu de reconnaissance au sein des experts militaires et des critiques des antimilitaristes. Lockheed fait également du travail civil, qui augmente son aura en répandant ses valeurs.

D’autres types d’entreprises ont des contrats énormes pluriannuels, en milliards. Ceci en dépit de la stipulation du Congrès de ne pas attribuer des fonds pour plus de deux années consécutives. On note en particulier des compagnies de construction, comme Fluor, KBR, Bechtel, et Hensel Phelps.  Celles-ci construisent des bases énormes, avec souvent de la surveillance high-tech et des capacités opérationnelles, aux US et à l’étranger, où ils embauchent des locaux, ou plus communément, des individus du tiers-monde pour mener à bien le travail. Il y a aussi des milliards de fonds publics pour des contractants en techniques de communication, intelligence analytique, transports, logistique, alimentation et vêtements. «  Contracter »  est la façon de faire militaire actuelle. Ceci étend aussi son influence largement et loin.

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Des entreprises moyennes, petites ou grandes sont accrochées à l’ « Arbre de Noël » du Pentagone, promouvant la liesse populaire ou le silence sur le budget militaire. Un petit business, KEPA TCI (construction) a reçu des contrats de 356 millions. (les données proviennent de plusieurs sources sur internet : sites web, formulaires d’imposition,  et rapports annueles des organisations, usaspending.gov ( USA) et gouvernmentcontractswon( GCW). Les entreprises les plus importantes sevant ce système ont été excellement bien décrite par Nick Turse ‘ » The complex ». Les petites et moyennes entreprises sont littéralement aspirées par ce système. Des paysagistes, nettoyeurs à sec, crèches et le Come-back gooses control du Maryland.

Parmi les entreprises avec de gros contrats DoD se trouvent les maisons d’édition. McGraw-Hill, Greenwood, Scholastic, Pearson, Houghton Mifflin, Harcourt, Elsevier, et autres. Rarement les biais de cette industrie, dans la fiction, les essais et les livres scolaires ont été analysés. Cependant, cette influence sur un petit public, les lecteurs et le plus large contingent des scolarisés, peut aider à expliquer le silence de la foule cultivée et des étudiants des universités.

Beaucoup de ce qui reste du travail industriel est dans la fabrique d’armement. Son PAC finance le peu de candidats «  progressifs » de notre système politique, qui tendent à rester silencieux à propos de la guerre ou de la menace d’anéantissement nucléaire. A l’opposé d’autres facteurs, les fabricants d’armes ne déménagent pas soudainement à l’étranger, bien qu’ils utilisent des sous-traitants dans le monde entier.

Les dépenses militaires peuvent ne représenter que 6% du PIB, elles ont cependant un grand impact parce que : 1. C’est un secteur en expansion. 2. Il est à l’épreuve des récessions 3. Il n’est pas attaché aux caprices des consommateurs 4. C’est lea seule chose qui prospère dans de nombreuses zones et 5. L’effet «  multiplicateur », la sous-traitance, les commandes d’entreprises, et les dépenses de ses salariés requinquent les économies locales. C’est l’adaptation parfaite au remède de Keynes, à cause de son obsolescence programmée : tout ce qui n’est pas consommé dans l’armement, rouille sur place ou est offert à nos amis et a besoin d’être remplacé par un équipement légèrement plus létal. Beaucoup de nos diplômés en sciences travaillent directement à ces projets pour l’armée et dans les laboratoires de ses contractants.

L’arme imbattable de l’armée ce sont les emplois et tous les membres du Congrès et l’état et les officiels locaux  le savent. C’est là que les emplois bien payés se trouvent pour les mécaniciens, les scientifiques et ingénieurs. Même les services d’entretien s’en sortent bien avec l’argent du contribuable. L’armement est aussi dans la production de nos produits car nos alliés sont supposés avoir les équipements qui conviennent à nos spécifications. Gouvernements, rebelles, terroristes, pirates et gangsters sont tout attirés par nos articles létaux high-tech ou low-tech.

Notre économie militaire rapporte également beaucoup sur les investissements. Ce qui bénéficie non seulement aux exécutifs privés et autres nantis, mais aussi à la population de la classe moyenne  et ouvrière, ainsi qu’aux églises, aux bénévoles, et aux organisations culturelles. Des sociétés d’investissement à but lucratif comme Vanguard, Fidelity, et autres sont lourdement investies dans la fabrique d’armement.

Les investisseurs individuels peuvent ne pas savoir ce qui est dans leur porte-folio, mais les institutions le savent généralement. Un projet actuel de Word beyond war (https://worldbeyondwar.org/divest) défend la cession des stocks militaires des fonds de pension des agents de l’état ou des agents locaux, police, pompiers, enseignants et autres fonctionnaires. Des chercheurs sont en train de faire une analyse état par état. Parmi les résultats, on trouve la possession massive d’action militaires par CALpers, the California Public Employees Retirement System (le sixième plus gros fond de pension au monde), le California State Teachers Retirement System,  (Caisse de retraite californienne des enseignants), et d’autres caisses de retraites sur New York : le New York State Teachers Retirement System, le New York City Employees Retirement System, et le New York State Common Retirement Fund (employés fonctionnaires ou municipaux). Etonnant ! Les enseignants new yorkais étaient autrefois les fiers parents de bébés aux couches rouges…

L’aspect gouvernemental du complexe MIC va bien au-delà du DoD. Dans la branche exécutive, les Départements d’état, La Sécurité intérieure, l’énergie, les Vétérans, l’Intérieur et la CIA, AID, FBI, NASA, et autres agences sont pénétrés par des projets et des objectifs militaires.

Même le Département de l’Agriculture a un programme en collaboration avec le DoD dans le but de «  restaurer » l’Afghanistan en y créant une industrie laitière. Peu importe que le bétail et sa  nourriture doivent être importés, que les vaches ne puissent pas se nourrir sur ce terrain comme les chèvres et les moutons le peuvent, qu’il n’existe pas d’infrastructure pour les transports et la réfrigération et que les Afghans ne boivent normalement pas de lait. Les animaux locaux fournissent le yaourt, le beurre, la laine et broutent sur les terrains accidentés mais tout cela est tellement an-Américain.

Le Congrès est un robuste allié de l’Armement, La contribution aux campagnes du PAC est généreuse et le lobbying est abondant. Le sont aussi les dépenses des institutions financières, qui sont lourdement investie dans le MIC. Les Congressistes ont tous des actions en nombre significatif dans les stocks de l’industrie de l’armement. Pour conclure l’affaire, les membres du Congrès (ainsi que les législateurs nationaux ou fédéraux) sont parfaitement au courant de l’importance économique du complexe militaro-industriel dans leurs états ou leurs districts.

Les bases militaires, à l’intérieur des USA ou ailleurs dans le monde sont une plaque-tournante économique pour les collectivités. Le rapport pour les bases DoD de 2015 (DoD Base Structure Report for Fy2015) liste plus de 4000 biens immobiliers. Certains sont des champs de tir ou des stations de recrutement, 400 sont peut-être des bases ayant un impact majeur sur les localités. La plus grande d’entre elles Fort Bragg NC, est une ville à elle seule et a une influence culturelle et une influence économique sur la région comme l’a si bien décrit Catherine Lutz dans Homefront. La californie a à peu près 40 bases sur (https://militarybases.com/by- state/), et est le lit de plusieurs fabricants d’armes également. Les officiers vivent généralement en-dehors de la base, donc l’immobilier, restaurants, magasins, garages, hôtels, et autres commerces sont prospères. Les civils locaux trouvent du travail sur ces bases. Des installations fermées et fixes  deviennent parfois des attractions touristiques comme la plus inattendues des destinations de vacances, la Hanford Nuclear Reservation.

Le DoD a des contrats directs et des subventions par l’état et les institutions régionales. Ils servent à divers projets et services, y compris de grandes quantités de fonds destinés à la Garde nationale (National Guard).  Les  Army Engineers assurent la maintenance des trous d’eau et des parcs et les forces de police ont contrat avec Bearcats.  Les programmes JROTC fournissent des fonds sur tout le territoire pour les écoles publiques  a fortiori pour les écoles publiques des académies militaires, il y en a six à Chigago.

Les dirigeants nationaux, fédéraux et locaux sont bien protégés par la «  couverture de l’insécurité », le secteur associatif n’est pas négligé. Toutefois, il héberge le très petit groupe des associations anti-guerre, comme Iraq Veterans Against War, Veterans for Peace, World Beyond War, Peace Action, Union of Concerned Scientists, Center for International Policy, Catholic Worker, Answer Coalition, et autres. Cependant, contrairement à la période de la guerre du Vietnam il n’y a pas de prise de parole de la part des chefs religieux qui protestent contre la guerre et les quelques étudiants qui sont actifs politiquement  sont plus préoccupés par d’autres questions.

Les associations et les institutions sont aussi impliquées de multiples façons. Certaines sont simplement partenaires du MIC : les Scouts, garçons et filles, le Croix rouge, les Oeuvres de bienfaisance pour les Vétérans, les think-tanks militaires comme RAND et l’Institute for Defense Analysis, des groupes d’experts comme the American Enterprise Institute, Atlantic Council, et le porte étendard de la projection des USA dns le monde,  le Council on Foreign Relations. Il y a également de nombreuses organisations non-gouvernementales qui assitent le gouvernement dans sa mission «  humanitaire », chantent les louanges de l’économie de marché ou tentent de réparer les dommages collatéraux infligés aux pays ou au peuple, par exemple, Mercy Corps, Open Society Institutes, et CARE.
Les institutions éducatives de tous les secteurs sont  incrustées par l’armée. Les écoles militaires incluent des académies de service public ( service academy), National Defense University, (l’Université de la défense nationale) les Army War College, Naval War College, Air Force Institute of Technology, Air University, Defense Acquisition University, Defense Language Institute, Naval Postgraduate School, Defense Information School, la medical school, Uniformed Services University of the Health Sciences, et la célèbre School of the Americas de Fort Benning, GA, maintenant rebaptisée le Western Hemisphere Institute for Security Cooperation.( L’Institut pour la coopération et la sécurité de l’hémisphère ouest). En addition, les Universités pour le gradés, Senior Military Colleges offrent une combinaison de hautes-études avec une instruction militaire, les SMCs incluent la Texas A&M University, Norwich University, le Virginia Military Institute, la Citadel, Virginia Polytechnic Institute et State University (Virginia Tech), University of North Georgia et le Mary Baldwin Women’s Institute for Leadership” (https://www.usa.gov/military-colleges).*

Une université n’a pas à être spéciale pour faire part du MIC. Certaines sont inondées de contrats, de programmes ROTC, et/ou d’officiers militaires et de contractuels dans leurs conseils d’administration. Une étude des 100 universités les plus militarisées incluent des établissements prestigieux tout comme des moulins à dilômes qui produisent des employés pour les agences de renseignements et des contractuels.  (https://news.vice.com/article/these-are-the-100- most-militarized-universities-in-america).

Des fondations indépendantes notoires sont engagées depuis longtemps dans des opérations couvertes ou publiques qui supportent l’expansion impérialiste décrite par  David Horowitz comme le «  Nerf de l’empire » “Sinews of Empire” dans son important article  Rampart de 1969. Elles ont été de très proches associés des de la CIA et actives dans ses investigations. La fondation Council on Foreign Relations (Conseil des relations étrangères)  créée et financée, a été depuis longtemps un lien avec Wall Street, les grosses entreprises, le monde universitaire, les médias et nos  législateurs en politique étrangère ou militaire.

Moins évidentes sont les connexions militaires avec les organisations philanthropiques, culturelles, sociales, environnementales et professionnelles. Elles y sont liées par des donations, des programmes joints, du sponsorat d’évènements, des expositions, et des concerts, des récompenses (dans les deux sens) des investissements, des membres des conseils d’administration, des cadres et des contrats. Les données ici couvrent approximativement les vingt dernières années et complètent l’étonnant soutien (selon les sondages) que les citoyens américains accordent à leur armée, à son budget et à ses opérations.

L’organisation philanthropique des contractuels militaires était le thème de mes précédents rapports, en 2006 et 2016. Chaque catégorie d’associations (de même que les écoles publiques et les universités) ont reçu une aide des principaux fabricants d’armes, certaines découvertes ont été incroyables. Pendant des années, il y a eu une contribution importante à la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP)  de la part de Lockheed; Boeing a aussi financé le Congressional Black Caucus. L’ancien président général et directeur de la NAACP, Bruce Gordon, fait maintenant partie du Conseil d’administration des curateurs de Northrop Grumman.

General Electric  est le contractuel militaire donateur le plus généreux envers les organisations philanthropiques, avec des subventions directes à des institutions éducatives et à des organisations, en partenariat avec les deux et des contributions correspondantes faites par ses milliers d’employés. Ces dernières toychent de nombreuses entités ONG et éducatives à travers tout le pays.

Les donateurs les plus importants du Carnegie Endowment for International Peace (figurant sur la liste du Rapport annuel de 2016) comprennent la Defense Intelligence Agency, Cisco Systems, Open Society Foundations, US Department of Defense, General Electric, North Atlantic Treaty Organization, et Lockheed Martin. C’est une sorte d’écho aux connexions militaires du CEIP rapporté par Horace Coons dans son livre de 1930, «  De l’argent à jeter par les fenêtres «  «  Money burning »

Le DoD lui-même donne des biens en surplus  à des organisations, parmi celles-ci on trouve Big Brothers/Big Sisters, Boys and Girls Clubs, Boy Scouts, Girl Scouts, Little League Baseball, et United Service Organizations. Le Denton Program autorise des associations non-gouvernementales à utiliser de l’espace libre dans les cargos militaires pour transporter le matériel d’assistance humanitaire.

Il existe une multitude de programmes joints et de sponsorats. En voici quelques exemples : le National Tech Savvy Program de l’American Association of University Women encourage les femmes à entrer dans les carrières de STEM (Science, Technologie, Enginering et Math), avec du financement par Lockheed, BAE Systems, et Boeing. Junior Achievement, sponsorisé par Bechtel, United Technologies, et d’autres, vise à former les enfants à une économie de marché et à l’entreprenariat. La Wolf Trap Foundation for the Performing Arts est partenaire avec Northrop Grumman pour un «  STEM de la petite enfance », l’initiative «  Apprendre par les arts pour les enfants de crèche et de maternelle. La fondation Bechtel Foundation  a deux programmes pour une «  Californie durable », un programme d’éducation pour aider «  les jeunes gens à développer des compétences, des savoirs, et l’envie d’explorer et de comprendre le monde ».  et un programme environnemental pour la promotion du «  management, de l’intendance et de la conservation des ressources naturelles nationales »

Le NAACP ACT-SO est un « programme annuel d’enrichissement créé afin de recruter, de stimuler, ou d’encourager les réalisations de projets universitaires et de réalisations culturelles parmi la population lycéenne Afro-américaine » avec du sponsorat de la part de  Lockheed Martin, Northrop Grumman et al.  Le vainqueur au niveau national gagne une aide financière des sociétés les plus importantes, des financements pour l’université, pour l’internat, et pour l’apprentissage – dans l’industrie militaire.

Durant les dernières années, les fabricants d’armes sont devenus des environnementalistes enthousiastes. Lookheed a été le sponsor du Forum pour la durabilité organisé par la fondation de de la Chambre de commerce  US.
(US Chamber of Commerce Foundation Sustainability Forum) en 2013.

Northrop Grumman a supporté Garder l’Amérique jolie  (Keep America Beautiful), la journée des parcs nationaux  (National Public Lands Day) , et est en partenariat avec Conservation International et the Arbor Day Foundation (pour la restauration des forêts). United Technologies est un des financeurs du Conseil Us pour les bâtiments écologiques pour les écoles (U.S. Green Building Council Center for Green Schools), et  co-créateur de l’Académie pour la création de villes durables (Sustainable Cities Design Academy). Tree Musketeers est une organisation environnementale nationale de la jeunesse partenaire de Northrop Grumman et de Boeing.

Les bénéfices fonctionnent dans les deux sens, les industries donnent des récompenses aux organisations et les organisations récompensent l’industrie militaire et ses employés. United Technologies, pour ses efforts dans la réponse au changement climatique a figuré sur la liste climatique A  du Projet pour la transparence des changements climatiques (Climate Disclosure Project). L’association pour la responsabilité des sociétés (Corporate Responsibility Association) a donné à Lookheed la huitième position en 2016 sur sa liste des cents meilleurs entrepreneurs-citoyens. Des Points de lumières, (Points of Light) a inclus General Electric et Raytheon dans sa liste de 2014 des 50 sociétés les plus préoccupées par la vie sociale des US. Il a été remis par Phi Beta Kappa la distinction du statut de Professeur invité, (Visiting professor) à Harold Koh, l’avocat qui, en tant que conseiller d’Obama, a défendu les frappes de drones et l’intervention en Libye. En 2017, l’association hispanique pour  la responsabilité entrepreneuriale a (Hispanic Association on Corporate Responsibility) a élu 34 jeunes hispaniques meilleurs collaborateurs, trois sont des exécutifs de l’industrie de l’armement. Elizabeth Amato, une cadre de United Technologies, a reçu le prix des YWCA Women Achievers Award.

En dépit de recherches laborieuses  dans les déclarations d’impôt 990, il est difficile de trouver ce qui spécifie la nature des investissements dans les budgets des organisations. Beaucoup en ont de substantiels, en 2006, l’American Friends Service Committee a reçu 3.5 millions de dollars en revenu d’investissements. Human Rights Watch rapporte 3.5 millions de revenus d’investissements sur sa déclaration de 2015 et plus de 107 millions en fonds de dotation.

Une des rares enquêtes sur les pratiques des ONG (par Commonfund en 2012) trouve que seulement 17% utilisent des critères liés à l’environnement, au domaine social et à l’autogestion (ESG) dans leurs investissements. Dans la terminologie de l’investissement, ESG semble avoir remplacé le «  investissements socialement responsables (SRI) et semble avoir une inclinaison quelque peu différente. La restriction la plus commune est l’évitement des compagnies travaillant dans des zones de conflits, le suivant est lié au changement climatique et les émissions de carbone, la diversité dans les employés est également une considération importante. L’étude de Commonfund portant sur le caritatif, les services sociaux et les organisations culturelles rapporte que 70% de leur échantillon ne prenaient pas en compte l’ESG dans leurs politiques d’investissement. Bien que 61% des organisations religieuses utilisent des critères ESG, seulement 16% des organisations de services sociaux et 3% des organisations culturelles le font. Le

L’industrie de l’armement est à peine mentionnée dans ces rapports. Les organisations religieuses utilisent parfois le barrage contre les investissements de la SRI mais les plus utilisés sont l’alcool, le jeu, la pornographie, et le tabac. Le  Centre œcuménique pour la responsabilité des entreprises (Interfaith Center on Corporate Responsibility), une ressource pour les églises, liste presque 30 problèmes touchant l’investissement, y compris les rémunérations des cadres, le changement climatique, et la crise des opioïdes mais aucune concernant l’industrie de l’armement ou la guerre. Le conseiller de la United Church (UCC), un pionnier dans les politiques d’investissement de la SRI inclus un filtre : seules les compagnies ayant moins de 10% de leurs revenus dans l’alcool, 1% dans le tabac, 10% dans l’armement conventionnel et 5% dans l’armement nucléaire peuvent être choisies.

L’ Art Institute of Chicago dit sur son site web que : «  Avec la responsabilité fiduciaire de maximiser les retours sur investissement accordée avec un niveau approprié de risque, l’Art Institute maintient une forte présomption contre le désinvestissement pour des raisons politiques, morales et sociales. » Listée comme associé est  Honeywell International, de même qu’un des donateurs majeurs est la Crown Family (General Dynamics), qui a récemment fait le don de 2 millions de dollars pour l’ouverture d’un poste de Professeur en Peinture et dessin.

Les ONG, ( tout comme les individus et les fonds de pension de tous les secteurs) ont de gros investissements dans des fonds de compagnies financières comme State Street, Vanguard, BlackRock, Fidelity, CREF, et autres, ont des portefeuilles importants dans l’industrie de l’armement (https://worldbeyondwar.org/wp- content/uploads/2016/11/indirect.pdf). Ceci inclut des informations  sur les firmes technologiques supposées être plus «  socialement responsables » mais qui sont parmi les entreprises les plus importantes du DoD.

Lors des dernières années, des fondations et de grosses ONG, comme des universités, ont favorisé l’investissement dans les hedge funds, l’immobilier, les produits dérivés et le capital-investissement. Le Carnegie Endowment, plus «  transparent » que d’autres, fait figurer de tels fonds sur sa déclaration 2015 ( (Schedule D Part VII).  Il est vraisemblable que Lockheed, Boeing, et compagnie al, soient parmi les bénéficiaires des créances en difficulté et que ces institutions soient donc peu équipées en stocks d’armement. Cependant, la plupart d’entre elles ont de fermes connexions avec le MIC, à travers des donations, du managériat, et.ou des contacts.

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Une grande proximité avec l’armée parmi les membres des comités d’entreprise des ONG et des exécutifs travaille à maintenir le couvercle sur les activités anti-guerre et leur expression. L’Aspen Institute est un think-tank qui a des experts résidents et également une politique de rapprochement avec les activistes, tels que les activistes anti-pauvreté.  La place de Président de son conseil d’administration est occupée par James Crown, qui est aussi le PDG de General Dynamics. Parmi d’autres membres du Conseils d’administration, on trouve Madeleine Albright, Condoleezza Rice, Javier Solana (ancien Secrétaire-général de l’OTAN) et l’ancienne membre du Congrès Jane Harman. Harman, qui a reçu la Médaille du Département de la défense, pour services distingués en 1998, la Seal Medal de la CIA en 2011, le Prix des Directeurs de la CIA pour services publics distingués en 2011. Elle est actuellement memebre du Groupe de conseils des doyens  du Director of National Intelligence  Senior Advisory Group, de la Trilateral Commission et du Conseil des Nations unies. Les nommés à vie d’Aspen incluent Lester Crown and Henry Kissinger.

Ces dernières années, le conseil d’administration de la Carnegie Corporation comprenait Condoleezza Rice et le General Lloyd Austin III (Ret.), Chef de  CENTCOM, un des responsables de l’invasion de l’Irak de 2003 et également un membre du Conseil d’administration de United Technologies. Un des anciens Président de Médecins pour la paix (Physicians for Peace mais pas le groupe bien connu) est le Contre-amiral Harold Bernsen, anciennement Commandant des Forces US au Moyen –Orient et pas du tout médecin.

TIAA, la caisse de retraite des enseignants a eu comme PDG de 1993 à 2002 John H. Biggs, qui était en même temps Directeur de Boeing. L’actuel Conseil de TIAA inclut un associé de la firme la plus importante de recherche militaire, MITRE Corporation, et plusieurs autres membres du Conseil des Affaires étrangères.  Son cadre exécutif, et Vice-président, Rahul Merchant, est actuellement également directeur de deux firmes d’information technologique  qui ont de très gros contrat avec l’armée : Juniper Networks et AASKI.

De 2002 à 2007, le Chef des groupes de pression de l’’Association américaine pour les retraités (American Association of Retired Persons) Chris Hansen, avait servi dans ce même r^le précdemment chez Boeing. L’actuel VP de la communication à had previously served in that capacity at Boeing. The current VP of communications Northrop Grumman, Lisa Davis, occupait cette position à AARP de 1996-2005.

Les membres des conseils d’administration et les PDG des principales entreprises d’armement font partie des conseils d’administration de nombreuses ONG. Juste afin d’en pointer l’éventail, cela implique la National Fish and Wildlife Foundation, Newman’s Own Foundation, New York Public Library, Carnegie Hall Society, Conservation International, Wolf Trap Foundation, WGBH, Boy Scouts, Newport Festival Foundation, Toys for Tots, STEM organizations, Catalyst, the National Science Center, l’US Institute of Peace, et de nombreuses autres fondations et universités.

Le DoD promeut le réemploi des officiers retraités  en tant que membres des conseils d’administration ou PDG d’ONG et de nombreuses organisations et programmes universitaires permettent cette transition. Le brigadier de l’armée de l’air, le Général Eden Murrie (Ret.) est maintenant directeur de la transformation guvernementale et des agences partenaires (Director of Government Transformation and Agency Partnerships) dans l’association Partnership for Public Service. Elle soutient que : «  Les anciens chefs militaires  ont une expérience directe du commandement  et apportent de l’intégrité et du talent qui peuvent s’appliquer à une organisation bénévole. » (seniormilitaryintransition.com/tag/eden-murrie/). Etant donné la précocité de la retraite, l’ancien personnel militaire et les réservistes sont adaptés aux positions d’influence en tant qu’employés fédéraux, employés d’état, et locaux, conseil d’administration des écoles, des ONG, et du travail bénévole on en trouve de nombreux à ces postes. Il est probable que les places les plus confortables sous la couverture de l’insécurité sont les multitudes de contrats et de bourses que le Département de la défense accorde au monde des associations. Les déclarations fiscales de la DoD sont notoirement fausses et il y a des comptes divergents entre et au sein des banques de données. Cependant, même une image troublée donne une bonne idée de l’étendue et de la profondeur de cette couverture.

D’après le rapport annuel de la TNC de 2016 : «  La Nature Conservancy est une organisation qui prend soin des gens et des terres, et elle cherche des partenaires. Elle est apolitique. Nous avons besoin d’organisations non gouvernementales comme la TNC pour aider les citoyens à se mobiliser. Ils sont sur le terrain. Ils comprennent les gens, la politique, et le partenariat. Nous avons besoin de groupes comme la TNC pour se substituer à ce que les organisations gouvernementales ne peuvent pas faire. (Mamie Parker, ancienne assistante-directrice, US Service de la vie sauvage et de la pêche et curatrice de l’Arkansas, la Nature Conservancy).

Parmi les subventions allant dans l’autre sens on trouve 44 contrats de la DoD avec la TNC à la hauteur de plusieurs millons pour les années 2008.018 ( USA). On les trouve pour des services comme Prairie Habitat Reforestation, pour 100,000 $, l’entretien de l’atoll de Palmyre par Runway et  Biosecurity, pour  82,000 $ (USA). Entre 2000 et 2016, GCW liste un total de 5,500,000 $ dans les contrats de la DoD avec la TNC.

Des attributions à la TNC pour des projets spécifiques, pas clairement différents des contrats, ont été beaucoup plus importantes. Chacun est listé séparément (USA), un décompte grossier du total se monte à plus de150 millions de $. Une attribution de 55 millions a été faite pour « Des butoirs compatibles à l’usage de l’armée à proximité des installations du Fort Benning » Des attributions identiques, les plus importantes, de 14 millions de $ ont été pour ce service dans d’autres bases. Un autre a concerné l’installation à Fort Benning  de son plan de guidance d’installations écologiques.  Inclue dans la description de ces attributions, on trouve la notice suivante : «  Assister l’état et les gouvernements locaux pour réduire ou empêcher l’usage ou l’activité incompatible sur des terres par des civils qui sont susceptibles de gêner la fonctionnalité opérationnelle du Département de la Défense (DoD) dans son installation militaire. Les bénéficiaires et les gouvernements sont supposés devoir adopter et mettre en œuvre les recommandations de l’étude. »

La déclaration Form 990  de TNC pour 2017 évalue ses revenus d’investissement à 21 millions. Il attribue aux apports gouvernementaux 108, 5 millions et aux contrats avec le gouvernement 9 millions. Ceci peut inclure des fonds provenant  de l’état ou des institutions locales aussi bien que des départements fédéraux. Le Département d l’intérieur, qui gère les vastes territoires utilisés pour les essais de bombardements et pour les jeux de guerre à balles réelles est aussi un des donateurs de TNC.

D’autres organisations environnementales soutenues par le DoD sont la National Audubon Society (945,000 $ sur 6 ans, GCW), et Point Reyes Bird Observatory (145,000 $, 6 ans, GCW). Les USA rapportent des contrats Stichting Deltares, une compagnie hollandaise institut de recherche côtière, pour 550,000 $ en 2016, des dons aux Zoo de San Diego pour 367,000 $ et à l’Institut des études de la vie sauvage (Institute for Wildlife Studies), 1.3 million pour le contrôle de la pie grièche.

Les industries de bienfaisance (La formation et l’emploi des handicapés, des anciens détenus, des vétérans et des sans-logis) est un énorme client de l’industrie militaire Chaque entité est une entreprise séparée, liée à l’état ou aux régions et le reçu total est de milliards. Par exemple, de 2000 à 2016, (GCW), La bienfaisance de la Floride du sud a touché 434 millions et le Wisconsin du sud-est 906 millions en contrats. Les biens et les services fournis, y compris la nourriture et les contrats de supports logistiques, le traitement d’information, les pantalons de combat de l’armée, la prison, la sécurité, la tonte des pelouses, le recyclage. De telles organisations travaillant pour la DoD incluent la Jewish Vocational Service et des entreprises de nettoyage, à hauteur de  12 millions sur 5 ans, des phares pour les non-voyants, 4.5 millions , des systèmes de  purification de l’eau,  Ability One; l’institut national pour les aveugles (National Institute for the Blind); Pride Industries; et le centre de formation horticole de Melwood (Melwood Horticultural Training Center).

Le DoD ne fuit pas le travail de l’industrie des prisons d’état, qui vend des meubles et d’autres produits. En tant qu’entreprise d’état (et donc pas en tant qu’association à but non lucratif, elles ont eu un demi-milliard de ventes dans tous les états en 2016. Le travail en prison les industries de bienfaisance, et autres ateliers de réinsertion, avec les entreprises privées employant des travailleurs émigrés, des adolescents, des retraités ( qui cultivent de la nourriture pour l’armée et pour nous tous) révèle la nature changeante de la classe laborieuse américaine, et donne une partie d’explication   à le manque de ferveur révolutionnaire, ou même la présence d’une légère dissensions dans le système capitaliste.

Les hauts salaires, et les employés d’origines diverses (y compris les cadres) des industries de l’armement les plus importantes ne sont pas prêts non plus à monter des barricades. Les conseils d’administration dans ces secteurs sont ouverts aux minorités et aux femmes. Les PDGs de Lockheed et de General Dynamics sont des femmes, tout comme la Directrice d’exploitation de Northrop Grumman. Ces histoires de réussite renforcent les aspirations personnelles au sein des moins que rien plutôt que de les amener à questionner le système.

Les contrats avec les universités, les hôpitaux, les centres de soins sont trop nombreux pour être détaillés dans ce cadre. Un parmi eux qui montre à quel point la couverture peut s’étirer est l’Université d’Oxford  avec ses 800,000 $ pour la recherche médicale. Les associations professionnelles avec des contrats significatifs incluent l’ Institut international d’éducation (Institute of International Education), le conseil américain pour l’éducation (American Council on Education), l’ association américaine pour les universités et les lycées publics (American Association of State Colleges and Universities), l’académie nationale des sciences, (National Academy of Sciences), la société des femmes ingénieures (Society of Women Engineers) la société indo-américaine de science et de technique (American Indian Science and Engineering Society), l’association américaine des infirmières anesthésistes (American Association of Nurse Anesthetists), la société des ingénieurs américano-mexicains (Society of Mexican-American Engineers), et  le conseil US des bâtiments verts (U.S. Green Building Council). Le conseil du département d’état (Council of State Governments), une organisation d’officiels à but non lucratif, a reçu un contrat de  193,000 $ pour un travail sur « l’état de préparation ». Espérons tous que nous sommes correctement préparés.

Les responsables, le personnel, les membres, les donateurs, et les bénévoles des ONG sont des personnes qui auraient pu être des militants pacifistes, cependant ils sont si nombreux à être étouffés sous la couverture de l’insécurité. En plus de tous les bénéficiaires directs et indirects de l’établissement militaire, beaucoup de gens la soutienne. Ils ont été l’objet d’une propagande incessante, de nombreuses personnes la soutiennent. Ils ont été sujets à une propagande incessante en faveur de l’armée et des guerres déclenchées par le gouvernement, de la presse papier ou digitale, de la TV, des films, des évènements sportifs, des parades, et des jeux électroniques,-ces derniers apprenant aux enfants que tuer est  excitant.

L’endoctrinement se propage aisément. Il a pour sommet un système éducatif qui glorifie la violence de l’histoire de ce pays. Nos écoles sont pleines de tutorat en interne, de programmes STEM,  et d’équipes robotisées pour les loisirs conduites personnellement par des employés des fabricants d’armes.

Les jeunes enfants ne comprennent pas toutes les connexions, mais ils tendent à se souvenir des logos. Le programme JROTC, propageant les valeurs militaires, enrôle beaucoup plus d’enfants que ceux qui sont destinés aux futurs officiers. Les séances de recrutements extrêmement bien financées dans les écoles incluent des simulations de combat «  pour rire ».

Il existe un facsimile planétaire supportant ce complexe qui comprend l’OTAN, d’autre alliances, les ministères de la défense, les industries de l’armement étrangères, leurs bases, mais nous garderons cette histoire pour un autre jour.

Les millions d’individus abrités sous cette couverture épaisse et large, y compris les ceux engagés dans la part la plus délicate ne sont pas à blâmer. Certaines personnes peuvent être excitées à l’idée de la mort et de la destruction. Cependant, la plupart cherchent juste à gagner leur vie, à maintenir leur organisation ou leur région industrielle en déclin à flot ou à être accepté en bonne compagnie. Ils préfèreraient un métier constructif ou des revenus de source saine. Cependant beaucoup ont été endoctrinés jusqu’à croire que le militarisme est normal et nécessaire. Pour ceux qui considèrent que le changement est essentiel si on veut que cette planète ait une chance de survie, il est important de voir toutes les façons dont le complexe militaro-industriel-congressionnel-et- presque-tout se nourrit.

«  L’économie libérale «  est un mythe. En plus du secteur énorme des associations ( ONG), l’intervention du gouvernement est substantielle, pas seulement pour l’industrie géante de l’armement mais aussi dans les secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, des infrastructures, et du développement économique ( !) et autres. Pour ces mêmes milliards nous pourrions avoir une économie qui répare les dégâts de l’environnement, fournit des standards de vie et de culture correctes pour tous et travaille à la paix dans le monde.

Joan Roelofs est Professeur émérite de Scinces politiques au Keene State College, New Hampshire. Elle est l’auteure de « Foundations and Public Policy: The Mask of Pluralism (SUNY Press, 2003) » (qui ne semble pas encore être traduit en Français )   et de « Greening Cities (Rowman and Littlefield, 1996) ».  Elle est la traductrice des «  Principes du socialisme » de Victor Considerant, (Maisonneuve Press, 2006), et avec Shawn P. Wilbur, des  fantaisies pacifistes de Charles Fourier, « The World War of Small Pastries » (Autonomedia, 2015).  Un cours sur le complexe militaro-industriel destiné à l’éducation permanente est sur son site et peut être utilisé aux mêmes fins.

Site: http://www.joanroelofs.wordpress.com Contact: joan.roelofs@myfairpoint.net

Traduction Elisabeth Guerrier

 

A ajouter pour information, extrait de l’entretien de Pièces et main d’oeuvre avec les groupe ” Sciences critiques ”  du 8 juillet 2018 : Eric Schmidt, président exécutif d’Alphabet (maison mère de Google) est le nouveau directeur du Defense Innovation Board, au sein département de la défense. Le roboticien transhumaniste Ray Kurzweil, co-fondateur de l’Université de la Singularité, est à la fois expert pour Google et conseiller spécial de l’armée américaine. 

Nous n’avons pas cru bon de traduire certains noms d’institutions ou d’entreprises, les traductions en Français de celles qui nous ont parues possibles sont des approximations permettant de donner un aperçu de leurs fins.

PLUS TARD L’AVENIR N°3 : Trois monstres climatiques avec l’impact d’une astéroïde / Robert Hunziker

Dernière partie d’une trilogie d’articles qui semblent connecter des constats et des témoignages se rejoignant sur une forme de bilan de santé, écologique, morale et politique que nous intitulerons “PLUS TARD l’AVENIR” EG

 

 

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Photo: Ganesh Vanare (@haram_khor_)

Trois monstres climatiques avec l’impact d’une astéroïde

 

Three Climatic Monsters with Asteroid Impact

par ROBERT HUNZIKER

Suit de la première partie : Monstre #2 Les gaz à effet de serre perturbent les écosystèmes

L’impact le plus important des gaz à effets de serre anthropogènes touche les océans. Il n’y a aucun doute sur l’importance des océans, comme grand puit, sur les 2/3 de la planète. Après tout, les océans ont sauvé la mise de l’humanité depuis le début que  l’industrialisation a commencé à émettre du CO2 il y a plus de deux cents ans.

Hélas, le CO2 est le réchauffement global qu’il entraîne tue les océans. Dans les faits, les océans absorbent 30 à 40 % du CO2 et 80 à 80 % de la chaleur de la planète. Autrement, on pourrait seulement imaginer les conséquences incroyablement horribles,  monstrueuses, ou peut-être ne pouvons-nous pas  car l’esprit humain a des problèmes à se focaliser sur une annihilation totale.  Cela semble ne pas pouvoir faire partie de la réalité.

Cependant, une nouvelle théorie sur les puits de carbone affirme que les océans ont atteint leur limite et sont donc incapables d’absorber le CO2 additionnel de 130 milliard de tonnes du siècle dernier. (en tout, approximativement 38.000 gigatonnes (10 puissance 9) de CO2, ce qui correspond à 16 fois le CO2 terrestre.

