Les salaires mirobolants des PDG : c’est à ça que servent les amis. Dean Baker

High CEO Pay: It’s What Friends Are For

Dean Baker
Truthout, March 26, 2018

L’explosion des salaires des chefs d’entreprise est bien connue. Si les têtes des entreprises les plus importantes ont toujours été bien payées, nous avons vu leurs salaires aller de 20 à 30 fois celui des travailleurs ordinaires dans les années 1960 et 1970 à 200 ou 300 fois celui d’un employé de base dans les années récentes.  Des chèques de plus de 20 millions de dollars par an sont maintenant des standards et il n’est pas rare de voir un exécutif s’en sortir avec plus de 40 à 50 millions en une seule année.

Les rétributions débordantes des chefs d’entreprise occupent une part importante dans l’histoire de la montée des inégalités dans les dernières quatre années. Ces individus font tous partie des 1% ou même des 0, 001 % de la distribution des revenus.

Le haut salaire des responsables fait monter celui des autres cadres. Si un PDG s’en sort avec 25 millions par an, il est probable que les cadres juste au-dessous de lui recevront des salaires de 3 à 5 millions, et probablement beaucoup plus. Si un PDG gagne 2 millions par an, le tiers suivant gagnera dans les environs de 1 million. Et c’est simplement logique, des salaires plus élevés au sommet signifie des salaires plus bas pour tous les autres.

Ajoutons à cela qu’un haut salaire au sommet de l’échelle dans un secteur est transmis aux secteurs avoisinants. Il est maintenant commun de voir des présidents d’université, des responsables d’organisations caritatives ou d’autres associations à buts non lucratifs être payés 1 million ou quelquefois 2 millions de plus par an. Ils peuvent dire avec justesse qu’ils gagneraient beaucoup plus s’ils assumaient les mêmes fonctions dans le secteur privé.

Il y a actuellement un débat dans le secteur économique sur les causes de ce saut dans les rémunérations des PDG. Plusieurs économistes disent que des salaires plus élevés reflètent l’importance croissante des performances du PDG dans la compagnie. Leur argument est qu’un bon PDG, qui peut habilement conduire la compagnie à travers le marché qui change rapidement, peut ajouter des milliards de dollars à la valeur des actions value.  Dans ce contexte, les actionnaires peuvent toujours s’en sortir tout à fait même si ils sortent 40 ou 50 millions par an pour leur PDG.

L’autre position prétend que les PDG s’en vont avec des chèques énormes même lorsqu’ils ont fait peu ou rien pour augmenter la valeur de l’action. ( Il est acquis que les PDG sont récompensés pour leur aide aux actionnaires, pas pour le bénéfice des employés ou de la société dans son ensemble) Les PDG des compagnies pétrolières les plus importantes ont vu une augmentation énorme comme résultat de la montée des prix du pétrole dans le monde, un facteur qui était plutôt hors de leur contrôle. Ce qui implique que ces salaires sont le résultat d’un échec de la gouvernance de la compagnie, où les actionnaires n’ont pas la capacité à contrôler effectivement les salaires des PDG.

Dans un nouvel article, Jessica Schieder  de l’Economic Policy Institute et moi-même examinons l’impact d’un seuil dans la déductibilité des salaires des PDG.  Une clause dans le Affordable care act ( ACA) emêche les assureurs  santé de déduire plus de 500.000 $  des salaires des PDG de leur déclaration. Ceci signifie que un dollar de salaire du PDG qui allait coûter à la compagnie 65 cents devait après l’ajustement coûter un dollar entier, c’est-à-dire 50% de plus.

Si les rémunérations des PDG étaient liées de près aux dividendes des actionnaires, cette provision devrait avoir mené à une chute dans les salaires des PDG de groupe d’assurance par rapport aux autres secteurs. Nous avons testé l’impact sur les bénéfices de ACA, contrôlant les profits, les revenus, les actions et d’autres facteurs supposés affecter les salaires des PDG. Nous n’avons trouvé aucune preuve que cette clause ait eu le moindre effet de baisse sur les salaires des PDG de l’industrie de l’assurance.

Le fait de rendre les salaires des PDG moins coûteux pour les compagnies n’a pas eu d’effet sur leur compensation de soutien à la vision législative invalidante. Les PDG ne sont pas payés d’une façon mirifique parce qu’ils sont indispensables à leur compagnie. Ils sont payés d’une façon mirifique parce que les conseils d’administration, qui principalement détermine leur salaire, sont leurs amis.

Les PDG sont recrutés par un processus dominé par les cadres supérieurs. Être un PDG est une bonne planque, payant habituellement des centaines de milliers de dollars pour à peu près 150 heures de travail annuel.  Aussi longtemps que les PDG ont le support des cadres, il est impossible qu’ils soient licenciés. Plus de 99% sont réélus. Dans ce contexte, ils n’ont pas vraiment de motivation pour demander «  Peut-on payer le patron un peu moins ? »  Il est possible de modifier la structure de la motivation. Une clause dans le projet de loi de la réforme financière de Dodd-Frank  demande un vote triannuel «  son mot à dire sur les salaires » par les actionnaires. C’est un vote facultatif dans lequel les actionnaires votent oui ou non sur le paquet salaire du Directeur. Moins de 3% des paquets salaires sont abissés. L’intérêt est généralement bas car il y peu de conséquences attendues d’un vote négatif.

Mais la loi pourrait changer et avoir plus d’impact. Supposons que les directeurs sacrifient leurs salaires si les actionnaires disaient «  non ». Cela leur donnerait une réelle motivation pour demander à ce qu’ils soient effectivement payés moins.

Ceci, comme d’autres changements dans la régulation des entreprises pourraient maitriser les salaires des PDG et aider à réduire les inégalités. Cela demande plus de réflexions et de luttes afin de déterminer quelles sont les meilleures réformes. Cependant, il y a une chose sur laquelle  nous sommes affirmatifs : limiter les déductions d’impôts des salaires des PDG n’est pas la réponse.

 

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