Plus en avant, il est possible que les océans renversent le processus et commencent à émettre du CO2, un « puit à l’envers », à un certain moment. Les implications sont effrayantes, pour le dire, oh, si gentiment.

En même temps, terriblement, l’équilibre chimique des océans est entrain de changer à cause du CO2 en excès, plus acide, et donc mettant en péril le cycle de vie des ptéropodes, minuscules escargots gros comme des petits pois à la base de la chaîne alimentaire qui se multiplient par milliards, voire dizaines de milliards, servant de source alimentaire pour tout, des krills aux énormes baleines. L’analyse des ptéropodes dans l’Océan du sud révèle une incapacité  à développer des coquilles protectrice  (l’acidification au travail) qui inhibe la maturation et la reproduction.  Il va sans dire qu’après un certain temps, cela pourrait évoluer vers un effondrement majeur de l’éco-système.

Non seulement la chaîne alimentaire marine est-elle en danger, mais le réchauffement excessif tue le corail, par exemple, la moitié de la Grande barrière de corail, l’une des sept merveilles du monde,  est morte en 2016.17 à cause de l’extrême chaleur. Les scientifiques du monde entier étaient et sont encore complètement effarés.

Pour rendre les choses encore pires, une récente étude sur du long terme a montré que la production de plancton  est en chute de 40% sur les dernières 50 années. C’est une ressource supplémentaire pour l’oxygène planétaire en danger, trop de chaleur.

En plus ( encore un truc mauvais) le réchauffement ralentit la circulation thermohaline, ceinture de transmission de l’océan, qui est à son plus bas depuis 1600 ans. La circulation thermohaline est une circulation des eaux profondes autour du globe qui assure la structure des courants océaniques et la santé des océans.

Dans quelque temps, ajoutée à d’autres répercussions terribles, le ralentissement de ce courant entrainera le refroidissement majeur de l’Europe à la place du climat tempéré, car le grand convoyeur amène des eaux chaudes tropicales sur les côtes de l’Europe, ce qui amène les températures de janvier à Paris à ° C bien que Paris soit à plus de 3 degré plus au nord que le Dakota du nord ( – 11 ° C en janvier). C’est un paradoxe au regard du réchauffement climatique qui pourrait transformer l’Europe en un trou de glace, mais dans quelle mesure ?

Et pour couronner les désastres en route mentionnés plus haut, le réchauffement climatique tue les forêts de varech sous-marin, clef de la survie de nombreuses espèces.  Le long de la côte de la Californie du nord, sur des centaines de kilomètres, le varech est mort. L’Australie a ajouté maintenant sa forêt de varech géante sur la liste des «  zone écologiques en danger) ( lire à ce propos sur google : «  Comme les océans se réchauffent, les forêts de kelp commencent à disparaître » Yaleenvironnement360, Nov.11 2017)

Finalement, dans le cadre de la catégorie  des monstres #2, le gaz à effet de serre détruisant la planète : les hydrates de méthane dans l’Arctique posent d’extraordinaires risques pour l’humanité, surtout dans les eaux superficielles, d’une hauteur de 50 M., de la calotte arctique  de Sibérie orientale,  un travail de recherche commun Russie. US de l’Université d’Alaska et de Fairbanks a découvert des zones toujours plus l’étendues de méthane faisant des bulles à la surface, dans un cas de plus de 1, 50 kilomètres de diamètre. Le souci majeur est le risque d’une fuite majeure de méthane, de 50 gigatonnes ou presque, au lieu des 5 gigatonnes actuellement dans l’atmosphère. Incontestablement, les conséquences en seraient terribles.

Selon, l’autorité dans le domaine de la glace arctique, l’estimé Professeur émérite Dr. Peter Wadhams (Adieu à la glace, Oxford University Press, 2017) la réponse à la question : «  L’humanité peut-elle survivre à une augmentation de 50 gigatonnes de méthane ? », est «  Non, je ne pense pas qu’elle le puisse. »

Le Monstre #3 concerne l’effondrement des éco-systèmes, qui peut être un problème plus urgent que le CO2 ou le réchauffement climatique, aussi dur cela soit-il à accepter ou à croire. Certaines choses sont tout simplement impossibles à cerner.

L’éco-système du bassin de la rivière Colorado CRB, peut être le prototype des éco-systèmes s’effondrant à cause de l’empreinte humaine. Cet effondrement se produit maintenant alors que deux forces se combinent pour le détruire (1) le GHG en excès qui réchauffe la planète et bouleverse les systèmes hydrauliques, amène une baisse de l’humidité sous la forme de neige dans la source de la rivière, des Rocky Mountains et la consommation humaine, aisni que l’usage de l’eau et le manque de régulétion, assèchent tout le système.

Demandez à Las Vegas alors qu’ils installent un «  troisième pompage » pour tirer les dernières gouttes du Lake Mead. «  Le risque que le Lake Mead soit asséché à un niveau catastrophique est devenu catastrophique », dit un officiel fédéral, ((Tony Davis, Risks to Lake Mead, Colorado River Arizona Daily Star, June 29, 2018)

Brenda Burman est celle qui travaille comme déléguée de Trump au Bureau des réclamations, la seule parmi ses délégués qui reconnaisse dans une confirmation d’audience au Sénat que le changement climatique n’est pas un canular. Selon ses dires «  Nous avons besoin d’action et nous en avons besoin maintenant. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre de mettre en place des plans sécheresse dans le Sud-ouest. »

Selon le Bureau, le Sud-ouest est en train de subir sa pire sécheresse depuis 1200 ans. Il y a donc assez peu de mystère dans le fait que Mrs. Burman ne croit pas que le réchauffement soit un canular.

Plus encore, le Bureau dit que le taux de ruissellement de la Rocky mountain chutera de 40% au sein d’une sécheresse durant depuis 19 ans. Ipso facto, il existe une forte probabilité d’une« première pénurie d’eau dans le bassin de l’éco-système de la rivière Colorado dans l’avenir proche. » ce qui pourrait littéralement couper les approvisionnements d’eau des zones urbaines les plus importantes et des régions agricoles essentielles.

Selon les règles et lois du bassin de la rivière Colorado les premières coupures auront lieu à Phoenix, qui pourrait fermer plus de 20% des arrivées d’eau. Donc, Phoenix pourrait devenir la prochaine Cap Town (population de 4 millions d’habitants)  qui rationne à cause de la sécheresse à  49 litres par jour, c’est-à-dire assez pour tirer 3 à 4 fois une grosse chasse d’eau de toilettes.

L’Amérique n’est pas le seul pays à faire l’expérience de conditions de sécheresse intense. La côte méditerranéenne moyen-orientale  s’assèche plus vite que le reste de la planète, rejetant donc des éco-migrants par dizaine de milliers. Quatorze pays du Moyen Orient et de l’Afrique du nord sont parmi les plus stressés hydrauliquement au monde. Les éco-migrants seront une réalité à affronter dans les décennies à venir.

Le Monstre #3 concernant l’effondrement des éco-systèmes portent également sur la disparition des insectes car ils sont premiers dans la création et le support des sols, des nouveaux sols, de l’aération des sols, de la pollinisation des semences, éco-systèmes qui supportent toute vie. La façon dont cela fonctionne est comme suit : les insectes se débrouillent très bien sans les humains mais les humains ne peuvent pas survivre sans les insectes. En tant que telle, la décimation des insectes sur toute la planète est un des plus gros crimes du siècle, et cela peut être un crime au sens strict du terme.

L’abondance des insectes a subi un choc énorme ces derniers temps parce que la nôtre est la première société jamais basée sur une agriculture  utilisant des pesticides, ce qui est à l’origine de l’extinction des insectes. D’où est-ce que cela pourrait venir, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon la Société d’entomologie Krefeld, fondée en 1905 et dédiée au traçage des populations d’insectes dans 100 réserves naturelles, les rapports récents montrent que la quantité Insectes volants a chuté de 80%, chiffre marquant l’extinction. Par exemple, les Syrphides, pollinisateurs, repérés en 1989 se montainet à 17.291, alors que 25 années plus tard au même endroit, ils étaient 2. 737.

Jack Hasenpusch, propriétaire de la renommée «  Insect farm » est consterné par cette perte.

Le chercheur australien Dr. Cameron Webb avoue que les chercheurs autour du monde sont perdus face à ces pertes.

L’Index global de la Stanford University (Global Index) pour les invertébrés a chuté de 40% dans les dernières quarante années.

Reliant les éléments, il apparait que les humains empoisonnent la planète. Selon Julian Cribb, auteur de «  Survivre au 21ième siècle «  Surviving the 21st Century ; «  Notre planète est empoisonnée, cette explosion de produits chimiques est arrivée si rapidement que personne ne l’a vue arriver. «

Chaque année une avalanche de biochimiques, l’équivalent de 250 milliards de tonnes sont libérées sur la terre, ce qui, avec le temps, va aseptiser toute vie, transformant la planète en un globe gluant d’une couleur orange aveuglante, mais plus intensément bleu.

Les éco-systèmes dans le monde entier dépendent des insectes mais la quantité d’insectes montre des pertes du type de l’extinction. C’est une question de vie ou de mort qui est trop souvent négligée. Après tout, les propriétaires immobilier sont tous partants pour une extermination des insectes, c’est la façon de voir qui prévaut.

La réplique imminente de la collision avec un astéroïde est en suspens, mais clairement, trois monstres climatiques sont en route sur le cours de la collision, alors que les forces de La Grande accélération se déclenchent,  atteignant leur point critique l’un après l’autre, sans possible retour en arrière.  Année après année, les scientifiques sont surpris par leurs projections, toujours trop basses après-coup.

Il y a dix ans le Gouvernement anglais a commandé une étude, le Stern Report ( 2008), en faisant l’hypothèse d’un maintien du «  Les affaires sont les affaires au pire dans ses effets sur le climat. » Stern Report (2008), assuming a “business as usual analysis of worst-case climate change.”  C’était la première étude importante entreprise de ce genre et un doument clef de 700 pages. Voici les conclusions tirées il y a dix ans :

Sea rise of 15-20 feet in a few decades

Lae niveau de la mer monte de 4 à 6 mètres en quelques décennies

Florida, NYC, London, Tokyo underwater

La Floride, NYC, Londres et Tokyo sont sous l’eau

1 billion people displaced, sick, or dead

1 Milliard de personnes sont déplacées, malades ou mortes

Massive water and food shortages

Des privations massives de nourriture et d’eau

Food and water wars throughout the planet

Des guerres pour l’eau et la nourriture à travers toute la planète.

 

Le Rapport Stern peut encore servir de carte lorsqu’il s’agit de ce qui se produit quand on maintient le « les affaires sont les affaires ». Cependant, le rapport est obsolète car le CO2 augmente 50% plus rapidement que dans les prévisions de 2008, ce qui signifie vraisemblablement que le rapport est beaucoup trop prudent. (Une fois de plus, des prévisions plus basses que la réalité)

A part ça, as de mise à jour nécessaire, sauf à ajuster (augmenter, de beaucoup, vraiment beaucoup, et plus encore peut-être) le nombre de personnes déplacées, malades ou mortes.

Postscriptum : « L’augmentation du niveau de Dioxide de carbone pendant la dernière décennie est de 100 à 200 fois plus raie que ce que la terre a expérimenté lors de sa transition vers l’éère glaciaire. C’est un véritable choc pour l’atmosphère «   The rate of carbon dioxide growth over the last decade is 100 to 200 times faster than what the Earth experienced during the transition from the last Ice Age. This is a real shock to the atmosphere.” Pieter Tans, science de l’atmosphère, Global Monitoring Division, Earth System Research Laboratory, NOAA, 2018.

Pourtant, pensez-y, Trump est Président.

Robert Hunziker vit à LA et peut être joint

PLUS TARD L’AVENIR N°2 : La survie des plus riches / Douglas Rushkoff

Deuxième partie d’une trilogie d’articles qui semblent connecter des constats et des témoignages se rejoignant sur une forme de bilan de santé, écologique, morale et politique que nous intitulerons ” PLUS TARD l’AVENIR” EG

 

La survie des plus riches
Traduction de l’article de Douglas Rushkoff paru dans Future Human
Cet article fait pendant à celui qui suivra dans quelques jours et qui dresse le bilan des crises majeures en court, la guerre nucléaire exceptée bien sûr. Il s’agit du témoignage de Rushkoff sur les questions que se posent la plupart des plus riches du monde sur leur survie suivant “the event”. Fin du monde, faute de pouvoir dire fin d’un monde, dont, justement ils ne peuvent envisager la fin qu’en l’amalgamant à la fin des temps, dont eux seuls pourraient imaginer se sortir. Le degré d’inconsistance et de naïveté des questions posées est au-delà de son aspect consternant, révélateur d’un effondrement des bases référentes qui ont pu jusque-là nous attacher à une sorte de destin commun dans notre humanité. Amené par la déferlante cognitivo-scientiste entre autres, savamment posant son couvercle de plomb sur les fonctionnements totalement et consciemment amoraux du système global dans sa totalité et permettant de ne pas devoir aborder sa dimension morbide par essence, le glissement d’un questionnement intrinsèque à la condition humaine aux évocations incessantes de ce qui nous qualifierait en tant qu’espèce dans une nature humaine décryptable comme un code génétique et comme seul cerveau, autrement dit comme données simples et claires, maîtrisables et gérables absolument dans l’avenir et devant se soumettre quant à ses faiblesses au totalitarisme technologique pour se sauver, laisse en plan un certain nombre de questions fondamentales, c’est à dire devant rester sans réponse.  Penchons-nous avec “compassion”, affreux terme qui fait le buzz de nos conditionnements multiples, renouvelables à merci, sur la pauvreté de l’imaginaire de ces nantis qui croient pouvoir quitter le navire comme des rats, et s’imaginent que c’est tout bonnement envisageable parce qu’ils le veulent, dans leur toute-puissance qui ne peut, par les valeurs qui la génèrent ne produire qu’une forme de bêtise infinie.EG


FUTURE HUMAN

Survival of the Richest

La survie des plus riches

The wealthy are plotting to leave us behind

Les nantis complotent pour nous laisser en rade

Douglas Rushkoff

Jul 5

L’an passé, j’ai été invité dans un hôtel privé super-luxueux afin de faire un discours inaugural à quelques cents banquiers d’investissement. C’était de loin la rémunération la plus importante que j’aie empoché pour une intervention. Tout cela pour délivrer quelques pensées sur le «  futur de la technologie »

Je n’ai jamais aimé évoquer le futur. Les sessions Q&A s’achèvent toujours plus comme des jeux de salon alors qu’il m’est demandé d’opiner sur le dernier  mot tendance comme s’ils étaient des symboles palpitants pour les investissements potentiels : blockchain, Impression 3D, CRISPR.  L’audience  est rarement intéressée par ces technologies et leurs impacts potentiels  au-delà du choix binaire, investir ou ne pas investir Mais l’argent parle, aussi ai-je accepté le boulot.

Après mon arrivée, j’ai été dirigé vers ce que je croyais être la chambre verte. Mais au lieu d’être branché sur un micro ou installé sur une estrade, j’ai été simplement assis là, autour d’une simple table ronde pendant que mon audience m’était introduite : cinq types super-riches, oui que des hommes- issus du plus haut échelon du monde des Hedge-fund. Après un peu d’échange de banalités, j’ai réalisé qu’ils n’étaient pas intéressés dans ce que j’avais préparé sur le futur de la technologie. Ils étaient venus avec leurs propres questions.

Ils ont commencé d’une façon assez inoffensive . Ethereum ou Bitcoin ? Est-ce que l’informatique quantique existe réellement ? Lentement mais sûrement cependant, ils se sont orientés vers le véritable sujet de leur inquiétude.

Quelle région sera la moins impactée par la crise climatique : La Nouvelle Zélande ou l’Alaska ? Est-ce que Google construit vraiment une demeure pour le cerveau de Ray Kurzweil et est-ce que sa conscience vivra pendant la transition, ou mourira-t-telle pour renaître entièrement neuve ? Finalement le CEO d’une maison de courtage a expliqué qu’il avait presque terminé la construction dans son sous-sol d’un bunker et m’a demandé : «  Comment puis-je maintenir mon autorité sur mes forces de sécurité après l’évènement ? »

Malgré toute leur richesse et leur pouvoir, ils ne croient pas qu’ils peuvent affecter l’avenir.

L’Evènement. C’est leur euphémisme pour la catastrophe environnementale, la révolte sociale, l’explosion nucléaire, le virus immaitrisable, ou le piratage de Mr.Robot qui fera tout effondrer.

Cette seule question nous a tenus pendant le reste de l’heure. Ils savaient que des gardiens armés seraient nécessaires pour protéger leur enceinte contre la foule en colère. Mais comment pourraient-ils payer ces gardes une fois que l’argent ne vaudrait plus rien ? Et comment pourraient-ils empêcher ces gardes de choisir leur propre chef ? Les milliardaires envisageaient de créer des codes d’accès aux réserves alimentaires qu’ils seraient les seuls à connaître ou de faire porter à leurs gardes des colliers disciplinaires en échange de leur survie. Ou bien d’utiliser des robots comme gardes et employés – si toutefois cette technologie était au point à temps.

C’est alors que ça m’a frappé : Du moins en ce qui concernait ces gentleman, c’était bien une discussion sur l’avenir de la technologie. Obéissants au signal donné par  Elon Musk qui veut coloniser Mars,  par Peter Thiel qui veut renverser le processus de l’âge, ou de Sam Altman et Ray Kurzweil téléchargeant leur cerveaux sur des superordinateurs, ils se préparaient pour un avenir digitalisé qui avait beaucoup moins à voir avec le fait d’améliorer le monde qu’avec le fait de transcender la condition humaine dans sa totalité et s’isoler d’une tout à fait réel et présent danger de changement climatique de montée des eaux, de migrations de masse, de pandémies globales, de panique nativiste et d’épuisement des ressources. Pour eux, l’avenir de la techoogie est vraiment qu’une seule chose : s’enfuir.

Il n’y a pas de mal croire que la technologie bénéficiera à la société humaine et la vanter d’une façon optimiste proche du délire. Mais les tendances actuelles pour une utopie post-moderne sont différents. Ce n’est pas tant une vision de l vente en gros de toute l’humanité vers un nouvel état de l’être qu’une quête de transcender tout ce qui est humain : le corps, l’interdépendance, la compassion, la vulnérabilité, et la complexité. Comme les philosophes de la technologie l’ont noté depuis des années, la vision transhumaniste réduit trop facilement toute réalité à des données, concluant que les humains ne sont rien d’autre que des machines à  traitements d’information »

C’est une réduction de l’évolution humaine à un jeu vidéo que quelqu’un gagne en trouvant la porte de sortie et en laissant quelques-uns de ses meilleurs amis l’accompagner dans le voyage. Est-ce que ce sera Musk, Bezos, Thiel…Zuckerberg? Ces milliardaires sont les gagnants présumés de l’économie digitale-le même paysage de survie- des-plus-aptes qui nourrit cette spéculation à l’origine.

Bien sûr ça n’a pas toujours été ainsi. Il y a eu de brèves périodes, au début des années 90 où le futur digital semblait sans limites et prêt pour nos inventions. La technologie devenait une cour de récréation pour la contre-culture, qui y voyait une opportunité de créer un avenir plus inclusif, mieux distribué et plus favorable à l’humain. Mais les intérêts du business établi n’y virent que de nouveaux potentiels pour les mêmes extractions et de nombreux technologistes furent séduits par la licorne de l’IPO. Le futur digital se vit considéré plus comme le futur des actions ou le futur du coton – quelque chose sur lequel prédire et parier. Presque tous les discours, les études, les articles, les documentaires ou les rapports officiels ne pouvaient être considérés comme pertinents qu’à la condition de pointer le compteur symbolique. L’avenir devint moins quelque chose que nous créons à travers nos choix présents et nos espoirs pour l’espèce humaine qu’un scénario prédestiné sur lequel parier avec notre capital hasardeux mais auquel on accède passivement.

Ceci libéra tout un chacun des implications morales de ses activités. Le développement technologique devint moins une affaire de développement collectif que de survie personnelle. Pire, comme je l’ai appris, éveiller l’attention sur ceci impliquait de se classer sans le vouloir comme ennemi du marché et un râleur anti-technologies.

Au lieu de considérer l’aspect éthique pratique de l’appauvrissement de la masse au bénéfice des nantis, la plupart des chercheurs, journalistes, et auteurs de science-fiction se plongèrent dans des débats plus croustillants et abstraits : Est-ce juste qu’un trader utilise des smart drugs ? Devraient-on poser sur les enfants implants pour l’’apprentissage de langues étrangères ? Veut-on que les véhicules autonomes priviliégient la vie des piétons plutôt que celle des passagers ? Est-ce que la première colonie sur Mars devrait être une démocratie ?un as democracies? Est-ce que la modification de mon ADN met en cause mon identité ? Est-ce que les robots ont des droits ?

Se poser ce genre de questions, bien que philosophiquement divertissant, est un maigre substitut pour lutter contre les véritables dilemmes moraux associés au mouvement sans frein du développement technologique au nom du capitalisme consumériste. * Les plateformes digitales ont déjà changé un marché déjà exploiteur et extractif ( pensez à Walmart) en un successeur encore plus déshumanisé ( pensez à Amazon). La plupart d’entre nous ont conscience de ces inconvénients qui prennent la fomre de l’économie à la tâche ( gig economy), des emplois automatisés et de l’abandon du commerce local.

L’avenir est devenu moins quelque chose que nous créons à travers des choix effectués au présent et des espoirs pour l’espèce humaine qu’un scénario prédestiné sur lequel nous parions avec notre capitalisme hasardeux mais vers lequel nous arrivons passivement.

Mais les impacts les plus dévastateurs de ce capitalisme pied au plancher tombent sur l’environnement et sur la pauvreté global.

La fabrication de certains de nos ordinateurs ou de nos portables utilise encore des réseaux de travail asservi. Ces pratiques sont si profondément ancrées qu’une compagnie nommée Fairphone, fondée sur le principe de fabriquer et de commercialiser des téléphones éthiques, a appris que c’était impossible. (Les fondateurs de cette compagnie se réfèrent maintenant à leur produit comme « des téléphones plus équitables »).

Pendant ce temps, l’extraction de métaux rares et les rejets de tous les objets de la technologie digitale détruisent les habitats humains, les remplaçant par des vastes décharges toxiques, que des enfants et leurs familles paysannes trient afin de revendre les matérieux utiles à des industriels.

Cette externalisation de la pauvreté et du poison «  loin de la vue, loin de l’esprit »ne s’évacue pas parce que nous nous couvrons les yeux avec des lunettes de natation VR ou parce que nous nous immergeons dans une réalité alternative. Au contraire, plus on ignore les répercussions  sociales, économiques et environnementales, plus elles deviennent un problème. Ce qui, en retour, motive encore plus le retrait, l’isolationnisme et les fantasmes apocalyptiques, des technologies toujours plus désespérément concoctées et des projets de business. Le cycle se nourrit lui-même.

Plus nous sommes engagés dans cette vision du monde, plus nous considérons l’humain comme étant le problème et la technologie comme sa solution. L’essence même de l’humanité est traitée moins comme une composante que comme un parasite. Peu importe leur biais inclus, les technologies sont déclarées «  neutres », tout mauvais comportement qu’elles induisent ne sont que les manifestations de notre fond corrompu. C’est comme si quelque sauvagerie innée était à blâmer pour nos troubles. Tout comme l’inefficacité d’un marché de taxi local peut être « résolue » grâce à une application qui entraine la faillite des chauffeurs humains, les inconsistances vexantes de la psyché humaine peuvent être corrigées avec une mise à jour digitale ou génétique.

Nos films et notre télévision mettent en scène ces fantasmes pour nous. Les spectacles de zombies dépeignent une post-apocalypse où les gens ne sont pas mieux que les morts-vivants et semblent le savoir. Pire, ces films invitent le spectateur à imaginer un futur sans gagnants entre les humains restants, où la survie d’un groupe dépend de la disparition de l’autre. Même Westworld – écrit d’après un roman de science-fiction où les robots perdent la tête- finit sa seconde saison avec une révélation ultime : Les êtres humains sont plus simples et plus prédictibles que les intelligences artificielles qu’ils ont créées. Les robots apprennent que chacun de nous peut être réduit à quelques lignes de code, et que nous sommes incapables de faire des choix délibérés. Zut, même les robots dans ce film veulent échapper au confinement de leur corps et passer le reste de leur vie dans des simulations informatiques.

L’essence même de ce que signifie être humain est traité moins comme une caractéristique que comme un défaut.

La gymnastique mentale nécessaire pour un tel renversement des rôles entre l’homme et la machine repose entièrement sur l’assomption sous-jacente que l’humain gonfle. Ou on le change ou on le quitte, pour toujours.

Et donc, nous nous trouvons avec les milliardaires tech. lançant des véhicules électriques dans l’espace, comme si cela symbolisait plus que leur capacité à l’auto-promotion. Et même si quelques individus atteignent la vélocité nécessaire à la fuite et trouvent les moyens de survivre dans une bulle sur Mars –en dépit de notre incapacité à maintenir une telle bulle même ici, sur terre dans aucune des deux biosphères ayant coûté des milliards de dollars – le résultat sera moins la continuation de la diaspora humaine qu’un radeau de survie pour une élite.

Quand les hedge funders m’ont demandé quelle était la meilleure façon de maintenir l’autorité sur leurs forces de sécurité après l’ « évènement », j’ai suggéré que leur premier atout serait de traiter ces gens très correctement, dès maintenant. Ils devraient avoir des relations avec leur service de sécurité comme s’il était membre de leur propre famille. Et plus ils pourront inclure cet ethos dans le reste de leurs pratiques commerciales, dans le management,  de l’approvisionnent des chaînes de fournisseurs, dans des efforts de long terme, dans la distribution de la richesse, le moins de chance il y aura, pour commencer, d’avoir à faire face à cet «  évènement ». Toute cette sorcellerie technologique pourrait s’appliquer à de moins romantiques mais à des intérêts plus entièrement collectifs dès maintenant.

Ils ont été amusés par mon optimisme, mais ils n’y ont pas vraiment crédité. Ils n’étaient pas intéressés par la fait d’éviter une calamité, ils sont convaincus que nous sommes allés trop loin. Malgré toute leur richesse et leur puvoir, ils ne croient pas qu’on puisse agir sur l’avenir. Ils acceptent simplement le plus noir des scénarios puis amènent le plus possible d’argent et de technologie afin de s’isoler eux-mêmes, tout spécialement en s’offrant un siège pour Mars.

Heureusement, ceux d’entre nous n’ayant pas les fonds nécessaires pour considérer ce désaveu de notre propre humanité ont de bien meilleures options disponibles. Nous n’avons pas à utiliser la technologie d’une façon si antisociale et atomisante. Nous pouvons devenir des consommateurs individuels et les profiles que les plateformes attendent de nous, ou nous pouvons nous souvenir que l’humain vraiment évolué n’y va jamais seul.

Être humain n’est pas autour de la survie individuelle ou de la fuite. C’est un travail d’équipe. Quoi que sera notre futur, il se fera ensemble.

Douglas Rushkoff iest l’auteur de l’ouvrage à venir  Team Human (W.W. Norton, January 2019) et invité de l’émission  TeamHuman.fm.

WRITTEN BY douglas rushkoff

Traduction Elisabeth Guerrier

Host: http://TeamHuman.fm Author: Team Human, Throwing Rocks at the Google Bus, Program or Be Programmed, Present Shock, Program or Be Programmed

 

PLUS TARD L’AVENIR N°1 : L’épidémie de Bien-être Amy Larocca

Première partie d’une trilogie d’articles qui semblent connecter des constats et des témoignages se rejoignant sur une forme de bilan de santé, écologique, morale et politique que nous intitulerons ” PLUS TARD l’AVENIR” EG

 

Traduction d’un article de la revue ” The Cut ” sur la fréquentation des lieux de ” Bien-être” new-yorkais. L’observation quotidienne dans le discours et dans les pratiques outre-atlantique de l’importance quantitative de ce “mouvement” à la fois remède et cause, signe et racine, son impact comme mode, amenant à se questionner sur la capacité de notre culture à pouvoir créer autre chose que des courants et à ne plus pouvoir les enraciner dans ce que Stielgler suivant Simondon appelle “les circuits longs”, nécessite une réflexion approfondie dans la mesure où il prend la place d’une réflexion sur ce qui le génère. Comme une sorte de passage à l’acte planétaire, de réponse univoque à ce qu’il devrait avant tout nommer. L’adhésion massive aux pratiques de méditation s’imposant comme des évidences au monde occidental mérite qu’on lui consacre du temps et des tentatives de décomposition des divers paramètres, individuels, culturels, qui le meuvent. Ouvrant aussi avec une sorte de vertige la question de ce qu’est devenu le politique dans une société qui passerait son temps à se soigner sans plus chercher à savoir de quoi. EG

The Wellness Epidemic 

Why are so many privileged people feeling so sick? Luckily, there’s no shortage of cures.

L’épidémie de bien-être

Pourquoi les privilégiés sont- ils si malades ?

Heureusement, nous ne sommes pas en manque de cures.

By Amy Larocca

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Photographs by Bobby Doherty
JUNE 27, 20178:00 AM

Quand Gwyneth Paltrow a lancé pour la première fois Goop en 2008, c’était un excellent endroit où trouver les meilleurs tapas de Barcelone. C’était du voyeurisme tourné vers les modes de vie des célébrités et Paltrow, avec ses longs cheveux blonds et son aura de complète auto-satisfaction, était irrésistible. Il y a une expression « vivre sa vie la meilleure » et puis il y a Paltrow : le manifeste de la vie la meilleure.

Mais le centre d’intérêt de Goop commença à changer, Paltrow se mit à décrire en détail les régimes d’exercice pratiqués avec son entraineur Tracy Anderson, qui croyait que chacun devrait s’exercer physiquement deux heures par jour, six jours par semaine. Puis elle commença à donner des informations sur une désintoxication qu’elle pratique chaque mois de janvier.

La mission se mit à moins porter sur la révélation des mystères de la vie meilleure et plus sur la notion qu’une vie meilleure authentique est d’abord intérieure. Les gens riches et beaux  ne vont pas seulement dans les plus jolis endroits, leurs organes marchent mieux. Ils savent même comment respirer mieux, avec plus d’oxygène à chaque inspiration. Ils ne craignent pas de pratiquer les transplantations de selles, avec des selles de premier ordre, absolument garanties vegans. Goop quitta les hôtels et les restaurants pour les chakras et les thyroïdes, impliquant que ce qui se tient entre vous et votre Gwyneth intérieure est un mystérieux virus que votre médecin corrompu et ayant beaucoup trop duré est trop borné pour circonscrire.

Goop commença à publier des interviews avec des médecins, des guérisseurs et des shamans. Une de ces productions les plus visionnées est une  interview avec Oscar Serrallach, un médecin australien, à propos de la «  l’épuisement postnatal » qui suggère que les femmes vivent dans un état d’épuisement pendant plus de dix ans après la naissance d’un enfant. Parmi les facteurs responsables : stress envahissant, nourriture pauvre en nutriments, et pollution électromagnétique. Quand Goop a traditionnellement réussi à vendre les produits liés à ses propositions ( les spiraliseurs ont explosés après la recette  de Paltrow des  “zucchini cacio e pepe”, que pourrait on bien vendre à une femme qui vient de recevoir la confirmation médicale que les sentiments négatifs frémissants dans son ventre ne sont pas juste créés par son esprit ? Pourquoi pas des vitamines ? Le bien-être de Goop offre maintenant quatre «  protocoles » vitaminiques  (Protocole et pratique sont des mots que vous rencontrerez abondamment dans ce monde)  en fonction de quatre plaintes communes :  La charge des mamans / The Mother Load répond à l’épuisement post-natal, Les gènes du lycée; High School Genes est réservé aux femmes qui trouvent plus difficile de perdre du poids en prenant de l’âge ( c’est-à-dire pour toutes les femmes) Pourquoi suis-je si putain de fatigué ? Why Am I So Effing Tired? Est pour la fatigue pernicieuse ressentie par les femmes à tout faire, et Balles dans l’air, Balls in the Air également, mais pus orienté vers les stressée chroniques

«  Ca a été incroyable, dit Ashley Lewis, Responsable du secteur bien-être à Goop, «  nous avons vendu plus de 100 000 dollars de vitamines le premier jour et ça n’a pas cessé depuis. »

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Pourquoi le bien-être est-il la nouvelle façon d’avoir l’air, d’agir et de se sentir riche

Tout ce que vous devez savoir à propos des soins cutanés et du maquillage «  naturel »

Le bien-être est une idée très large, ce qui n’est pas rien dans sa capacité d’attraction marketing. A un niveau basique, il s’agit de faire un effort conscient pour atteindre la santé à la fois mentalement et physiquement, de lutter pour l’unité et l’équilibre.  Et ce n’est pas non plus une idée nouvelle, l’homéopathie, qui utilise des subtances naturelles afin de promouvoir les capcités du corps à l’auto-guérison a été populaisée en Allemagne à la fin du 18iéme siècle et 50 ans plus tard, l’YMCA orienta sa mission vers le soin du corps, de l’esprit et de l’âme. Dan Rather réalisa une émission de 60 minutes sur le bien-être en 1979 mais c’était approché plus comme un phénomène marginal. «  Le bien-être, disant-il, ce n’est pas un mot que vous entendez chaque jour. »

Régimes,  exercise, et des versions variées de soins auto-administrés ont été pratiqués depuis toujours. Des antécédents leur ont été trouvé dans des SPA autrichiens qui étaient encore célèbres pour leurs lavements et dans les années 1970, l’hervbe de blé était presque aussi célèbre que la cocaïne. Les graines étaient présentes dans le programme de Jane Fonda et dans le régime Scarsdale, dans le mouvement EST  et la folie du yoga qui nous amena Lululemon. En 1978, ve been around forever: Antecedents are found at an Austrian spa still famous for its enemas and in 1970s L.A., where wheatgrass was just as popular as cocaine. The seeds were in the Jane Fonda workout and the Scarsdale diet, in the EST movement and the yoga craze that brought us Lululemon. In 1978, ce magazine fit sa couverture sur « L’élite physique »  la nouvelle classe d’individus qui avaient arrêté de fumer, et se consacraient à l’exercice. Certains étaient connus pour leurs demandes étranges concernant la nourriture, comme l’exigence d’un oignon entier dans leur omelette.

Quatre décennies plus tard, le bien-être n’est plus seulement un mot que vous entendez chaque jour, c’est une industrie globale qui vaut des milliards- une qui inclut le tourisme du bien-être, la médecine alternative, et les traitements anti-âge. La compétition pour une part du gâteau est intense : à Manhattan, deux studios de méditation fusionnent pour devenir le SoulCycle of meditation, et Saks de la Cinquième avenue a converti temporairement son deuxième étage dans une «  Boutique Bien-être » où vous pouvez faire une expérience d’aromes et de thérapie lumineuse dans une cabine de verre emplie de sels, où être branché sur une application de méditation pendant votre manucure. Toutes les corporations géantes ont un programme de bien-être : Yoga chez Goldman Sachs, des journaux de sommeil communs chez JPMorgan Chase. Un nouveau magazine a débuté cet été dans Long Island, ,Hamptons Purist. (“Regardez autour de vous, dit son éditrice, Cristina Greeven, à qui l’idée est venue sur une planche de surf au Costa Rica : C’était des boucheries, des boulangeries, ou des magasins de bricolage. Maintenant, ce sont SoulCycle, Juice Press ou un lieu de méditation).  Il va lui falloir entrer en compétition avec Goop magazine, être édité Paltrow et publié par Condé Nast, qui a annoncé ce printemps le lancement de Condé Nast Pharma, une revue qui ne promeut que des marques de produits pharmaceutiques garantis sains. Le géant de la publicité  Saatchi & Saatchi  a également sa propre revue bien-être, capitalisant sur «  les besoins de bien-être non satisfaits sur la marché »

Le bien-être est utilisé pour vendre des chambre d’hôtel (Soyez au mieux chez Westin Hotels & Resorts, un lieu où ensemble nous pouvons nous épanouir ) et des copropriétés ( LeonardoDi Caprio vient de vendre sa copropriété Bien-être mais Deepak Chopra a encore la sienne au même endroit.) et ça a été un mouvement politique également. «  Radical self care ( Soin de soi Radical) cherche à gurérir les blessures récentes ( Trump) et systémiques ( trauma dûs au genre ou à la couleur), utilisant les mots du poète Audre Lorde, comme cri de ralliement : «  Prendre soin de moi n’est pas de l’auto-gratification. C’est de l’anti-préservation et c’est une arme de guerre politique »

Il peut être facile d’être cynique à propos du bien-être, à propos de  l’œuf de jade de $66  que Gwyneth Paltrow suggère d’insérer dans votre «  yoni ». Il ya quelque chose de grotesque dans l’émergeance de cette industrie à un moment où les soins de santé les plus basiques sont refusés à tant d’Américains et risque d’être supprimés pour des millions d’autres. Mais ce qui est peut-être le plus frappant est à propos de cette ascension du bien-être est le fait que, dans notre monde de plus en plus bifurqué, même ceux qui ont accès à des soins traditionnels plutôt bons, et quelquefois excellents si l’excellence est fonction du prix)  gardent la sensation, malgré tout, d’un incroyable mal-être.

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...Photo: Bobby Doherty/New York Magazine

J’étais dans l’ascenseur de l’appartement de l’immeuble de Park Avenue prête à aller fêter la sortie d’un blog que j’ai créé  quand j’ai croisé Kerrilynn Pamer, qui est comme je le savais la propriétaire Castor & Pollux, un magazin de vêtement dans le West Village. Grande et belle, elle portait une longue robe blanche et arborait un sourire doux et heureux. Elle avait fermé Castor & Pollux, m’expliqua-t-elle pour rouvrir il y a deux ans à sa place un magazin de  beauté naturelle  appelé CAP Beauty. “Avec la mode, il ya avait toujours une sensation de manque «  m’a-t-elle dit. «  C’était toujours, ça ne me va pas, ou je n’ai pas le sac assorti, ou je ne peux pas porter ça dans la vie quotidienne «  Cela menant toujours à l’impression que les gens étaient laissés de côté. » Pamer est intéressée dans le bien-être depuis longtemps. «  Je ne m’en apercevais pas vraiment mais je me sentais mal tout le temps. Je suis allée chez le médecin pur une visite annuelle et j’ai juste dit que j’étais fatiguée. Je ne vieillissais pas comme je le souhaitais. Je ne me sentais pas dans mon corps comme je le souhaitais. »Le médecin m’a rappellée après le rendez-vous et m’a dit : «  Je ne sais pas comment vous pouvez fonctionner maintenant, vous ne retenez rien ; » J’ai juste pensé ; «  C’est la norme, je vis à New York, je vieillis, j’ai une entreprise » Mais il a dit «  Non, vous avez une maladie coeliaque. » J’ai abandonné le gluten et boum » Pamer a commencé à analyser tout ce qu’elle mangeait puis tout ce qu’elle se mettait sur la peau. «  Tout vient grâce à un diagnostic ». Sa partenaire et elle-même Cindy Di Prima font partie d’un «  groupe orienté vers la recherche prioritaire de solutions.  Je veux me sentir bien et puis je veux que tout le monde se sente bien. » Pamer m’a invitée à venir dans son magasin, «  Nous avons installé quartz rose sous le plancher et les vibrations sont excellentes. »

J’y suis allée une semaine plus tard. Il pleuvait. La boutique était accueillante, des équipements en cuivre et des en-cas de la ligne Jus de lune de  Amanda Chantal Bacon. Les vibrations semblaient parfaites. J’ai été conduitedans la pièce arrière où j’ai eu un traitement facila par une femme particulièrement amicale et chaleureuse nommée Crystal. Beaucoup des produits qu’elle utilisait avaient un parfum de terre parfois assez nauséabond – comme celui de fruits très très mûrs au bord de la péremption— mais à part ça c’était un soin facila assez standard. Crystal ne m’a fait aucune remontrance, ni aucune critique sur l’étt de ma peau, ce qui était plutôt plaisant car çela fait aussi partie des soins du visage standards. Une semaine plus tard, j’ai reçu un email me recommandant un nouveau «  protocole »  pour ma peau. Celui-ci impliqait neuf produits et si je les achetais tous (il y avait le lien pour chacun) cela me coûterait près de 1000$. J’ai paniqué pendant un moment : «  Mais j’ai besoin de ça, je suis clairement en train de m’empoisonner avec le crème hydratante de la pharmacie que le dermatologue m’a recommandée ! J’ai commencé à cliquer sur les liens. Peut-être me contenter d’en acheter quelque-uns ? Peut-être ce bruisateur probiotic à 40$ pour équilibrer mon microbiome facial. Mes enfants ne méritent-ils pas une mère non toxique, est-ce que je ne mérite pas un moi non toxique ? Mas je ne suis pas allée bien loin, la plupart n’était plus en stock.

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A Los Angeles, ces deux frères sexy on entamé une révolution du bien-être.  J’ai fait une des meilleures siestes de ma vie dans un lit en cristal à 9000 dollars.

Dés qu’on passe un peu de temps dans le domaine du bien-être, il semble que tout le monde a été officiellement diagnostiqué. «  Je cros que pour les femmes en général, il existe une attente de se sentir évidemment très mal. Evidemment !   dit Elise Loehnen, la responsable de publications chez Goop. «  Dans leur grande majorité, les gens trouvent qu’ils connaissent tous des personnes autour d’eux qui sont malades, le fils de leur meilleure amie est autiste, ou a des problèmes de digestion. Les gens s’auto-définissent de plus en plus comme malades  de plus en plus. Ils sont inquiets à propos de leur nourriture, à propos de l’usage rampant du glyphosate. La nourriture poussait avant dans plusieurs mètres de sol argileux. Je pense que nus sommes apauvris. Je pense qu’il y a une carence en vitamine D parce que nous ne sortons pas assez et quand nous sortons, nous mettons des protections solaires. Nous avons perdu tout contact avec la tere en général et je pense simplement que ce n’est pas de cette façon que nous sommes supposés vivre. »

Moi aussi je connais des femmes qui ont une maladie céliaque, ou une sorte de maladie céliaque, et un million de maladies du système immunitaire, avec des noms compliqués qui affectent leur peau et leur intestin. Il n’est pas difficile de se demander parfois ce qui se passe, si nous sommes d’une façon ou d’une autre tous empoisonnés, si nos corps et nos esprits se révoltent contre cette vie si programmée, si digitalisée, ou si certaines de ces maladies identifiées et soignées  auraient tranquilmement, pour le meilleur ou pour le pire été supportées par les générations antérieures.

Est-ce que les évaluations des cas de maladies céliaques élaborées par l’Universtié de Chicago sont dépassées (un pour cent de la population américaine) ou sont-elles sur-diagnostiquées ? Le niveau d’anxiété a explosé dans le pays et bien que la maladie puisse être bien sûr une source et une cause de stress, le corps est également une zone où, même futilement, nous avons encore une chance de ré-exercer un contrôle.

Sur internet, il y a une communauté connue sous le nom de «  Les cuillères » (the spoonies) qui peut être considérée comme le cœur du monde du bien-être. Spoonies vient de la « Théorie des cuillères », une idée proposée par une femme nommée  Christine Miserandino qui a été diagnostique avec une chaîne de maladie dont la fatigue chronique avant qu’on lui trouve un lupus. Endant des années, elle a été embarassée et a souffert en silence, ayant sans arrêt à expliquer son comportement ( son blog est butyoudontlooksick.com). Sa théorie est simple : quand vous êtes en bonne santé, vous avez un stock sans cesse renouvelable d’énergie. Quand vous vivez avec une maladie ou une douleur chronique, votre capacité énergétique est limitée et vous devez sans cesse être capable de la mesurer, à travers les cuillères, en négociant la façon d’en faire usage. Prendre une douche coûte une cuillère, mais, ensuite parfois, c’est aussi ce que coûte le fait de sortir du lit. Si vos choisissez de cuisiner un dîner pour ce soir, cela peut vous coûter tant de cuillères que vous ne serez pas en mesure de vous occuper de la vaisselle.  Etc. Miserando a été suivie et il y a maintenant en ligne un groupe robuste de «  spoonies »  qui s’identifient comme tels et  qui s’assemblent afin de partager les traitements et les théories, de discuter de leur lutte avec la souffrance chronique physique ou mentale. «  Nous devons sans cesse être vigilants aux cuillères »  dit Carolyn Kylstra, l’éditrice en chef de Self, «  Ils sont vraiment au cœur de tout cela »

Nous avons mis du quartz rose sous le plancher et les vibrations sont excellentes.

Il y a une quantité astronomique de médecins frustrés par le mouvement bien-être, à cause de ce qu’ils considèrent comme la soi-disant science, louchen superficielle, derrière lui et eux aussi se font entendre. Voilà par exemple Timothy Caulfield, un expert en santé et en droit à l’Université d’Alberta, il est l’auteur de :  Is Gwyneth Paltrow Wrong About Everything?, ( Gwyneth Paltrow a-t-elle tout faux ?) qui concerne le sujet de la désintoxication du corps. «  C’est complètement ridicle dans une perspective scientifique, dit-il, cette idée qu’on puisse «  désintoxoiquer » son corps – nous avons des organes qui le font. Il n’existe aucune preuve que nous ayons ces méchantes toxines dans nos cellules qui nous font prendre du poids, qui nous fatiguent. Mais cela s’adresse à notre imaginaire d’une façon très puissante.  Jennifer Gunter,une gynécologue-obstétricienne et médecin de la douleur à Toronto a écrit un blog très franc et souvent drôle qui s’en prend souvent à Paltrow et Goop. Un des posts dit : «  Vos conneries Goop m’inquiétent parce qu’il affecte mes patients. Ils lisent vos théories bidons et puis ils arrêtent de manger des tomates ( note de bas de page, si les tomates sont si toxiques,pourquoi les Italiens ont-ils une espérance de vie plus longue que la nôtre ?), ou n’ont pas mangé une tartine de pain depuis trois ans, dépensent leur argent dans des tampons organiques dont ils n’ont pas besoin, demandent pour des évaluations de leur fatigue surrénale ( dont le paiement s’effectue souvent par la couverture santé ou au noir), ou ils sont obsédés par la crainte d’avoir une candidose systémique ( qu’ils n’ont pas). Mon fils a une maladie de la thyroïde et je crains que dans quelques années il puisse lire cette sorte de foutaise à propos des théories  sur la thyroïde que vous promouvez et se demande si il devrait arrêter son traitement et tenter de soigner un EBV ( Epstein-Barr. Mononucléose) chronique qu’il n’a pas. Je m’inquiète aussi que la science ait à dépenser tant et tant de ressources à démontrer l’inutilité de l’huile de serpent au lieude tester de véritables hypothèses. Je m’inquiète que vous inquiétiez les gens et que vous baissiez le QI médical mondial. »

Les critiques ne décontenancent pas Goop. «  Notre travail consiste à être sceptiques à propos du status quo, d’offrir des alternatives avec l’esprit ouvert. «  Goop insiste dans un commentaire : «  Notre contenu n’a pas comme but de générer de la peur, nous voulons donner aux gens les outils afin d’acquérir un peu d’autonomie à l’égard de leur santé. »

Et puis il y a les généralistes au milieu, «  la médecine fonctionnelle » de docteurs comme Frank Lipman. Ils sont des médecins diplomés qui peuvent prescrire des antibiotoques mais peuvent tout aussi bien prescrire des massages, une promenade en forêt, ou un ermaniement de votre régime alimentaire ou des vos exercices. Lipman exerce en cabinet privé depuis 30 ans, mais c’est lors de son stage à l’hôpital du Bronx qu’il a noté un taux de succès plus important parmi les toxicomans avec qui il utilisait l’acupuncture et qu’il a décidé de trouver un moyen de mêler les pratiques médicales occidentales avec les pratiques alternatives. Lipman nous dit qu’il croit que la capacit à pardonner peut avoir des bénéfices éormes sur la santé mais lorsque je lui dis que mon rhume des foins me rend fou, il dit, en haussant les épaules : « Ma femme utilise toujours Claritin. »

Parmi la Nouvelle garde on trouve le Dr Robin Berzin, qui a un doctorat à la Columbia Medical School, a été formé au  Mount Sinai,  et est aussi certifié comme formateur en Yoga et en méditation. Elle dirige Parsley Health, une boutique de pratique médicale. Pour 150 dollars le mois, les membres ont droit à cinq visites médicales par an, plus 24 sessions avec un guide santé dont le tavail est de vérifier que les conseils du médecin sont bien suivis (vous pouvez faire effectuer ces rencontres par vidéos si vous le souhaitez). «  Regarde, dit-elle un jour dans sa boutique, qui occupe une grande partie d’un Wework près de Union square,  (La nouvelle médecine est, au moins esthétiquement beaucoup moins orientaliste avec beaucoup moins de Ganesh ou de mandalas). Les gens ne se sentent pas bien, et ils cherchent des solutions, on leur donne un tas de mauvais conseils. Ils réduisent les jus qui sont aussi mauvais que le soda » La mission de Berzin est de réduire les médicaments, de toucher à la racine des plaintes habituelles qu’elle considère comme tout à fait guérissable,  des plaintes de syndrôme pré-menstruel, du colon irritable, insomies, eczéma. « Au service de la technologie, nous sommes chroniquement stressés, épuisés et sous médicaments : des anxiolitiques «Branchés et fatigués » c’est la façon dont beaucoup de patients me décrivent cette sensation » me dit-elle. Beaucoup de ses patients sont jeunes, «  les «  millenials » sont plus intéressés par la qualité de vie. Ils attendent de se sentir mieux. »

Après cette rencontre avec Berzin, j’ai passé le contrôle Parsley. J’ai rempli pendant la nuit un document pendant 30 minutes, décrivant les otites que j’avais étant enfant, le fait que je suis né naturellement mais nourri au biberon. Parsley a prescrit un examen du sang approfondi, je suis donc resté à jeun un matin puis me suis rendu au laboratoire. Une technicienne très gentille avec une longue queue de cheval  a regardé le document : Parsley Health ! a-t-elle dit, ils regardent tout. Ce n’est pas le cas de tout le monde … » elle a haussé les épaules, remplaçant chacun des tubes, 14 en tout. Les résultats de mes examens étaient sur le portail de Parsley’s une semaine plus tard : taux de cholestérol trop haut, ce que je sais depuis toujours, et un nom sur les allergies à la poussière et le rhume des foins  que j’ai aussi depuis toujours. Berzin a recommandé l’arrêt des céréales et du gluten mais mes résultats sanguins n’indiquaient aucune allergie à l’un ou à l’autre. Elle dit que je suis comme 5% de ses patients, ce qu’elle pourrait qualifier d’ « optimisatrice » en ce que je ne souffre d’aucune maladie chronique ou de douleur qu’elle rencontre et qui souffre du syndrôme polycystique-ovarien. Néanmoins, elle a quelques conseils à me donner, elle me propose de changer les horaires de mon activité physique et d’apprendre à méditer. Les membres de Parsley ont un accès gratuit à Headspace. Elle me recommande aussi un régime vitaminé : un complexe de vitamine B le matin, du magnésium afin de retrouver le sommeil profond, bien noir que j’avais dans la vingtaine. Elle me recommande aussi des orties pour la saison des allergies mais reconnait aussi qu’ils ne suppriment pas le symptôme à chaque fois. «  On ne va pas régler une infection avec un reiki ».

Une des choses difficile à accpeter dans le monde du bien-être est le fait que la paranoïa rampante est binevenue. – Que mangez-vous ? Que mettez vous sur votre peau ? – et pourtant il y a une foi jamais démantie dans toutes les cures. Une tartine de pain peut être considérée comme toxique mais la volonté de plonger dans le monde largement incontrôlé des vitamines et des compléments alimentaires est acquise. Mon joli, minutieux et intelligent médecin généraliste me dit chaque année lors du bilan annuel : s’il vous plaît ne me dits pas que vous prenez des compléments. Au mieux ça ne peut pas faire de mal, vous vous offrez simplement un pipi hors de prix.

Beaucoup de mouvement de bien-être répondent à des aspects de notre vie qui étaient auparavant considérés comme essentiels  et fondamentaux comme de respirer ou de dormir. Ce printemps, Arianna Huffington  a fêté le dixième anniversaire de ce qu’elle nomme «  sa bénédiction ». en avril 2007, Huffington s’est évanouie et s’est fracturé l’os de la pommette. Après un voyage à travers de nombreuses disciplines médicales traditionnelles, son diagnostic a été un simple «  burn-out », pas de cancer, pas d’attaque, pas de diabète insidieux. Elle était juste très très fatiguée. «  J’étais en train de brûler la chandelle par les deux bouts », dit-elle maintenant, et ce que je trouve intérssant est que si vous m’aviez demandé ce matin-là, comment allez-vous Ariana, j’aurais répondu, bien, parce que c’était la norme marchant sur le vide. Pensez comme nous sommes au courant du niveau de la charge de nos téléphones et si peu au courant de ce qui nous arrive à nous-mêmes. » Huffington a écrit un livre sur l’importance du sommeil, offrant une prescription (dont le rythme sera familier à quiconque a récemment régularisé le sommeil d’un bébé, un temps complètement ritualisé menant au calme et comprenant des bains chauds, des lumières douces, et une ombre complète). Plus tard, elle a quitté le Huffington Post et a  commencé le  Thrive Global, une organisation dédiée au bien-être. Thrive ( S’épanouir) plbile un blog, organise des programmes de bien-être pour des compagnies comme Uber, et vend des produits sur son site, comme le téléphone de chevet en bois,  qui est vendu avec de minuscules draps en satin pour que votre Iphone puisse dormir dessus. «  Vous savez, il y a quelque chose de si satisfaisant… » explique Huffington, dans son bureau surpeuplé de Soho, en collant son téléphone sous les draps de satin, «  Nous allons lancer un modèle qui ressemble à une petite voiture de course ». Elle sourit et tripote l’oreiller de son Iphone. Après tout vous devez aprrendre à vos enfants à mettre leur téléphone au lit aussi. »

Un des clients de Thrive est JPMorgan Chase, qui travaille avec la compagnie sur un challenge bien-être de 28 jours pour ses plus de 300.000 employés. Le bien-$etre promet Thrive, accompli des miracles pour le nec plus ultra des corporations. «  Ce ne’est pas pour ceux qui veulent aller se relaxer sous le manguier, dit Huffington, ceux-là vont bien, ils n’ont as besoin de nous, c’et pour des gens qui veulent accomplir des choses, des gens qui veulent réaliser. »

Elles s’agitent et mugissent, sauf que ce ne sont pas des Guerriers Maori mais des femmes blanches et sous-vêtements de sport.

Et si nous avons besoin de réapprendre à dormir, le bien-être cherche aussi à transformer notre façon de faire de l’exercice. Les classes de SoulCycle  auquelles je participe ne sont presque pas différentes des classes auquelles j’assistais il y a quinze ans. Il y a les mêmes sauts, les mêmes exercices de montées, les courses et parfois les mêmes titres de Madonna. Mais le professeur à Crunch avait l’habitude de crier des choses sur la saison des maillots de bain et les ailes de chauve-souris : nous savions tous ce que nous venions faire ici. A Soulcycle, l’éthos est impossible à identifier. Les lumières sont éteintes, des bougies sont allumées, et le mur est couvert de mots comme «  Rock star «  «  Guerrier ». Récemment j’ai remarqué que beaucoup de femmes portaient un sweat-shirt avec «  Spiritual Gangster » inscrit dessus. «  Qui, ici présent, à déjà pleuré à SoulCycle ? » a demandé l’instructeur un matin,  et plus de la moitié des personnes présentes a levé la main.  «  Fermer les yeux et pensez à ceux que vous aimez, à ce pourquoi vous faites ça. Où est votre compassion, où est votre gentillesse, vers où vous dirigez vous ? »

La Classe de Taryn Toomey, qui se tient au studio  millennial-pink  à Tribeca, est la classe bien-être à battre. Toomey a commencé sa carrière comme détaillante Ralph Lauren et a très tôt décollé. «  Mais je me sentais juste… pourquoi suis-je malheureuse, tout autour de moi semble parfait, «  explique-t-ellle, elle a commncé à enseigner à des amis un mix de yoga, de danse det de cri cathartic dans un sous-sol de son condo de Tribeca. Beaucoup de célébrités ont commencé à venir— Naomi Watts, Christy Turlington — ce qui est un point très positif dans le monde de la fitness et l’année dernière Toomey a pu ouvrir son studio. «  Je pense que nous devons tous affronter les effets du monde extérieur » dit-elle une après-midi avant sa classe, «  C’est tous ces médis sociaux, c’est tout «  a qui est-ce que je me compare », c’est toute l’illusion que le gens se créent sur la perfection des choses, ou ne sont pas. On l’utilise comme plate forme pour la honte et la haine. Je pense que le bien-être est un mouvement, et toutes ces pratiques diffrentes tournent toutes autour de l’élargissement de la conscience et de la clairvoyance, et c’est devenu nécessaire. Je pense que nous sommes vraiment effrayés et troubés et que nous recherchons l’appui de communautés. » Contre un mur se trouvent des produits à vendre, plus de poussières et d’en-cas Moon Juice, des huiles essentielles que Toomey frotte sur ma paume, elle ferme les yeux et inhale profondément. «  Maintenant, dit-elle, vous sentez comme l’amour »

Quand Toomey entre dans la salle, elle commence par crier : «  Quittez le putain de miroir, quittez la mère et le putain de miroir et revenez dans votre corps réel ! » Ses élèves se tapent les poings sur les cuisses et gémissent. Elles se trémoussent et se secouent et mugissent – des guerriers Maori sous une tente de renaissance baptiste dans le Sud,  mis à part le fait que ce ne sont que des femmes,, blanches, et qu’elles portent toutes des soutien-gorge de gym. Tout le monde transpire beaucoup, la pièce n’est pas ventilée, à faire des jumping jacks, des burees ou des abdos, avec un chien renversé à l’occasion.

Ce qui est remarquable c’est Toomey elle-même, qui parle de sa voix grave et enrouée avec son casque du début à la fin, un monologue changeant sur l’aide-à soi, des encouragements et des conseils : «  Dites au revoir à vos histoires, dit-elle, n’accusez pas ne condamnez pas. Communauté. Unité. Vous vous vous. »  chante-t-elle. Pas une seule fois mentionne-t-telle des parties du corps et je me trouve presque gênée  de penser, en faisant des jetés que je pratiquais il y a des lustres lors des classes Tao BO, ah celui-là est bon pur les fesses. Quand tout est terminé, Toomey commence à calemer son monologue. Plus de cris, plus de «  putain ». Le miroir est trop embué de toute façon pour qu’on voit quoi que ce soit. Toomey propose à la classe de s’étreindre la poitrine (sur la sienne se trouve un collier de cristal qu’elle a créé, dont une variété est en vente à l’accueil, de 400 à 10.800 dollars, «  Ca aide à s’enraciner » explique-t-elle. «  Oh, dit-elle doucement, ma douce, tu es là. C’est moi. Je suis désolée »

La méditation,  cette pratique vieille de plusieurs siècles, est à ce mouvement ce que le jogging était en 1978 pour « l’élite physique ». Le protocole de base et une opportuité d’évolution personnelle. En ce moment il y a deux compétiteurs majeurs dasn l’arène des «  studio de méditation »  à New York, L’un, Inscape, est l’enfant spirituel de Kajak Keledjian, qui a fait fortune avec Intermix, qui a récupéré des tenues créées par des designers haut de gamme qui pouvaient marcher sur le Jitney ou au Marquee. Il a vendu la maison à Gap et comme cela se produit souvent, avec les gens qui réussissent, a été inondé de questions sur la façon de réussir. Sa réponse a ét : par la médittion. Il a appris d’un ami qui conduit un hedge fund sur les bénéfices de regarder à l’intérieur. «S’occuper de soi est une nouvelle dimension du luxe » me dit Keledjaian. « Au lieu d’être des êtres humains, nous sommes devenus des humains faisants, j’ai assez travaillé sur l’apparence des gens. Et maintenant j’aide l’intérieur des gens, je travaille aussi dur, simplement plus consciemment. »

Ellie Burrows du rival d’Inscape Mndfl  était une jeune réalisatrice déprimée par le fait qu’elle n’aimait pas travailler de la façon dont ses collègues travaillaient. Elle s’offrit une odyssée du genre mange-prie-aime et quand elle revint à New York, elle commença à faire du bénévolat à l’ Institute for Compassionate Leadership,  ( institut pour une direction compassionnée) qui était dirigé par un Boudhiste Shambhala Lodro Rinzler dans le Upper East ( Ce n’est probablement pas la seule raison, j’était enfermée dans un placard étant enfant, mais c’était le même endroit) qui avait également écrit de nombreux livres dont «  Le Bouddha entre dans le bar, » The Buddha Walks Into the bar.

Ils eurent cette idée et grâce à la famille et aux amis, ils réussirent à lever les fonds nécessaires pour ouvrr trois studio à New York. «  Nous n’avons pas tourné autout des graines, nous avons tourné autour de l’amour » m’a dit Burrows une après-midi. Elle est enveloppée de foulards avec un tas de joailleries délicates en or dans le hall du studio Mndfl de la 8ième rue. Pas de téléphone, dit une affiche, mais nous comprenons que vous deviez faire un ista du mur à plantes.

«  Nous avons constaté que ça affecte nos vies directement, nous voulons être au service des autres, et cela a été très inspirant pour les gens qui ont décidé d’investir : ils l’ont fait dans un esprit de service. »

Dans la pièce calme éclairée par un vélux de Mdfl, une classe de méditation de 30 minutes est animée par Kevin Townley, un acteur aux cheveux blonds avec des lunettes en écaille et un visage anormalement doux. «  Vous êtes sur un pont, incante-t-il, et vos pensée flottent. Vous les laissez aller, vous les observez. » Un homme respire bruyamment par le nez, mis à part cela la pièce est silencieuse, à prt les occasionnels réajustements, reniflements, raclements de gorge. A la fin de la classe, Townley  donne la parole aux participants.

«  Je n’ai pas pu venir récemment, dit un homme au premier rang. Il est vêtu de pantalons kaki et d’une chemise vichy.  Son apparence est résolument grand public. «  Je me demande quoi faire de ce que j’ai appris lorsque je ne viens pas ici, parce que ce que j’ai réalisé, quand j’ai médité et bien… tout n’est pas bon » Townley opine avec empathie. Il sait. Il n’y a aucune garantie que tout cela s’incline vers la beauté et la paix. Il ya la possibilité de découvrir de la souffrance. La souffrance après tout est encore la vie. Comme l’insatisfaction, les nuits d’insomnie, et les douleurs articulaires. Tout comme l’est le fait de vieillir. Nous trouvons des façon de guérir, seulement pour en chercher de nouvelles.

« Je ne sais pas où mettre ma colère » dit-il. «  Et puis je ne peux pas en venir à bout ici, c’est juste là. Et je suis coincé. »

Accessoires par Dorothee Baussan au Mary Howard Studio; Coiffure et maquillage par  David Tibolla utilisant CHANEL Ombre Premiere à  Exclusive Artists.

*Cet article a été publié le 26 juin 2017, dans   New York Magazine.

” Pourquoi le bien-être est-il un nouveau symbole de luxe et le moyen de se sentir, d’avoir l’air et d’agir comme les riches “

 

Traduction : Elisabeth Guerrier

 

 

La stupéfiante médiocrité de Barack Obama / Chris Wright

L’actuel Président des USA fait les beaux jours des médias. Sa personnalité imprévisible, ce qu’il véhicule de pathos et de narcissisme allié aux innombrables passages à l’acte qui  sont à chaque fois des cailloux dans la mare des équilibres internes et externes déjà fragiles offrent à la presse de quoi mitrailler jour et nuit. Le parti Démocrate et son ex-candidate, soutenus par quelques médias délibérément achetés et vendus à la cause de la propagande, ceux que Paul Craig Roberts appelle “The presstitutes” ont nourri depuis son élection une telle violence obstinée à son égard, mettant la planète entière au risque de son propre effondrement par leurs manipulations d’opinion et leur continuel  recours aux coups montés médiatiques que l’on oublie tout. Tout, c’est à dire ce qui a amené ce pantin au pouvoir et les traces, ou leur absence, de ces huit années antérieures où un sourire et une aura médiatique ont transformé l’univers politique de la plus dangereuse nation du monde en une scène people et où toutes les réformes vitales et promises ont laissé place à une passivité et à une lâcheté politique hors pair. Obama est “aimé” comme les masses “aiment”, sans penser, sans savoir, sur une image et un battement du coeur. Dans l’aveuglement. Les masses qui l’aiment ignorent, bernées par cet évènement unique dans l’histoire de l’Occident de la minorité enfin validée et de ce que représentait son élection, que les débats sur la prise de pouvoir et la reconnaisance de certains “traits” comme la couleur ou le genre ne seront jamais des garanties d’intégrité morale ou politique et que ces caractéristiques de la ” différence” ne modifient en rien les relations toujours invalidantes pour le courage politique  avec les miroitements fascinants du pouvoir. EG

La stupéfiante médiocrité de Barack Obama / Counterpunch

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The Stupefying Mediocrity of Barack Obama

By/ par CHRIS WRIGHT

Photo by Maryland GovPics | CC BY 2.0

Entant que Marxiste, je ne suis pas très intéressé dans la psychologie du pouvoir. Je ne pense pas que ça ait beaucoup d’importance et cela tend à être assez uniforme et prévisible de toute façon : surestimation de soi, auto-justification, rationalisation morale pour toutes les décisions monstrueuses prises, brutale indifférence pour la souffrance humaine en dessous ( au mieux) d’un vernis de préoccupation, énergies dirigées vers les machinations pour accroître le pouvoir, accommodation lâche avec la voie de moindre résistance politique, une insularité collective de financiers dorés et de délateurs etc. D’autre part méprisant les puissants suffisants, j’ai plaisir à rabaisser leur prétention grandiose. Aussi parfois j’aime à patauger dans la boue de leur psychologie.

Un article du New York Times daté du 30 mai ‘a donné l’occasion de me livrer à ce passe-temps sordide. Son titre «  Comment l’élection de Trump a secoué Obama : «  Et si nous avions tort ? » “How Trump’s Election Shook Obama: ‘What if We Were Wrong?’”. Selon l’un de ses conseillers, après l’élection, Obama que l’internationalisme cosmopolitain des intellectuels éclairés comme lui avaient été responsables pour cette issue stupéfiante. «  Peut-être avons-nous poussé trop loin » a-t-il dit,. «  Peut-être les gens veulent-ils revenir à leurs tribus ». En d’autres termes, nous étions trop nobles et trop novateurs pour les masses incultes qui ne veulent rien d’autre que de rester submergées par leur confortable identité provinciale. Nous avons été trop ambitieux et idéalistes pour nos imparfaits compatriotes.

«  Parfois, je me demande si je ne suis pas arrivé 10 ou 20 ans trop tôt »  a soupiré Obama. Le pays n’était pas près pour le premier président noir et sa vision post-raciale si ambitieuse.

Ces citations sont toutes les preuves dont nous avons besoin pour comprendre ce qui occupe l’esprit de quelqu’un comme Barack Obama.

En fait, la dernière d’entre elles est révélatrice à elle seule : elle suggère la dimension de la mégalomanie stupéfiante d’Obama. Ce n’est pas vraiment une nouvelle que Obama est mégalomaniaque, mais ce qui est modérément plus intéressant est la nature méprisante et fantasmatique de sa mégalomanie. (Dans certains cas, après tout l’égotisme peut être  justifié. Je peux pardonner à Noam Chomsky d’être égotiste – s’il l’était, ce que dément son humilité d’auto-effacement ) Obama se voit clairement comme le point culminant du Mouvement pour les droits civiques (Civil Rights Movement)—lui qui n’a participé à aucune occupation, à aucune marche pour la liberté, à aucun boycott ou à aucune marche éprouvante dans le Sud profond, qui n’a souffert d’aucune brutalité policière, ni d’aucun garde à vue, qui a fréquenté la section de droit de Harvard et a joui d’une vie adulte privilégiée et facile dans ou près des couloirs du pouvoir. Cet homme qui n’a apparemment jamais pris position pour des causes morales impopulaires au cours de sa vie a décidé il y a longtemps que ce serait son rôle historique de porter les luttes du SNCC, de la SCLC, de Ella Baker et de Bob Moses, de Martin Luther King à leur degré de maturité – en naviguant dans le bureau ovale sur la vague de millions de supporters, d’organisateurs infatigables et désintéressés. Avec son accession au pouvoir, et avec lui celle de visionnaires intègres comme Lawrence Summer, Hillary Clinton, Timothy Geithner, Eric Holder, Arne Duncan, Robert Gates et Samantha Power, le rêve de Martin Luther King serait enfin réalisé.

Obama  a continué a respecter la tradition d’’Abraham Lincoln et des abolitionnistes quand son administration a déporté plus de trois millions de sans-papier  et a démantelé des dizaines de milliers de familles d’immigrés. Il a été un idéaliste plein d’inspiration quand il a autorisé l’envoi d’armes  à Israël en juillet et aout 2014, en plein milieu du massacre de Gaza parce que, comme il l’a dit avec son éloquence caractéristique et ses intuitions morales : «  Israël a le droit de se défendre «  (Contre des enfants et des familles acculées à une pauvreté désespérante dans une prison à ciel ouvert)

Il était loin devant son temps, un héros à la fois des droits civiques et un globaliste éclairé quand il a présidé «  le plus grosse désintégration de la richesse noire observée récemment » en ne faisant rien pour stopper la crise des saisies ni demander des comptes aux responsables pour les dommages causés. C’est certaienement seulement l’esprit tribal irrationnel qui a fait élire Trump et non, disons, le fait que l’administration Obama était beaucoup plus bienveillante à l’égard du secteur bancaire que celle de Georges H.W Bush, comme on le voit par exemple dans le choix (manifestement corrompu) représentants des firmes financières  aux postes clefs du Département de justice.

Et ce n’est que parce que les masses sont stupides et partiales qu’elles n’ont pas pu voir  les glorieux bénéfices à tirer  du Trans-Pacific Partnership, une des questions sur lesquelles Obama semblait avoir sincèrement investi émotionnellement parlant.

Quels tribalistes primitifs ils sont d’être soucieux de la perte de millions d’emplois dans les usines, de l’augmentation des prix des médicaments, de la protection inadéquate de l’environnement, et en général de la montée en puissance massive des corporations.

Rassemblées, les deux citations qui constituent l’explication initiale de la victoire de Trump par Obama- «  nous avons poussé trop loin » et «  j’étais beaucoup trop en avance sur mon temps » confirment également avec assez peu de surprise que la question morale de l’existence de classes n’existe pas pour lui. Tout comme (par définition) elle n’existe pour aucun politicien centriste. Obama peut lui avoir donné un accord de façade dans sa rhétorique, mais ce qui le préoccupait plus est un type usé d’identité politique, l’inclusion culturelle, symboles et spectacles du millénaire post-racial et post-nationaliste, dont il se considérait lui-même  être un grand exemple.  Si Trump a été élu, c’est parce que les gens n’étaient pas encore prêts pour ce millénaire.

Mais ceci n’affecte pas la place personnelle d’ Obama dans l’histoire : il est certain qu’il sera innocenté, et même bien sûr considéré comme encore plus remarquable pour être arrivé trop tôt.

Cette perception explique aussi sa méfiance générale  à critiquer publiquement Trump. Cela ne lui importe pas assez pour qu’il le fasse- Il n’est que profondément outragé par les injustices incessantes de la politique trumpienne – parce que sa tâche a déjà été accomplie : il s’est écrit lui-même dans les livres d’histoire en étant le premier Prsident noir des USA. Cet accomplissement est ce qui compte, ceci et ses huit années d’essais (supposés) de «  soins des divisions de ce pays. Encore, c’est regrettable que le pays n’ait pas été prêt pour lui, mais ce n’est pas sa faute.

C’est pourquoi, plutôt que de s’impliquer dans une quelconque résistance  à Trump – qui puisse exacerber les divisions culturelles, horreur des horreurs, qui ne serait pas convenable ou «  présidentielle » car les puissants ne doivent pas se critiquer les uns les autres) les Obama projettent  de produire des spectacles sur Netflix qui seront apolitique et «  facteur d’inspiration ». Ce nouveau projet est symptomatique.  Les puissants aiment à propager des histoires «  revigorantes » parce que quoi que ce soit d’autre pourrait attiser leur conscience, provoquer la légitimité de l’ordre social dont ils profitent et inspirer des mouvements de résistance. Mieux vaut donc se concentrer sur des histoires de bien –être qui réassure les gens sur la justice intrinsèque du monde ou qui inculque la notion que tout un chacun peut améliorer sa situation si il essaie vraiment.  C’est pour cette même raison que le livre favori de Bill Gates est celui de  Steven Pinker, Enlightenment Now, qui prétend que tout est beaucoup mieux maintenant que cela ne l’a jamais été et que donc, nous devrions être reconnaissants.

J’ai eu l’occasion de regarder la vidéo récemment où Norman Finkelstein psychanalyse Obama,  et son interprétation m’a frappé. Pas parce que l’individu pathétique qui était analysé soit d’un intérêt intrinsèque mais parce que le type qu’il représente est toujours avec nous. Et sera toujours populaire et sera toujours moralement et intellectuellement vide. Finkelstein a appris de la biographie  de David Garrow que, en tant que Président de la Harvard Law Review, Obama était d’un genre très conciliant. Dès qu’un conflit se manifestait entre les Conservateurs et les Libéraux, il abordait le problème de la même manière : il prenait les interlocuteurs à part et leur disait : «  Ne vous excitez pas tant, il n’y a pas de quoi. Pourquoi vous excitez-vous autant, il y a des choses plus importantes dans la vie » Parce que, pour Obama, comme l’explique  Finkelstein, il n’y avait qu’une chose importante dans la vie, moi. Tout le reste n’était que de la broutille, sauf lui. »

C’est la clef. Quand la valeur majeur dans la vie est l’auto-glorification, ce que vous tendez à générer la lâcheté morale, l’irresponsabilité de personnes comme Obama, les Clinton, et en vérité, tous les politiciens centristes. Ils feront tout ce qui est possible pour accéder au pouvoir, afin de réaliser leur «  destinée » de devenir puissants. Ils chercheront toujours à contenter les «  deux côtés » une notion binaire qui écarte une gauche authentique, c’est-à-dire les intérêts de la majorité- parce que c’est la route la plus sûre et la moins risquée vers le pouvoir.

Ce qui nous emmène à l’héritage réel d’Obama, au lieu de celui que l’on imagine. A partir du moment où il s’est engagé dans une vie de pâle centrisme en des temps d’escalade de crise sociale, il a déterminé quelle serait sa place dans l’histoire. Cela évoque l’analyse de Georg Lukacs au sujet de l’indécision de l’intelligentsia libérale en Allemagne pendant les années 20, dans son livre  La destruction de la raison. L’élite libérale de la République de Weimar ne pouvait cautionner le Fascisme mais ne pouvait s’engager dans un programme de réformes démocratiques décisives pour y résister – parce qu’ils craignaient encore plus le socialisme que la fascisme- ils ont donc fini en vacillant d’une façon pathétique, critiquant la démocratie de masse tout en la défendant à moitié parfois, appliquant la modération d’une façon irresponsable, et générant de e fait l’ultra-réaction.

Bien que les USA ne soient certainement pas la République de Weimar et que les risques d’un Fascisme. Déclaré ne soient pas aussi élevé que ce qu’ils étaient à ce moment, on peut voir quelques parallèles. Tout comme le vacillant et irresponsable libéralisme de Jimmy carter a poussé vers la réaction de l’âge Reagan, le libéralisme vacillant d’Obama a préparé la voie pour le semi-fascisme de Trump et le renouveau de la suprématie blanche. ( Autant pour la soi-disant progression des droits civils d’Obama, il est sans conteste ce qui est arrivé de pire aux minorités depuis Jim Crow) On ne peut pas être neutre dans un train en marche. Si vous essayez, vous vous mettez du côté de la réaction.

Félicitations Obama. Vous vous êtes inscrit vous-même dans les livres d’histoire.

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Chris Wright a un Doctorat d’histoire américaine Université de l’Illinois, Cho=icago et est l’auteur de Notes of an Underground HumanistWorker Cooperatives and Revolution: History and Possibilities in the United States, and Finding Our Compass: Reflections on a World in Crisis. L’adresse de son site est : www.wrightswriting.com.

Traduction : Elisabeth Guerrier

L’investiture d’Obama   David Bromwich 2014

La monopolisation de l’Amérique : le plus important problème économique dont vous n’entendez jamais parler. Robert Reich

Le signe est toujours ostensible, seule son interprétation change. La passion sans borne pour les “marques”, dite comme telle ou uniquement pratiquée dans l’intimité de la construction de soi, est un des stigmates de l’absorbtion de codes, applicables à toutes les aires de la vie où chacun a le sentiment de créer sa propre expérience en tant d’individu unique. Cette individualisation intégrée comme une réalité psychique de  “l’hyperconsommateur expérienciel”* se crée dans le contexte d’un lien spécifique et clos sur lui-même entre l’objet-marchandise et le consommateur, évacuant la réalité des pratiques périphériques des autres consommateurs pour se centrer sur la nature supposée, et décrite d’une façon forcenée comme telle, d’unicité du choix et de la signifiance d’excellence qu’il indique pour celui ou celle qui l’opère. Il va de soi que l’accès à la connaissance de ce qui et de qui manipule l’illusion d’une profusion de possibilités dans l’objet-marchandise ne peut que remettre en jeu cette pseudo-liberté consumériste et ne faire valoir que la prison dorée qui l’entoure.EG

* ” Gilles Lipovetsky “Le bonheur paradoxal”  Essais folio Gallimard 2013 p.150

La grande lessive Hommage aux Oligopoles. P&G ” Au plus près de la vie “

Et dans la perspective de ce monde lobbyisé où le politique n’a plus comme fonction que de s’adapter aux initiatives technocratiques. Walmart entreprend de polliniser avec des drônes.

Le monopole de l’Amérique : le plus important problème économique dont nous n’entendons jamais parler. Une seule réponse : il est temps de remettre au goût du jour les lois anti-trust

THE MONOPOLIZATION OF AMERICA: The biggest economic problem you’re hearing almost nothing about

There’s only one answer: It is time to revive antitrust.

Robert Reich / Robert Reich / Op-Ed – May 7, 2018

Il y a peu de temps j’ai rendu visite à des fermiers du Missouri dont les bénéfices disparaissent. Pourquoi ? Monsanto à lui seul possède la clef génétique de 90 % des plans de soja récoltés par les agriculteurs des US et de 80 % du maïs. Ce qui signifie que Monsanto peut élever librement ses coûts. Les fermiers sont étranglés d’un autre côté également, parce que les groupes agro-alimentaires auxquels ils vendent leurs produits sont  eux-aussi devenus des méga-compagnies qui ont un tel pouvoir sur le marché qu’ils peuvent diminuer les prix payés aux agriculteurs. Ce qui ne signifie pas des prix plus bas pour vous quant à la nourriture. Mais signifie de plus gros profits pour les monopoles.

Des monopoles partout.

L’Amérique avait des lois anti-trust qui empêchaient les corporations de monopoliser les marchés et dissolvaient souvent les compagnies coupables les plus importantes. Plus maintenant. C’est une redistribution cachée d’argent et de pouvoir de la majorité des Américains vers l’exécutif des corporations et les riches actionnaires

Vous pouvez penser que vous avez beaucoup de choix, mais regardez de plus près :

  1. Les quatre plus grandes compagnies d’agro-alimentaire contrôlent 82 % du conditionnement du bœuf, 85 % de la transformation du soja, 63 % du conditionnement du porc, et 53 % du conditionnement du poulet.
  2. Il existe de nombreuses parques de dentifrice mais 70 % de l’ensemble ne vient que de deux compagnies.
  3. Vous pouvez penser avoir le choix parmi les lunettes de soleil, mais elles viennent toutes ou presque d’une seule compagnie : Luxottica. Qui possède aussi pratiquement tout le marché des montures de lunettes.
  4. Pratiquement tous les ceintres en plastiques d’Amérique sont faits par une seule compagnie : Mainetti
  5. Quelle marque d’aliments pour chat devriez-vous acheter ? Il semble qu’il en existe beaucoup mais que derrière elles ne soient que deux compagnies.
  6. Et les produits pharmaceutiques ? Oui vous pouvez vous procurer les génériques bon marché. Mais les compagnies pharmaceutiques payent en fait les fabricants de médicaments génériques afin qu’ils repoussent la mise sur le marché des versions moins onéreuses. De tels «  payer pour un délai » sont illégaux dans d’autres économies avancées, mais les renforcement anti-trust n’ont pas touché un seul de leurs cheveux. Ils nous coûtent aux environs de 3.5 milliards par an
    7. Vous pensez que votre assurance santé couvrira les coûts ? Les assurances santé elles aussi fusionnent. Ce qui est la raison pour la montée en flèche des coûts des premiums, copaiements, et des déductibles.
  7. Vous pensez avoir un grand choix quand vous achetez un billet d’avion ou faites une réservation d’hôtel ? Erreur. Vous n’en avez que deux, Expédia a fusionné avec Orbitz, ce qui ne fait plus qu’un compagnie, et il y a Priceline.
  8. Et en ce qui concerne le câble ou les fournisseurs internet ? Il n’y en a que quatre. Et deux d’entre eux ont annoncé qu’ils allaient fusionner.

Pourquoi le monopole en Amérique est-il un énorme problème.

Le problème avec toutes ces fusions entre les mains d’une poignée de firmes géantes est qu’elles n’ont pas besoin d’être en compétition. Ce qui signifie qu’elles peuvent faire et font monter les prix.

De telles fusions maintiennent les salaires au plus bas. Les travailleurs ont moins le choix de leur employeur tout en ayant plus de peine à obtenir une augmentation. Quand le marché local du travail est dominé par exemple par un hypermarché (big box)  ou par une seule chaîne de distribution, ce sont eux qui déterminent le niveau des salaires dans leur sphère géographique. De telles consolidations maintiennent bas les salaires. Les salariés ont moins de choix dans leurs employeurs et plus de difficultés à obtenir une augmentation. Quand le marché du travail local est dominé par un consortium uniquement, ou une marque de grande distribution par exemple, ces firmes déterminent le niveau des salaires pour la zone.

Ces corporations gigantesques ont aussi une grande influence politique. Et c’est une des raisons pour leur consolidation : le pouvoir. Les lois antitrust étaient supposées arrêter ce qui est en train de se produire. Mais aujourd’hui, elles sont presque lettre morte. Et ceci vous endommage.

Nous avons oublié l’histoire

La première loi antitrust a été votée en 1890 quand le Sénateur John Sherman a répondu à une colère populaire concernant les énormes cartels des chemins de fer, de l’acier, des télégraphes et du pétrole – alors appelés trusts qui dirigeaient alors les USA

Une poignée de responsables de corporations connus en tant que «  robber barons » présidaient à tout cela, amassant des fortunes aux dépends des travailleurs qui triaient de longues heures souvent dans de dangereuses conditions pour un maigre salaire. Les corporations dupaient les consommateurs et corrompaient la politique.

Puis, en 1901, le réformateur progressiste Teddy Roosevelt devint Président. Au même moment le public américian exigeait une action. Dans son premier message au Congrès, en Décembre 1901, seulement deux mois après avoir occupé la Présidence, Roosevelt avertit : «  Il existe une conviction répandue dans l’esprit du peuple américain que les grandes corporations, connues sous le nom de trusts sont dans certains de leurs aspects et tendances dangereuses pour le bien-être populaire général. » Roosevelt utilisé le Sherman Antitrust Act pour attaquer la Nothern Securities Company, une compagnie géante de chemins de fer dirigée par JP Morgan, l’homme d’affaire le plus puissant de la nation. La Cour suprême des US soutint Roosevelt et ordonna le démantèlement de la compagnie.

En 1911, le John D. Rockefeller’s Standard Oil Trust était démantelé aussi. Mais lors de sa décision, la Cour suprême altéra le Sherman Act, ajoutant que les restrictions du commerce de monopole étaient critiquables uniquement si il était considéré comme « déraisonnable ». “unreasonable” – et que c’était à la cour de le déterminer. Lors de l’élection présidentielle de 1912, Roosevelt, qui se représentait à la présidentielle mais cette fis comme candidat du troisième parti, dit qu’il autoriserait certaines concentration d’industries lorsque’il y aurait une efficacité économique due à leur grande échelle.  Il aurait alors un comité d’expert régulant ces grandes corporations pour le bénéfice public. Woodrow Wilson, qui finit par gagner ces élections et son conseiller Louis Brandeis, optèrent pour une vision différente. Ils ne pensaient pas que la régulation fonctionnerait et que tous les monopoles devaient être démantelés. Pendant les 65 années qui suivirent, les deux positions se maintinrent. Il y eu des lois anti-trust fortes avec des régulations qui gardèrent le contrôle sur les corporations. La plupart des grandes fusions furent prohibées.

Même celles de grande taille étaient considérées comme un problème. En 1945, dans le cas United States v. Alcoa (1945), la Cour suprême a décidé que même si Alcoa n’avait pas acquis un monopole, elle en était devenue un en prenant une telle ampleur qu’elle était coupable de violation du Sherman Act.

Qu’est devenue la loi anti-trust ?

Tout a changé dans le années 80, après que Robert Bork, avec qui incidemment j’ai étudié les lois anti-trust à l’Ecole de droit de Yale puis avec qui j’ai travaillé lorsqu’il est devenu Avocat général sous le Président Ford – ait écrit un livre influent nommé «  Le paradoxe de l’anti-trust, qui soutenait que le seul but du Sherman act était le bien être du consommateur. Bork affirmait que les fusions et les grandes tailles créent presque toujours de l’efficacité qui permet de faire baisse les prix, et que dans ce contexte, elles devraient être légales. Les idées de Bork étaient en relations avec la conservatrice Ecole de Chicago, Chicago School of Economics, et trouva une audience fin prête dans l’administration Reagan. De même que sous mandat démocrate. Bork avait tort. Mais depuis lors, les antitrust ont quasiment disparus.

Le monopole de la «  high tech »

Nous assistons au déclin de la compétition même dans les industries de pointe et dans la haute technologie. Dans la nouvelle économie, l’information et les idées sont la forme de propriété la plus valorisée. C’est là qu’est l’argent. Nous n’avons jamais vu de concentration de cette ampleur auparavant. Google et Facebook sont là où maintenant les Américains cherchent leurs informations. Pendant ce temps, Amazon est le premier arrêt pour la moitié des Américains cherchant à acheter quelque chose. Nous évoquions le pouvoir.Contrairement à une vision conventionnelle de l’économie américaine grouillant de petites compagnies innovantes, la réalité est tout à fait différente. La proportion à laquelle les nouvelles compagnies se sont créées aux US a remarquablement ralenti depuis les années 70.  Les brevets généralisés, les plate-formes standards, les flottes d’avocats poursuivant les rivaux potentiels, les armées de lobbyists ont créé des barrières formidables pour les nouveaux arrivants. Le moeur de recheche de Google est si dominant que «  to google » est devenu un verbe.

L’Union européenne a poursuivi Google par l’intermédiaire de la loi anti-trust, l’accusant de forcer les usagers de son moteur de recherche vers ses propres plateformes d’achats. Et en juin dernier, Google a dû s’acquitter d’une amende record de 2.7 milliards. Mais pas en Amérique. Il est temps de redonner vie à l’anti-trust. Les pouvoirs économique et politique ne peuvent être séparés parce que des corporations dominantes gagnent de l’influence sur l’organisation, la maintenance et le renforcement du marché sur le plan politique- ce qui augmente encore leur pouvoir. Alors que le but premier de la loi anti-trust était de prévenir cela. Le « big tech » comme les laboratoires pharmaceutiques, les assurances, l’agriculture et les géants finaciers, dominent maintenant à la fois l’économie et le politique. Il n’y a à cela qu’une seule réponse : remettre en fonction les lois anti-trust.

Robert Reich

http://robertreich.org/

Robert B. Reich est Chancellor’s Professor de politique publique à l’Université de Californie  à Berkeley, Senior Fellow au Blum Center for Developing Economies. Il a exercé en tant que Secrétaire d’état au travail sous l’administration Clinton et s’est vu nommé par le Times magazine l’un des dix secrétaires de cabinet les plus efficaces du 20ième siècle,. Il a écrit quatorze livres, y compris les best-sellers « “Aftershock”, “The Work of Nations,” et “Beyond Outrage,” et , son plus récent, “Saving Capitalism.” Il est aussi le fondateur de l’American Prospect magazine, membre du burau de Common Cause, et memebre de l’American Academy of Arts and Sciences, co-fondateur de l’association Inequality Media and co-créateur du documenaire récompensé «  Inequality for All ».

 

Article lié ” The state of competition and dynamism: Facts about concentration, start-ups, and related policies “. The Brooking Brief

 

Traduction : Elisabeth Guerrier

 

L’histoire de la guerre du Parti démocrate et l’ AUMF de 2018

The Democratic Party’s War History and the AUMF of 2018

L’histoire de la guerre du Parti démocrate et l’ AUMF de 2018

Peut-il y avoir un exemple plus grotesque du «  corps législatif le plus important du monde » si ouvertement dénué de conscience, si déconnecté des réalités de la vie sans aucune conscience de sa propre culpabilité dans la perpétuation des crimes de guerre.

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by

Renee Parsons

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“Depuis son adoption en 2001, à quelques jours des attaque du 11 septembre, l’AUMF a servi à justifier chaque extension du rôle militaire des USA au Moyen-Orient, avec chacune des supervisions des Comités concernés réduites à un hochement de tête syncopé.
 (Photo: Carolyn Kaster/AP)

Si vous semblez surpris que les Sénateurs démocrates, dont la pluprt est prfaitement indistinguable des Républicains pro-guerre, soient près de se grouper autour de la nouvelle version de l’ Authority for the Use of Military Force of 2018 (AUMF), c’est que vous n’avez pas prêté attention.

La proposition du AUMF de 2018 remplacera l’ AUMF 2001 et annulera l’ AUMF 2002  tout en codifiant une « autorité ininterrompue permettant d’utiliser toute fore nécessaire et appropriée dans les conflits armés » contre les Talibans, al Qaeda, ISIS et les «  forces associées désignées » pas encore identifiées qui pourraient «  représenter une menace grave pour les US «  quel que soit le pays qu’elles occupent » .

Le AUMF 2018 n’offre aucune restriction des opérations militaires, ni de date ou d’espoir de date d’expiration tout en abdiquant tout statut d’autorité dans la décision d’entrer en guerre du Congrès comme il est octroyé dans la Constitution en tant que branche exécutive, sans compte à rendre ou supervision significatifs.

Au cour de ses huit années au pouvoir, Obama a lâché plus de 26.000 bombes dans sa seule dernière année, y compris une multitude de frappes de drones, il a créé la «  liste d’assassinat” du mardi et a commencé la guerre dans quatre pays qui étaient en paix avant qu’il ne soit élu en 2008.

Autrement dit, l’AUMF 2018 représente la complète capitulation du MIC envers un maintien permanent de plus de deux décennies de la « guerre pour toujours » présente ostensiblement dans le Moyen Orient pour les futures générations de troupes américaines, alors que le pays s’enfonce de plus en plus dans le fossé de l’insolvabilité financière et qu’il vit intérieurement un chaos malfaisant et amoral.

Cela fait cinquante ans que les Démocrates du Congrès étaient à l’avant-garde du mouvement contre la guerre du Vietnam. Depuis les années 60, très peu de Démocrates élus ont osé affronter les têtes du parti pur parler de paix ou pour défier aucune intervention militaire de leur politique interventionniste et cependant c’est ce parti qui clame posséder l’intégrité morale.

Une analyse datant d’octobre 2002 de la Résolution du congrès AUMF demeure instructive. Il s’agit de l’approbation de la grotesque invasion l’Irak par GW Bush. L’AUMF d’origine a été adopté par le Congrès trois jours  après les attaques du 11 septembre avec le leader de la majorité des sénateurs démocrates Tom Dashle poussant la résolution de  promulgation comme son premier sponsor. Le Sénat approuva l’usage de la force militaire en Irak à 77 voix contre 23 et l’approbation de la Chambre avec un vote de 296 contre 133. Dans chaque institution, le parti «  libéral » démocrate a fourni le terrain d’appui de la résolution qui allait initier les prochaines 17 années d’extrême dévastation civile à travers tout le Moyen Orient et la crise de la dette des USA qui menace d’une implosion financière massive.

Et cependant, il ne semble pas que ces soi-disant libéraux encore au pouvoir et qui continuent de financer chaque projet de loi de la Défense sans aucune considération pour les conséquences ne doivent rendre aucun compte.

Cela pourra provoquer un choc chez les Démocrates loyalistes d’apprendre que la majorité  des guerres menées au 20ième siècle ont été initiées et ou conduites sous une présidence démocrate. Les aficionados de la Première guerre mondiale peuvent remercier Woodrow Wilson, le révérent FDR emmena les US dans la Seconde, un Truman préparé autorisa l’usage de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagazaki avant d’initier la Guerre de Corée, en 1950 et l’escalade  au Vietnam de Lindon Johnson est devenue une métaphore de la «  Grande société ». Au début des années 1990, avec l’OTAN agissant comme mandataire de   l’administration Clinton fût initié un effort militaire afin de rompre avec la Yougoslavie socialiste non-alignée qui s’est terminé par une décennie de   bombardements humanitaires » qui ont dévasté la population civile tout en désintégrant un pays autrefois prospère.

D’un autre côté, le Président Jimmy Carter, un bénévole dans l’association « Habitat for Humanity » depuis qu’il a quitté sa fonction, pouvait fièrement affirmer que «  Nous avons gardé notre pays en paix, nous n’avons pas enclenché de guerre, nous n’avons rien bombardé, jamais tiré une balle » Plus récemment, Barack Obama, qui a mené sa campagne en tant qu’ érudit de la Constitution et à qui le Prix Nobel de la Paix fût attribué frauduleusement en 2009, juste avant qu’il ne déclenche une série de bombardements insensés sur sept pays islamiques. Pendant ses huit années à la présidence, Obama a lâché plus de 26,000 bombes seulement lors de sa dernière année, dont une multitude de frappes de drones, établi une liste d’assassinats du Mardi matin,  et commencé une guerre dans  quatre pays  qui vivaient en paix quand il a été élu en 2008.

Il y a ici plus qu’une coïncidence cosmique  puisque tous ces Présidents démocrates mentionnés plus haut sont maintenant considérés par les Démocrates loyalistes comme des «  libéraux » sur l’échelle idéologique.

Présentée par le Sénateur. Bob Corker (Républicain-Tennessy), Président à la retraite du Comité sénatorial pour les Affaires étrangères, (Senate Foreign Relations Committee), l’ AUMF 2018 est co-financée par les Sénateurs démocrates Tim Kaine (D-Va), Chris Coons (Del)  and Bill Nelson (Fl). Kaine, est candidat à la vice-présidence de l’HRC, Coons est aux relations étrangères pendant que Nelson est au Comité des Forces armées. Kaine et Nelson sont tous deux   en lice pour une réélection   cette année comme le sont trois autres Démocrates du Comité, les Sénateurs Menendez (NJ), Chris Murphy (Conn) et Cardin (Maryland). En plus, le Sénateur Flake (R-Az) qui sert également aux Affaires étrangères a opté pour ne pas se représenter.

Corker a indiqué qu’un vote plancher au Sénat dependara de la force du support de l’AUMF au sein du Comité des affaires étrangères et qu’une large quantité en sa faveur faciliterait le passage des Démocrates. Le   Sen. Rand Paul (R-SC) et le Sen. Jeff Merkley  (Oregon) ont annoncé leur opposition à la résolution. Les memebres du Comité des Affaires étrangères assistant à la récente conférence 2018 AIPAC Policy comprenaient les Sénateurs  Cardin (D-Md), Coons (De), Menendez (NJ), Marco Rubio (R-Fl), Rob Portman (R-Oh) ainsi que le Sen. Tom Cotton (Ak) qui fait fonction dans le Comité sénatorial des Forces armées (Armed Services Committee.)

Peut-il y avoir un exemple plus grotesque du «  plus grand corps législatif du « plus grand cops législatif du monde » si évidemment dénué de conscience, si disconnecté des réalités quotidiennes et sans la moindre conscience de leur propre responsabilité dans la perpétuation des crimes de guerre.  Pendant que le Comité débattra sur la nécessité d’amoindrir ses responsabilités constitutionnelles et d’alléger ses obligations législatives, l’approbation de l’  AUMF 2018 confirmera la perception du public que, en dépit  de ses carrières tranquilles et juteuses, le Congrès est un forum inutile et obsolète.

Ce travail est sous licence de Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

 

Traduction Elisabeth Guerrier

 

Pourquoi la politique de Moscou est-elle ” Westphalienne” ? Patrick Armstrong

WHY MOSCOW’S FOREIGN PHILOSOPHY IS “WESTPHALIAN”

Pour quelles raisons la politique étrangère de Moscou est-elle «  Westphalienne » ?

Le 11 AVRIL 11, 2018 par PATRICK ARMSTRONG

Actuellement, il existe deux sortes de politiques étrangères : Ici   l’une, Westphalienne, Paul Robinson les décrit : l’une d’elle traditionnelle, dans laquelle chaque peuple est une entité souveraine, appelée «  Westphalienne »  et l’autre dans laquelle il n’y a que deux sortes d’états, « les justes et les injustes ». Ils ne sont égaux ni moralement ni légalement. D’autres l’ont appelée le second “idéalisme” ou “diplomatie morale”. Il existe une tradition continue pour les USA de se considérer comme une toute nouvelle catégorie de pays, comme rappelé ici,   et la référence morale est parfois aussi nommée  “Wilsonienne” d’après le Président qui souhaitait « apprendre aux républiques d’Amérique du sud à élire des hommes bons » mais c’est complètement bipartisan, comme en témoigne le « Corrolaire Roosevelt  » dans lequel Théodore Roosevelt arroge aux Etats unis d’Amérique, en tant que «  pays civilisé » le droit d’intervenir dans les « cas flagrant de mauvaises actions ou d’imcompétence». Aucune de ces approches n’est nouvelles,  il a toujours existé des pays qui ont cru que leurs dieux leur donnaient la mission d’instruire et de discipliner leurs voisins et d’autres contents de les laisser.

La position moraliste est érigée sur l’assomption que le pays du narrateur est vertueux, que sa vertu est évidente et démontrable, que sa vertu est un fait. Le manque de vertu des autres pays est également un fait. Certains pays sont vertueux et d’autres non, et les pays vertueux ont le droit de faire certaines choses interdites aux non-vertueux.  Pas de suppositions mais de la réalité. Pas d’espoir mais de la réalisation, pas de relativité mais de l’absolu, pas de subjectif mais de l’objectif. Pour présenter ça d’une façon un peu grossière, on se demande comment un adulte peut croire ce genre de choses. Mais il les croit. Et sans broncher de surcroît.

« Nos enfants ont besoin de savoir qu’ils sont citoyens de ce pays exceptionnel, le plus puissant, généreux et noble pays de l’histoire de l’humanité.  Plus que tout, l’Amérique est indispensable – et exceptionnelle- à cause de ses valeurs. Le monde nous regarde pour la mise en place des droits humains, pour les droits des LGTB, pour ceux des minorités ethniques ou religieuses, pour ceux des personnes handicapées et pour tous les gens qui, partout attendent la paix. Nous nous mettons au défi, nous-mêmes et les autres nations de toujours faire mieux. »

Quelle chance que le meilleur et le plus noble des pays soit aussi le plus puissant ! Les Etats unis sont le quartier général de la notion que certains (ou serait-ce un seul) pays sont  «exceptionnels» et opèrent sous différents mais plus élevés standards que les plus simplement ordinaires. Lors des dernières deux décennies, l’idée s’est répandue dans l’Ouest, en général, comme l’observe Robinson, par l’intermédiaire de la distinction (auto-attribuée) de « ceux qui respectent et ceux qui ne respectent pas les droits humains ».  L’Ouest, est-il besoin de le dire, se considérant comme les respectant.

Certains parmi nous sont donc élevés moralement et d’autres non. Ceux qui n’y sont pas devraient préparer leur défense, c’est mauvais pour l’espérance de vie d’être sur la liste des mécréants comme Slobodan Milosevich, Saddam Hussein et Muammar Kadhafi peuvent l’attester. Il est frappant de constater comment cette supériorité morale est exprimée à force de sanction et de bombardements plutôt qu’à l’aide d’exemples, mais les doués d’exceptions morales peuvent faire ce genre de chose justement parce qu’ils sont des exceptionnels moralement. Et quand Milosevic est amnistié,  que les Armes de destruction massive qui étaient le prétexte pour le renversement de Saddam Hussein  sont absentes et quand il est découvert que Kadhafi ne «bombardait pas son propre peuple », la pureté morale  voit les Exceptionnalistes lever les épaules et passer à autre chose, des enfants sont morts mais c’était pour la bonne cause. Les Exceptionnalistes bombardent les hôpitaux par  erreur.  Les autres le font volontairement.

Le camp « idéaliste » est conduit par Washington, alors que Moscou est devenue le chef des porte-parole du camp « réaliste ». Presque tous les discours que Poutine a fait  appel au  «multilatéralisme » ou, pour Robinson à «l’ordre traditionnel, westphalien dans lequel chaque état a une entité souveraine égale. » Le voici dans une interview datant de 2000, mais de très très nombreuses fois depuis :

Le monde ne peut pas se développer effectivement et positivement si un seul état a le monopole de la prise et de l’application de toutes les décisions. Dans l’histoire de l’espèce humaine, la tentation d’un tel monopole ne s’est jamais bien terminée.  Pour cette raison, nous sommes constamment entrain de proposer une nouvelle structure démocratique mondiale.

Il y a plusieurs raisons pour que Poutine fasse appel (et Yeltsine avant lui) à la primauté des nations unies dans un système mondial multilatéral. Deux sont évidemment à des fins d’usage personnel : La Russie est un membre permanent de l’UNSC et deuxièmement, elle a peur de se retrouver sur la liste des pays à toucher par les Exceptionnalistes.  Et étant donné la prédominance des « violations des droits humains » comme « justifications pour une intervention humanitaire », l’annuel rapport des droits humains (US State Department human rights report) montre qu’ils ont de bonnes raisons d’avoir peur.

Mais il y a d’autres raisons pour lesquelles Moscou est dédiée à «  un ordre traditionnel westphalien, ordre par lequel tous les états sont égaux en tant qu’entités souveraines »  et elles ne sont pas faciles à oublier :

L’URSS a passé 70 ans à mener une politique étrangère «  exceptionnaliste » et  ça a été un fiasco.

L’URSS en tant que «  premier état socialiste du monde » était le porte-drapeau d’un   « futur rayonnant pour l’humanité » un  novus ordo seculorum,  et même un nouveau type d’homme, – « новый советский человек ».  Elle était le pays exceptionnel., elle était le «  meilleur et le plus noble des pays de toute l’histoire de l’humanité, elle était le chef de file de «  tous les peuples aspirant à la paix ». Elle intervenait dans le monde  entier au nom de sa supériorité morale auto-proclamée. Les Partis communistes de tous les pays faisaient écho à la sagesse supérieure de Moscou. Le Parti communiste allemand collaborait avec le Parti Nazi pour affaiblir la République de Weimar. Pourquoi ? Parce que le Socialisme allait l’emporter lorsque Weimar serait déchue. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé : les Nazis l’ont emporté et l’URSS a payé un prix colossal pour leur triomphe.  Cuba, état socialiste ( L’Île de la liberté) devait être soutenu par le Leader mondial du communisme. Leur soutien a amené le monde au bord d’une guerre nucléaire. Tout petit mouvement s’intitulant socialiste demandait l’aide de Moscou, même dans des pays dont les membres décrépis du Politburo n’avaient jamais entendu parler. Il fallait leur fournir des armes, des prêts, des secours et un support diplomatique.

Il aurait été inconcevable pour le premier pays socialiste du monde de ne pas intervenir en Afghanistan quand le gouvernement soi-disant socialiste a commencé à chanceler. Socialiste un jour socialiste pour toujours.

Quand les forces hostiles au socialisme essaient de faire tourner le développement de certains pays socialistes vers le capitalisme, cela devient non seulement le problème du pays concerné mais un problème commun et une préoccupation pour tous les pays socialistes.

Comment l’URSS pourrait-elle éviter de prêter de l’argent ou des armes à tout état se réclamant du socialisme ? Les mouvements pour la Paix devaient être infiltrés parce que la théorie prétendait que seul le socialisme amenait la paix. Être exceptionnel génère de lourdes obligations.

Plus que tout autre peuple sur terre, nous portons des charges et acceptons des risques sans précédent quant à leur taille et à leur durée, non pour nous seuls mais au nom de tous ceux que nous voulons libres.  (En fait John F. Kennedy mais Brejnev aurait probablement dit la même chose, bien qu’en plus long)

 Considérons, à titre d’exemple, la Pologne. L’URSS l’a libérée des Nazis qui avait tué presque le cinquième de sa population. Staline redessina la carte de façon à ce que, pour la première fois de l’histoire, toute la Pologne historique soit unie et que son territoire soit presque complètement homogène ethniquement.  L’URSS est intervenue dans la politique polonaise et dans la vie civile pendant quatre décennies, s’en croyant moralement le devoir afin que le « futur resplendissant de l’espèce humaine bénéficie au peuple polonais. Ou du moins était-ce que que les Exceptionnalistes du Kremlin disaient.  Pour quel résultat ? Au moment où il est devenu clair que les tanks n’allaient pas venir, la Pologne a balancé les Soviets, l’alliance et tout le paquet socialiste. Et ceci partout dans les autres états socialistes amis. C’était une bulle. Les pays exceptionnels n’ont pas d’amis parce qu’ils n’ont pas d’égaux, ils ne peuvent qu’avoir des clients mais les clients doivent être nourris et achetés.

La Fédération russe, en tant que successeur de l’URSS, a hérité de ce qu’elle possédait et de qui la possédait. Mais il y avait une grosse différence : la dette était réelle, les crédits ne l’étaient pas. La Russie a payé tout ce qu’elle devait et annulé ce qu’on lui devait. Dans le cas de Cuba, en 2014, Poutine a annulé 32 milliards de $ de dette.

L’URSS avait prêté des fonds aux « Pays socialistes » africains – en tant que tête du monde socialiste, comment pouvait-elle refuser ? Poutine vient d’en annuler 20 milliards de dollars  etc. L’Exceptionnalisme est de l’argent jeté dans un puits.

En 1987, un court article de Yevgeniy Primakov parut dans la  Pravda : « Une nouvelle philosophie de politique étrangère ». Principalement, il y disait que la politique étrangère de la Russie avait été un échec : elle avait réduit la sécurité et menait le pays à la faillite. Après 70 ans d’exceptionnalisme, que restait-il ? Pas d’amitié, plutôt l’opposé. Pas de profit financier, juste des coûts. Le leader du bloc socialiste et le bloc lui-même évaporé comme s’ils n’avaient jamais existé. Tout cela pour rien. Et pire que rien : voici ce que dit Poutine lui-même en 1999 :

Pendant presque les trois-quarts de ce siècle, la Russie a vécu sous le signe de la propagation de la doctrine communiste. Ce serait une erreur de ne pas voir, et pire encore de nier les succès indéniables de ce temps. Mais ce serait une erreur bien pire de ne pas réaliser le prix faramineux que notre pays a payé pour cette expérience bolchevique.  Plus encore, ce serait une erreur de ne pas comprendre sa futilité historique.  Le Communisme et le pouvoir des Soviets n’ont pas fait de la Russie un pays prospère avec une société se développant d’une façon dynamique et un peuple libre. Le Communisme a implacablement démontré son inaptitude à créer un auto-développement sain, condamnant notre pays à rester à la traîne des pays économiquement avancés. C’était une impasse, loin des courants des civilisations développées.

“ Prix outrageant “ “ Futilité historique”, “ Inaptitude”, “ Régression régulière” “ Une impasse” : Rien, pas d’argent, pas d’amis, pas de pouvoir, pas de prospérité. Rien, ni à l’intérieur des frontières, ni à l’extérieur.

Moscou sait que la route de l’exceptionnalisme est une route qui mène à une impasse parce qu’elle a perdu 70 années sur cette route.  Et quelqu’irritant ou imparfait que soit « l’ordre traditionnel, westphalien dans lequel chaque état est une souveraineté égale » Moscou sait que «  l’idéalisme «  est complètement dénué de valeur.

Il est important d’observer que le « Système westphalien » a été nommé ainsi après les nombreux agréments qui en 1648 ont permis la fin des guerres de religion en Europe   en acceptant le principe de cuius regio, eius religio ou le fait que chaque état serait autorisé à faire ses propres choix. En d’autres termes, le Westphalianisme n’a été accepté qu’après que l’idéalisme ait brûlé tout sur son passage. C’est une vieille leçon que la Russie a apprise mais que Washington, avec son gros porte-monnaie, n’a pas assimilée.

Encore…

Appel de Gerry Condon, Président de Veterans for peace

Condon est le Président de “Vétérans pour la paix” qui a récemment prévenu : ” qu’une attaque des USA sur la Syrie pouvait mener à une guerre nucléaire…
La Russie a prévenu qu’elle abattrait les missiles US et attaquerait leur plateformes de lancement, c’est à dire les navires US. ” Pourquoi se précipiter dans la guerre ? Pourquoi les médias de masse joent-ils les va-t-en guerre au lieu de poser les vrais questions ? Pourquoi les démocrates et les Républicains essaient-ils se surpasser les uns les autres avec des appels à des attaques de plus en plus massives sur la Syrie ?
” Il n’existe pas de preuve de l’attaque au gaz du gouvernement syrien, uniquement une vidéo réalisée par un groupe de fondamentalistes rebels qui veulent plus d’interventions US. Et même si le rapport est vrai, une réponse militaire ne mènera qu’à plus de morts et de destructions, et à une escalade dangereuse.”
” Nous parlons de la confrontation entre deux super-puissances nucléaires. Pourquoi les USA risqueraient-ils une guerre à partir de plaintes douteuses ?
” Les vétérans ont une mémoire à plus long terme que la presse et les politiciens. Nous nous souvenons comment on nous a menti à propos de la guerre d’Irak avec de faux rapports, d’ “armes de destruction massive” Les guerres US à travers tout le Moyen-Orient ont causé des millions de morts et détruit des sociétés entières. Nos soldats et leurs familles ont aussi payé un prix extrêmement élevé.”
” Les vétérans, les GIs et leurs familles n’accepteront pas une autre guerre basée sur le mensonge. Nous protesterons dans les rues, dans les locaux privés, les locaus de la presse et sur les bases militaires.
Tout le personnel militaire, du GI de base au plus haut gradé, amiral, général, a l’obligation de désobéir à des ordres illégaux. Les ordres de rentrer en guerre contre une nation souveraine qui ne menace pas les USA est un ordre illégal.
Nous prêtons serment de défendre la Constitution contre tous ses ennemis, inérieurs ou extérieurs. Actuellement, ces ennemis sont ceux qui voudrait lancer notre pays une fois de plus dans une guerre dévastatrice.
Le president of Veterans For Peace, which recently warned: “a U.S. attack on Syria could lead to a nuclear war. … Russia has said it will shoot down U.S. missiles, and attack the ‘platforms from which they are fired,’ i.e. U.S. ships.”
Said Condon: “Why the rush to war? … Why is the mass media cheerleading for war instead of asking hard questions? Why are Democratic and Republican politicians trying to out-do one another with calls for ever more massive attacks on Syria?
“There is no proof yet of a Syrian government gas attack, only a video made by a fundamentalist rebel group that wants more U.S. intervention. Even if the reports are true, a military response will only lead to more death and destruction, and dangerous escalations.
“We are talking about a direct confrontation between the two nuclear superpowers. Why would the U.S. risk nuclear war over dubious chemical weapons claims?
“Veterans have longer memories than the press and the politicians. We remember how we were lied into the Iraq War with false reports of ‘weapons of mass destruction.’ U.S. wars throughout the Middle East have caused millions of deaths and destroyed entire societies. Our soldiers and their families have also paid an extremely high price.”
“Veterans, GI’s and their families will not accept another war based on lies. We will be protesting in the streets, in the suites, at media outlets and at military bases.
“All military personnel, from low-ranking GI’s to the top generals and admirals, have an obligation to disobey illegal orders. Orders to carry out acts of war against a sovereign nation that is not threatening the U.S. are illegal orders.
“We swore an oath to defend the Constitution from all enemies, foreign and domestic. Right now those enemies are those who would rush our country recklessly into another devastating war.”

Les salaires mirobolants des PDG : c’est à ça que servent les amis. Dean Baker

High CEO Pay: It’s What Friends Are For

Dean Baker
Truthout, March 26, 2018

L’explosion des salaires des chefs d’entreprise est bien connue. Si les têtes des entreprises les plus importantes ont toujours été bien payées, nous avons vu leurs salaires aller de 20 à 30 fois celui des travailleurs ordinaires dans les années 1960 et 1970 à 200 ou 300 fois celui d’un employé de base dans les années récentes.  Des chèques de plus de 20 millions de dollars par an sont maintenant des standards et il n’est pas rare de voir un exécutif s’en sortir avec plus de 40 à 50 millions en une seule année.

Les rétributions débordantes des chefs d’entreprise occupent une part importante dans l’histoire de la montée des inégalités dans les dernières quatre années. Ces individus font tous partie des 1% ou même des 0, 001 % de la distribution des revenus.

Le haut salaire des responsables fait monter celui des autres cadres. Si un PDG s’en sort avec 25 millions par an, il est probable que les cadres juste au-dessous de lui recevront des salaires de 3 à 5 millions, et probablement beaucoup plus. Si un PDG gagne 2 millions par an, le tiers suivant gagnera dans les environs de 1 million. Et c’est simplement logique, des salaires plus élevés au sommet signifie des salaires plus bas pour tous les autres.

Ajoutons à cela qu’un haut salaire au sommet de l’échelle dans un secteur est transmis aux secteurs avoisinants. Il est maintenant commun de voir des présidents d’université, des responsables d’organisations caritatives ou d’autres associations à buts non lucratifs être payés 1 million ou quelquefois 2 millions de plus par an. Ils peuvent dire avec justesse qu’ils gagneraient beaucoup plus s’ils assumaient les mêmes fonctions dans le secteur privé.

Il y a actuellement un débat dans le secteur économique sur les causes de ce saut dans les rémunérations des PDG. Plusieurs économistes disent que des salaires plus élevés reflètent l’importance croissante des performances du PDG dans la compagnie. Leur argument est qu’un bon PDG, qui peut habilement conduire la compagnie à travers le marché qui change rapidement, peut ajouter des milliards de dollars à la valeur des actions value.  Dans ce contexte, les actionnaires peuvent toujours s’en sortir tout à fait même si ils sortent 40 ou 50 millions par an pour leur PDG.

L’autre position prétend que les PDG s’en vont avec des chèques énormes même lorsqu’ils ont fait peu ou rien pour augmenter la valeur de l’action. ( Il est acquis que les PDG sont récompensés pour leur aide aux actionnaires, pas pour le bénéfice des employés ou de la société dans son ensemble) Les PDG des compagnies pétrolières les plus importantes ont vu une augmentation énorme comme résultat de la montée des prix du pétrole dans le monde, un facteur qui était plutôt hors de leur contrôle. Ce qui implique que ces salaires sont le résultat d’un échec de la gouvernance de la compagnie, où les actionnaires n’ont pas la capacité à contrôler effectivement les salaires des PDG.

Dans un nouvel article, Jessica Schieder  de l’Economic Policy Institute et moi-même examinons l’impact d’un seuil dans la déductibilité des salaires des PDG.  Une clause dans le Affordable care act ( ACA) emêche les assureurs  santé de déduire plus de 500.000 $  des salaires des PDG de leur déclaration. Ceci signifie que un dollar de salaire du PDG qui allait coûter à la compagnie 65 cents devait après l’ajustement coûter un dollar entier, c’est-à-dire 50% de plus.

Si les rémunérations des PDG étaient liées de près aux dividendes des actionnaires, cette provision devrait avoir mené à une chute dans les salaires des PDG de groupe d’assurance par rapport aux autres secteurs. Nous avons testé l’impact sur les bénéfices de ACA, contrôlant les profits, les revenus, les actions et d’autres facteurs supposés affecter les salaires des PDG. Nous n’avons trouvé aucune preuve que cette clause ait eu le moindre effet de baisse sur les salaires des PDG de l’industrie de l’assurance.

Le fait de rendre les salaires des PDG moins coûteux pour les compagnies n’a pas eu d’effet sur leur compensation de soutien à la vision législative invalidante. Les PDG ne sont pas payés d’une façon mirifique parce qu’ils sont indispensables à leur compagnie. Ils sont payés d’une façon mirifique parce que les conseils d’administration, qui principalement détermine leur salaire, sont leurs amis.

Les PDG sont recrutés par un processus dominé par les cadres supérieurs. Être un PDG est une bonne planque, payant habituellement des centaines de milliers de dollars pour à peu près 150 heures de travail annuel.  Aussi longtemps que les PDG ont le support des cadres, il est impossible qu’ils soient licenciés. Plus de 99% sont réélus. Dans ce contexte, ils n’ont pas vraiment de motivation pour demander «  Peut-on payer le patron un peu moins ? »  Il est possible de modifier la structure de la motivation. Une clause dans le projet de loi de la réforme financière de Dodd-Frank  demande un vote triannuel «  son mot à dire sur les salaires » par les actionnaires. C’est un vote facultatif dans lequel les actionnaires votent oui ou non sur le paquet salaire du Directeur. Moins de 3% des paquets salaires sont abissés. L’intérêt est généralement bas car il y peu de conséquences attendues d’un vote négatif.

Mais la loi pourrait changer et avoir plus d’impact. Supposons que les directeurs sacrifient leurs salaires si les actionnaires disaient «  non ». Cela leur donnerait une réelle motivation pour demander à ce qu’ils soient effectivement payés moins.

Ceci, comme d’autres changements dans la régulation des entreprises pourraient maitriser les salaires des PDG et aider à réduire les inégalités. Cela demande plus de réflexions et de luttes afin de déterminer quelles sont les meilleures réformes. Cependant, il y a une chose sur laquelle  nous sommes affirmatifs : limiter les déductions d’impôts des salaires des PDG n’est pas la réponse.

 

L’hystérie américaine à propos de la Russie conduira à une guerre nucléaire, selon un rapport. Seraphin Hanisch

American hysteria over Russia will lead to nuclear war, according to report

L’hystérie américaine à propos de la Russie conduira à une guerre nucléaire, selon un rapport . Les médias russes réagissent fortement à l’American Nuclear Posture Review, qui essaye de convaincre ses lecteurs que la Russie veut conquérir le monde.

Par  SERAPHIM HANISCH 7février 2018

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La télévision russe a programmé une émission sinistre le 5 février, qui a probablementinquiété la plupart des Russes et certainement généré une déception significative de leurs espoirs d’un rapprochement après l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats- unis. L’agence de presse Vesti explique que les USA se préparent à une guerre nucléaire avec la Russie.

Le Département de la défense US a publié sa  2018 Nuclear Posture Review.  Ceci consiste en au moins deux documents qui sont du domaine publique et qui détaillent les constats que le DoD a fait à propos des menaces nucléaires dans le monde. Le langage à propos de la Russie y est étrange, parce que tout comme la Russie, les USA maintiennent qu’ils n’ont jamais eu d’autres désirs que ceux de bonnes relations.

Cependant il s’agit malheureusement soit d’une assertion aveugle ou d’une assertion volontairement erronée dans l’intérêt de la propagande. Basée sur la folie des réactions du gouvernement US ou sur sa posture dans l’ensemble de l’affaire russe, avec les menaces militaires, les sanctions, et les incidents les plus récents comme la divulgation de la  “liste du Kremlin  composées de toutes les têtes du gouvernement et de tous les hommes et femmes d’affaire à succès,  du vol d’un appareil de surveillance américain à proximité d’un jet de combat russe, , de l’ omniprésente investigation sur le Russiagate; et du manque de folie clairement visible du côté russe, il semble possible que la version américaine de ce qui crée le «  besoin »  de resolidifier les «  défenses » puisse manquer de preuves et de faits et puisse ne pas être prise comme concluante ou fiable.

Non pas qu’il n’existe pas de précédents de déclaration outrageuse, si vous voulez.

Le problème commence par de fausses prémisses.

La Russie n’est plus l’Union soviétique et la Guerre froide est terminée depuis longtemps. Cependant, en dépit de nos plus grands efforts pour créer une relation positiv, la Russie perçoit maintenant les USA et l’OTAN comme ses principaux opposants et une gêne dans sa réalisation de la déstabilisation géopolitique de l’Eurasie ( c’est moi qui souligne)

C’est une affirmation extrêmement effrontée, bien que pour certaines personnes influençant la position de la politique étrangère aux US, c’est ainsi qu’elles le voient. Le composant russe de cette imprécision semble principalement attribuable à la question de l’Ukraine. L’Ukraine elle-même est à juste titre considérée comme la mère de toutes les Rus’ ( toutes les Russies) et ce depuis des milliers d’années.  C’est Kiev qui fût la grande capitale de la première gouvernance russe, qui devait ensuite lentement s’étendre jusqu’à former l’empire russe.

Cependant, il existe aussi une histoire très complexe et tragique en Ukraine, surtout pendant l’ère soviétique, quand des millions d’Ukrainien ont péri dans ce qui est maintenant considéré comme un génocide intentionnel, perpétré délibérémentpar les Soviets de Moscou, c’est  dire par «  la Russie ».

Cette question elle-même est complexe et exige, ou même appelle désespérément un exposé plus approfondi qui n’est pas dans les limites de cet article. Une meilleure compréhension peut être donnée en lisant cet article, qui apporte  des informations intéressantes sur l’histoire de l’Ukraine. ( Restez avertis par contre que c’est un récit venu d’une publication écrite dans la perspective occidentale)

Le point principal est que les souhaits nationalistes de l’Ukraine naissent de facteurs incluant une mémoire nationale qui pointe Moscou comme étant la source de ses problèmes. Le fait que la Fédération russe n’est plus communiste de modifie pas ce point de vue, car bien que la Russie ne soit plus une dictature, elle ne mène pas toujours ses affaires internationales et nationales d’une façon très transparente et le désir d’une réelle auto-détermination est accru par l’aspect scintillant du riche occident. Les pouvoirs occidentaux, notamment les USA le savent et ont excité les Ukrainiens avec  cela.

Certains d’entre eux, à Kiev et dans les zones occidentales ( qui n’étaient pas toutes parties de l’ex URSS) ont depuis longtemps des liens plus soutenus avec l’Europe qu’avec la Russie, et l’inclusion de leurs territoires dans l’Union soviétique a été une source supplémentaire d’amertume. Pour beaucoup d’Ukrainiens, leur histoire est celle d’une vie sur le champ de bataille de puissances étrangères.

Ils sont presque instinctivement exaspérés, d’une façon compréhensible, par toute vue de pouvoirs étrangers sur leur territoire mais il est également aisé de manipuler cette caractéristique et les USA ont mené une nouvelle fois la lutte actuelle de l’Ukraine. L’attrait de la vie sur le modèle européen semble avoir attiré beaucoup d’entre eux vers les luttes de l’Euromaidan de 2014 mais l’économie actuelle sous le gouvernement pro-occidental semble également trainer les pieds.

De toute façon, la mémoire collective du régime extrêmement dur et cruel de la règle soviétique dans la région ajoutée à l’actuelle imprécision qui semble exister dans le domaine des affaires étrangères russes aide l’Ouest à catégoriser la Russie comme une nation autoritaire, dirigée par un «  communiste secret «  Vladimir Poutine qui «  était un agent du KGB ».

Lorsqu’on donne cette information à beaucoup d’Américains la conclusion qu’ils en tirent est claire. Le Pentagone, pierre angulaire des opérations militaires US.

Maintenant, pour être sûrs, Vladimir Poutine a été extrêmement ouvert et sincère à propos de son pays et de ses propres revendications d’une Russie forte, complètement propres à cette nation, comme à toutes les nations. Le nationalisme est très fort aux USA et encore l’histoire y joue son rôle. L’histoire récente de ce qui a trait à la dominance mondiale, militaire, scientifique, intellectuelle et culturelle, donne l’idée aux Américains que c’est leur pays  qui est le gardien de tout ce qui est bon.

Mais que gardent-ils ? Cette grandeur a montré de nombreux signes de glissement vers la décadence, tout comme lors du déclin de l’empire romain, lorsque les gens perdent leur vision d’un «  devenir grand » et se sont apitoyés sur leur sort dans le contexte de leur indépendance telle qu’elle est perçue et non seulement par rapport aux autres nations et cultures mais par rapport à tout pouvoir, y compris celui du « Très haut ». Nous avons vu l’union homosexuelle s’appeler «  mariage » et la dépravation, l’usage de drogues, un nombrilisme incroyablement improductif sont devenus de plus en plus prévalents dans une nation qui, il n’y a que 45 années, se posait comme défenseurs de la liberté chrétienne.

Il n’est pas possible qu’une nation vivant dans des illusions sur elle-même puisse avoir une vision claire des nations l’entourant. Et la Russie a bougé dans une direction opposée à celle de l’Ouest. La lutte existe, car la Russie sous le communisme a souffert des attaques contre des institutions comme le mariage, l’église et la famille mais actuellement la Fédération tente de reconstruire ces valeurs essentielles. Et pendant ce temps, l’Amérique semble être engagée vers une auto-destruction en détruisant ces mêmes valeurs.

Maintenant, l’armée américaine est dans une posture extrêmement dangereuse. La puissance de son armement est la plus grande du monde. Bien que la Chine et la Russie aient elles aussi d’incroyables capacités militaires, la Chine ne les a pas testées sur le terrain jusqu’ici et les Russes commencent juste à montrer leur capacité incroyable. Mais les USA sont en guerre depuis le début de l’année 2001 et cette projection de pouvoir crée de l’expérience.

Cette Nuclear Posture Review montre le visage d’un pays qui est berné et hystérique comme le qualifient les médias russes et ils ont raison. En dépit des problèmes avec la Russie, l’Ukraine ou la Syrie, la politique russe ne laisse pas paraître la volonté même lointaine, d’expansion et qu’elle souhaite récupérer les anciens états soviétiques et s’étendre vers l’Ouest. La Russie veut suivre son propre  chemin et en tant que grande puissance, et une grande puissance avec une longue histoire et une longue mémoire de souffrance, elle veut essayer de protéger son peuple contre d’autres misères.

La posture américaine pointe le doigt vers la Russie comme menace puis suggère que la Russie est une menace, dans un langage très travaillé..  Et cela rend le jugement encore plus dangereux.

Le Russie a considérablement augmenté les capacités de ses forces non-nucléaires afin d’étendre son pouvoir dans les régions adjacentes, et comme il a été préalablement discuté, elle a violé de nombreuses obligations de traités et autres engagements. Ce qui est le plus inquiétant est sa politique nationale de sécurité, ses stratégies, et doctrines, qui coprennent l’insistance sur la menace d’une escalade nucléaire et ses constants développements et installations d’équipement nucléaires. Moscou menace d’exercer une première frappe limitée, suggérant d’une façon erronée que la menace nucléaire et un première frappe limitée pourrait paralyser les USA et l’OTAN et ainsi mettre fin à un conflit d’une façon favorable à la Russie. Certains aux USA se réfèrent à ceci par la doctine de l’escalade de la désescalade ».  La déescalade en ce sens suit l’idée fausse d’une capitulation de l’Ouest en faveur de la Russie.

La dissuasion US d’une attaque nucléaire russe et d’une attaque stratégique non nucléaire exige que le pouvoir russe ne fasse pas un mauvais calcul en ce qui concerne l’usage d’une première frappe nucléaire limitée, ou régionalement ou contre les US eux-mêmes. La Russie doit au lieu de ça, comprendre qu’une première frappe, même limitée n’atteindra pas ses objectifs, changera fondamentalement la nature du conflit, et entrainera  un coût incalculable et intolérable pour Moscou. Notre stratégie s’assurera que le Russie comprenne que tout usage de l’arme nucléaire, même limité est inacceptable.  La force de dissuasion US, donc, sera capable de menacer, dans n’importe quelle condition, ce que le leadership russe valorise le plus. Cela posera d’insurmontables difficultés pour toute stratégie d’agression contre les USA, ses alliés ou partenaires et assurera la possibilité d’un coût énorme pour le gouvernement russe si il faisait le choix de l’agression.

Ce sont une assertion et une construction étonnante et extrêmment dangereuse pour une nation qui a simultanément un pouvoir massif et une vue biaisée du monde à maintenir. C’est aussi très difficile de ramener des gens qui ont un point de vue plein de suspicion de quitter celle-ci. Il y a un lien fort entre de telles croyances et la peur qu’elles génèrent chez ceux qui la détiennent.

Ceci dit, la situation aide à expliquer ce que beaucoup des médias alternatives font : de s’opposer aux médias et aux biais politiques et de rapporter des évènements sous une lumière qui est espérons-le objective et vraie. L’article de Vesti était à sa façon aussi alarmiste que le document américain qu’il publiait. La vraie façon de se frayer un chemin à travers tout ça est évidemment une accentuation de la compréhension dans tous les domaines- historiques, idéologiques et dans notre cas, géopolitique.

Le côté américain a envoyé plusieurs directs aux Russes récemment, dans ce document et dans la « liste du Kremlin » de la semaine dernière mais il reste l’espoir que la désintégration de l’investigation du Russiagate arrivera à de vraies conclusions à cet égard et libérera ainsi les mains des Américains qui comprennent que la Russie est tout sauf un ennemi ou un adversaire.

 

 

Traduction : Elisabeth Guerrier

” Rusé comme un renard ” Paul Robinson

AS CRAZY AS A FOX

Le martelage médiatique incessant ne laisse aucun temps ni aucun espace pour une approche plus objective de la nature de la volonté politique russe. Les USA et les enjeux du pouvoir trafiqués par les organes de renseignements de plus en plus politisés et les tactiques des Démocrates et des néo-conservateurs utilisent la presse qui leur est absolument inféodée pour cette oeuvre de propagande de haut-vol, aussi grossièrement efficace qu’a pu l’être la préparation médiatique de l’intervention en Irak.

Pour le consommateur d’information, qui est l’objet de tous les soins de cet envol propagandique, les “choses sont claires”, aussi claires que la face unique qui lui est donnée à regarder si il ne fait pas l’effort d’aller au-delà de ce qu’on lui offre en pâture. L’Europe suit avec zèle comme toujours, incapable de manifester un tant soit peu d’autonomie dans ses choix politiques, les organes de presse comme ARTE, chaîne publique franco-allemande, donne du grain à moudre à une complète méconnaissance du terrain. Le “terrain” étant, en ces circonstances, à la fois l’analyse des évènements, en particulier ceux liés à l’Ukraine et à la présence de l’OTAN, et celle de la nature du pouvoir politique du Kremlin. 

Mais nous savons comme les croyances sont résistantes aux faits, comme la passion qu’elles génèrent est inébranlable, surtout lorsqu’est désigné de loin un ennemi qui fédère. Il peut être important de tenter d’aller y voir plus près. EG

Martyanov écrit que les  USA  ” continuent de rester dans leur bulle qui les isole de toute voix extérieure de paix et de raison.” Le discours de Poutine cherchait à ” forcer l’élite américaine peut-être pas vers la paix, mais au moins vers une forme de santé mentale, étant entendu qu’elle est en ce moment complètement détachée de toute réalité géopolitique, militaire ou économique ayant trait à l’émergeance d’un monde nouveau”.

Rusé comme un renard

Il y a des points sur lesquels j’ai tort et des points sur lesquels j’ai raison. Ce qui est triste est que pour le dernier, ce sont souvent des choses où je préfèrerais avoir tort – par exemple, quelques prédictions sinistres. Dans mon dernier article, j’ai cru proposer que les commentateurs occidentaux n’entendraient vraisemblablement pas le message que Poutine envoyait dans ses commentaires touchant le développement de l’armement russe mais au lieu de ça, l’interpréteraient comme un signe d’intention agressive. C’était une des prédictions que je préfèrerais voir fausse. Au lieu de ça, juste un jour plus tard, il semble que j’avais raison.

Comme j’étais assis avec un bol de Cap’n Crunch ce matin pour mon petit-déjeuner, je me suis retrouvé à la première page de l’Ottawa Citizen, arborant fièrement le gros titre : « Les jeux de guerre de Poutine » et une photo d’un portrait de lui par l’artiste ukrainienne Dasha Marchenko fait avc des cartouches de balles.

putinbullets

Portrait de Poutin par Masha Darchenko

Juste au cas où certains lecteurs n’auraient pas compris que Poutine est un affreux tueur de masse et une menace pour tout ce en quoi nous croyons, deux articles s’appliquent à bien fourbir le message.

Le premier, de Shannon Gormley,  est la répétition assez peu originale de toutes les plaintes ordinaires sur les dispositifs de guerres cybernétiques russes, y compris certaines qui ont été complètement remises en question, comme «  C’est la Russie qui a vraisemblablement sponsorisé le vote du départ de l’Angleterre (Mme. Gormley n’a clairement pas lu l’annonce sur Facebook cette semaine qu’il n’avait pas été trouvé une seule preuve d’une cyberattaque   coordonnée par les Russes liée au Brexit) La Russie dit Gormley, est «  un gosse insolent et un incorrigible vaurien, qui visera certainement les élections canadiennes en 2019. (Pour quelle raison, j’ai du mal à comprendre, puisqu’il n’existe aucun parti «  pro-russe »)  et son but «  est de délégitimer les institutions démocratiques »

En bref, il n’y a rien dans cet article que vous n’ayez entendu des centaines de fois, je me concentrerai donc sur le second, qui est encore plus infamant. Le journaliste du National Post, Rédigé par Joseph Brean, il se répend sur deux pages, avec un titre sur la première qui dit : «  L’homme qui se prend pour un Tzar »  et un autre sur la seconde, «  Fou comme un renard à jeun » Bien sûr, Poutine n’a jamis exprimé le moinde d »sir d’être Tzar et n’est certainement pas fou, l’article commence donc sur de mauvaises prémisses. Mais ça empire.

Brean, comme j’avais prévu que les commentateurs allaient le faire, utilise le discours de Poutine et Poutine lui-même comme une menace pour l’Occident. Brean note que «  La menace était claire. Faites attention, ou autrement «  Poutine, selon Bearn, «  a calmement offert une vision de l’apocalypse nucléaire ». Que la Russie possède toutes ces armes dont Poutine a parlé est déjà assez gênant. Ce qui est pire est que l’homme qui en a la responsabilité semble être dément. Brean écrit que Poutine «  fait un pari risqué qui pourrait mener un moindre dictateur à sa perte ». Lui et le chef nord-Coréen Kim Jong Un.

«  ne sont peut-être pas si différents. Poutine joue au même jeu, avec juste beaucoup plus de bombes. Cela rappelle la prestation fameuse de Robin Williams à propos de la bombe atomique, dans son imitation insultaane d’un général russe imbibé de vodka : «  Nous avons beaucoup de bombes, nous ne savons pas où elles sont toutes »

Il y a une forme de racisme ordinaire à propos de La Russie ici, comme dans le commentaire de Gormley à propos des Russes «  sales gosses ». Brean continue en disant que «  Poutine a toujours paru dément », par contre «  dément comme un renard à jeun «  ne veut pas dire grand-chose. Un renard normalement est considéré comme «  rusé » ce qui est l’opposé de «  démenté. Et Bean de noter que Poutine finit toujours par l’emporter quand il parit, ce qui pourrait suggérer après tout que les «  jeux » n’est pas vraiment des «  jeux ».

Mais la logique n’a pas vraiment d’importance ici, de même que la vérité. Ce qui importe c’est d’empiler des assertions sur le démoniaque et la folie.  Après avoir annexé la Crimée, affirme Brean, Poutine pouvait «  avoir regardé dans la direction du Kazakhstan  mais il ne pouvait pas se le permettre parce qu’il ne pouvait s’offrir un conflit avec la Chine. » Mais, quand Poutine a-t-il émis le moindre intérêt pour le Kazakhstan ? Les autres péchés de Poutine comprennent les «  provocations «  militaires comme la friture des connexions de l’Armée de l’air  et la réhabilitation de Joseph Staline. Selon Brean «  Poutine a toujours encouragé le «  culte de Staline ». Comme les lecteurs réguliers de ce blog le savent j’ai souvent fait remarquer, avec de très nombreuses preuves, que cette accusation était clairement fausse.  Donc, quelles sont les preuves de Brean à l’égard de ces accusations sur Staline ?

Il apparait qu’il s’agit d’une citation d’un intellectuel ukraino-canadien Taras Kuzio, qui peut difficilement être revendiqué comme étant le plus neutre des commentateurs.

On nous dit que Poutine, « sera élu par tous les moyens » lors des prochaines élections. Brea, cite le Professeur Neil MacFarlane de l’Université d’Oxford qui dit que : «  Il est impossible à arrêter à l’intérieur parce qu’il a arrêté ceux qui pouvaient l’arrêter ». Le Professeur MacFarlane est un érudit respecté mais ici, je me dois de la questionner. Qui sont ces «  gens » qui auraient pu stopper Poutine ? Alexei Navalny, dont les électeurs sont régulièrement évalués à 2% ? Et sinon, qui d’autre  Nemtsov, Kasyanov, Kasparov ? Des alternatives difficilement crédibles en termes d’appui populaire.  Il est possible qu’Oxford ait besoin d’un nouveau Professeur plus rusé.

Poutin, nous dit est devenu, « quelque chose comme un  roi guerrier-philosophe » comme on le voit à travers le fait qu’il, «  exige que ses subalternes lisent des auteurs pro-soviets comme Vladimir Solovyov. » Quelle monstruosité ! Vladimir Solodyov ! Il est vrai qu’il y a un peu de bizarreries dans ses écrits, mais aussi beaucoup de choses qui, au regard de l’époque contemporaine, pourrit paraître très progressistes.  Peut-être Brean devrait-il lire «  La justification du bien », le livre qui circulait au Kremlin il y a quelques années, et nous dire ce qu’il a de si horrible.  Je crois qu’il aura du mal. Je n’ai aucun problème avec les gens qui critiquent la Russie, ce qui m’exaspère, c’est la façon extrême et souvent pervertie avec laquelle ils le font. Dans mon discours de Copenhague lundi, j’ai remarqué que la plupart de ce qui est écrit à l’ouest sur la Russie est «  du déchet ». Et ici, c’est ce que nous trouvons. Deux pages de pourriture nauséabonde. Si Poutine imagine qu’il va lui être possible de faire revenir ces individus à la raison en remuant le bâton devant eux, il se trompe gravement. Le problème est que la raison ne semble pas marcher non plus. Au point où nous en sommes, je commence à croire que rien n’aura d’effet, mis à part l’inévitable passage du temps. Quand l’heure viendra, tout ceci se calmera et nous regarderons en arrière sur cette époque comme sur celle où, pendant un temps, le monde est devenu fou. Je crains, par contre, qu’il ne faille attendre longtemps.

Traduction Elisabeth Guerrier

De quoi ne parle-t-on pas lorsqu’on évoque le ” piratage russe ” Jackson Lear

 

 

Face à la dernière attaque politique et médiatique autour du” Russiagate”, dont la Presse dominante se fait le relai avec zèle depuis si longtemps mais avec une sorte de frénésie depuis les « découvertes » de Mueller il est nécessaire de mobiliser toutes les connaissances et les possibilités de contre-analyses pour ne pas se plier à cette offensive propagandique majeure des Démocrates et surtout des organes de renseignements derrière eux. Voici la traduction de l’article paru dans The London Review of Books, “What We Don’t Talk about When We Talk about Russian Hacking » de Jackson Lear. “De qui ne parle-t-on pas quand on parle de “piratage russe” de Jackson Lear. Et plusieurs autres analyses d’auteurs, indépendants des “Presstitutes” comme les appellent Paul Craig Roberts. On peut aussi se référer utilement aux remarques d’un analyste russe après l’intervention de Trump au sommet de Davos, l’interview de Lavrov, Ministre de la politique étrangère russe,  et à celles de Paul Robinson, grand spécialiste de la Russie et de son histoire qui suit de très près dans son blog “Irrussionality” cette cabale si dangereuse pour la paix et l’équilibre mondiaux. Il est indispensable de s’ouvrir au plus large nombre de commentaires possible, on notera également ceux de ” Zero hedge” qui fait part, source Bloomberg, d’une frappe récente en Syrie des US ayant fait plus de 100 morts russes.

La détermination d’une partie des forces politiques américaines (Néoconservateurs alliés avec les Démocates) à créer le contexte d’une guerre froide nous amène à devoir “prendre” parti. Mais ce parti, dans le contexte médiatique pollué et partisan où des organes de presse comme le NYT, le WP et même l’habituellement plus subtil New Yorker pour n’en citer que quelques-uns parmi des dizaines d’autres (The Nation, Oxynews, Rachel Meadow, qui dans ce contexte a été incroyablement zélée, et même ARTE qui matraque sa russophobie avec allégresse depuis quelques semaines , sans mentionner sur les posts nord-américains supposés libéraux, la présence de plus en plus ostensible de commentaires clairement anti-russes) sont totalement impliqués dans ces manoeuvres du DMC. D’une certaine façon même sans suivre de très près les déplacements de contingent de l’otan dans les pays baltes qui ont eu lieu depuis plusieurs mois voire dans certains cas, années, on ne peut que faire le lien entre les dates de l’échec Clintonien et la montée en flèche de cette vague d’accusation, dont, on le verra, les fondements sont plus que factices, (n’oublions surtout pas ce qui a servi de ” preuve” à Colin Powel pour déclencher l’invasion de l’Irak) mais qui reposent comme toujours sur la capacité, largement cultivée, d’amnésie des masses. Après “l’axe du mal” et tout le chaos qu’il a généré, nous remontons vers l’Est, abreuvés de fallacieuses manipulations dont chaque nouvel élément contredit les précédents, négligeant les données antérieures sans que personne ne bouge, sauf quelques vigiles dont nous tentons de relayer le travail. EG

What We Don’t Talk about When We Talk about Russian Hacking “

De qui ne parle-t-on pas quand on parle de «  piratage russe »

Jackson Lears

La politique américaine a rarement présenté un spectacle aussi décourageant. Les bouffonneries répugnantes et dangereuses de Donald Trump sont suffisamment troublantes, mais les échecs de la tête du parti démocrate à tirer les conclusions de son échec de la campagne de 2016 le sont tout autant. Le challenge à Hillary Clinton par Bernie Sanders, combiné au triomphe de Donald Trump ont révélé l’ampleur de la colère populaire contre la politique comme d’habitude – le goût des réformes néolibérales en politique intérieure et l’interventionnisme en politique étrangère qui constituent le consensus à Washington. Les Néo-libéraux célèbrent l’utilité sur le marché comme le seul critère de valeur, les interventionnistes exaltent l’aventure militaire à l’étranger comme un moyen de combattre le mal de façon à sécuriser les progrès du marché global. Les deux agendas se sont montrés calamiteux pour la plupart des Américains. Beaucoup ont montré leur désaffection en 2016.  Sanders est un social-démocrate et Trump un charlatan démagogue mais leurs campagnes ont mis en évidence la répudiation du consensus washingtonien.  Pendant à peu près une semaine après les élections, les experts discutaient les capacités du parti démocrate à une stratégie de plus grande envergure. Il semblait que le Parti puisse apprendre quelque chose de la défaite de Clinton. Puis, tout a changé.

Une histoire qui avait circulé lors de la campagne sans faire grand effet a refait surface : elle impliquait l’accusation d’opérateurs russes ayant piraté les serveurs du Comité du Parti démocratique  et révélé des emails embarrassants qui auraient compromis les chances  de Hillary Clinton. Avec une vitesse étonnante, une nouvelle orthodoxie centriste-libérale a vu le jour, enveloppant les médias principaux et l’établissement bipartisan de Washington.  Cette religion séculière a attiré des hordes de convertis lors de la première année de la présidence de Trump.   A travers sa capacité à exclure les dissidents, elle ne ressemble à aucune autre formation d’opinion de masse de toute ma vie adulte, bien qu’elle rappelle quelques souvenirs sombres de mon enfance, ceux de l’hystérie anti-communiste des années 50.  La pièce centrale de la foi, basée sur les accusations de piratage, est la croyance que Vladimir Poutine a orchestré une attaque sur la démocratie américaine en ordonnant à ses mignons d’intervenir dans les élections au nom de Trump. L’histoire est devenue évangile  avec une rapidité et une totalité à couper le souffle. Les dubitatifs sont perçus comme des hérétiques et comme des laudateurs de Trump et de Poutine, les jumeaux immondes et les co-conspirateurs derrière cette attaque contre la démocratie.  La responsabilité pour l’absence de débat repose en grande partie dans les diffusions des médias essentiels. Leur point de vue sans critique et la répétition sans fin de l’histoire du piratage russe en a fait semble-t-il un fait accompli dans l’esprit du public. Il est difficile d’estimer l’importance de la croyance populaire en cette nouvelle orthodoxie mais cela ne semble pas n’être qu’un credo chez les occupants de Washington. Si vous questionnez ce récit dans une conversation ordinaire, vous courez le risque de provoquer des regards déroutés ou de l’hostilité ouverte – même chez d’anciens amis. Tout ceci a été étrange et troublant pour moi, par moment certains fantasmes de la pop-culture sont venus à l’esprit, les déterreurs de cadavre et les buveurs de Kool-aid viennent à l’esprit.

Comme toute orthodoxie digne de ce nom, la religion du piratage russe ne dépend pas de preuves mais de déclarations faites ex-cathedra de la part des institutions faisant autorité et de leurs suzerains. Ses fondements écrits sont une «  déclaration » confuse et largement dénuée de faits produite en janvier dernier par un petit nombre d’analystes triés sur le volet – comme James Clapper, le directeur de la National Intelligence, les décrit, de la CIA, du FBI et de la NSA.  Les déclarations des derniers ne furent faites qu’avec une «  confiance modérée ». Le label «  Intelligence Community Assessment » produit une fausse impression d’unanimité, étant donné que seulement trois parmi les seize agences de renseignements ont contribué à ce rapport. Et bien sûr, la déclaration elle-même contenait cette aveu crucial : «  Les jugements ne sont pas prononcés afin d’impliquer que nous avons les preuves pouvant démontrer des faits. Les déclarations sont fondées sur des informations collectées, qui sont souvent incomplètes et fragmentaires, tout comme la logique, l’argumentation et les précédents » Et pourtant cette déclaration est passée dans l’imaginaire médiatique comme des faits irréfutables, autorisant les journalistes à affirmer ce qui se doit encore d’être prouvé. Se faisant ils servent de porte-paroles  aux agences de renseignement ou du moins à ces analystes «  triés sur le volet ».

Ce n’est pas la première fois que des agences de renseignement jouent un tel rôle. Lorsque j’entends l’ Intelligence Community Assessment cité comme une source fiable, me revient toujours en mémoire le rôle joué par le New York Times dans la légitimation du rapport de la CIA sur la menace de possession d’armes de destruction massive  par Saddam Hussein, sans évoquer la longue histoire de la désinformation ( appelons cela les fake news, les fausses nouvelles)  comme tactique pour faire avancer une administration ou un agenda politique. Une fois de plus, la presse établie légitime les déclarations faites par les Pères de l’Eglise de la sécurité nationale. Clapper en est un des plus vigoureux. Il s’est parjuré devant le Congrès en 2013, quand il a nié que la NSA avait « sciemment » espionné les Américains   – un mensonge pour lequel il n’a jamais été tenu de rendre des comptes. En mai 2017, il a dit à Chuck Todd, de la NBC que les Russes s’étaient très vraisemblablement impliqués dans la campagne de Trump parce qu’ « ils sont presque génétiquement amenés à s’impliquer, à pénétrer, à gagner les faveurs, n’importe, ce qui est une technique typiquement russe. » L’orthodoxie actuelle exempte les Pères de l’église des standards imposés aux gens ordinaires et condamne les Russes – et par-dessus tout Poutine- à n’être uniquement, «  presque génétiquement » diaboliques.

Il m’est difficile de comprendre comment le Parti démocrate, qui a été parfois sceptique à l’égard des Agences de renseignement, puisse maintenant adopter la CIA et le FBI comme des sources de vérité indiscutable. Une des explications possibles est que l’élection de Trump a créé un état d’urgence permanent dans l’imagination libérale, basée sur la croyance que la menace qu’il pose est unique et sans préc »dent. C’est vrai que la menace  de Trump est viscéralement réelle. Mais les menaces posées par George W. Bush ou Dick Cheney- qui ont ravagé le Moyen –Orient étaient tout autant réelles. Les dégâts occasionnés par Bush et Cheney- qui ont ravagé le Moyen Orient, légitimé la torture, et étendu un pouvoir exécutif inconstitutionnel- n’avait eu aucun précédent et était probablement permanente. Trump pose une menace sans précédent pour les immigrants sans papiers et les voyageurs musulmans dont la protection est urgente et nécessaire. Mais sur de nombreuses autres questions, il est un républicain standard.   Il est parfaitement à l’aise avec l’agenda d’austérité de Paul Ryan, qui implique d’énormes transferts de richesse vers les Américains les plus privilégiés.  Il est aussi impliqué que tout autre Républicain dans l’annulation de l’Affordable Care Act d’Obama. Lors de sa campagne, il s’est posé comme un apostat du commerce dérégulé et un opposant   aux interventions militaires à l’étranger mais maintenant qu’il est en place, ses vues sur la dérégulation commerciale basculent d’une façon imprévisible et son équipe de politique étrangère est composée de généraux avec des références interventionnistes impeccables.

Trump, engagé à continuer le financement considérable du déjà démesuré Département de la défense initié par ses prédécesseurs et sa Forteresse America est une version fanfaronne, indisciplinée de la «  nation indispensable » de Madeleine Albright. Tous deux, assument que les Etats unis devraient être capables de faire comme bon leur semble dans l’arène internationale : Trump parce que c’est le plus grand pays du monde, Albright parce qu’il s’agit d’une force exceptionnelle pour le bien commun. Il n’y a non plus rien de nouveau dans le désir de détente de Trump avec la Russie, qui au moins jusqu’en 2012 était la position officielle du Parti démocrate. Ce qui est sans précédent à propos de Trump est son style offensif : méprisant, brutal, illogique, et cependant parfaitement accordé à la colère et à l’anxiété de l’audience qu’il cible. Sesexcès ont laissé libre court au racisme et à la fière misogynie parmi ses supporters. Ceci est une cause de dénonciation, mais je ne suis pas pour autant persuadé que cela justifie cette crise anti-russe.

Parallèlement au caractère supposé exceptionnel de Trump, existent deux autres hypothèses derrière la fureur de Washington : la première est que le piratage russe s’est bel et bien produit, et la seconde que les Russes sont nos ennemis implacables. La seconde fournit la charge émotionnelle pour la première.  Les deux me paraissent problématiques. En ce qui concerne la première, les charges touchant le piratage ne sont pas prouvées et il est probable qu’elles le restent.  Edward Snowden et quelques autres familiers de la NSA disent que si un piratage longue distance s’était produit, l’agence l’aurait repéré et aurait pu détailler son existence sans compromettre ses sources secrètes ni ses méthodes. En septembre, Snowden a dit au Spiegel que la NSA «  sait certainement parfaitement bien qui est l’envahisseur ». Et, cependant «  elle n’a présenté aucune preuve, bien que je suspecte qu’elles existent. La question est : Pourquoi pas ? Je suspecte qu’il y a eu d’autres attaquants du système découverts, peut-être y avait-il six ou sept groupes à l’œuvre. » La capacité de la NSA à suivre le piratage jusqu’à sa source est une affaire de notoriété publique. Quand l’agence a investigué un piratage chinois omniprésent et efficace dans l’armée et les installations de l’industrie de la défense, elle avait été capble de suivre les hackeurs jusqu’au bâtiment d’où ils originaieent, une local de l’Armée de libération du peuple à Shangaï. Cette information fût publiée dans le New York Times mais, cette fois, l’échec de la NSA à fournir des preuves que les services screts russes avaient tenté le piratage de l’Etat US et le systéme d’élection, les affirmations non documentées de l’agence sur l’origine russe du piratage sont restées des faits étonnement non contestés et ont vite été traités comme tels dans les médias.

Cette information a été publiée dans le NYT mais, cette fois, l’échec de la NSA l’a été également.

Pendant ce temps, il y eu un déchaînement d’accusations auxiliaires, dont des charges plus vagues et plus larges de collusion de Trump avec le Kremlin. Il demeure envisageable que Robert Mueller, un ancien directeur du FBI qui a été engagé afin de vérifier ces accusations, ait pu rassembler des preuves incontestables de contacts entre les gens de Trump et diffrents russes. Il serait surprenant qu’un procureur expérimenté désigné pour effectuer un coup de filet revienne les mains vides et les arrestations  ont déjà commencé. Mais ce qui est frappant à leur égard est le fait que les charges n’ont rien à voir avec les interférences russes dans les élections. Il y a eu beaucoup de discours sur le fait que les accusés pourraient fournir des preuves confondantes contre Trump en échange de peines plus légères, mais ce ne sont que de simples spéculations. Paul Manafort, à un moment chef de campagne de Trump, a plaidé non coupable des charges selon lesquelles il aurait manqué à rendre publiques les relations de sa firme en tant qu’agent du gouvernement ukrainien et détourné ses millions de dollars de frais. Mais ceci s’est produit avant la campagne de 2016. Georges Papadopoulous, un conseiller en politique étrangère, a plaidé coupable des charges selon lesquelles il aurait menti au FBI à propos de ses efforts vains pour organiser une rencontre entre les gens de Trump et le gouvernement russe. – une opportunité que la campagne de Trump a déclinée. La plus récente interpellation de Mueller, Mickael Flynn,  l’Islamophobe désaquilibré qui a brièvement servi à Trump de conseiller en sécurité nationale, a plaidé coupable des charges selon lesquelles il aurait menti au FBI sur une rencontre avec l’ambassadeur russe en Décembre, quelques semaines après l’élection. Cette sorte de diplomacy d’arrière plan se produit régulièremet pendant les interims entre deux administrations. Il n’y a pas pour autant de signe de collusion.

Jusqu’ici, après des mois de «  bombes » qui se sont avérées être des pets, il n’existe toujours aucune preuve de l’interférence du Kremlin dans les élections américaines. Pendant ce temps,  de sérieux doutes ont émergés quant aux bases techniques de ces plaintes de piratage. Des observateurs indépendants ont argumenté qu’il était plus envisageable que les emails aient fui de l’intérieur et n’aient pas été piratés de l’extérieur. Dans cette optique, l’analyse la plus plausible a été faite par un groupe nommé Veteran Intelligence Professionals for Sanity, d’anciens employés des agences de services secrets US, qui se sont distingués en déboulonnant la plainte de Collin Powel concernant les armes de destruction massive possédées par Saddam Hussain, quelques heures après que Powell ait présent ses soi-disant preuves aux Nations unies. (Certains membres du VIPS ne se sont pas ralliés aux conclusions de ce rapport mais leurs arguments ont été à leur tour contestés par ses auteurs.) Les découvertes du VIPS n’ont reçu aucune attention de la part de la presse, sauf de Fox News – ce qui pour certains membres du centre-gauche  est pire que pas d’attention du tout. Les médias mainstream ont présenté le rapport comme le fruit de conspirationnistes (apparemment, le piratage russe ne compte pas comme tel).  La question cruciale, ici et ailleurs est l’exclusion du débat public de TOUTE perspective critique sur le discours orthodoxe, même dans la perspective de personnes avec de solides acquis professionnels et ayant déjà sérieusement faits leurs preuves.

A la fois l’histoire du piratage du DNC  et celle impliquant les emails de John Podesta, un conseiller de  campagne de H. Clinton, désignent un groupe obscur de pirates soi-disant  russes désignés sous le nom de «  Fancy Bear » – également connu chez les amateurs de technique comme APT28. Le nom de Fancy Bear a été introduit par  Dimitri Alperovitch, le responsable technique de la firme de cybersécurité Crowdstike. Alperovitch est aussi un membre de l’Atlantic Council, un think tank anti-russe de Washington embauché par le DNC afin de mener une enquête sur le détournement de leurs emails. Dans son rapport, Crowdstrike ne met en avant pratiquement aucune preuve de son affirmation de la responsabilité des Russes, encore moins de leur affiliation avec les services serets russes. Et pourtant, à partir de ce moment, la présomption qu’il s’agissait d’un cyber opération russe n’a pas été questionnée. Quand le FBI est entré en scène, le Bureau n’a pas demandé ou s’est vu refuser l’accès aux serveurs  du DNC, il dépendait donc complètement des analyses de Crowdstrike.  Pendant ce temps, Crowdstrike était forcé de retirer une autre plainte, où les Russes avaient piraté avec succès les systèmes de commandement de l’artillerie ukrainienne. L’armée ukrainienne et le British International Institute for strat »gic studies ont tous deux démneti cette plainte, et Crowdstrike s’est rétrcté. Mais ses analyse du DNC ont été autorisées a être sauvegardées et à même devenir les bases de l’Intelligence Community Assessment

Le bavardage autour du piratage n’aurait jamais acquis une telle urgence si celui-ci n’avait pas accompagné la présupposition : La Russie est l’unique adversaire dangereux, avec lequel nous devrions éviter tout contact. Sans cette croyance, la rencontre de l’Avocat général Jeff Session avec les Russes en septembre 2016 n’aurait été qu’une discussion de routine entre un Sénateur et des offociels étraners. Les conversatins post-élelcetions de Flynn ave l’Ambassadeur de Russie seraient passées inaperçues. Les tentatives des copains de Trump de faire quelques affaires avec la Russie simplement un eu glauques. La rencontre à la Rrump Tower de Donald Trump Jr. avec l’avocate russe Natalia Veselnitskaya, intrigue obscure et mélodramatique,  aurait été transformée en une comédie de l’erreur. Avec le fils du candidat s’attendant à recevoir des informations à utiliser contre Clinton mais découvrant que Veselnitskaya ne voulait parler que de la levée des sanctions et de la reprise de l’accueil des orphelins russes aux USA. Et Putin lui-m^me serait resté un simple autocrate avec lequel les démocraties pouvaient négocier sans le soutenir.

Des voix sceptiques, comme celles du VIPS, ont été noyées sous un tapage de désinformation. Des histoires évidemment fausses, comme celle du Washington Post  affirmant que les Russes avaient piraté le réseau électrique du Vermont, sont publiées puis démenties le lendemain.Parfois, comme l’histoire de l’interférence des Russes dans les élections françaises et allemandes elles ne sont pas démenties même lorsqu’elles ont été discréditées. Ces histoires ont été parfaitement déboulonnées par les services secrets français et allemands  mais continue de planer, empoisonnant l’atmosphère, rendant le débat confus. La plainte selon laquelle les Russes avinent piraté les systèmes de vote locaux et fédéraux aux USA a été réfutée par lesreprésentants officiles de la Californie  et du Visconsin mais leurs commentaires n’ont généré quun simple murmure comparé aus grondements de l’histoire originale. La précipitation pour publier sans une attention suffisante à la véracité est devenue la nouvelle norme du journalisme. La rétractation ou a correction sont presque hors de propos, la fausse accusation a fait son travail.

La conséquence en est un sentiment de confusion qui enveloppe tout. Un nihilisme épistémologique plane mais certaines personnes et certaines institutions en retirent le pouvoir plus grand que d’autres de définir ce qui constitue une réalité consensuelle. Dire ceci est courir le risque  de se voir licencié comme le dernier des cinglés dans le lexique du Washington contemporain : la théorie conspirationniste. Pourtant les faits demeurent,  parfois des individus puissants s’arrangent pour promouvoir des idées qui bénéficint à leurs intérêts communs. Que nous appelions cela l’hégémonie, la conspiration, ou simplement les privilèges n’a pas vraiment d’importance. Ce qui a de l’importance, c’est d’avoir le pouvoir de créer ce que Gramsci nommait «  le sens commun » d’une société entière.  Même si la plupart des membres de cette société sont indifférents ou suspicieux à ce sens commun officiel, il n’en est pas moins incrusté dans les assomptions tacites qui tracent les frontières de « l’opinion responsable ». L’establishment démocratique donc, (avec quelques éléments Républicains) et les médias les plus importants ont transformé l’ «  interférence russe » en une partie du sens commun du moment. Quelle sorte de travail culturel ce sens commun effectue-t-il ? Quelles sont les conséquences du spectacle que les médias intitulent, avec une originalité caractéristique,  le « Russiagate » ?

La toute première conséquence est qu’en trouvant des démons étrangers à blâmer pour l’ascension de Trump, les dirigeants démocrates ont déplacé le blâme de leur défaite  loin de leur propre politique sans questionner la moindre de leurs assomptions principales. Parmi le rejet général de Trump, ils peuvent se proclamer dissidents, la «  résistance » était le label que les Clintoniens se sont appropriés quelques jours après l’élection. Les Démocrates majoritaires ont commencé à utiliser le terme de «  progressiste » à appliquer à une plate forme qui ne prétend à rien d’autre qu’à préserver Obamacare, , s’agitant en direction d’une plus grande galité des salaires, et le protection des minorités. Cet agenda est timide. Il n’a rien à dire sur la mise en cause de l’influence concentrée du capital sur la politique, la réduction du budget en expansion de la défense, ou le retrait des engagements systématiques dans la politique étrangère et pourtant sans ces initiatives, même la plus ténue des politiques égalitaires fait face à des obstacles insurmontables. De plus nombreuses et authentiques insurrections sont en route, qui affrontent le pouvoir corporatiste et connectent la politique intérieure avec la politique étrangère mais elles font face à une bataille ardue contre l’argent ancré et le pouvoir des dirigeants démocrates – comme Chuck Schumer, Nancy Pelosi, les Clinton et le DNC. Le Russiagae a permis à l’élite démocrate de promouvoir l’unité du parti  contre Trump-Poutine, pendant que le DMC faisait la purge des supporters de Sanders.

Pour le DNC, le grande qualité de l’histoire du piratage russe est qu’elle concentre l’attention ailleurs que sur ce qui était vraiment dans les emails. Les documents ont révélé une organisation profondément corrompue, dont la façade d’impartialité n’était qu’une imposture. Même le tout à fait fidèlement pro-Clinton Washington Post a admis  que «  beaucoup des plus emails les plus comprmettants suggèrent que le Comité essayait activement de compromettre la campagne présidntielle de Bernie Sanders »’ Des preuves de collusions supplémentaires entre la machine clintonnienne et le DNC ont fait surface récemment dans un essai de Donna Brazile, qui a été secrétaire par intérim du DNC après que Debbie Wasserman Schultz ait démissionné dans l’après-coup des révélations. Brazile décrit un accord daté du 26 août 2015, qui spécifie :

Qu’en échange de la levée de fonds et de mener des invstigations au sein du DNC, Hillary  contrôlerait les finances du parti, les stratégies et tous les fonds obtenus. Sa campagne a le droit de refuser le choix de la nomination du Directeur de la communication du parti  et elle aura le dernier mot sur tout le reste. Le DNC était également sollicité pour la consulter sur la campagne à propos de tout ce qui conerne les autres domaines, budgets, données, analyses et mailings.

Avant même que les primaires aient commencées, le supposé neutre DNC – qui a été proche de l’insolvabilité – avait été acheté par la campagne Clinton.

Une autre révélation récente du DNC concerne les origines de l’enquête dsur les liens supposés de Trump avec Poutine. L’histoire a commencé en Avril 2016, quand le DNC a embauché une firme d’enquête de Washington nommée  Fusion GPS afin de’extraire tous les éléments de connexions entre Trump et la Russie. Le contrat impliquait le paiement de «  liquide pour les ordures » comme aimait à l’appeler la campagne Clinton. Fusion GPS  a finalement produit des ordures, un compte-rendu choquant rédigé par un ancien agent de  British M16 Intelligence Christopher Steele, basé sur des on-dit achetés auprès de sources anonymes russes. Au sein des prostituées et des urinoirs une histoire a émergé : le gouvernement russe avait fait chanter et soudoyer Donald Trump depuis des années, dans l’assomption qu’il deviendrait Président un jour et servirait les intérêts du Kremlin. Dans ce conte fantastique, Poutine devient un comploteur omniscient prodigieusement doué.  Comme toutes les accusations de collusion, celle-ci est devenue elle aussi plus vague avec le temps, ajoutant à l’atmosphère glauque sans pour autant ajouter aucune preuve. La campagne Clinton a tenté de convaincre les médias de l’establishment de publier le dossier Steele, mais avec une circonspection peu caractéristique, ils ont décliné la promotion de ce qui était tout simplement du déchet politique plutôt qu’un rapport fiable. Cependant le FBI a apparemment pris le dossier Steele suffisamment au sérieux pour en inclure un résumé dans l’appendice secret à l’Intelligence Community Assessment. Deux semaines avant l’inauguration, James Comey, le directeur du FBI, décrivait le dossier à Trump. Après que le briefing de Comey ait été communiqué frauduleusement à la presse, le site web Buzzfeed l’a publié en entier, produisant hilarité et hystérie au sein de la nomenclature washingtonienne.

Le dossier Steel occupe un royaume obscur où l’idéologie et les enseignements, la désinformation et les révélations se recouvrent. C’est l’antichambre d’un système plus vaste de nihilisme épistémologique créé par différentes factions rivales des services de renseignement : l’ « arbre de fumée » qui, pour le romancier  Denis Johnson, symbolisait les opérations de la CIA au Vietnam. J’ai inhalé cette fumée moi-même en 1969, 1070, quand j’étais cryptographe d’une opération de déblayage top secrète sur un nvire de l’Armée US qui ptransportait des missiles équipés de têtes nucléaires – dont l’existence même était niée par la Marine. J’ai été dégagé de cete opération et plus tard honorablement congédié quand j’ai refusé de rejoindre le Sealed Authenticator System, qui aurait autorisé le lancement de ces missiles nucléaires  soi-disant non existants. L’arbre de fumée est simplement devenu plus complexe et plus insaisissable  depuis lors. Pourtant le Parti démocrate s’est maintenant embarqué dans une réhabilitation tous azimuts de la communauté des services de renseignements- ou du moins d’une partie d’entre elle, celle qui supporte l’idée du piratage russe. (Nous pouvons être certains qu’il existe des désaccords entre eux) Et ce n’est pas uniquement l’establishment démocratique qui embrasse l’Etat profond. Une partie de la base, croyant que Trump et Poutine sont étroitement liés, croit devoir fulminer contre la « trahison » comme une nouvelle John Birch Society.

J’ai songé à cette ironie en visitant l’exposition «  L’âme d’une nation : l’art à l’âge du Black Power » à la Tate gallery, qui exhibe les travaux d’artistes noir-Américians pendant les années 1960.1970, quand les agences de renseignement, (et les agents provocateurs)  organisaient une répression gouvernementale contre les militants noirs, les résistants à la conscription, les déserteurs et le pacifistes. Parmi les toiles, les collages et les assemblages, il n’y avait qu’un sei=ul drapeu confédéé, accompagné par l’horrible rappel du passé de Jim Crow – Un homme du Klan dans tout son attirail, un corps noir se balançant dans un arbre. Il y avait aussi au moins une demi-douzaine de drapeau US, juxtaposés en entier ou en partie à des images de l’oppression raciale contemporaine qui pourrait se passer n’importe où aen Amérique : des hommes noirs transportés morts sur des brancards par des squelettes en uniformes de police, un prisonnier noir attaché à une chaise, attendant d’être torturé. Le point était de mettre en évidence le contraste entre «  le pays des libertés »  et les pratiques de l’état sécuritaire et des forces de police locales. Les artistes noirs  de cette époque connaissaient leur ennemi : les noirs n’étaient pas tués ou emprisonnés par un nébuleux ennemi étranger mais par le FBI, la CIA et la police.

La Parti démocrate a développé une nouvelle vision du monde, un partenariat plus ambitieux entre les humanitaires interventionnistes libéraux et les militaristes conservateurs qui existait déjà sous le prudent Obama. Ceci sera peut-être la conséquence la plus désastreuse pour le Parti démocrate de la nouvelle politique orthodoxe anti-russe : la perte de l’opportunit de formuler une politique étrangère plus humaine et plus cohérente. L’obsession de Poutine a effacé la possbilité de la complexité de la reprsentation du monde par les Démocrates, créant un vide rapidement rempli parlesfantaisies monochromes d’Hillary Clinton et de ses alliés exceptionnalistes. Pur des gens comme Max Boot et Robert Kagan, la guerre est un état désirable pour les affaires, spécialement quand ils la regardent derrière leur claviers et que le reste du monde – à part les vilains garçons-  est rempli de populations qui veulent construie des sociétés comme la nôtre : pluralistes, démocratiques et ouvertes aux affaires. Il existe une souffrance terrible dans le monde, les USA ont des ressources abondantes pour l’aider à se réduire, l’impératif moral est clair. Il existe un nombre infini d’engagement internationaux qui n’impliquent pas une intervention militaire. Mais le chemin pris par la politique US  assez souvent pour qu’on puisse soupçonner la réthorique humanitaire de n’être rien d’autre qu’une façade pour une géopoltique plus banale – une qui définit l’intérêt national comme global et virtuellement sans limite. * (article du sociologue russe) Ayant vécu la guerre du Vietnam, une conséquence calamiteuse de ce qui définissait l’intérêt national, j’ai toujours été attiré par une critique réaliste du globalisme. Réalisme est un label pour toujurs terni par son association à Henri Kissinger, qui a utilisé comme une rationalisation de l’intervention ouvertement et sous couvert de l’intervention dans les affaires d’autres nations. Cependant il existe une tradition réaliste plus humaine, celle de George Kennan et de William Fulbright, qui pointent les liites de la toute-puissance militaire, précisant que les grands pouvoirs impliquent de grandes restrictions. Cette tradition met au défi la doctrine du changement de régime sous le déguisement de la promotion de la démocratie qui, – en dépit des échecs abyssaux en Irak et en Libye – gardent une incroyable légitimité à Washington. – Le Russiagate en a étendu la durée de conservation.

On peut jauger de l’impact corrosif de la fixation démocrate sur la Russie en demandant de quoi peuvent-ils bien parler quand ils neparlent pas du piratage russe. Tout d’abord, ils n’évoquent pas les interférences d’un autre type dans l‘élection, comme les tentatives nombreuses du Parti républicains pour priver du droit électoral les électeurs issus des minorités. Ils n’évoquent pas non plus les milliards de dollars du budget de la défense qui ont compromis la possibilité de recevoir des soins et d’autres mesures sociales urgemment nécessaires, ni la modernisation de l’arsenal nucléaire américain qu’a commencé Obama et le plan de Trump de l’accélérer, qui soulèv le risque d’une catastrophe environnementale ultime : une guerre nucléaire. Une menace rendue plus sérieuse qu’elle ne l’a été depuis des années de disscours combatifs à l’égard de la Russie.

La perspective de pouvoir entamer la procédure d’ « impeachment » de Trump et de l’esclure du bureau en l’accusant de collusion avec la Russie a créé une atmosphère d’anticipation presque vertigineuse parmi les leaders démocrates, les autorisant à oublier que le reste du Parti républicain est composé de nombreux politiciens beaucoup plus habiles aux stratégies washingtonnienne que ne le sera jamais leur Président.

Ce n’est pas le Parti démocrate qui mène la recheche d’alternatives au désastre créé par la politique dues Républicains : un plan d’imposition qui va inonder les riches et essorer les pauvres et la classe moyenne, une poursuite de la politique d’extraction des énergies fossiles insouciante * (Forbes sur la politique d’extraction du gaz naturel sous Obama) qui a déjà conduit à la contamination de l’eau dans le Dakota et le soutien continu des politiques de répression, de même que le soutien aux polittiues de répression policière et d’incarcération de masse. C’est la population locale qui est sous la menace des fuites de pétrole ou des matracages de la police, et c’est là que le Populisme survit.

Une multitude de groupes d’insurgés a commencé à utiliser les attaques contre Trump omme un levier pour faire bouger le Parti dans une direction égalitaire : Black Lives Matter, Democratic Socialists of America, tout comme une quantité d’organisations locales et régionales. Ils reconnaissent qu’il exsite des questions autrement plus urgentes – et authentiques – de s’opposer à Trump que de vagues allégations de collusion avec la Russie. Ils posent un défi tardif aux arnaques du néo-libéralisme, et à l’arrogance technocratique qui a conduit à la défaite de Clinton dans les états industriels américains. Reconnaissant que l’actuel gouvernement n’amènera pas de changements significatifs, ils cherchent à se financer en dehors du DNC. C’est la véritable résistance, contrairement à ‘#theresistance’.

Sur certaines questions, comme le développement de la protection santé, l’augmentation du salaire minimum ou la protection des immigrés sans papiers contre les plus flagrantes formes d’exploitation – ces insurgés obtiennent un large appui. Des candidats comme Paula Jean Swearengin, la fille d’un mineur de la Virginie qui se présente au primaires démocrates pour la nomination au Sénat, défient l’establishment démocrate qui se tient côte à côte avec les Républicains au service du grand capital. L’opposant de Swearengin, Joe Manchin que le Los Angleles Times a comparé à Doug Jones, un autre Démocrate «  très conservateur » qui a récemment gagné les élections au Sénat en Alabama, battant de très peu un Républicain, disagracié par des accusations de harcèlement sexuel avec des adolescentes de quatorze ans. Je me sens soulégé par ce résultat sans jondre l’extase collective démocrate, qui révèle l’investissement presistant du parti dans la politique comme d’habitude. Les leaders démocrates se sont convaincus (ainsi que la pupart de leur base) que tout ce dont a besoin la république est de la restauration du staut antérieur à Trump. Ils demeurent oublieux de l’impatience populaire à l’égard des formules familières. Jess King une femme mennonite, MBA de l’Université de Bard et fondatrice d’une association locale bénévole qui est en lice pour le Congrès comme Démocrate à Lancaster Pennsylvanie – le décrit dans ces termes : «  Nous observons un paysage politique qui change en ce moment qui n’est plus mesuré par le traditionnel droite vs gauche mais par la base vs le sommet. En Pennsylvanie et dans de nombreux autres endroits, nous voyons un populisme économique  des militants de base qui monte, se heurtant à l’establishment politique et au status quo qui ont tant échoué dans notre pays. »

Les insurgés démocrates développent aussi un populisme critique de l’hubris économique qui a sponsorisé tant de croisades qui ont échoué, extorqué des sacricices disproportionnés de la classe ouvrière et provoqué le soutien de Trump, qui s’est présenté lui-même (d’une façon fallacieuse) comme un opposant de l’interventionnisme à tout va. Sur la politique extérieure, les insurgés font face à une opposition encre plus ferme que sur la politique intérieure : un consensus bipartisan, enflammé par l’outrage de la menance contre la démocratie supsée représentée par le piratage russe. Cependant, ils est possible qu’ils aient trouvé un chemin tactique pour avancer, en se concentrant sur les charges inégales pesant sur les pauvres et sur la classe ouvrière pour la promotion et le maintien de l’empire américain.

Cette approche est celle qui anime  ” Autopsie : le Parti démocrate en crise” , un document de 33 pages dont les rédacteurs comprennent Norman Solomon, fondateur du groupe de pression insurgé RootsAction.org. «  La revendication du  Parti démocrate de combattre pour les «  familles de travailleurs »  a été compromise par son refus de s’opposer au pouvoir des multinationales, permettant à Trump de se présenter comme le champion des couches laborieuses » dit Autopsie. Mais ce qui caractérise ceci par rapport aux critiques progressives habituelles, est la connexion convaincnte entre la poltique intérieure et la politque étrangère. Pour ceux de la Rust belt, le service militaire a été souvent la seule solution pour échapper au désastre créé par la politique énéo-libérale, mais le prix pour la fuite a été élevé. Comme le note Autopsie, «  la sagesse de la guerre permanente, ce que Clinon nomme «  le pouvoir global »

  • Etait beaucoup plus clair pour les leaders du Parti (en 2016) qu’il l’était pour ceux qui portaient le poids des morts au combat, des blessures et des traumatismes. Après une dizaine d’années de guerre sans interruption, les données de la recherche sur les conduites de vote montrent que la campagne de Clinton avec saon discours belliqueux a été un repoussoir pdans les classe laborieuses, durement touchées par les pertes dues au déploiement en Irak et en Afghanistan.

Francis Shen de l’Université du Minnesota et Douglas Kriner de l’Université de Boston ont analysés les résultats des élections dans trois états-clefs, La Pennsylvanie, le Wisconsin et le Michigan – et ont trouvé   que «  même en contrôlant sur un modème statistique alternatif, nous avons trouvé une relation significatrice et sensée entre le niveau du sacrifice militaire de la communauté et son soutien à Trump ». L’engagement sans critique de Clinton dans les interventions armées a permis à Trump de gagner sur les deux tableaux, jouant au ressentiment chauvin tout en se posant comme un adversaire des guerres sans but et insensées.  Kriner et Shen concluent que les Démocrates peuventavoir à «  réexaminer leur posture en politique étrangère  si ils veulent reconquérir l’électorat épuisé et étrangé à 15 ans de guerre » Si le mouvement insurrectionnel au sein du Parti démocrate a commencé à se formuler des critiques en faveur d’une poltique étrangère intelligente, un changement peut éventuellement se produire. Et le monde peut devenir un endroit où le pouvoir américain, comme la vertu américaine, sont limités. Pour ces mêmes Démocrates, c’est une évolution fortement désirée. C’est sur du long terme mais quelque chose se passe vraiment ici.

Jackson Lears est membre  du Conseil supérieur des universités  (Board of Governors Distinguished) Professeur d’histoire à l’Université de Rutgers..

Quelques mots sur “la crise” boursière. William Kaufman sur Face Book

A few things to remember about the stock market:
1. It’s not real–it’s a form of mass hysteria or mass psychosis.
2. Stock prices reflect a mass-hysteria impression of the worth of a piece of paper you hold–a stock certificate. The worth of that piece of paper is sometimes tethered to some economic reality of some corporation–at least partially–but sometimes not. This is a matter of caprice and crowd psychology, not necessarily economic “health.”
3. It’s a swindle–much of the movement of these equities markets originates in the decisions of large funds or high-speed traders who have access to esoteric information or trading networks that Joe Trader does not. Hence Joe Trader invariably gets screwed.
4. The MSM commentators on the markets are all industry touts. Their invariable counsel: get into the market if you’re not in already, stay in if you’re already in. A dip is a buying opportunity. A surge is a buying opportunity. A buying opportunity is that which puts a commission in their pockets. I don’t know the Latin term for the logical fallacy at work here, but I think the English translation is something like this: bullshit being slung by greedy con artists. These are people with no more conscience or expertise than the barking guy with the Australian accent on the three a.m. informercial raving about a miracle degreaser or stain remover.
5. This market, more than most, is a big fat bubble that has been artificially inflated by low interest rates–the suckers have to go into the market to get a return on their money–and Fed QE policies which have left untold trillions of “liquidity” sloshing around among the financial elites with which to play Monopoly with one another and pad their net worth by buying back shares of their own companies to inflate the stock price. This bubble is worse than any previous ones because the “air” inside it is unprecedented levels of consumer and institutional debt that will cause a deafening “pop” when some of the key players start to lose their shirts, and suddenly all the Peters start calling in the debts of all the Pauls who can’t pay.
6. We can console ourselves that this last resort of financial prestidigitation and fraud is stretched about as far as it can go. The financial elites are out of three-card monte scams to suck the wealth out of the economy. The productivist heyday of capitalism is over: no more builders of railroads, factories, skyscrapers, and highways to a better tomorrow. Just cell phones, televisions, and the endless flows of plastic consumer junk circulating on amazon and Walmart. What Baudrillard called “the mirror of production” is a prison for the planet earth and every species on it. All that is left for the bipartisan predator class is to scavenge the rest of us: no more Medicare, no more Social Security, no more public schools–if they have their way, and they probably will.
7. Pop goes the stock market, the illusion of prosperity, the whole unsustainable carbon-poison “economy,” and pop goes the planet and the human race. But look at it this way: it’s a buying opportunity.

Quelques éléments à garder à l’esprit à propos de la Bourse :

1/ Ce n’est pas réel. C’est une forme d’hystérie de masse ou de psychose de masse.

2/ Le prix d’une action reflète l’impression de cette hystérie de masse sur la valeur d’un morceau de papier que vous détenez. un certificat. La valeur de ce certificat est parfois lièe à la réalité économique d’une entreprise, au moins partiellement, et parfois non. C’est une question de psychologie collective et de caprice et non de santé économique.

3/ C’est une escroquerie. La plupart des mouvements du marché des actions s’originent dans les décisions de quelques grands fonds de pension ou de quelques traders ultra-rapides qui ont accès à des données ésotériques ou a des réseaux d’échanges boursiers auxquels Loe Trader n’a pas accès. Donc, Joe Trader est invariablement baisé.

4/ Les commentateurs de MSM sont tous des rabatteurs de l’industrie. Leur invariable conseil : allez sur le marché si vous n’y êtes pas déjà, restez-y si vous  êtes.  Une baisse est une opportunité pour acheter. Une hausse est une opportunité pour acheter. Une opportunité pour acheter est ce qui met une commission dans leur poche. Je ne connais pas le terme latin pour désigner la logique fallacieuse à l’oeuvre ici mais je crois que sa traduction anglaise pourrait donner à peu près ceci : de la merde lancée par des escrocs avides et talentueux. Ce sont des individus sans plus de conscience ou d’expertise que le type qui aboie avec un accent australien pendant la pub de trois heures du matin ventant les miracles d’un dégraissant ou d’un détachant.

5/ Ce marché, plus que beaucoup d’autres, est une grosse bulle grasse qui a été artificiellement gonflée par des taux d’intérêt très bas – les suceurs doivent rentrer dans le marché afin d’ avoir le retour de leur argent et la politique de la Fed qui a gardé secrets des trillions de “liquidités” coulant au sein de l’élite financière dont les membres  jouent  au Monopoly les uns avec les autres et recouvrent leur valeur en achetant eux-mêmes leurs actions afin de grossir leurs prix.  Cette bulle est pire que toutes les précédentes parce que l’ “air” qu’elle contient est fait d’un niveau sans précédent de dette des consommateurs et des institutions qui causera un assourdissant plop lorsque quelques payeurs clefs commenceront à y laisser leurs chemises et demanderont soudainement à tous les Pierre de se faire rembourser par les  Paul la dette qu’ils ne pourront pas rembourser.

6/ Nous pouvons nous consoler puisque ce dernier recours à la prestidigitation financière et à la fraude est allé presque aussi loin qu’il le pouvait. L’élite financière a sorti un bonneteau afin de sucer la richesse de l’économie. Les jours glorieux du capitalisme sont terminés : plus de constructeurs de trains, d’usines, de gratte-ciel, et  d’autoroutes pour un meilleur avenir. Uniquement des téléphones portables, des télévisions et le courant incessant des consommateurs de produits insalubres sur Amazon et Walmart. Ce que Baudrillard appelle “le miroir de la production” est une prison pour la planète et pour chaque espèce qui l’habite. Tout ce qui reste aux prédateurs bipartisans c’est de récupérer ce qu’il reste de nous : plus de système de protection médicale, plus de sécurité sociale, plus d’école publique – si ça marche comme ils l’entendent, et c’est probablement ce qui va se passer.

7/  La bourse fait “flop”, l’illusion de la prospérité, toute l’économie empoisonnée du carbone, la planète fait ” flop ” et la race humaine. Mais considérons cela sous cet angle : c’est l’occasion d’acheter.

 

Traduction : Elisabeth Guerrier

Les armées de l’Ombre : la guerre invisible mais réelle des USA en Afrique Ramzy Baroud

Shadow Armies: The Unseen, But Real US War in Africa

by RAMZY BAROUD     

 

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Photo by US Army Africa | CC BY 2.0

C’est un fait, mais largement caché, la guerre qui se déroule à travers le continent africain. Elle implique les Etats unis, une Russie qui prend de l’aplomb et une Chine qui monte. Les issues de cette guerre va vraisemblablement redéfinir  l’avenir de ce continent et les perspectives globales.

Il est facile de pointer la responsabilité de D. Trump, son agenda désordonné et ses remarques impulsives. Mais la vérité, c’est que l’actuelle expansion de l’armée américaine en Afrique n’est qu’un pas supplémentaire dans la mauvaise direction. Il fait partie d’une stratégie qui est apparue il y a une dizaine d’année, pendant l’administration du Président George W. Bush, et activement poursuivie par le Président Barack Obama.

En 2007 sous le prétexte de la «  guerre contre le terrorisme », les USA ont consolidé leurs diverses opérations en Afrique afin d’établir la «  United States Africa Command » (AFRICOM). Avec un budget de départ d’un demi-milliard de dollars, AFRICOM fut soi-disant démarré afin de créer un engagement avec les pays africains en termes de diplomatie et d’aide. Mais, au cours de dix dernières années, AFRICOM a été transformé en une commande centralisée des incursions militaires et des interventions.

Cependant, ce rôle violent s’est rapidement accentué pendant la première année de la présidence de Trump. Bien sûr, il y a une guerre cachée en Afrique et elle est menée au nom du «  contre-terrorisme ».

Selon le service d’investigation spéciale de VICE News, les troupes US mènent maintenant 3500 exercices et engagements militaires par an à travers l’Afrique, une moyenne de 10 par jour. Les médias parlent rarement  de cette guerre, accordant ainsi aux militaires un espace suffisamment large pour déstabiliser comme ils l’entendent n’importe quel pays parmi les 54 que compte ce continent.

“ Aujourd’hui, le tableau de 3500 interventions marque une croissance étonnante de 1900 % depuis le début il y a moins de dix ans, et suggère une expansion des activités militaires majeure sur le continent africain. » rapporte VICE.

A la suite du décès de quatre soldats des forces spéciales US au Niger ele 4 octobre, le Secrétaire US de la défense, James Mattis fit une déclaration menaçante au comité du Sénat : ce nombre est supposé augmenter puisque les activités militaires des US en Afrique le sont.

Mattis, comme d’autres officiels de la Défense dans les deux administrations précédentes, justifie les transgressions militaires US comme faisant partie des efforts «  anti-terroristes ». Mais une telle référence codée à servi d’alibi pur intervenir et exploiter des régions importantes avec un grand potentiel économique.

La vieille devise coloniale «  des miettes pour l’Afrique » est réinventée par les pouvoirs de la globalisation qui se représentent parfaitement l’ampleur des largesses économiques inexploitées du continent. Pendant que la Chine, les Indes et la Russie développe chacune leur approche afin de courtiser l’Afrique, les US sont investis principalement dans les actions militaires, qui promettent d’infliger des maux secrets et de déstabiliser de nombreuses nations.

Le coup d’état du Mali, en 2012, mené par le capitaine d’armée Amadou Haya Sanogo, entrainé par les USA, n’en est qu’un exemple.

Dans son discours de 2013, la Secrétaire d’état Hillary Clinton, avertissait contre «  un nouveau colonialisme en Afrique, où il est aisé de pénétrer, de prendre les ressources naturelles, de soudoyer les leaders puis de partir ». Alors que Clinton a bien sûr raison, elle faisait hypocritement référence à la Chine, pas à son propre pays.

L’influence croissante de la Chine en Afrique est évidente, et les pratiques de Beijing peuvent être injustes. Cependant, la politique de la Chine à l’égard de l’Afrique est beaucoup plus civilisée et axée sur le commerce que l’approche militarisée des USA.

La croissance des relations commerciales entre la Chine et l’Afrique, selon un rapport des News report des Nations unies, se produit à un « rythme époustouflant », comme elles passent de 10.5 milliards de dollars en 2000 à 166 milliards en 2011. Depuis lors, elles ont continué au même rythme impressionnant.

Mais cet accroissement a été couplé avec de nombreuses initiatives, y compris plusieurs milliards de dollars de crédit chinois aux pays africain afin de développer des infrastructures faisant cruellement défaut. Plus encore est allé au financement du «  Programme pour les talents africains » dont le but est de former des professionnels africains dans des secteurs variés.

Ca ne devrait donc pas être surprenant qu’en 2009,  la Chine surpasse les USA et soit le principal interlocuteur commercial de l’Afrique.

Le véritable colonialisme auquel Clinton se réfère dans son discours, est cependant en bonne voie dans la perception et le comportement des USA à l’égard de l’Afrique. Ce n’est pas une hyperbole, mais en fait un constat qui fait écho aux propres mots du Président Trump.

Lors d’un déjeuner avec neuf chefs d’états africains en septembre dernier aux Nations unies, Trump a parlé avec le même type d’état d’esprit que celui qui a inspiré les politiques coloniales occidentales depuis des siècles.

Peu après qu’il ait créé un pays du nom de Nambie, Trump s’est vanté  à propos de ses «  nombreux amis (qui vont) dans vos pays en essayant de s’enrichir ». «  Je vous félicite, a-t-il dit, ils y dépensent beaucoup d’argent ! »

Le mois suivant, Trump ajoutait le Tchad, son partenaire dévoué dans la lutte anti-terroriste à la liste des pays dont le citoyens sont interdits d’entrée aux USA.

Si l’on garde à l’esprit que l’Afrique a 22 pays à majorité musulmane, le gouvernement américain compromet toute vision diplomatique à long terme et est, au contraire, en train de s’enfoncer toujours plus dans la réponse militaire.

La poussée militaire US ne semble pas non plus faire partie d’une politique complète. Elle est aussi alarmante qu’elle est erratique, reflétant la constante dépendance des US sur les solutions militaires pour résoudre toutes sortes de problèmes, y compris des rivalités commerciales ou politiques.

Comparons ça avec la stratégie d’approche russe en Afrique. En ranimant d’anciennes camaraderies avec le continent, la Russie suit la stratégie d’engagement chinoise (ou dans son cas de réengagement), à travers des termes de développement ou de commerce favorables. Mais contrairement à la Chine, la Russie a un agenda largement ouvert qui inclut des exportations d’ares, qui remplace l’armement américain dans différentes parties du continent.

Pour Moscou, l’Afrique a un potentiel inexploité et exceptionnel comme partenaire politique qui peut appuyer la position de la Russie aux Nations unies.

Conscient de la compétition évidente, quelques chefs d’états africains travaillent maintenant afin de trouver des alliés en dehors du traditionnel cadre occidental, qui contrôle la plupart de l’Afrique depuis la fin du colonialisme traditionnel il y a plusieurs dizaines d’années.

Un exemple frappant est la visite en novembre dernier du Président du Soudan Omar al-Bashir en Russie et de sa rencontre au sommet avec le Président Vladimir Poutine.  «  Nous avons rêvé de cette visite depuis longtemps, a dit al-Bashir à Poutine, «  nous vons besoin de protection contre les actes agressifs des USA »

La « protection » convoitée comprend la promesse russe de moderniser l’armée soudanaise.

Inquiet de l’approche russe en Afrique, les US réagissent par des stratagèmes militaires et peu de diplomatie. La mini-guerre menée actuellement sur le continent poussera le continent plus avant dans les abysses de la violence et de la corruption, ce qui doit convenir parfaitement à Washington mais amènera une misère innommable à des millions de personnes.

Il est hors de question que l’Afrique ne soit plus une affaire uniquement occidentale pouvant être exploitée à merci. Mais il faudra des années avant que l’Afrique et ses 54 nations soient vraiment libérés de cet esprit colonial obstiné, enraciné dans le racisme, l’exploitation économique et les interventions militaires.

RAMZY BAROUD

Le Dr. Ramzy Baroud écrit sur le Moyen –Orient depuis plus de vingt ans. Il est un essayiste syndiqué internationalement, consultant médias, et auteur de nombreux livres, fondeur de la PalestineChronicle.com. Son dernier ouvrage «  Mon père était un combattant de la liberté : Gaza une histoire inédite, My Father Was a Freedom Fighter: Gaza’s Untold Story (Pluto Press, London). Son site web : ramzybaroud.net

 

 

Traduction : Elisabeth Guerrier

Amérique : la grande panique du sexe William Kaufman

«  Il n’y a pour l’être au monde que dissimilitudes, disparités, rendez-vous manqués, déviations, dis-cours. La coïncidence met un terme à l’acte de penser et l’organisme se décharge, se vide. La discordance au contraire, fournit l’impulsion pour le travail de penser, pour discerner, dans la perception présente, la distance par rapport à la représentation de Das Ding absente. Lorsqu’il y a coïncidence, il n’y a donc plus de chance pour l’acte de penser. » Nestor Braunstein “La Jouissance un concept lacanien” p 34

The great American sex-panic 

2017 : Amérique, la grande panique du sexe par WILLIAM KAUFMAN

Je confesse être plus troublé que ravi par le grondement quotidien des idoles tombant pour une accusation de «  mauvaise conduite sexuelle », la fixation morbide des masses qui cachent des titillements privés, des sourires entendus et des claquements de lèvres sadiques derrière le masque public d’une réprobation solennelle.

Weinstein et Trump et Roy Moore et Bill Clinton sont de vils porcs et de pauvres types, pas de doute, j’ai toujours détesté l’arrogance des performances artistiques néo-libérales  arrogantes de Al Franken et le journalisme lèche-cul et carriériste de Glenn Thrush et de Charlie Rose, les derniers dominos à tomber sous les accusations publiques d’ avances «ou d’attouchements «  inappropriés ».

La frontière culturelle entre  tolérance et intolérance devient floue et glisse avec chaque nouvelle révélation, tout comme la litanie des péchés, présents ou passés, majeurs ou mineurs se concentre en une avalanche d’accusations indifférenciées de plus en plus graves une meute cavalante de «  Me-tooists ».  — des vagues successives de pelotages et de bisous envahissent maintenant la bande passante des chaînes d’information, nous laissant avec l’impression qu’il n’existe pas de crime contre l’humanité plus grands que le bond insollicité de la langue ou de la main d’un chien en chaleur, certains d’entre eux datant de vingt ou trente ans mais uniquement révélés lors des dernières semaines.

Soyons honnête, ces révélations «  choquantes » à propos de Franken- selon lesquelles il aurait essayé de rouler un patin à une femme une fois pendant une répétition et attrapé son sein somnolent en se moquant dans une pose ridicule ou peut-être que sa main s’est aventuré trop loin en direction du postérieur d’une femme pendant qu’il l’obligeait à se faire prendre en photo dans une foire il y a cinq ans- n’auraient suscité rien d’autre que des bâillements  il y a juste quelques semaines ou mois, dans l’ère AW, (Avant Weinstein). En fait ces deux femmes, apparemment si peu perturbées qu’elles ont pu garder ces incidents secrets pendant cinq ou six ans, n’auraient certainement pas pensé à rejoindre la procession solennelle des profanées sur les chaînes nationales si ce n’est pour l’effet de chaque cri du cœur successif dans la débandade.

Mais est-ce une avancée dans l’éthique collective quand le réservoir public des chocs et des indignations est si aisément tourneboulé et marqué par des pécadilles érotiques ? ici, bien sûr je dois faire la distinction entre un viol confirmé – un crime contre la dignité humaine toujours écoeurant  ou des menaces sous –entendues ou manifestes touchant la carrière en fonction de «  faveurs » sexuelles d’une part, et de l’autre les érutions volcaniquesbde passions érotiques impétueuses qui inévitablement laissent l’un ou les deux partenaires déconfit et embarrassé ou bien délaissé par des ouvertures inattendues ou malvenues, tactiles ou verbales.  Comme le blogueur de gauche Michael J. Smith le note : «  Tous les actes ne sont pas graves identiquement, une plaisanterie cochonne n’est pas aussi déplacée qu’un pelotage, et un pelotage n’est pas aussi grave qu’un viol. » Alors quels intérêts pour la santé mentale ou la raison dans l’irréfléchi  regroupement de mauvais glissement de la langue et d’ostensibles viols sous le même terme vaguement défini de «  mauvaise conduite sexuelle » ? Comme si il n’existait pas de différence importante entre une tape lourdaude ou une remarque déplacée lors d’une fête de bureau et un viol collectif ? Ce serait comme d’appliquer le terme de «  communiste » pour les défenseurs du système de protection médical «  single payer healthcare » et les militants pour un contrôle de l’économie entière par un seul parti centralisé—oh attendez, on a vu ça précisément, lors de l’ère Mac Carthy. Et maintenant… est-ce que cela ne commence pas à sonner comme quelque chose de familier ? Et non seulement les comportements mais aussi les mots sont tombés sous le contrôle : Dimanche Jeffrey Tambor  a rejoint le banc des accusés, sautant par-dessus bord en quittant la série acclamée d’Amazon, «  Transparent » après deux allégations de l’usage de termes lubriques  devant ses assistants et ses partenaires. La tâche de l’ostracisme s’est donc étendue des actes au simple discours.

D’une façon alarmante, le terme tartuffien de «  lubrique » a bénéficié d’une réhabilitation récente parmi les médias, rouage d’un conglomérat géant d’info-divertissement dont les subsides dépendent précisément de la dissémination de masse de la description télévisuelle de cas explicites de «  lubricité »  et de violence sexuelle que leur département des informations déplorent lorsqu’ils sont exhibé dans la vraie vie.

« Lubrique » a eu un certain retentissement lors de la campagne présidentielle quand les journalistes et les têtes pensant les stratégistes pro-Clinton montraient des signes d’horreur quotidiens aux révélations des propos grossiers et des discours de corps de garde du Donald sur Access Hollywood.  Il semble que c’ait été la première fois que ce mot ait bénéficié d’un tel écho depuis le 17ième siècle, depuis Salem et l’Angleterre victorienne. Le bataillon de l’élite anti-lubricité est certainement composé des mêmes membres de la Ivy League qui considéraient Henry Miller comme un génie, non pas en dépit de mais à cause de sa description crue du désir sexuel qui fait paraître les palabres privées de Trump ou les blagues de Tambor plutôt fades et inhibées en comparaison. ( Il n’est pas non plus improbable que ces mêmes personnes considèrent Quentin Tarentino, maître des viles obscénités du langage et de la violence comme un génie du cinéma) L’ensemble du spectacle est encore une fois comique et nauséabond.

Et il semble qu’une énorme partie du monde de l’art et de la littérature, de Pindar à Botticelli, de Shakespeare à Joyce ou à Updike va bientôt tomber également sous le couperet de la politique de la lubricité.  Disons qu’un Professeur d’Anglais à l’université, dans une unité de Transcendantalisme américain se voit assigné le travail sur un poème de Whitman «  I sing the body electric » et lise ce poème à haute voix à ses étudiants, y compris le passage suivant :

 

This is the female form,

A divine nimbus exhales from it from head to foot,

It attracts with fierce undeniable attraction,

I am drawn by its breath as if I were no more than a helpless vapor, all falls aside but myself and it,

Books, art, religion, time, the visible and solid earth, and what was expected of heaven or fear’d of hell, are now consumed,

Mad filaments, ungovernable shoots play out of it, the response likewise ungovernable,

Hair, bosom, hips, bend of legs, negligent falling hands all diffused, mine too diffused,

Ebb stung by the flow and flow stung by the ebb, love-flesh swelling and deliciously aching,

Limitless limpid jets of love hot and enormous, quivering jelly of love, white-blow and delirious juice,

Bridegroom night of love working surely and softly into the prostrate dawn,

Undulating into the willing and yielding day,

Lost in the cleave of the clasping and sweet-flesh’d day.

 

C’est la forme femelle

Un nimbe divin s’en exhale, de la tête au pied.

Elle attire

D’une attraction indéniable et sauvage

Je suis attiré par son haleine, comme si je n’étais qu’une vapeur impuissante, tout s’effondre sauf elle et moi

Livres, art, religion, temps, la terre visible et solide, et ce que l’on attendait des cieux ou de la crainte de l’enfer est maintenant consumé

Des filaments déments, des pousses ingouvernables s’en déroulent, la réponse, tout pareil, ingouvernable

Cheveux, fessier, hanches, courbes des jambes, mains glissant négligemment, tout diffus, moi diffus de même

Reflux piqué par le courant, courant piqué par le reflux, la chair d’amour gonflant et délicieusement douloureuse

Des jets limpides et d’amour sans limite, brûlant et énorme, frémissant gel d’amour, jus choc de blancheur, et délirant

Nuit de noce amoureuse, travaillant sûrement et doucement vers l’aube de la prostate, ondulant dans le jour bienveillant et abandonnique

Perdu dans la fente de l’embrassement et du jour incarné *

Que se passerait-il si une étudiante devait s’effondrer de détresse au son des «Frémissant gels d’amour » puis dénoncer le professeur pour avoir imposé un langage «  lubrique » et perturbant à ses étudiants ? Serait-il trainé devant le Comité éthique ? Se trouver débouté de sa chaire ? Forcé de démissionner ? Vous trouvez cela grotesque ? Alors prenez le temps de consulter le rapport ci-dessous paru dans «  The Atlantic » sur la tendance alarmante à expurger de ses contenus potentiellement érotiques et offensants les grands canons de la littérature occidentale :

Quelque chose d’étrange est en train de se produire dans les universités nord-américaines. Un mouvement se développe, non dirigé mais conduit largement par les étudiants, qui tend à nettoyer les campus de mots et d’idées, de sujets qui puisent entraîner de l’inconfort ou blesser. En décembre,, Jeannie Suk a écrit un article en ligne pour le New Yorker à propos d’étudiants en droit demandant à ses collègues de Harvard de ne pas leur enseigner la législation sur le viol – ou dans cas, de na pas utiliser le mot «  violer » ( comme dans «  violer la loi ») au cas où cela causerait de la détresse chez les étudiants…Un grand nombre de comédiens populaires, dont Chris Rock, a cessé de se produire sur les campus des universités. Jerry Seinfeld et Bill Maher ont publiquement condamné cette hypersensibilité des étudiants, disant que beaucoup trop d’entre eux n’avaient aucun sens de l’humour.

Deux termes sont sortis rapidement de l’obscurité pour incorporer le discours commun des campus. Les Microagressions sont de petites actions ou des choix de mots qui semblent porter sur eux aucune intention maligne  mais qui sont néanmoins considérés comme porteurs d’une forme de violence.  Les avertissements de déclenchement sont des alertes que les professeurs sont supposés émettre lorsque quelque chose dans leur cours est supposé entrainer une forte réponse émotionnelle. Par exemple, quelques étudiants ont demandé un avertissement pour le travail de Chinua Achebe «  Le monde s’effondre » pour la description de violences raciales et pour celui de F. Scott Fitzgerald, «  Gadsby le magnifique »  pour sa misogynie et la description de violences domestiques, de façon à ce que les étudiants ayant été auparavant victimes de violence domestique ou raciste puisse choisir d’éviter l’étude de ces œuvres, dont ils imaginent qu’elles pourraient réveiller les traumatismes passés.

Et ce virus de censure du puritanisme américain a franchi l’Atlantique pour bloquer jusqu’à l’enseignement de Shakespeare – oui, Shakespeare – dans les universités anglaises, comme cela a été développé le mois dernier dans——, The Independent:

Les universitaires critiquent les « avertisseurs de déclenchement » après que des étudiants de l’Université de Cambridge aient été prévenus de «  sujets potentiellement perturbants » dans des pièces de Shakespeare. Les étudiants de premier cycle ont apparemment été avertis  qu’un cours sur «  Titus Andronicus » et « La comédie des erreurs » incluraient  des «  discussions sur la violence sexuelle » et «  les agressions sexuelles ». Selon The Telegraph,  les «  avertisseurs de déclenchement » ont été postés dans les «  Notes de lecture » de la Faculté de Grande Bretagne, qui est un document qui circule parmi les étudiants de l’université. Les universitaires ont exprimé des inquiétudes quant u fait que les universités tentant de protéger les jeunes adultes de certaines questions ne puisse les rendre incapable de faire face à la vie réelle après leur diplôme. Les supportères* des «  avertisseurs de déclenchement » disent qu’ils servent à aider les étudiants qui pourraient être gênés au cas où le texte leur rappelle des expériences personnelles traumatisantes.

Cependant, des critiques comme Mary Beard, Professeure de littérature classique à Cambridge dit que permettre aux étudiants d’éviter d’aborder les épisodes traumatiques de l’histoire ou de la littérature est «  fondamentalement malhonnête ». Beard avait dit auparavant : «  Il nous faut encourager nos étudiants à pouvoir faire face à ça, même quand ils trouvent qu’ils se sentent bizarres ou mis en difficulté pour des tas de bonnes raisons. » David Crilly, directeur artistique du Festival Shakespeare de Cambridge dit : «  Si un étudiant de littérature anglaise ne sait pas qu’il y a des scènes de violence dans Titus Andronicus, il ne devrait pas être dans ce cours. »

Mais les voix raisonnables de Beard ou de Crilly luttent pour une cause noble mais perdue contre les vigiles culturels du politiquement correct, vociférant après le sang de la prochaine idole ayant chuté dans l’expression dévoyée de sa sexualité, dans une réception, un bureau, un lieu de répétition ou un bar. Mais s’il nous est possible de nous éloigner de la Haute cours de l’Inquisition,  pour atteindre le pays des vivants, c’est-à-dire du mortel simplement faillible, tourmenté par le sexe qui en fait forme la race humaine – qui n’a pas vécu des instants angoissés ou comiques, comme prédateur ou comme victime ou les deux à la fois, dans les affres insensées d’un moment de désir ? Et est-ce qu’un soudain accès de convoitise ou de passion justifie pour quiconque une réprimande de masse ou un claquement de langue réprobateur ou des confessions quotidiennes compulsives et des crucifixions médiatiques publiques à l’ère du BW *, sauf pour les plus extrêmes des féministes anti-sexe comme Andréa Dworkin, qui considère toute forme de relation hétérosexuelle comme une forme de viol.  Est-ce qui quiconque à part les puritains réactionnaires penserait à supprimer ou à éviter les livres de Henry Miller ? Ou de D.H Lawrence ? ou même d’Al Goldstein ? Et pourtant même Shakespeare se trouve à l’index du politiquement correct. Au sein des contingents politico-sexuels du début de la seconde vague féministe, il y eut, c’est certain, quelques éviscérations littéraires et quelques incendies culturels mais rien de comparable avec l’actuel pêle-mêle médiatique de lectures d’actes d’accusation pour des crimes contre l’humanité nécessitant des investigations publiques, des tribunaux, des dénonciations, une dévotion discordante de l’establishment libéral aux chasseurs de tête américains démodés et aux puritains ancrés dans la tradition de leurs ancêtres de Salem et du Sud fondamentaliste.

Trahissant une impulsion fondamentalement élitiste d’organisation et de contrôle, les inquisiteurs du politiquement correct reculent instinctivement avec dégoût de la tempête sans régle de la sexualité humaine. La source du désir, le torrent de toute passion et de tout plaisir, l’origine de la vie elle-même- qui parfois assourdi, aveugle et exalte chacun de nous. Avec l’âme d’un comptable et le tempérament d’un manager professionnel, les inquisiteurs du politiquement correct cherchent à confiner  le chaos dionysien d’Eros dans le cadre des restrictions bureaucratiques  des dossiers, des étiquettes et des procédures, comme si une pulsion sexuelle ou une rencontre étaient des transactions bancaires ou des comptes rendus d’audience au tribunal. Ainsi, les néo-libéraux conduisent ce front dans leur guerre incessante contre la nature, y compris les sources déréglées de la nature elle-même : regardez ! le spectacle consternant de ces mortels exsangues et sans joie menant des batailles futiles contre le dieu Eros. Les vigiles ne peuvent gagner cette bataille, bien sûr, mais ils peuvent infliger des dommages inutiles aux réputations, aux carrières, à tout un héritage culturel en renforçant leur bréviaire avec des avertissements de déclenchement, des codes de langage, et des règles d’ordre.

Quelque chose de complétement étrange est à l’œuvre ici – une ire autoritarienne mal avisée  sur les ratés spasmodiques de la comédie humaine combinée à un effondrement primal d’une classe dominante assiégée et de plus en plus désespérée et des clignotements de son hypocrisie sexuelle bien connue. C’est une panique morale qui est, ironiquement, immorale en son cœur, répressive et sécessionniste, une orgie de politique  identitaire animée par des énergies morales mal dirigées qui nourrissent une conformité frileuse de mots et de comportements et, ce faisant, entame les facultés critiques et l’indépendance nécessaires pour provoquer le status quo que les moniteurs du politiquement correct prétendent abhorrer. En réalité, leurs discours et leurs codes de conduite génère un esprit d’enrégimentassions plutôt que de rébellion, consolidant ainsi   le pouvoir de l’élite répressive, celle qui conduit la race humaine vers un désastre social, économique et écologique.

Il ne s’agit donc pas seulement de panique morale, mais d’une bizarre inversion de valeurs dans laquelle Bill Clinton meut assassiner 500.000 enfants irakiens, jeter des millions de femmes et d’enfants pauvres dans l’assistanat et énoncer les règles globales du commerce transnational avec le NAFTA mais n’ être révoqué ou stigmatisé pour aucune de ces atrocités mais pour une pipe taillée dans son bureau, dans laquelle Hillary Clinton peut prendre la tête de la  destruction de la Libye réduisant ce pays à une bauge primitive et non seulement n‘est pas  virée ou ostracisée mais récompensée par les Démocrates avec la nomination à la présidentielle et louée par les féministes de l’entreprise comme une championne de « l’inclusivité », dans laquelle Barack Obama appuie une réforme du système de protection de la santé frauduleuse, qui laisse 27  millions de personnes sans couverture  et d’autres millions avec des primes et des déductibilités qui rendent leur «  couverture » tout sauf utilisable, tout en condamnant des dizaines de milliers d’individus à mort chaque année parce qu’ils ne peuvent se permettre des soins médicaux au bon moment, et en lâchant 13. 050 kilos de bombes pour la seule année 2016, et il n’est cependant non seulement pas honni et couvert d’abomination en tant qu’escroc mais adulé comme une icône de la gouvernance éclairée dans laquelle l’entière élite dirigeante et ses associé des médias corporatistes sont sans cesse en train de sous-estimer- ou d’à peine mentionner- la gravit » du changement climatique qui pourrait tout bonnement signer la fin de l’espèce humaine dans une centaine d’années mais qui ne suscite pas d’ombrage inspiré ou de cris d’indignation de la part de quiconque dans ce cercle élitiste ou chez leurs acolytes face à cette urgence planétaire sans précédent.

C’est pourquoi les hématomes sur les ego longtemps enterrés, fraîchement venus au monde de la foule des privilégiés politiques  éclipse les meutres de masse, les écocides sur la courbe des outrages des fauseurs d’opinion de ce pays. La même cohorte solennelle – principalement blanche et issue de la classe moyenne, nombre d’entre eux, ardents partisans de McResistance DNC (ou, dans le cas de Leean Tweeden, l’accusatrice du roulage de patin , des conservateurs qui ont voté deux fois  pour George W. Bush)— est si facilement choquée presque jusqu’à l’apoplexie sur un vilain geste de la main ou de la langue et ignore pourtant discrètement ou ouvertement se réjouit de crimes hors-pair contre l’humanité : des guerres débilitantes sans fin contre des ennemis sans nom à l’étranger, de la corruption toxique de mercenaires et l’annihilation de la démocratie, des inégalités politiques et sociales de plus en plus choquantes. (les 1% du sommet de la population possède maintenant la moitié de la richesse mondiale), et des écocides omniprésents- commis et encouragés en toute impunité par les héros culturels des brigades du politiquement correct comme les Clinton et les Obama et leurs cohortes médiatiques et dans l’ élite politico-corporatistes.

Donc oui, poursuivez les violeurs et les pédophiles et laissez les souffrir en prison. Mais vous me pardonnerez si je reste distant par rapport aux cavalcades outragées sur la langue entêtée de Franken ou même les vannes juvéniles de la fraternité* de Trump quand le monde chancèle au bord du vide. L’échelle des valeurs de l’élite libérale et les questions qui nourrissent et épuisent leur capacité à l’outrage frôlent la démence morale. Leurs «  valeurs » tant vantées nous conduisent non vers la vertu ou vers le renouveau spirituel mais vers la moralisation nauséeuse de gardiens de la maison charnelle- vers les abysses.

William Kaufman est un écrivain et un éditeur qui vit à New York City, il peut être joint à  kman484@earthlink.net.

  • Traduction personnelle du poème de Whitman «  Je chante le corps électrique »
  • Frat ; pour Fraternité, clubs attachés aux universités aux USA
  • BW : réaction de Bordet-Wasserman, test sérologique permettant de dépister la syphilis
  • Supportère(s) : choix personnel de francisation d’un substantif passé dans la langue

 

Freud, le premier anti-psychiatre Lawrence Kemelson

Traduction de l’article du Dr. Lawrence Kemelson ” Freud, le premier anti-psychiatre” paru dans la revue ” Mad In America”

Cet article semble avoir été écrit du fond d’une sorte de cellier profond, sombre, d’où tous les bruits pouvant en émaner étaient détournés depuis des années au profit des fanfares des certitudes scientistes. La lutte contre la psychanalyse et ce qu’elle nous dit est si ardente, menée avec une sorte de régularité si zélée qu’on ne peut pas ne pas se questionner sur ce qu’il en est de son message et de ce qu’il génère, par ce qu’il est, de rejet. Il va de soi que c’est l’image du pouvoir de l’homme sur lui-même qui ne peut battre en retraite, a fortiori dans un pays où le “tu veux, tu peux” et où toute la manière binaire d’envisager la vie comme un combat où on perd ou on gagne pour affirmer sa réussite visible et quantifiable, sont les maîtres mots de la culture même. Comment y introduire Freud, y réintroduire Freud, surtout quand les praticiens de sa théorie qui pouvaient sur place la défendre et la rendre convaincante se sont empressés de lui donner une tournure acceptable pour la bienpensance ambiante.

Il va de soi aussi que cet article est à cent lieux de cette même théorie, comme si, quoi qu’on en dise, la majeure partie du travail particulier de la cure et ce qu’elle a comme moteurs théorique et conceptuel ne pouvaient être en quelque sorte digérés et métaphorisés par l”’American way of life”. On se prend à rêver, devant l’ouverture d’une telle porte au coeur des trombes et des catastrophes générées par la propagande et le poids des financements de la biopsychiatrie et du cognitivisme, à un travail de fond sur la retranscription de ces mêmes concepts, une reprise en main des théories freudiennes où le passage si essentiel d’une langue à l’autre se fasse avec le souci d’y voir clair et de remettre la théorie de l’inconscient, car après tout, c’est bien de cela dont il s’agit avant tout, au centre des préoccupations, et ce, en collaboration, de part et d’autre de l’Atlantique. EG

Freud the first anti-psychiatre Mad in America

Freud  n’était pas psychiatre, il était neurologue qui a abandonné sa pratique de la médecine afin d’étudier le fonctionnement intime de l’esprit, la façon dont les sociétés se régulent et les échanges entre les deux. Il était plutôt un psychologue-sociologue-philosophe. Il vivait à l’ère victorienne quand, contrairement à aujourd’hui, la sexualité était réprimée et les femmes dévalorisées, ceci explique amplement pourquoi certaines de ses idées semblent étranges ou choquantes pour beaucoup maintenant. Mais si nous dépassons ces défauts, nous trouvons quelques concepts qui valent la peine.

Freud considérait la psychanalyse comme partie de la psychologie plutôt que de la médecine et insistait pour qu’elle ne soit pas médicalisée.  Il pensait que tout un chacun ayant les aptitudes pouvait être formé à pratiquer la psychanalyse, mais que la formation médicale diminueraient la capacité à associer librement.

Il était dédaigneux à l’égard des psychiatres : «  Dans les facultés de médecine, un docteur reçoit une formation qui est plus ou moins l’opposé de ce qui est nécessaire pour une pratique de la psychanalyse…Cela leur donne une attitude fausse et nuisible » Freud donc vit leur inauthenticité et leur dangerosité et fût le premier anti-psychiatre.

Il n’y a qu’aux USA que les psychiatres monopolisent avidement la psychanalyse contrairement aux souhaits de Freud, créant des termes obscurs comme «  superego » ( surmoi) et id ( inconscient) qu’eux seuls utilisent. Les psychiatres qui ont pathologisé publiquement le candidat à la présidentielle Goldwater en 1964 étaient si assoiffés de pouvoir, si impliqués politiquement. Des freudiens authentiques n’auraient jamais fait cela car ils croient que nous avons tous des conflits, Freud a donné à cela de la substance en expliquant logiquement les rêves, les mots d’esprits et les erreurs qui sont connus sous le nom de «  Lapsus freudiens ».

Il est souvent dit que ses théories ont été démystifiées. C’est dû au fait que l’origine génétique ou biologique des troubles émotionnels-comportementaux comme maladies du cerveau a été prouvée (comme le prophétise irrationnellement la psychiatrie moderne) plutôt que des réactions à des événements ou à des conflits inconscient-conscient trouvant leur origine dans l’enfance, comme il l’a rationnellement déduit. Mais ceci ne s’est jamais produit donc ses idées n’ont jamais été réfutées.

Comparons les deux approches : les thérapeutes freudiens n’appliquent pas d’étiquettes ostraciques ou stigmatisantes car nous luttons tous. Ils laissent les patients déterminer leurs propres buts et faire le travail actif de la thérapie puisque les associations ne peuvent être porteuses de sens et productives que si c’est le patient qui les effectue. Ils écoutent, comprennent et entre en relation profondément, patiement et respectueusement. Leurs clients réfléchissent aux raisons pour lesquelles ils agissent comme ils le font, ils explorent, expriment les probèmes qui viennent de la vie en société et apprennent à leur faire face de la façon qui leur convient. Ils utilisent leur réflexion afin d’augmenter la capacité à se soignereux-mêmes et le contrôle sur leur vie.

Mais la psychiatrie moderne se précipite d’une façon impersonnelle-jugeante, autoritaire sur des étiquettes qui classent le client comme «  malade » ou «  anormal ». Ils poussent les clients à enfouir leurs problématiques sous la surface plutôt que de les découvrir et de les envisager, leur déniant leur propre volonté puisque celles-ci sont « génétiques » et à obéir passivement. Leurs drogues taille-unique-qui-convient-à-tous rendent le patient muet, son esprit inactif et créent des éternellement dépendants et des zombies sans défense alignés pour leurs assemblées.

Donc, ces approches sont parfaitement l’opposé à tous égards : ‘L’ Anti-Freud’ est le  ‘modèle Pro-médical’. Les psychiatres Freudiens dans les années 50. 60 se sont battus contre la biopsychiatrie, ils étaient donc les prochains anti-psychiatres.  Le premier DSM ( 1952, lors du règne de Freud) ne catégorisait pas les symptômes en les transformant en maladies au nom pseudo-scientifique, mais explorait les liens causaux possibles entre les questions psychologiques et sociales.

Dans les dernières années, le but de Fred était moins de traiter «  la maladie mentale » que d’améliorer la société en augmentant la conscience et en diminuant la répression sociale ( ce qu’il fit), parce qu’il pensait que c’était la principale source de mécontentement5 Si il était encore vivant, il dirait probablement que c’est la répression émotionnelle plutôt que la répression sexuelle qui est la problème et l’attribuerait à «  la médicalisation de la vie quotidienne » de la psychiatrie, comme la nomme Szasz.6 Il accuserait le modèle médical d’empoisonner notre culture  pour nos handicaps, nos tueries, notre drogue et notre crise d’overdoses en disant : ‘ Je vous avais prévenu »

Voici comment il aurait analysé notre société «  malade » :

Le modèle médical amène les individus à réprimer leurs sentiments normaux/déplaisants/inacceptables comme la tristesse après un décès, les soucis quant à l’avenir où la colère, afin d’éviter de se faire appeler «  malade mental » si ils montrent ces sentiments. («  Avoir » une dépression, de l’anxiété, ou une personnalité bipolaire ou borderline si ils montrent les trois).

Beaucoup ayant une conscience d’eux-mêmes sont dupés et conduits à penser qu’il y a quelque chose qui e va pas chez eux (une maladie du cerveau) et dirigés vers la médicalisation de leurs problèmes et de leurs sentiments. Certains vont chez le psychiatre afin de les supprimer à l’aide de médicaments, d’autres essaient des traitements alternatifs en blâmant les toxines, les effets secondaires des médicaments, les régimes alimentaires, etc. La norme donc maintenant est devenue la répression émotionnelle et l’ignorance de soi. Cela étouffe la maîtrise des défis de l’existence. A cause de la médicalisation, le pourcentage la quantité des pensées, luttes, sentiments des individus qui sont inconscients ( ou mis sous sédation) est plus élevé que jamais. Et ceci a eu des effets désastreux.

Bien sûr beaucoup d’idées de Freud sont invalides ou ne s’appliquent plus, mais même Szasz acceptait son idée essentielle de l’inconscient et comment des questions ou des sentiments refoulés peuvent conduire à des actions ou des problèmes sans que nous en ayons conscience.7

L’antidote au modèle médical et à l’infestation de notre culture serait de réintroduire quelques-unes des théories de Freud (pas par la thérapie mais par l’éducation). Après tout, est-ce que le modèle opposé au modèle médical ne serait pas le meilleur moyen de le contrecarrer ? Combiner l’éducation avec la preuve du mensonge de la psychiatrie serait le meilleur moyen d’achever son règne. Les idées de Freud sont déjà à l’intérieur de nous, nous avons juste besoin de le ramener à la surface.

Freud est encore apprécié dans de nombreuses nations d’Europe. C’est peut-être pourquoi leur population est moins vulnérable aux vendeurs de drogues, légales ou illégales et donc pourquoi ils meurent moins fréquemment d’overdose. Alors, partenaires de Mad In America, pourquoi ne pas laisser Freud rejoindre notre équipe ? Il a de bonnes idées,  et surtout c’est lui qui a initié notre cause.

Laurence Kelmenson

Lawrence Kelmenson, MD

Lawrence Kelmenson a été psychiatre pendant 30 ans, exerçant auprès d’enfants, d’adultes et de familles. Il a fai ses études de médecine à l’Université d’état de New York, et accompli son stage en situation pour devenir psychiatre puis, ensuite chef de clinique, à l’Hopital De Craig House, à Beacon. New York, jusqu’en 2000, depuis il conduit des psychothérapies dans le domaine privé à Cold Spring, New York.

Traduction : Elisabeth Guerrier

 

Histoires venues de l’isolement cellulaire.

On peut aussi tout de même se demander ce qu’est l’idée de peine elle-même dans une forme d’emprisonnement de ce type. Qui doit être protégé et contre quoi ? Quel est au bout du compte le bénéfice social de ce genre de choix carcéral. Il vient parfois une vision différente de l’acte anti-social, quel qu’il soit, c’est de le considérer comme une part active de la vie collective, incontournable quelle que soit la forme de justice choisie et ses modes de condamnation, une partie d’un ‘” nous” imaginaire est ainsi enfermée dans des cellules de 1.50 sur 1.80 mètres. Ce rien à produire de sa propre vie, quoi qu’on ait pu en faire avant d’être enfermé, quel message est-ce qu’il renvoie à l’ensemble de ce que nous sommes ? En quoi, meurtre monstrueux ou pas, meurtre de gardiens ou pas, le fait d’être condamné au néant existentiel et à la solitude absolue viendrait mieux assurer une forme de rédemption et pour qui ? On peut peut-être imaginer que la “punition” pourrait résider en une obligation de faire quelque chose de soi, de retrouver après la chute, les voies d’un devenir, dans l’enfermement mais aussi dans la possibilité de se créer soi-même à partir des autres et de ses propres capacités. Pour dire donc que les rapports complexes de toute société avec le crime sont dans la forme qui leur est donnée une simple façon historique de régler ce avec quoi elle doit s’instituer, le rapport à sa loi et à ses limites. L’enfermement est une voie simple, radicale mais qui mérite, surtout dans les formes extrêmes qu’il impose, de ne pas être considéré comme la seule voie évidente dans cette gestion de toute société par elle-même.EG .

Five Unforgettable Stories From Inside Solitary Confinement

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Pelican Bay SHU

Le texte suivant a été soumis par le California Prison Focus de la part de  Cesar Francisco Villa, 51ans, un prisonnier «  membre d’un gang » “gang-validated” incarcéré dans l’unité sécuritaire de la prison d’état de  Pelican Bay (State Prison’s Security Housing Unit (SHU)). Il a été maintenu en cellule d’isolement pendant onze ans dans le SHU, condamné à y  être maintenu pour une durée indéterminée, car, dit-il, il ne fait pas partie d’un gang. «  Pour être considéré comme  membre inactif d’un gang, (susceptible de libération), il faut que vous divulguiez des informations sur le gang, mais si vous n’en faites pas partie, quelles informations pouvaient vous livrer ? Aucune, écrit-il.  Le processus de validation d’appartenance à un gang (gang validation process) au cours duquel les investigations déterminent si les prisonniers sont oui ou non membres de certains gangs et les isolent indéfiniment dans le SHU a été critiqué au cours des débats de l’Assemblée de Californie, en 2011 et 2013 comme manquant d’un vision globale adéquate et d’une  procédure effective adéquate. Actuellement des milliers de prisonniers en Californie correspondent aux critères du SHU pour la validation d’appartenance à un gang et sont détenus en cellule d’isolement.

“ Chaque matin commence avec un désastre potentiel. Chaque matin commence avec la colère, juste avant l’angoisse » . Villa écrit sur la monotonie frustrante de la vie en SHU, où il a développé de l’arthrite dans la colonne vertébrale, une hépatite, des problèmes de thyroïde et de l’hypertension artérielle.  Ci-dessous un extrait de sa description puissante de la vie en SHU, à partir d’une lettre qu’il a adressé à  California Prison Focus. Pour la version complète, cliquer ici. –Sal Rodriguez

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Lorsque l’on parle des cellules d’isolement et des effets qu’elles peuvent avoir sur la psyché, il ne s’agit pas d’une simple vue de l’esprit autour de laquelle s’enrouler. Il faut du temps pour comprendre ce à quoi les détenus de Pelican Bay sont soumis.  Et comprendre cette maladie qui rampe dans les esprits des administrateurs carcéraux laisse des nœuds dans l’estomac. Rien ne peut vous préparer à entrer dans le SHU. C’est un monde en soi où le froid, le silence et le vide viennent tous s’infiltrer dans vos os puis finalement dans votre esprit.

La première semaine, je m’étais dit : Ce n’est pas si terrible, je peux le faire. La deuxième, je suis resté debout en slip, tremblant sous la grêle et la pluie. Mais la troisième, je me suis retrouvé entrain de squatter un angle de la cour, limant les murs rugueux de béton avec mes ongles.  Mon sens de la décence humaine se dissipant un peu plus chaque jour. A la fin de la première année, mes mains et mes pieds ont commencé à se couper sous l’effet du froid. Je saignais sur mes vêtements, ma nourriture, entre les draps. Les bandages n’étaient pas autorisés, ou confisqués si on les trouvait.

Mon sens de la normalité a commencé à décliner au bout de trois ans d’isolement. Je commençais alors à me demander : est-ce que je peux le faire ? Plus sûr de rien du tout.

Bien que je ne l’ai pas réalisé à l’époque, – en y pensant rétrospectivement- l’effilochage a dû commencer à ce moment-là. Mon esprit a changé – Je ne serai plus jamais le même. La capacité à avoir une seule bonne pensée m’a quitté, aussi facilement que si il s’agissait d’un simple souffle de vent tamisant des vieux os fatigués.

Il y a un glissement définitif de la personnalité quand le bien devient le mal. L’obscurité qui plane au-dessus est épaisse, lourde et suffocante. Un claquement si aigu que l’écho en est assourdissant. Un bruit si fort que vous vous attendez à trouver du sang coulant de vos oreilles pendant les moments les plus désespérés.

Le réveil est le plus traumatique. A partir du moment où vos pieds nus touchent le sol en pierre, votre visage commence à s’affaisser, vos articulations se serrent – de pâles éclats dans le terrain du petit jour. Le plus léger glissement dans le calme de l’aube peut faire tomber un individu des SHU dans un tourbillon : si l’eau du lavabo n’est pas assez chaude, si la chasse d’eau est trop bruyante, si la coupelle du savon tombe, ou une tasse… en un instant vos dents nues tremblent de rage. Votre cœur cogne contre vos côtes, se coince dans votre gorge. Vous êtes capable que tuer n’importe qui à ce moment-là. Une attaque éclair, un coup, n’importe quoi qui puisse libérer la rage.

C’est le moment de rester rigide. Respirer profondément. Essayer de vous convaincre qu’il demeure quelques grammes de bon en vous. Ce n’est pas ainsi que vous voulez qu’on vous voie. Puis une mouette crie dehors- un autre tourbillon et vous vérifiez si vos oreilles ne saignent pas.

C’est une bonne journée

Onze années se sont écoulées depuis que je suis entré au SHU en attente de la «  gang validation ». Cette année, je vais avoir 52 ans. Mes capacités cognitives ont pris un drôle de pli ces dernières années. La détérioration est palpable. Quand je suis arrivé là, j’étais attentif et si vous permettez que j’utilise cette expression, j’avais l’œil vif.

Je croyais que je pourrai battre «  cette chose » quelle qu’elle soit. Je le confesse, j’étais ignorant.

Aujourd’hui, on peut me trouver à l’entrée de ma cellule. Mes doigts enfilés dans les orifices de la porte en métal. Je suis ramolli. Un mécanisme construit avec du gros calibre. Ma tête penchée dans une brume. Mon esprit pris dans un brouillard intense de néant. Je disparais, je le sais. Et ça n’a plus d’importance. Le désespoir est un virus que cache sous ma langue comme un petit caillou, comme si la pierre brillante pouvait aider à organiser mes pensées. Je disparais,  je le sais et cela n’a plus d’importance.

Aujourd’hui, on peut me trouver sur le devant de ma cellule, mes doigts pris dans les ouvertures de la porte en métal. Je boitille. Un mécanisme de lourd enveloppement. Ma tête suspendue dans une brume. Mon esprit perdu dans un épais brouillard de néant. Je disparais, je le sais. Mais ça n’a plus d’importance. Le désespoir est un virus que je cache sous ma langue comme un caillou magique, comme si une minuscule pierre pouvait m’aider à organiser ma pensée. Trier le gazouillis des détenus sans le caillou sous la langue dans leurs cellules de grognements et leurs inondations d’ignorance.  La concentration est une création abstraite pour ceux qui n’ont qu’une moitié de cerveau si une moitié de cerveau est une terrible chose à perdre. Et quelqu’un crie derrière moi «Ne le perd pas, je ne veux pas » Mais qu’y a-t-il à perdre si  tout ce que vous êtes est un virus que personne n’est autorisé à toucher.

Drôle. Quand je pense à la validation, je me souviens les vendredis après le travail, allant chercher mon chèque- tendant le ticket de parking au comptable, et lui demandant de le valider et je pense alors, comme c’est sympa, la validation est gratuite.

Oui, c’est moi, l’ignorant. Aujourd’hui, perdant ce qui me reste de la seconde moitié de moi-même.

Si je devais imaginer une vie à l’extérieur de Pelican Bay, à l’extérieur du SHU j’aurais à imaginer un hôpital. Et entre nous, je n’aime pas les hôpitaux. Je n’aime pas la puanteur des draps désinfectés, la force de l’odeur d’ammoniaque. Les blouses qui s’ouvrent par l’arrière, Les chemises à pois et les chaussons de papier.  Les chansons malades dans les lits malades, les sangles de cuir et les masques de cuir. Les électrochocs, les piqûres et les côtes cassées.

La vérité c’est que chacun à sa façon, nous sommes tous cassés.  Nous n’avons pas été finis, pas été remontés. Une composition de craquements et de fissures où rien ne sera jamais comme avant.

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Cellule d’isolement à Alcatraz

Thomas Bartlett Whitaker est incarcéré en cellule d’isolement dans le couloir de la mort de l’Unité Polunksy à Livingstone, Texas. Il a été accusé en 2007 d’avoir embauché un gangster pour éliminer sa famille. Pendant son séjour en prison Whitaker, âgé maintenant de 36 ans a obtenu un master avec mention très bien en Anglais et en sociologie et il travaille en ce moment à l’obtention d’un master en sciences humaines. Ecrivain prolifique, Whitaker a été trois fois vainqueur du Concours de PEN Prison Writing, et a contibué au livre «  L’enfer est une place toute petite : des voix s’élèvent de l’isolement» Hell Is a Very Small Place: Voices from Solitary Confinement. Avec l’aide de personnes à l’extérieur, Whitaker a aussi ouvert un site web, «  Quelques minutes avant six heures », Minutes Before Six ( faisant référence à l’heure à laquelle les exécutions ont lieu au Texas. Là, lui et d’autres écrivains détenus ont publié leur travail. Ci-dessous un extrait d’une lettre que Xhitaker écrivit à Solitary Watch à propos de son expérience en cellule d’isolement et ce que «  Quelques minutes avant six heures » avait provoqué en lui. Julia Hettigert

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Ecrire est le seul outil disponible dans ma boîte à outil. C’est en fait ça ou le suicide, pour être tout à fait honnête.  C’est encore très étrange pour moi que certaines personnes pensent que j’ai des facilités avec l’écrit parce que je n’ai jamais été satisfait ou impressionné par quoi que ce soit que j’ai produit. Je continue à dire que je vais continuer à faire ça jusqu’à ce que quelqu’un de plus doué se présente et me libére de mon devoir. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai ouvert ce site aux écrivains d’autres juridictions. J’ai toujours voulu faire ça, mais je n’avais pas la structure pour m’appuyer. Il y a une certaine politique dans les couloirs de la mort, les prisonniers qui clament leur innocence obtiennent pratiquement toute l’aide, comme cela se doit. Ceux parmi nous qui se déclarent coupables sont majoritairement ignorés. Je n’ai jamais eu plus d’une poignée de supporters et j’ai horreur d’avoir à leur demander de passer plus de quelques minutes par semaine sur mes insanités. D’une certaine façon, étonnamment, quelques personnes au cours des années ont découvert mb6 ( minute before six) et ont compris ce que je cherchais à faire avec ce site.

J’ai construit la plateforme mais je suis content que ce soient d’autres qui la portent maintenant. Il y aura un avenir pour ce site, surtout car il est fort probable que je sois exécuté en 2017.  Je viens de remplir ma Demande de grâce ( NOA) pour le 5ième circuit, qui est certainement la pire court de tout le monde occidental à laquelle adresser une demande de  grâce si vous êtes condamné à mort. Il est difficile de dire exactement comment vont se passer les choses, mais si ce n’est pas refusé et si je prends la route de la Cour suprême au Printemps, je serai plutôt surpris.  J’espère que Mb6 survivra un certain temps. Si c’est le cas, bien, je pense que nous avons essayé de faire quelque chose de bien. Je pense qu’il contient de bonnes informations et je sais que nos écrivains ont éprouvé  une certaine légitimité grâce à leur participation. Cela leur a donné quelque chose de positif sur lequel se centrer, sans compter avec le travail de l’écriture que je crois en soi fondamentalement réhabilitant.

En ce qui concerne l’isolement, vous me demandez comment je m’en sors. Je ne suis pas sûr que je m’en sorte, pas vraiment. Cela vous change, même ceux parmi nous qui étaient introvertis longtemps avant d’arriver en ces lieux.  Il n’est pas toujours simple de voir comment cet endroit vous lamine. Parfois, vous n’en prenez pas conscience  avant d’émettre  une opinion qui ne correspond avec rien de ce que vous avez jamais dit, et vous êtes étonnés, vous regardant dans la glace, vous demandant d’où est-ce que cela peut bien venir. Bien qu’étant introverti, j’ai toujours aimé la ville. Si je voulais manger vietnamien à trois heures du matin, eh bien, j’aimais avoir le choix . Certains aspects de la ville m’intéressent toujours, mis je sais que sans aucun doute que si je devais être libéré demain, je ne pourrais pas vivre entouré de gens. J’ai été obligé de vivre compressé dans ce minuscule espace avec une quantité de dégénérés pendant de trop longues années. J’ai besoin d’espace et de calme. De silence, de réel silence. Je vis dans cette étrange tension de croire dans les gens et dans le progrès sur un plan abstrait mais au fond, de détester viscéralement de très nombreux individus dans la réalité. A chaque fois qu’un de mes voisins manque de respect à une gardienne, je me consume sans bruit à l’intérieur.  Chaque fois que l’un d’entre eux commence un concours de hurlements  avec quelqu’un, même chose. Et pourtant je pourrais me faire gazer ou battre pour chacun d’eux si une cause plus haute le demandait. Je sais que c’est étrange. Je les aime en tant qu’idée, en tant qu’individus réprimés et vaincus mais, s’il vous plait, ne me faites pas entendre une seule de leurs plaintes.

Est-ce que tout ça est sensé ? Probablement pas. Mais je sais que vous comprendriez si vous viviez là. C’est la meilleure façon de vous  décrire cet endroit : il vous tord dans ses contradictions. Je dois me traquer presque constamment afin de ne pas dire ou faire quelque chose de déshonorant. J’étais dans un sacré état quand je suis arrivé là et à bien des égards, j’ai beaucoup gagné en self-control.  Mais en même temps, je me sens usé, comme si j’avais vécu dans une tempête de sable pendant onze années, avec mon âme rongée jusqu’à n’être plus qu’un petit morceau pathétique. Ils ne vous exécutent pas en vous donnant une date, vous êtes déjà mort en fait. Les seuls qui pleurent sur leurs destins sont ceux  qui étaient trop bouchés pour rien apprendre de cet endroit. C’est en quelque sorte la partie la plus triste. Cet endroit ruine les gens, il en rend certains fous. Il en oblige certains, comme moi à plonger si profondément qu’ils ne peuvent plus jamais se frayer un chemin jusqu’à la surface. Certains deviennent sui durs que la discipline ne peut plus avoir le moindre effet sur eux.

Avez-vous déjà lu Foucault ? Il a tort quand il prétend que la discipline s’inscrit dans le corps parlé. Le Panopticon ? Certains ici riraient devant cette technologie. Je fais certaines choses en face des gardiens et je leur demande d’oser m’interrompre. Pourquoi ? Trop d’anticorps rassemblés contre la peur et le pouvoir. Ils ne peuvent pas m’inspirer la peur. J’agis éthiquement parce que je l’ai choisi, pas parce qu’ils ont des gaz et des matraques ou des extraction team. Nous sommes au-delà de leur capacité à nous blesser, dans de nombreux cas.  L’ironie est qu’ils ont construit ces lieux pour héberger des super-prédateurs qui n’existaient pas  au début mais qui ont fini par être créés par les lieux. Des personnes qui ont passé une dizaine d’années ou deux ici ne peuvent plus jamais être libérées. Ils vont récidiver, parce qu’ils ne croient plus à l’idée de la loi. A travers cette expérience, ils ont vu qu’il s’agit  d’un groupe exerçant le pouvoir sur un autre groupe et cela les fait juste rire. Une fois que vous voyez vraiment le monde comme «  bellum omnium contra omnes », vous ne vous en remettez plus vraiment. La seule chose qui m’ait permis d’éviter ce genre de conclusion est que j’ai toujours considéré le monde comme absurde pour commencer.  Trop de Camus et de Sartre dans ma jeunesse. Rien de tout ça ne semble assez sérieux pour en prendre ombrage.

Ah, je viens de relire ce que j’ai écrit,  et j’espère que vous n’êtes pas sujet à la dépression. Je ne sais pas comment j’ai pu finir comme ça. J’étais drôle avant.

La ségrégation vous transforme en rabat-joie, apparemment.

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*  « La guerre de tous contre tous » est une description que le philosophe anglais Thomas Hobbes donne de l’existence humaine dans la nature .

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“Control Unit” par Thomas Silverstein

Thomas Silverstein,  qui a été décrit comme «  l’homme le plus isolé » d’Amérique, a été maintenu dans une extrême forme d’isolement cellulaire, avec l’ordre de demeurer sans «  contact humain » pendant 28 ans. Originellement emprisonné pour un vol à mains armées à l’âge de 19 ans, Silverstein purge une peine à vie sans liberté conditionnelle pour avoir tué deux détenus ( dont il dit qu’ils menaçaient sa vie) et un gardien, il est enfermé dans les profondeurs du système carcéral d’état depuis 1983.

Dans son procès en cours contre le Bureau fédéral des prisons, Silverstein affirme que ses dizaines d’années dans un complète isolement dans une petite cellule de béton viole le bannissement constitutionnel de toute punition cruelle ou inhabituelle, ainsi que les garanties d’un procès en bonne et due forme. ( le procès, mené par la Clinique des droits civils de l’Université de Denvers est décrit en détail dans notre article “Fortresses of Solitude.”)

Pour appuyer ce procès, Silverstein, âgé maintenant de 59 ans, a rédigé une longue «déclaration » dont le propos principal est de «  décrire mon expérience pendant cette longue période d’isolement cellulaire : la nature et l’impact des conditions si dures que j’ai enduré en dépit d’une conduite sans faille pendant plus de 22 ans, ainsi que mon ignorance de ce que je puisse au minimum faire afin d’alléger cet isolement. »

Après s’être excusé «  pour les actions qui m’ont amené là » particulièrement pour le meutre du gardien Merle Clutts, Silverstein affirme qu’il a «  travaillé dur afin de devenir un autre homme ». Il poursuit, «  Je comprends que je mérite d’être puni pour mes actions, et je n’attends pas d’être libéré de prison, je veux juste passer ce qui me reste de temps à vivre paisiblement, avec d’autres hommes matures purgeant leurs peines »

La majeure partie de la déclaration de Silverstein est un compte-rendu détaillé de son expérience et de son environnement, dans une suite de ce qui constitue le plus sécurisé et le plus isolé système carcéral de toutes les prisons fédérales : la notoire Unité de contrôle de Marion, le prototype supermaximum, à l’USP d’ Atlanta, dans un sous-sol sans fenêtre, une cellule «  de poche » de 150.180 cms ( ce qui est la taille standard d’un matelas grande largeur), à Leavenworth, dans un sous-sol isolé, une cellule nommé e la «  suite Silverstein », au Range 13 de l’Unité ADX de Florence, où il pouvait entendre le bruit fait pas=r les autres prisonniers dans les cellules voisines mais n’a jamais pu les voir.  Le texte suivant est écrit par Silverstein et concerne sa vie à l’USP d’Atlanta.

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La cellule était si petite que je pouvais toucher les deux murs  simultanément. Le plafond si bas que je pouvais toucher l’ampoule. Mon lit prenait la longueur de la cellule et il n’y avait aucun autre meuble. Les murs étaient en acier et peints en blanc. J’avais l’autorisation de porter des sous-vêtements mais je n’avais droit à aucun autre vêtement. Peu de temps après mon arrivée, l’équipe technique de la prison commença le réaménagement de l’aile, ajoutant plus de barreaux et d’autres équipements de sécurité  à la cellule pendant que j‘étais à l’intérieur.

De façon à ce que je ne sois pas brûlé par des étincelles et des braises pendant qu’ils soudaient plus de barres dans la cellule, je devais rster couché sur le lit avec un drap sur la tête. Il est difficile de décrire l’horreur qu’a été ce temps de construction. Pendant qu’ils montaient de nouveaux murs autour de moi, j’avais la sensation d’être enterré vivant. C’était terrifiant. Pendant ma première année dans cette cellule de poche, j’étais complètement coupé du monde extérieur  et n’avais aucun moyen d’occuper mon temps. Je n’avais pas droit aux visites ni au téléphone, ni à la lecture, sauf la Bible. Je ne pouvais parler à personne et il n’y avait absolument tien sur quoi centrer mon attention.

Je n’étais pas seulement isolé, j’étais désorienté dans cette cellule de poche. C’était exacerbé parce que je n’étais pas autorisé à avoir de montre ni d’horloge. En addition, la lumière brillante, artificielle demeurait allumée continuellement dans la cellule, augmentant la désorientation et rendant difficile le sommeil. Non seulement cette lumière est constamment allumée mais elle bourdonne sans arrêt. Le bourdonnement me rendait fou, d’autant plus que souvent il n’y avait aucun autre bruit autour. Cela peut paraître une chose insignifiante mais c’était mon seul monde.

A cause de l’éclairage artificiel et du manque de montre, je ne pouvais pas savoir si c’était la nuit ou le jour. Fréquemment je m’endormais et quand je me réveillais je ne savais pas si j’avais dormi cinq minutes ou cinq heures, n’avais aucune idée du jour ou du moment dans la journée. J’ai essayé de mesurer l’écoulement des jours en comptant les plateaux repas. Sans pouvoir avoir une idée du temps, pourtant, je pensais parfois que les gardiens étaient partis et ne reviendraient jamais. Je croyais qu’ils étaient partis depuis des jours et que j’allais mourir de faim. Il est probable qu’ils n’étaient partis que depuis quelques heures mais je n’avais aucun moyen de savoir.

J’étais si désorienté à Atlanta que je me sentais comme dans un épisode de « la quatrième dimension » Je sais maintenant que je suis resté là près de quatre ans. J’aurais eu l’impression d’y avoir passé une dizaine d’années si on ne me l’avait pas dit. Cela a semblé éternel et sans fin, incommensurable

Il n’y avait ni air conditionné ni chauffage dans ces micro-cellules. Pendant l’été la chaleur était insupportable. Je versais de l’eau sur le sol et je m’y couchais nu pour me rafraîchir.

Le seul moment où je pouvais sortir de ma cellule était lors de la récréation extérieure. J’étais autorisé à une heure par semaine de récréation. Je ne pouvais voir aucun codétenu ou rien du paysage environnant pendant ce temps à l’extérieur. Il n’y avait pas d’équipement d’exercice et rien n’à faire.  Ma vue s’est détériorée dans la micro-cellule, à cause peut-être de la lumière constante ou peut-être aussi à cause d’autres aspects de cet environnement si dur. Tout a commencé à devenir flou et je suis devenu sensible à la lumière, qui me brûlait les yeux et provoquait des maux de tête.

Pratiquement tout le temps, les gardiens refusaient de m’adresser la parole. Malgré cela j’ai entendu des gens, que je crois être des gardiens murmurer à la porte, en me disant qu’ils me haïssaient et en m’insultant. Jusqu’à ce jour, je ne sais pas si des gardiens ont vraiment fait ça, ou si j’ai commencé à perdre la tête et été sujet à des hallucinations.

Dans la micro-cellule j’ai perdu la capacité à distinguer ce qui était réel. Je rêvais que j’étais en prison, en me réveillant, j’étais incapable de savoir ce qui était réel et ce qui était un rêve.

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Dans une synthèse,  Silverstein réfléchit aux effets physiques et psychologiques de 28 ans de cellule d’isolement et sur son développement personnel comme artiste auto-didacte et praticien du yoga et de la méditation bouddhiste. Il a renouvelé sa demande d’autorisation à être admis dans le programme «  step-down » du BOP (Bureau of Prisons) afin d’obtenir un régime d’isolation moins strict.  La déclaration complète de 64 pages peut être lue là.

Mise à jour : Une déclaration, soumise comme expos par le Dr. Craig Haney, un des experts nationaux majeur sur les effets de l’isolement carcéral prolongé peut être lue là.

 

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Une sentence pire que la mort par William Blake

Tout d’abord publié en 2013, ce compte-rendu dévastateur de 25 années passées en isolement cellulaire sans interruption à New York a reçu plus d’un demi-million de clicks sur Solitary Watch seulement et a été republié sur des dizaines d’autres sites autour du monde. Des milliers l’ont lu comme la pièce majeur de  « L’enfer est un endroit minuscule », Hell Is a Very Small Place. Blake a entrepris de raconter «  ce qu’année après année, l’isilement abject fait à cette part immatérielle en notre cœur où l’espoir meurt ou survit et où l’esprit réside » et il réussit, comme peu l’ont fait avant lui ou depuis à décrire cette expérience viscérale de survive des dizaines d’années durant dans une Unité d’accueil spéciale (Special Housing Unitiy SHU). Presque cinq ans après la publication de son essai Billy Blake est toujours en isolement et il écrit toujours.

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J’ai traversé des moments si difficiles et expérimenté l’ennui et la solitude à un tel point que cela semble être comme une chose physique à l’intérieur – si épaisse qu’il semble qu’elle m’étouffe, essayant d’extraire la santé mentale de mon esprit, l’esprit de mon âme et la vie de mon corps. J’ai vu l’espoir devenir comme une chose éphémère et brumeuse, difficile à maintenir, et encore plus difficile à appréhender au fur et à mesure que les années puis les décennies disparaissaient alors que je restais enfermé dans le vide du monde SHU. J’ai vu des esprits glisser le long de la santé mentale, descendre dans la folie et j’ai été terrifié à l’idée que je finirai comme ces gars atour de moi qui ont craqué et sont devenus fous.  C’est une chose très triste de voir un homme sombrer dans la démence sous vos yeux parce qu’il ne peut plus supporter la pression que les boîtes exercent sur l’esprit, mais c’est encore plus triste de voir l’esprit sortir d’une âme. Et c’est plus désastreux. Parfois les gardiens de prison les trouvent pendus et bleus, parfois ils se cassent le cou en sautant de leur lit, les draps enroulés autour du cou qui sont aussi enroulés autour de la grille qui recouvre l’ampoule au plafond, tendus avec un bruit sec. J’ai vu l’esprit quitter les hommes des SHU et j’ai été témoin du résultat.

Traduction : Elisabeth Guerrier

 

Chute et déclin : comment la société américaine se défait George Packer

Decline and fall: how American society unravelled George Packer

Déclin et chute : comment la société américaine se défait.

Il y a trente ans, le vieux contrat qui maintenait la société américaine a commencé à se défaire, avec la cohésion spéciale sacrifiée à l’appât du gain. Etait-ce un processus inévitable – ou est-ce que cela a été orchestré par une élite égoïste ?

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Youngstown, Ohio, était jadis un vivant pôle de l’acier. Maintenant, l’industrie est partie et la ville est pleine de maisons et de magasins abandonnés. Photograph: Brian Snyder/Reuters

George Packer

Aux environs de 1978, la personnalité de l’Amérique a changé. Pendant presque un demi-siècle, les US avaient été relativement égalitaristes, sûrs, orientés vers la démocratie et la classe moyenne, avec des structures en place là pour supporter les aspirations des gens ordinaires. On pourrait nommer cette période celle de la République Roosevelt. Guerres, grèves, tensions raciales et rébellion de la jeunesse agitaient la vie nationale mais un contrat de base entre Américains prévalait encore, dans les croyances sinon dans les faits : travaille dur, suit les règles, éduque tes enfants et tu seras récompensé, pas seulement en ayant une vie décente ou en ayant la perspective d’une vie meilleure pour tes enfants,  mais avec une reconnaissance de la société, une place à la table.

Ce contrat tacite fonctionnait avec un grand nombre de clauses et d’annexes qui laissaient un grand nombre d’Américains, la population noire et les autres minorités, les femmes, les homosexuels – dehors ou à moitié dedans. Mais le pays avait les instruments pour corrige ses propres défauts et les utilisa : des institutions saines comme le Congrès, les courts, les églises, les écoles, les nouvelles organisations non-violentes, le partenariat travail- commerce. Le mouvement pour les droits civils de 1960 fût une montée non violente de la masse menée par des noirs du Sud mais il attira l’appui essentiel de toutes ces institutions, qui reconnurent la validité morale et légale de ses réclamations et finalement, le besoin d’une paix sociale. La République Roosevelt comportait de très nombreuses injustices mais elle avait aussi la capacité de s’auto-corriger.

Les Américains n’étaient pas moins cupides, pas moins ignorants, égoïstes ou violents alors que maintenant, ni plus généreux, honnêtes intellectuellement ou idéalistes. Mais les institutions de l’Amérique démocratique, plus fortes que les excès des individus pouvaient habituellement les contenir et les maîtriser à des fins utiles. La nature humaine ne change pas mais les structures sociales changent, et c’est ce qu’elles ont fait.

A cette époque, la fin des années 70, tout semblait sans forme, morne, peu mémorable, Jimmy Carter était à la Maison Blanche , prêchant l’austérité  et l’esprit public et presque personne n’écoutait. L’affreux néologisme «  stagflation » qui combinait les deux phénomènes économiques normalement opposés de stagnation et d’inflation représentait parfaitement le marasme de l’époque. Ce n’est qu’avec le recul d’une génération entière que nous pouvons voir comment les choses commençaient à glisser à travers les paysage américain, envoyant le pays tournoyer vers une nouvelle époque.

Youngstown, Ohio, les fonderies qui sont nées avec la ville il y a un siècle ont fermé, les unes après les autres, à une vitesse étonnante, emportant plus de 50.000 emplois de cette petite vallée industrielle, et ne mettant rien à la place. A Cupertino, Californie, la Apple Computer Company sort le premier ordinateur public, the Apple II.  A travers la Californie, les électeurs votent pour la Proposition 13, déclenchant une révolte fiscale qui entame l’érosion du financement publique de ce qui a été l’une des meilleures écoles du pays. A Washington, les corporations s’organisent en lobby puissant dépensant des millions de dollars pour démanteler les lois sur le travail ou la consommation qu’ils avaient jadis accepté comme faisant partie du contrat social.

Newt Gingrich est nommé au Congrès comme membre du parti Républicain conservateur avec l’ambition de le détruire et de construire le pouvoir de son propre parti et le sien propre sur les ruines. A Wall Street, les frères Salomon lancent un nouveau produit financier nommé mortgage-backed securities, et deviennent la première banque d’investissement à passer au public.

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Un sidérurgiste à Youngstown, Ohio, en 1947. Dans le cadre de l’ancien marché, son dur travail était supposé être récompensé. Photographe : Willard R. Culver/National Geographic/Corbis

Les vastes courants de la génération passée : la désindustrialisation, la baisse des salaires moyens, la financiarisation de l’économie, l’inégalité des salaires, la croissance des technologies de l’information, l’inondation de l’argent sur Washington, la montée de la droite – tout cela trouve son origine dans la fin des années 70. Les US devenaient plus entreprenants et moins bureaucratiques, plus individualistes et moins communautaires, plus libres mais moins égaux, plus tolérants mais moins justes. La finance et la technologie, concentrées sur les côtes, sont devenues des usines à richesse, remplaçant le monde des biens par le monde des bits mais sans créer de large prospérité, pendant que le pays profond se creusait. Les institutions qui avaient été les fondations de la démocratie de la classe moyenne, de l’école publique à la sécurité de l’emploi en passant par la presse fleurissante et les législations efficaces ont entamé un lent déclin. C’est la période de ce que je nomme «  le déroulement ».

D’une certaine façon, le déroulement n’est que le retour à un état normal de la vie américaine. Par son analyse déterministe, les US ont toujours été un pays en roue libre et large ouvert,  avec un haut degré de tolérance aux grands perdants comme aux grands gagnants comme le prix d’opportunités égales dans une société dynamique. Si la marque du capitalisme nord-américain a des bords plus durs que dans d’autres démocraties, il vaut la peine pour l’échange de croissance et de mobilité. Il n’y a rien d’inhabituel dans le fait que les héritiers survivants de la fortune de Walmar possèdent à eux-seuls la même fortune que les 42% des Américains les plus pauvres, –– c’est le réglage par défaut du pays. Mark Zuckerberg et Bill Gates sont la réincarnation de Henry Ford et de Andrew Carnegie, Steven Cohen est un autre JP Morgan, Jay-Z est Jay Gatsby.

Les règles et les régulations de la République de Roosvelt furent des aberrations induites par un accident de l’histoire- dépression, guerre mondiale, guerre froide- qui ont amené les Américains à sacrifier un certain niveau de liberté en échange de leur sécurité. Il n’y aurait pas eu de Glass-Steagall Act, séparant les banques commerciales de banques d’investissement sans la déroute financière de 1933, pas de grand déploiement de la classe moyenne si l’économie des US n’avait pas été la seule valide après la seconde guerre mondiale, pas d’accord entre les affaires, le travail et le gouvernement sans un sens partagé de l’intérêt national face à des ennemis étrangers, pas de solidarité sociale sans la fermeture des portes aux émigrants pendant toute la moitié du siècle.

Lorsque la prééminence américaine fut défiée par les compétiteurs internationaux, que l’économie se retrouva dans des mers agitées  dans les années 70 et que le sentiment d’une menace étrangère diminua, le marché conclu s’interrompit. La Globalisation, la technologie et l’immigration accélérèrent leur déroulement, comme des marées inexorables. C’est sentimental au mieux sinon anhistorique de s’imaginer que le contrat social aurait pu survivre- comme de vouloir s’accrocher à un monde de familles nucléaires et de machine à écrire manuelles.

Cette vision déterministe est indéniable mais incomplète, ce qu’elle laisse hors de la photo est le choix humain. Une explication plus complète du  déroulement  prend en compte ces larges influences historiques mais aussi la façon dont elles ont été exploitées par l’élite nationale. Les leaders des institutions qui se sont délabrées. Les responsabilités dans l’Amérique d’après-guerre exigeait la coopération entre les deux partis au Congrès, et quand la Guerre froide s’est apaisée, la coopération s’est vue diminuer d’autant. Mais il n’y avait rien de déterminé historiquement quant à l’atmosphère empoisonnée et au langage diabolisant que Gingrich et d’autres idéologues conservateurs ont répandu dans la politique américaine.  Ces tactiques ont servi leurs intérêts étroits de vue et à court terme et quand la révolution de Gingrich a amené les Républicains au pouvoir au Congrès, leurs tactiques étaient confirmées. Gingrich est maintenant un has-been mais Washington aujourd’hui est autant sa ville que celle de n’importe qui.

Il était impossible que les compagnies sidérurgiques de Youngstown supportent la compétition mondiale et le désinvestissement local mais il n’y avait rien d’inévitable dans la suite donnée, une mêlée incontrôlable  dans laquelle les travailleurs sans emploi furent laissés à se débrouiller par eux-mêmes, pendant que les cadres faisaient l’acquisition de la carcasse inutile de l’usine endettée sous la forme de bonds poubelle et se partagèrent sa valeur restante. Il aurait pu être inévitable que les contraintes imposées aux banques américaines par le Glass-Steagall Act de 1933  aient pu commencer à se glisser sur la finance mondiale. Mais ce fût un choix politique de la part du Congrès et de Bill Clinton de déréguler Wall Street si complétement que rien ne s’interposait plus entre les grandes banques et la destruction de l’économie.

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Un des 99% : un manifestant d’ Occupy Wall Street à Union Square, New York, en 2011. Photographe : Spencer Platt/Getty Images

Beaucoup a été écrit par la précédente génération sur les effets de la globalisation. Beaucoup moins sur les changements des normes sociales qui l’ont accompagnée. Les élites américaines ont pris les vagues transformations de l’économie comme un signal de réécriture des règles qui régissaient leurs comportements. Un sénateur n’ayant recours à l’obstruction parlementaire qu’en de rares occasions, un PDG limitant son salaire à 40 fois ce qu’un employé touchait, au lieu de 800 fois actuellement, une multinationale géante assumant sa part d’impôts   au lieu d’inventer des voies créatives afin de n’en payer que près de zéro . Il y aura toujours des détournement de la loi dans les sphères du pouvoir. Ce qui détruit toute morale sous-jacente est  le détournement systématique, la transgression, le marché avec soi seulement.

Plus tôt dans l’année, Al Gore a empoché 100 millions de dollars (£64m) en un mois en vendant Current TV à al-Jazeera pour 70 millions de dollars et récupérant ses parts d’actions de Apple pour 30 millions. Peu importe que al-Jazeera appartienne au gouvernement du Qatar, dont les exportations de pétrole et la vision des femmes et des minorités rendent ridicules les idées que Gore promeut dans ses livres et ses films chaque année. Peu importe que ses actions Apple aient été obtenues avec sa position dans le bureau de la compagnie, un cadeau à un ancien concurrent à la présidentielle. Gore était un politicien engagé dont la carrière semblait dédiée au service public. Aujourd’hui– contrairement à Tony Blair – il a marchandé sa vie politique pour joindre la classe des rares super-riches mondiaux.

Il n’est pas étonnant que de plus en plus d’Américain pensent que le jeu est truqué. Il n’est pas étonnant qu’ils achètent des maisons qu’ils ne peuvent pas s’offrir puis laissent l’emprunt qu’ils ne peuvent plus rembourser. Une fois que le contrat social est compromis, une fois que le contrat est corrompu, seuls les pigeons continuent à respecter les règles.

Traduction : Elisabeth Guerrier